Tout est différent mais rien n'a changé [PV]

Anabelle Montgomery et Adrien Sallers sortaient officiellement ensemble depuis plusieurs mois déjà, et ce même en comptant la trêve estivale, qui les avait partiellement séparés, puisque chacun avait dû retourner – avec un bonheur tout relatif d’un côté comme de l’autre – dans la demeure familiale. Anabelle avait donc très peu vu Adrien au cours des vacances, et ce bien qu’elle lui eût écrit régulièrement. Autrement dit, le pauvre petit Sallers avait eu droit à un récit complet des caprices de l’insupportable Opaline, qui semblait n’exister, aux yeux de sa sœur aînée, que pour mieux lui pourrir la vie. Comme si elle n’avait pas assez de Roze, d’Edward ou de Christian pour s’en charger ! Fort heureusement pour la Poufsouffle – et probablement aussi pour Adrien qui, toute bonne pâte fût-il, devait commencer à se lasser des plaintes de la jeune fille… D’autant plus qu’il était lui-même bien mal loti, question famille ! – la rentrée était arrivée, mettant un terme à leur séparation contrainte et forcée.

Toutefois, alors même que la jeune fille avait eu près de deux saisons pour s’habituer à sa nouvelle situation de « fille casée », les choses n’allaient toujours pas d’elles-mêmes entre les deux tourtereaux. Oh ! Adrien n’avait absolument rien à voir dans cette histoire : il était, en tant que petit-ami, parfait (ne serait-ce que parce qu’il était bien plus expérimenté qu’elle en la matière !), et semblait tout à fait comprendre les réticences et les appréhensions de sa chère et tendre (enfin, tendre, c’était seulement quand elle le voulait bien), mais Anabelle, de son côté, se sentait encore un peu mal à l’aise avec l’idée qu’elle formait désormais un couple avec Adrien. Certes, le fait que le jeune garçon ait été son meilleur ami durant plusieurs années comportait quelques avantages non négligeables. Par exemple, Anabelle n’avait pas besoin de faire semblant d’être plus gentille, naïve, mignonne, fragile, ou que sait-je encore, bref, pas besoin de faire semblant d’être autre que ce qu’elle était pour plaire à son petit-ami, puisque celui-ci la connaissait déjà, sinon par cœur, du moins très bien, et savait, par conséquent, ce qu’elle était. Mieux, il l’acceptait ! C’était d’ailleurs un sentiment merveilleux, presque étourdissant, de se savoir aimer pour ce qu’on était réellement, et non pour se qu’on prétendait être. D’une certaine manière, Anabelle se sentait plus légère lorsqu’elle y songeait, comme libérée d’un grand poids.
Malgré tout, la brunette ne pouvait s’empêcher de se raidir imperceptiblement, lorsqu’Adrien lui prenait la même, ou de se sentir profondément coupable chaque fois qu’il venait de l’embrasser. Ou vice-versa, d’ailleurs. Il s’agissait là de réactions instinctives, de purs réflexes qu’elle ne parvenait pas à maîtriser et qui la mettaient au supplice.

Anabelle avait été si longtemps dans une optique anti-amour qu’il lui était difficile de passer outre ses anciennes réticences pour apprécier pleinement le fait d’être avec Adrien. Au fil des années, elle s’était construit tout un système de pensée, franchement négatif, qui partait du principe que, dans l’existence, on était toujours seul et que les gens qui nous entouraient à un moment donné finiraient nécessairement par sortir de nos vies un jour ou l’autre, soit parce qu’ils l’avaient souhaité, soit parce qu’on les avait – brutalement ou progressivement – congédiés. Bien entendu, ces séparations ne pouvaient être que douloureuses : comment ne pas souffrir en voyant s’éloigner définitivement quelqu’un qui, par le passé, nous était cher, et qui nous est, aujourd’hui, indifférent ? Aux yeux de la jeune fille, les amis, les amours, les proches, les connaissances, étaient comme des petits morceaux de nous-mêmes qui nous entouraient au quotidien : ils nous connaissaient, partageaient certains souvenirs avec nous, se rappelaient de ce qu’on avait bien pu dire ou faire… Et d’une certaine manière, lorsqu’ils s’en allaient, ils emportaient avec eux un bout de nous-mêmes, de sorte que, à chaque départ, à chaque rupture, à chaque séparation, c’est un peu de ce qu’on a été qui disparaît. Cette idée était insupportable à Anabelle : elle avait donc tenté de dresser des murs de cynisme et d’indifférence autour d’elle, dans l’espoir de se protéger des blessures fatalement liées à l’amitié et surtout, de celles liées à l’amour. Il lui était difficile de s’ouvrir aux autres, et Adrien était un des rares à avoir su si pleinement percer sa carapace.

Tout cela, Ana y croyait encore fermement. Mais elle se sentait, dans le même temps, profondément ébranlée dans ses convictions : comment concilier un pessimisme virulent avec une vie de couple des plus satisfaisantes ? Car Anabelle était heureuse avec Adrien. Du moins, elle l’était la plupart du temps. Et elle était probablement plus heureuse avec lui qu’avec n’importe qui d’autre. Mieux ! Elle se surprenait parfois à penser que, si quelqu’un devait rester jusqu’à la fin, ce serait lui, et qu’il était donc possible de créer des liens aussi longs que la vie. Cette idée l’effrayait : elle voulait lui accorder du crédit et, dans le même mouvement, la repoussait de toutes ses forces. Adrien était peut-être parvenu à sortir avec Anabelle, mais les choses, entre eux, n’allaient certainement pas d’elles-mêmes, et le Poufsouffle avait encore du pain sur la planche… Ce dont il devait bien avoir conscience, d’ailleurs !

