Tu m'gênes [PV]

Il y avait des jours comme celui que vivait Camille où rien n’allait comme on voulait. On essayait sincèrement de se débattre avec tout ça, de faire de son mieux pour y survivre (même si cette impression de fin était un rien exagérée), de rester calme aussi, mais finalement c’était vain, on finissait toujours par craquer. Bien que le jeune Camille ait parfaitement conscience de ses propres limites, il pensait (non sans une certaine sincérité) pouvoir encore contrôler ses nerfs… il s’était donc réfugié dans la bibliothèque à la recherche d’un peu de calme et de sérénité. Jusque là, rien d’extraordinaire me direz-vous, mais c’était fort vain d’imaginer y parvenir alors qu’une Poufsouffle que Camille connaissait même si c’est un grand mot s’installait juste devant lui.

Dans la mesure où il ne s’était toujours pas remis de s’être fait bousculé dans le parc (et donc d’avoir été obligé d’aller se changer en plein milieu de journée) puis d’avoir vu Nina à son entraînement de Quidditch collé à son capitaine Mike Con’rad le Crétin, il ne comptait pas supporter les bavardages de sa voisine qu’il évitait déjà soigneusement en temps normal. La jeune Poufsouffle et lui étaient dans la même année, c’était la raison pour laquelle il la connaissait un peu, et il savait aussi que c’était l’année et la maison de Maybel, une des Imparfaites, amies de sa sœur Nina. Si c’était possible, la petite deuxième année était tout ce que détestait Camille en dehors de la superficialité… Non qu’il ait quelque chose contre les bavardes, en fait comme il ne parle pas beaucoup lui-même, il a tendance à apprécier ceux qui le font à sa place, mais elle posait toujours des questions, comme si elle était juste incapable de s’arrêter ne serait-ce que pour reprendre son souffle ! En bref, il souhaitait l’inviter à ne pas lui parler en faisant mine de ne pas l’avoir vu, alors même qu’il avait relevé la tête quelques secondes auparavant. L’espoir fait vivre après tout.

Se penchant autant que faire se peut sur son bouquin (Camille a une légère myopie, on va dire que pour l’occasion ça le sauve), il tenta de se couper complètement du monde en se concentrant sur les appeaux. C’était un livre qui expliquait comment les fabriquer. Visiblement, le nombre des matériaux que l’on pouvait utiliser était infini ! Ce pouvait être des noyaux d’olives ou de cerises, diverses parties du pin (qui n’était pas très représenté dans le parc de Poudlard malheureusement), des extrémités de plumes (mais ça c’était hors de question !) ou des fils de fer. Au final, il n’avait que l’embarras du choix, c’était parfait. Il pouvait donc s’en fabriquer un facilement. La résine serait peut-être plus difficile à trouver vu le manque de conifère dans les abords du parc mais Hagrid ou le professeur Chourave pourraient sûrement l’aider à s’en procurer. La passion des oiseaux de Camille était tout à fait innocente donc on ne l’empêchait pas de mener ses expériences dans le parc, d’autant qu’en fait d’expériences, il s’agissait le plus souvent de simples observations de sa part. Il sorti son carnet de croquis et entama le recopiage de sa page de livre tout en griffonnant des schémas de fabrication d’un appeau maison qu’il comptait améliorer avec la magie, pour ça, il faudrait sûrement demander à Flitwick où à son assistante pot de fleur. Il tabla plutôt sur l’assistante, moins demandée que le directeur des Serdaigles et voulut écrire quelques éléments supplémentaires quand il fût interrompue dans sa lecture par la voix (agaçante selon Camille) de la Poufsouffle en face de lui… Mince ! Dire qu’il avait presque réussi à l’oublier !

Le fait qu’Annagovia se ne souvienne pas de son prénom n’était pas pour dérangé notre bon Camille qui n’avait juste pas du tout l’intention d’avoir affaire à elle plus que de raison. Bien entendu, il n’était pas impoli (pas tout à fait tout