Ce soir-là, Anabelle aurait dû se concentrer sur son devoir de potion, d’autant plus que la nouvelle prof n’avait pas l’air commode, mais elle se contentait de fixer son parchemin, à moitié couvert de gribouillis illisible, la plume suspendue en l’air, sans rien écrire. Elle avait du mal à se concentrer : son esprit revenait sans cesse à l’heure de permanence qu’elle avait passée avec Adrien, en début d’après-midi. Sans qu’elle sache pourquoi, elle avait été incapable de rester seule avec lui, et avait littéralement traîné Elizabeth pour qu’elle leur tienne compagnie… De quoi avait-elle eu peur ? Ce n’était pas exactement comme si elle n’avait pas l’habitude de rester seule avec le jeune garçon…

*En plus, il doit me détester, maintenant ! Il doit m’en vouloir !* songea-t-elle en esquissant une grimace horrifiée.

(997 mots)

Autant Anabelle était devenue au fil du temps assez pessimiste et cynique, autant notre bon Adrien n’était jamais complètement revenu de ses grands idéaux sur l’amour avec un grand A. Il était fou amoureux de sa petite amie (même si ça lui paraissait à lui-même parfois un rien masochiste) et très satisfait de sa vie de couple. Bien sûr, le fait qu’Anabelle continue à le repousser discrètement de temps en temps avait de quoi vexer, mais ce n’était pas comme s’il ne s’y était pas attendu. Il y a un an de ça, il n’en espérait pas tant… et Adrien, grand bêta par nature, se contentait de cette relation un peu gênée aux entournures. Après, il avait son lot de préoccupations, elles étaient juste complètement différentes de celles de sa petite amie. Lui, son problème, c’était les contacts physiques. Disons le franchement, Adrien était un jeune homme en pleine santé qui avait déjà eu des aventures assez poussées avec certaines demoiselles… et il passait une grande partie de son temps à se contenir avec Anabelle. Retenir les gestes en eux-mêmes, encore, ça allait. Adrien était loin d’être un grand impulsif, au contraire, il était même plutôt de ceux qui se prennent beaucoup la tête pour des broutilles (alors que des choses importantes vont lui passer au-dessus), par contre, retenir ses pensées, ça… Le problème c’est qu’il culpabilisait d’avoir de telles pensées quand Anabelle était toujours plongée dans son marasme intérieur sur l’amour. Il ne doutait pas qu’elle finirait par en revenir, il y mettait (après tout) beaucoup de bonne volonté. Il était toujours là pour la soutenir, pour lui prouver qu’il l’aimait et que ce n’était pas prêt de changer… Bref, Adrien pouvait se vanter d’être le petit copain idéal. Dans les faits.

Cet après-midi là, il avait put fantasmer à loisir puisqu’Anabelle avait semblé préféré être avec Elizabeth qu’avec lui. Au fond, si ça lui faisait plaisir… il n’avait rien contre Eli’, qu’elle soit là ne changerait pas grand-chose puisque si Belle avait décidé qu’elle devait être présente, c’est qu’il devait garder ses distances. C’était plus facile avec quelqu’un entre eux. Bref, ça ne l’avait pas plus inquiété que ça. Il s’était dit (de façon fort raisonnable) que ça irait mieux le lendemain et après l’heure d’étude il avait été faire un jogging et s’entraîner pour la nouvelle chorégraphie qu’il avait inventée. En résumé, pour lui, aucun problème.

Quand plus tard il vit sa petite amie plongée dans son devoir (ou faisant comme tel), il sourit mais hésita. Il n’y avait personne, il risquait d’avoir envie de la prendre au moins dans ses bras… et cet après-midi, ça n’avait pas été ça. Il songea donc un instant à passer derrière elle sans qu’elle le voit sans lui parler, histoire de s’épargner la tentation... Mais il avait fini par décider qu’être avec elle valait bien un quart d’heure de torture, il irait prendre une douche froide après et puis c’est tout. Question d’habitude au fond.

Il toussota pour ne pas la surprendre trop brutalement et s’approcha d’elle. Il s’assit à ses côtés et regarda discrètement par-dessus son épaule. « Ce que tu es sérieuse… j’ai même pas encore regardé le sujet. » il tourna la tête vers elle, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre, et lui adressa un petit sourire. « Tu veux que je te laisse bosser tranquille ou je peux rester ? » Pour peu qu’elle accepte, un problème quotidien allait se poser… est-ce qu’il pouvait ou non se mettre derrière elle pour qu’elle se cale contre lui ou bien est-ce que aujourd’hui c’était prohibé ? Il était loin le temps où il pouvait être aussi tactile qu’il voulait, ça restait toujours innocent et sans arrière pensé.

Laissant tout de même ses doigts se glisser dans les cheveux châtains de sa petite amie, il joua avec une mèche – une habitude qui datait de bien avant qu’ils sortent ensemble -, résistant à la tentation de déposer un baiser dans son cou. C’est dur d’être un garçon… et c’est encore plus dur d’être Adrien !

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Anabelle, perdue dans ses pensées, n'avait pas entendu Adrien arriver, aussi sursauta-t-elle violemment lorsque le jeune garçon s'adressa à elle. Les choses commençaient bien, tiens ! Une chance, soit dit en passant, que la Poufsouffle n'ait jamais envisagé de devenir Auror ("Des téméraires en mal d'aventure, et qui feraient bien de faire gaffe quand ils agitent leurs baguettes parce qu'ils ont l'air un peu trop enthousiastes pour ne pas faire bourde...") car le sorcier lambda aurait eu du souci à se faire pour la sécurité de la communauté, si telle avait été son ambition. Ceci étant, elle n'aurait pas probablement tenu plus de trois minutes dès sa première mission : "en planque", elle aurait laissé ses idées filer vers des horizons autrement plus amusantes que la contemplation, au hasard, de la porte de service d'un club sordide. Conclusion, un mage noir/membre de la mafia/tueur en série n'aurait eu aucun mal à l'approcher et paaaf, avada kedavra, t'es morte et moi, je peux continuer mon petit trafic de bouse de dragon en paix.
Bref, pour l'arrivée en douceur, Adrien pourrait toujours repasser les chaussettes de Flitwick, le malheureux !

Lorsque son petit-ami (Merlin, qu'elle avait du mal à se faire à cette expression !) vint s'installer à ses côtés, Ana se tourna vers lui en se mordillant la lèvre, l'air à la fois nerveux et empli d'appréhension. A tous les coups, Adrien venait lui reprocher son attitude de l'après-midi, la distance évidente qu'elle avait cherché à instaurer entre eux, par le biais d'Elizabeth, chaperon désignée volontaire ("Oooh ! Elizabeth ! Viens-donc passer l'heure de permanence avec nous ! Si, si, ça me fais plaisir et Adrien n'y vois aucun inconvénient, je t'assure... N'est ce pas, Adrien ?"). La Poufsouffle avait attendu cette confrontation, et tenté d'apporter des arguments solides, logiques, capables d'expliquer son comportement et même de le légitimer. Malheureusement pour elle, elle semblait incapable de comprendre sa propre réaction. Tout ce qu'elle avait pu trouver comme sa défense était un faible et pitoyable : "Mais Adrien, si on est tout le temps ensemble, les autres vont se sentir rejettés !". Faible parce que les deux jeunes gens n'étaient pas tout le temps ensemble, loin s'en fallait, et que lorsqu'ils l'étaient, il n'était pas rare que bon nombre d'élèves les entourent, le château n'étant pas le lieu idéal quand on cherchait un peu d'intimité ; pitoyable parce que, de toute évidence, il s'agissait plus là d'une justification bancale, presque paniquée, que rationnelle et sûre de son fait.

Quelle ne fut pas la surprise de la brunette, donc, quand Adrien s'intéressa à son devoir, comme si rien ne s'était passé au cours de l'après-midi. Le soulagement qu'éprouva alors Anabelle fut, hélas, de courte durée. Il pouvait très bien s'agir, au fond, d'une entrée en matière détournée afin de minimiser l'ampleur des reproches qu'il avait à lui formuler ! Ana l'avait appris, au cours des dernières années, et encore plus depuis qu'elle sortait avec lui, Adrien était un garçon attentionné, qui détestait faire preuve de brusquerie. Il était, par conséquent, peu probable qu'il débarque dans la salle commune et se précipite sur Anabelle en balançant d'un air mécontent : "Yo, Ana ! Qu'est-ce que tu m'as fait, tout à l'heure ? Faut me revoir cette attitude, là ! On n'a pas besoin de quelqu'un pour tenir la chandelle !"
Bravement, Anabelle esquissa un sourire quelque peu mal assuré à l'attention du jeune garçon :

- Honnêtement, je crois que je ne suis pas plus avancée que si je n'avais rien fait du tout... dit-elle en roulant des yeux, tu...

Elle allait demander à Adrien s'il voulait travailler avec elle, pour qu'ils s'entraident, mais se souvint à temps que le jeune homme ne devait certainement pas attendre d'une petite-amie qu'elle soit une copine de devoirs. Plancher sur les dissertations à deux, c'était bon pour des amis, non ? Aussi changea-t-elle maladroitement de cap, en achevant sur un :

- ... crois que MacGonagall approuve la tenue vestimentaire de Bergamote ?

Houlàlà... C'était encore pire que de proposer un travail de groupe ! Les habits de Bergamote ? Non mais franchement ! Comme si Adrien en avait quelque chose à faire !
Ana ferma les yeux, désespérée par son manque de tact et, surtout, par son incapacité à adopter un comportement de petite-amie digne de ce nom. Elle était beaucoup trop nerveuse ! L'affaire de l'heure de permanence la turlupinait à tel point qu'elle avait le sentiment qu'une épée de Damoclès était suspendue au-dessus de sa tête.

*Bien... Autant s'en débarrasser tout de suite... Après tout, elle va venir tôt ou tard sur le tapis, donc...* songea-t-elle avec ce qu'elle croyait être de la lucidité.

- Tu euh... N'as rien à me dire ? interrogea-t-elle donc d'une voix flûtée si tendue qu'elle en paraissait presque effrayée.

(801 mots)

Adrien retint d’afficher sa perplexité clairement. L’incohérence ponctuelle d’Anabelle était quelque chose auquel il était habitué, il avait même tendance à trouver ça mignon – le pauvre garçon est un peu gâteux contrairement aux apparences -, cependant, il ne comprenait pas le rapport avec le devoir de potion. Il passa donc les doigts sur son clou d’oreille, geste machinal qu’il faisait lorsqu’il évaluait une situation quitte à s’arracher un bout d’oreille.

« Hum… je ne sais pas. » D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle avait la tenue de la prof ? Adrien avait passé tous les derniers cours de potion à mater Anabelle la première demi-heure et à recopier le cours d'Elizabeth à toute vitesse la seconde. Il n’était même pas sûr de savoir à quoi elle ressemblait cette prof… enfin si, elle était brune, plus jeune que la moyenne… à part ça… mais il ne se voyait pas avouer ses méfaits à Anabelle, elle serait sûrement choquée d’apprendre qu’Adrien passait plus de temps à la couver du regard qu’à suivre ce que racontaient les professeurs. Elle était encore tellement innocente sa petite Anabelle… c’était bien l’un de ses problèmes ah bon ? C’est pas que sa copine le repousse ?.

C’est alors que – pendant qu’Adrien pensait toujours à l’embrasser -, sans qu’il s’y attende, Anabelle lui demanda brusquement s’il n’avait pas quelque chose à lui dire. Cette phrase pouvait avoir tout un tas d’interprétation mais vu le ton qu’elle avait employé, ce n’était pas qu’elle lui reprochait quelque chose… plutôt que lui était sensé lui faire des reproches ? Mais à quel sujet ? Il ne pensa pas tout de suite à la permanence puisque ça ne l’avait pas spécialement marqué.

« Je ne crois pas, je devrais ? » Il fronça les sourcils, l’air de réfléchir très sérieusement à ce qu’elle attendait de lui. C’était un peu sa grande qualité de toujours chercher à faire plaisir… pas qu’à Anabelle d’ailleurs, Adrien était un vrai gentil comme on en faisait peu. Il était peut-être même trop gentil, ça lui avait souvent causé des problèmes dans le passé, moins maintenant heureusement. Avoir pour amis des tas de préfets ça avait un certain avantage, et puis, il n’avait plus douze ans non plus, il avait un peu plus de caractère maintenant, même si dans tous les cas il aurait toujours du mal à refuser quoi que ce soit à qui que ce soit.

Il mit bien deux bonnes minutes avant de trouver, laissant planer un léger silence tandis qu’il continuait à jouer avec la mèche de cheveux d’Anabelle distraitement. « Hum… c’est la permanence qui te chagrine ? » Bravo Sherlock, bien joué ! Toutefois, bien qu’il ne voyait que ça dans ce qui pourrait préoccuper Anabelle, il y avait encore quelque chose qu’il ne saisissait pas. Pourquoi est-ce qu’elle semblait aussi inquiète alors que tout s’était passé comme elle voulait ? « Ce n’est pas grave tu sais, Elizabeth ne me dérange pas. » Ce n’était pas l’exacte vérité. Elizabeth le dérangeait, il aurait préféré être seul avec Anabelle, mais comme ça n’avait aucun intérêt si ce n’était pas réciproque, il n’y trouverait pas son compte, on en revenait à ce qu’il avait dit.

« N’y pense plus. » Dit-il finalement dans une tentative louable (mais probablement inutile) de rassurer Anabelle. Il ne s’était jamais attendu à ce que ça se déroule simplement. De base, leur expérience en matière d’amour était différente, disproportionné… et il y avait aussi le blocage d’Anabelle qui avait peur de s’attacher. Il mentirait s’il disait ne pas en souffrir un peu, mais la patience était une vertu qu’il comptait bien mettre à l’épreuve.

« Tu veux qu’on fasse le devoir ensemble ? » Il se pencha pour attraper l’intitulé du devoir et en se redressant déposa un baiser furtif dans le cou d’Anabelle, à l’endroit qu’il visait depuis tout à l’heure. Il ne s’y attarda pas et prit soin de s’éloigner de quelques centimètres après ça pour qu’Anabelle n’imagine pas qu’il prenait le devoir comme prétexte pour autre chose. Les potions ne le motivait pas plus que ça (les études ne le motivait pas tout court pour être honnête) mais c’était quelque chose qu’ils sauraient gérer sans ambiguïté… il verrait bien si au passage il pouvait quémander un baiser ou deux, sinon, il ferait sans.

Dire qu’il avait été élu le plus beau garçon de Poudlard et qu’il se résignait ainsi… y’avait des filles que ça agacerait probablement non, pas Fred si ça se savait. Mais la philosophie d’Adrien en amour c’est que céder à la facilité c’est perdre sans combattre, et il était hors de question qu’il perde Anabelle alors qu’il était en si bonne voie, il en avait déjà bien bavé rien que pouvoir lui voler un baiser dans le cou ! Et oui, c’est pathétique, mais c’est pas pour rien que c’est l’ex de Clarks

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Caramba, encore raté ! L'opération « détournons l'attention du sujet à l'aide d'une remarque spirituelle » était un échec total. Certes, Anabelle s'y était attendue, puisqu'elle avait elle-même devancé la suite de la conversation, mais il était tout de même un brin ennuyeux de constater qu'Adrien ne mordait bel et bien pas à l'hameçon. Pire ! Il avait tout juste l'air de savoir de qui elle parlait ! La Poufsouffle avait décidément de gros progrès à faire dans l'art d'occuper son auditoire pour mieux éloigner son esprit d'un sujet brûlant et, surtout, dérangeant. Dommage, car l'allure de Bergamote aurait certainement eu de quoi les accaparer un bon bout de temps. Tant pis, puisqu'il fallait en passer par les reproches, Anabelle les supporterait donc stoïquement...

... Enfin, à supposer qu'Adrien ne souvienne de ce qu'il avait à lui reprocher, car pour l'heure, l'allusion que la jeune fille avait faite à l'heure de permanence ne semblait pas si évidente que cela pour le jeune garçon. Anabelle gratifia ce dernier d'un coup d'oeil entendu. D'ici trois secondes, allait se mettre à cligner de l'oeil comme une névrosée, tant elle préférait cette solution à une exposition claire et nette des faits. Elle sentait en effet confusément qu'elle se mettrait à bafouiller ou qu'elle se lancerait immédiatement dans des justifications suppliantes et peu convaincantes si elle avait à parler de la permanence la première. Elle se sentit donc à la fois soulagée et inquiète lorsque le Poufsouffle mit enfin le doigt sur le problème. Elle hocha brièvement la tête en un geste un peu raide, et entreprit de se mordiller la lèvre inférieure plus furieusement que jamais. Le pire était que le détachement dont Adrien fit preuve à l’égard de cet incident ne rassura en rien la jeune fille ! Bien au contraire, elle se sentait d’autant plus coupable d’être une mauvaise copine, maintenant ! Si encore Adrien avait paru mécontent ou lui avait reproché son attitude, elle aurait pu tenter de se justifier, d’expliquer le problème (même si, à tout prendre, elle en ignorait totalement les causes !), mais sa gentillesse la laissait pantelante, totalement désarmée, et bien incapable de trouver quoi répondre.

*C’est affreux ! Affreux ! Il est beaucoup trop gentil pour être avec moi ! Je ne le mérite vraiment pas… Je suis beaucoup trop coincée… Pourquoi je suis coincée comme ça ? Je n’étais pas coincée, quand on était seulement amis ! Mais là, je ne sais pas pourquoi, j’ai un blocage !* songea-t-elle en se tordant les mains avec désespoir.

En réalité, Anabelle était désormais terrifiée à l’idée de se retrouver seule avec Adrien, non parce ce qu’elle craignait ce qu’ils pouvaient bien faire des bébés, mais parce qu’elle redoutait de déplaire à Adrien. C’était ridicule, bien entendu : ils se connaissaient maintenant depuis plusieurs années, et il n’y avait aucune raison que son attitude, qu’il avait, dans l’ensemble, apprécié, et même aimé, jusque là, le rebute subitement maintenant qu’ils sortaient ensemble, mais Ana ne pouvait s’empêcher de penser que plus elle resterait seule avec Adrien et plus celui-ci aurait envie de la plaquer, aussi s’arrangeait-elle souvent pour qu’une tierce personne se trouve toujours avec eux.

- Vraiment ? demanda-t-elle d’une voix timide, visiblement peu convaincue par les propos de son ami, parce que tu sais, insista-t-elle, si tu es fâché, tu peux me le dire… En fait, je préfère que tu me le dises plutôt que de le garder pour toi… Ou de le raconter à quelqu’un d’autre, rajouta-t-elle, après un court instant de réflexion.

N’importe quelle buse aurait été capable de deviner qui se cachait derrière l’énigmatique « quelqu’un d’autre » : il était de notoriété publique qu’Ana voyait d’un très mauvais œil l’amitié qui unissait Adrien à Fredericke, même si les deux filles ne s’étaient jamais officiellement brouillées. En fait, elles n’avaient même jamais eu de discussion en tête-à-tête. Il n’en restait pas moins qu’Ana soupçonnait Adrien de tout confier à la Gryffondor (ce qui, déjà, en soi, était plutôt vexant : c’était qui, sa meilleure amie, à la fin ? Parce qu’elle était toujours sa meilleure amie, n’est-ce pas ? Personne ne lui avait signalé qu’elle avait été virée !) et qu’elle n’appréciait que fort moyennement l’idée que Fred puisse être au courant des griefs qu’Adrien pouvait bien entretenir à son égard alors qu’elle-même n’en savait rien. Comment est-ce qu’ils pouvaient construire une relation stable, si Adrien refusait de lui dire ce qui n’allait pas ? En plus, c’était lui l’expert en amour, elle n’était qu’une novice, elle ! Rhâ, elle le savait bien, que leur couple était mort-né !

Malgré ses appréhensions, la Poufsouffle ne put retenir un sourire lorsqu’Adrien l’embrassa dans le cou (« Hiiii ! ça chatouille ! Mais tu te rases, des fois ? »), et elle parut se détendre quelque peu, du moins suffisamment pour passer un bras autour du coup d’Adrien et l’étrangler répliquer avec un coup d’œil entendu :

- Laisse tomber les potions… Je sens bien que tu n’es pas franchement passionné, et honnêtement, je n’avais pas très envie de le faire ce soir… Mais c’était chou de proposer, rajouta-t-elle vivement.

Elle coula un œil prudent en direction du jeune garçon, parut hésiter un moment, puis, dans un geste lent, passa une main dans les cheveux d’Adrien tout en rosissant sensiblement : han ! Il y avait du monde, dans la salle commune, à tous les coups, on les regardait ! On les voyait se tripoter les cheveux ! Ana ferma les yeux et inspira un grand coup, tentant de réfréner la vague de panique qui menaçait de la submerger. Quand elle était avec Adrien, elle avait toujours le sentiment de se dédoubler : il y avait celle qui vivait l’instant, qui embrassait Adrien ou lui tenait la main, et celle qui les observait de haut en critiquant, en chuchotant à son oreille que tout cela était franchement ridicule et qu’elle se comportait comme une petite sotte. Ce n’était pas franchement une impression agréable, et Anabelle ne savait comment parvenir à la maîtriser. Elle faisait pourtant de gros efforts dans ce sens, seulement, ce n’était jamais assez et elle désespérait d’être un jour une petite-amie normale. D’ailleurs, même si elle y parvenait, Adrien se serait certainement lassé avant et l’aurait laissé tomber pour une autre…

(1046 mots)

Le soupir que poussa Adrien était à la mesure de l’envie (ou plutôt du manque de) qu’il avait de parler de leurs problèmes : soit aucune. Surtout qu’en fait de difficultés, lui n’en voyait aucune. Pas dans le sens qu’Anabelle s’imaginait tout au moins. Il était clair qu’à choisir, il préférerait que ça se passe autrement, mais voilà, les choses étaient ce qu’elles étaient, il ne voyait pas bien l’intérêt de se torturer au lieu de profiter du présent. Quoi que s’il y pensait bien, le vrai souci était justement que sa petite amie ne sache pas le faire, elle ne se laissait jamais aller avec lui, c’était un peu triste mais il se disait que c’était sûrement normal vu le blocage affectif contre lequel elle luttait. Il trouvait bien cruel l’idée de le lui reprocher, après tout, n’était-elle pas celle qui en souffrait le plus ? Lui n’était pas vraiment à plaindre, il avait laissé depuis longtemps derrière lui toutes ses idées noires, préférant se plonger dans la danse, et il sortait avec la fille qu’il aimait depuis longtemps. Ce n’était ni facile d’oublier le passé, ni d’être patient avec Anabelle, mais ça n’avait rien d’insurmontable non plus puisque c’était dans son caractère d’être compréhensif.

A la mention du quelqu’un d’autre, il ne pût toutefois s’empêcher de sourire. Il comprenait tout à fait qu’Anabelle soit jalouse de Fred’ puisque bah… il avait quand même un lourd passif en matière de dévergondage avec la Gryffondor… et d’ailleurs il avait parfois été jaloux pour moins que ça (de Shawn, pour ceux qui n’auraient rien suivi), mais ça l’amusait un peu quand même parce que Fredericke n’avait jamais aimé Adrien de cette façon là, elle préférait les Serpentards crétins et violents et lui les Poufsouffles timbrées, chacun son truc.

« Belle, si le quelqu’un d’autre auquel tu penses est une petite blonde de Sterne pas Ophélia bien sûr, je lui parle c’est vrai mais ce n’est pas pour ne pas le faire avec toi. » Il poussa un nouveau soupir (petit celui-ci) et repassa la main dans les cheveux de sa petite amie pour glisser ses doigts sur sa nuque. Il lui sourit gentiment, il allait falloir en passer par là visiblement. « Je ne suis vraiment pas fâché. Un peu… frustré peut-être. Mais je savais dans quoi je m’engageais quand on a commencé à sortir ensemble et je te laisserais le temps qu’il te faut pour t’habituer. Je ne veux pas te… comment dire ? » Il chercha ses mots, réfléchissant à comment exprimer ce qu’il ressentait exactement. C’est que c’était plutôt complexe finalement. C’était un savant mélange de plusieurs choses comme de la résignation, de la compréhension mais aussi de la frustration et de la déception. « Je ne veux pas te forcer à avoir des contacts physique si tu les crains, d’ailleurs même sans Elizabeth, il suffit de me dire que tu veux qu’on répète la chorégraphie ou même qu’on joue aux échecs et on fera l’occupation que tu jugeras la plus adaptée. Cela ne me fera pas plaisir, c’est certain, mais je ne t’en voudrais pas non plus. J’attendrais. »

Après ça, il considéra (à tord ou à raison) que la conversation était close et essaya de se concentrer sur le devoir de potion. « On a étudié la potion d’amnésie au dernier cours ?! » Le gars, très au courant déjà… Il faudrait quand même qu’il songe à plus se concentrer en cours sur ce qui s’y disait que sur sa petite amie à l’avenir.

« Pas passionné c’est le moins qu’on puisse dire. » rétorqua-t-il amusé, content qu’Anabelle se rapproche. Il décida même que puisqu’il lui avait parlé de ses préoccupations, il pouvait faire une tentative de tout petit et innocent câlin, pas beaucoup plus que quand ils étaient meilleurs amis en tout cas ce qu’ils sont toujours en un sens mais vous avez compris. Il laissa donc sa main glisser de la nuque d’Anabelle à son dos et la rapprocha un peu plus de lui. « Essaie de ne pas paniquer et viens plus près s’il te plaît… si c’est trop dur pour toi, je te laisserais te rasseoir en face. » Il lui avait murmuré ces mots tout doucement à l’oreille pour que 1) aucun gêneur ne les entende déjà que les rendez-vous à trois c’était limite, 2) Anabelle ne se sente pas brusquée. Enfin, ça se tentait quoi. Au pire ils avaient toujours le devoir de potion hein…

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*Argle ! Je suis découverte... Mais enfin, c'est incroyable, ça ! Est-ce que tout le monde sait que je déteste Fredericke ou quoi ?! Pourtant, je suis super discrète ! D'ailleurs, on ne s'est jamais vraiment parlé, toutes les deux... Humph ! A tous les coups, c'est cette grue qui est allée raconter partout que je ne pouvais pas l'encadrer...* songea Anabelle en fronçant le nez d'un air contrarié.

Toujours prompte à jeter la pierre à Fred (de toute façon, ce n'était pas bien compliqué, le moindre petit problème pouvait être mis sur le compte de la Gryffondor, véritable diable incarné), Ana passait allègrement sur le fait qu'elle avait, l'année passée, clairement laissé entendre à Adrien qu'elle ne supportait pas de le voir fréquenter la jeune sorcière, qui, elle en était convaincue, avait une fort mauvaise influence sur lui. Oh ! Aucun nom n'avait été prononcé, mais il aurait fallu qu'Adrien soit particulièrement stupide pour ne pas comprendre que c'était de Fred dont Anabelle était jalouse.

*Aha ! Donc il lui parle !* réalisa-t-elle sur fond d'horreur triomphale, tout en adressant au jeune homme un indicible regard.

Il était extrêmement difficile de ne pas s'entendre avec l'une des meilleures amies de son copain. Fredericke était une source de tension permanente entre eux, un sujet, sinon tabou, du moins qu'il convenait de prendre avec des pincettes. Certes, la situation n'était déjà pas bien brillante auparavant, mais, depuis qu'Ana et Adrien sortaient officiellement ensemble, elle s'était encore dégradée, dans l'esprit de la Poufsouffle, en tout cas. Tant qu'elle n'était que l'amie d'Adrien, elle n'était pas obligée de s'intéresser à Fred ou d'entrer en relation directe avec elle : il était, en effet, possible d'être ami avec quelqu'un sans pour autant aimer ses autres amis ou seulement les connaître tous, mais une fois qu'on avait franchi le pas, que l'ami était devenu fiancé petit-ami, il semblait plutôt indélicat et certainement malvenu de bouder certaines de ses fréquentations sous prétexte qu'elles déplaisaient. Anabelle savait donc pertinemment qu'elle allait devoir faire un gros effort pour accepter Fred, ou, du moins, accepter de lâcher trois mots en sa présence sans avoir l'air de vouloir lui coller trois claques. Pour le moment, elle était tranquille : les répétitions à Sterne n'avaient pas encore commencé et, comme Fred était une Gryffondor, plus jeune qu'elle, qui plus est, la brunette n'avait pas encore eu l'occasion de se trouver en sa présence sauf une fois, en cours de potion, et heureusement que Camélia était au milieu. Pourtant, dans un avenir plus que proche, il lui faudrait bien adresser un affreux sourire hypocrite à sa rivale pire ennemie et feindre la pâmoison à sa vue.

*Si j'y arrive sans lui vomir sur les chaussures, ce sera miraculeux... Peut-être que je devrais m'entraîner avant l'instant fatidique... Il faudrait que j'aille bavasser avec quelqu'un que je n'aime pas trop... Hum... Marie par exemple... Ou Heaven...* réfléchit-elle avant d'esquisser un sourire sans joie.

Tu parles ! Heaven ne la laisserait sans doute pas approcher d'elle à moins de cent mètres, et Marie devait probablement se croire trop supérieure à sa petite personne pour lui accorder plus de deux secondes de son précieux temps. Pas très efficace, comme entraînement !
Cette situation était d'autant plus détestable qu'Adrien, lui, s'entendait bien avec tous les amis d'Anabelle en même temps ils ne sont pas nombreux, du coup, la jeune fille avait vraiment l'impression d'être la grande méchante de l'histoire.
Un sentiment que vint d'ailleurs conforter la deuxième partie du discours d'Adrien. Comment cela, ça ne lui ferait pas plaisir de jouer aux échecs avec elle ? C'est parce qu'il sait qu'il va perdre, c'est ça ? Ah ! Merci ! Maintenant, elle allait culpabiliser à mort dès qu'elle suggérait autre chose qu'une séance de pelotage.

*En plus, c'est nul ! On dirait que je n'existe que pour mon corps qu'on s'embrasse ou je ne sais quoi, maintenant ! C'était mieux avant... Au moins, on avait des activités un peu plus constructives !* pensa-t-elle en pinçant les lèvres, avant de gratifier Adrien d'un bref coup d'oeil noir.

- Merci, répondit-elle simplement d'un ton glacial, l'air franchement offensé.

Pauvre Adrien ! Voilà qu'il en prenait encore pour son matricule ! Soyez-donc gentil avec les Poufsouffle timorées, tiens !
Fort heureusement, le peu d'intérêt que le jeune garçon avait porté au cours de potions parut dérider un peu la brunette, qui ne put contenir un sourire franchement amusé :

- Rhâlala, mais tu faisais quoi ? Je t'ai vu, en plus, en cours ! Même qu'il y avait Fred à ma table ! La prochaine fois, t'es mignon, tu me la vires ! Et puis tu sais, c'est une potion qui est souvent demandée aux ASPIC ! C'est important de bien la maîtriser !, rajouta-t-elle avec sagesse.

Elle fronça subitement les sourcils avec anxiété : si Adrien continuait sur cette voie, il risquait de se planter aux examens, et alors, il redoublerait son année ! Ce qui signifiait qu'il serait en cours avec Fredericke ! Hors de question qu'une telle calamité se produise ! Oui, on s'en fout qu'il redouble, c'est Fred, le problème ! Ana allait le faire bosser, il allait voir ça ! Sympa la copine.
Bien décidée à aider Adrien dans la conquête des ASPIC, Ana en oublia momentanément sa timidité amoureuse pour se rapprocher sensiblement du Poufsouffle, ainsi qu'il le demandait. Un bras autour de son cou, elle lui fit le coup du lapin vint s'installer sur ses genoux paf, cinquante kilos en plus avant de décréter, l'air de ne pas y toucher :

- Il paraît que le Professeur Bergamotte - Si, si, souviens-toi, c'est elle qui nous faisait cours ! - met la classe à disposition des élèves, le samedi, pour qu'on puisse s'entraîner...

Oui, c'était un ordre. Plus clairement, ça donnait : "Bon, Adrien, mon grand, tu te bouges les fesses, et samedi, à huit heures, on se refait la potion d'amnésie !".
S'il fallait, pour pousser Adrien à s'intéresser aux cours, jouer de ses charmes, alors, elle était prête à le faire.

(1010 mots)

En quise de préambule, précisons que si Adrien voulait une copine juste pour le physique, il sortirait pas avec Anabelle, faut être réaliste.

Un peu de sérieux, et commençons pour de bon à raconter ce qui suivit le « merci » un peu froid de la jeune Anabelle. Bien entendu, Adrien ne comprit pas le regard qu’elle lui lança mais en même temps, il avait arrêté de chercher à comprendre depuis déjà bien longtemps les sautes d’humeur de sa copine. Il la regarda donc un moment d’un air perplexe, puis décida que la meilleure chose à faire était encore de ne rien dire. Comme il ne savait pas où il avait (encore) merdé, il risquerait de s’enfoncer, et le pauvre chou s’en passerait d’autant plus qu’il ne fallait pas le connaître beaucoup pour savoir qu’il exécrait les conflits. Il préférait s’écraser, c’est ce qu’il fit à ce moment là, se promettant quand même d’y réfléchir à tête reposée. Anabelle pouvait être susceptible pour des détails, en plus, Adrien n’était pas très doué en communication, il faudrait juste qu’il rembobine pour voir ce qu’elle avait mal interpréter. Parce que ce n’était que ça, évidemment, puisque dans l’absolu, jouer aux échecs ou répéter la choré’ avec Belle étaient des activités qu’il appréciait beaucoup, c’était plus le fait qu’elle soit là parce qu’elle voulait l’éviter physiquement parlant qui ne lui ferait pas plaisir. Comme quoi, rassurons nous, contrairement à ce que mon dernier mp pourrait laisser entendre, Adrien n’était pas un pervers fini.

« Bah… moi les cours… je sais même pas pourquoi j’ai pas arrêté après les BUSES tellement ça m’intéresse pas. J’ai rien à y gagner tu comprends ? Moi j’vais monter une troupe de danse sorcière avec ma propre salle de spectacle, j’ai pas besoin des potions ou des plantes… » ce qui n’était pas exact dans cette phrase c’est qu’il savait très bien pourquoi il avait continué Poudlard. Déjà, pour la fille avec qui il était en train de parler, parce que mine de rien Adrien était le genre de garçon à vouloir profiter de sa scolarité avec la fille dont il est amoureux, il trouvait ça romantique… mais comme Anabelle se moquerait sûrement de lui s’il le disait, il le taisait. Ensuite, c’était pour sa mère, même s’il était plutôt fâché avec elle, il ne voulait pas non plus que son père lui fasse des reproches, donc il allait jusqu’au bout de ses études pour qu’elle ne soit pas accusée à sa place. En gros, c’était ça. Maintenant, ça le faisait rester à l’école, pas bosser ses cours régulièrement (car il avait des piques de motivation quand même, de temps en temps, surtout avec les examens XD)

Glissant un bras autour de la taille d’Anabelle pour la maintenir sur ses genoux sans qu’elle glisse, il garda son autre main sagement dans sa poche. A l’époque où il flirtait avec d’autres filles, quand il les prenait sur ses genoux, il y allait carrément et sans timidité, posant sa main sur le genou ou la cuisse de la demoiselle, mais là, c’était de miss Montgomery dont on parlait, et il était clair qu’elle ne tenait pas de sa mère pour les relations hommes-femmes, alors Adrien faisait attention au moindre de ses gestes. Il était déjà trop heureux qu’elle se soit autant rapprochée, il n’allait pas trop en demander non plus ! Il ne tenta d’ailleurs aucune approche autre comme un baiser ou un frôlement de main, non, il resta juste là, à continuer la conversation sur son incapacité chronique à suivre les cours, et donc à faire une potion d’amnésie.

« Tu veux que je bosse les cours un samedi ?! » Répondit-il donc d’un ton faussement outré. Puis, il soupira… « Et y’aura qui à ta super séance de révision ? » Parce qu’il était évident que comme il ne savait pas dire non, ça ne servait pas à grand-chose de continuer à palabrer. Néanmoins, il se disait que dans le groupe, il arriverait sûrement à en faire le minimum, juste assez pour qu’Anabelle lui lâche la grappe avec ses notes quoi. Oui, il avait pas tout compris à ce que sa petite amie voulait exactement, lui il était dans une idée de révision de groupe, avec Elizabeth, Roman… pourquoi pas Bérénice ? le truc bien lourd en résumé, où il n’avait rien à gagner.

Tentant de dériver sur un autre sujet (parce que c’était clair que si elle voulait lui faire avoir ses ASPICS, sa vie allait tourner au cauchemar), il en vint à Sterne « Au fait, pour les chorégraphies, ça te dérange si j’ai une danse avec Ophélia ? En plus de la commune et de la nôtre je veux dire. » Il aurait bien dansé avec Fredericke mais ils avaient décidés d’un commun accord que c’était une mauvaise idée. La jalousie de leurs amoureux respectifs ne leur laissait pas trop le choix, mais normalement Anabelle n’avait pas de raison d’être jalouse d’Ophélia, aux dernières nouvelles tout au moins.

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En guise de préambule, nous dirons que si Anabelle voulait un copain juste pour le physique, elle n’aurait pas pris Adrien, parce que qu’est-ce que c’est que ces piercings, Monsieur Sallers ? Comment ça, il y a un tatouage en prime ? N’en jetez-plus, n’en jetez-plus, la coupe est pleine !

Maintenant qu’elle écrasait sans vergogne les genoux d’Adrien (tactique infaillible, soit dit en passant : à moins de la faire tomber, il ne pouvait s’enfuir, ce qui signifiait qu’Anabelle pouvait le tanner avec les cours jusqu’à ce que mort s’ensuive !), la jeune sorcière passa son autre bras autour du cou du Poufsouffle et se mit à chanter bateau sur l’eau lui adressa le sourire carnassier de qui n’est pas prêt à lâcher le morceau de si tôt. D’ailleurs, les propos désinvoltes qu’Adrien lui tenait sur les cours l’inquiétaient réellement. Depuis quand avait-il adopté une attitude aussi je-m’en-foutiste ? Il lui avait toujours semblé être un élève un minimum appliqué et concentré, pourtant ! Comment avait-elle pu passer à côté de cette détestable évolution ?

Oui, détestable ! Car Ana n’avait pas été placée à Poufsouffle pour rien : hormis en métamorphose, et, après l’arrivée d’Edward, en étude des moldus, elle avait toujours été soucieuse de faire de son mieux en cours, et elle aimait même beaucoup apprendre. Il lui semblait parfaitement affolant de constater qu’Adrien n’était pas dans la même optique, a fortiori alors qu’ils devaient passer leurs ASPIC en fin d’année ! C’était bien joli, de vouloir ouvrir une salle de danse, mais on ne savait jamais ce que l’avenir nous réservait, et mieux valait-il être aussi paré que possible à affronter tous les imprévus possibles et inimaginables. Ce fut probablement la raison pour laquelle elle rétorqua avec virulence :

- Arrêter après les BUSE ? Mais c’est n’importe quoi ! Les ASPIC sont des examens très importants ! Imagine qu’un jour tu ne puisses plus danser ? Ou que ta salle ne fonctionne pas ? Merlin t’en préserve, mais si cela devait arriver, il faudrait bien que tu envisages d’autres possibilités de travail ! Et alors tu auras besoin de tes ASPIC ! D’ailleurs, rajouta-t-elle, il y a bien au moins un cours qui t’intéresse, non ?

La jeune fille adressa un coup d’œil perçant au jeune homme avant de poursuivre d’un ton malicieux, en lui posant un doigt sur le bout du nez :

- Et puis même sans cela, imagine que je sois malade un jour et que j’ai besoin de pimentine, il faudra bien que quelqu’un la prépare, non ? Ou si quelqu’un qui ne t’aime pas au hasard Vincent t’envoie une plante vénéneuse, comment tu la reconnaîtras ? Sans parler des sortilèges… Les sortilèges, c’est essentiel pour bien vivre au quotidien, assura-t-elle avec sérieux.

Elle perdit toutefois bien vite cette gravité en entendant la question du Poufsouffle. Aha ! Son petit stratagème avait donc l’air de fonctionner, s’il envisageait de la suivre en salle de potions le week-end ! Certes, il n’avait pas encore signé le contrat, mais Ana avait bon espoir de lui arracher une promesse. Avec un sourire, elle haussa les épaules avec un détachement feint :

- Ben il y aura moi, bien entendu, parce que tu comprends, il ne faudrait pas que tu fasses de bêtise ou que tu fasses fondre ton chaudron… Et puis sinon, rajouta-t-elle prudemment, je ne sais pas trop. C’est ouvert à tout le monde, dans la limite des chaudrons disponibles, si je puis dire. Je suppose qu’il y aura des Serdaigle, tout le monde sait qu’ils adorent faire du zèle… conclut-elle en roulant des yeux, comme pour bien laisser entendre que quelques Serdaigle occupés à couper des racines de marguerites ne risquaient pas de les ennuyer.

*En plus, comme ça, tout le monde est gagnant ! On révise, on est tous les deux, mais il y a quand même un peu de monde autour… Oui, c’est vraiment un bon arrangement !* songea-t-elle avec naïveté.

- On a une danse ensemble ? répéta-t-elle en se reculant légèrement pour mieux fixer Adrien, tu n’as vraiment peur de rien, on dirait…

Elle esquissa un sourire au souvenir de la maladresse qui ne la quittait pas sur la piste de danse, avant de réaliser avec stupeur :

- Ophélia ?! Tu ne danses pas avec… Tu sais bien… La fille de Gryffondor ?

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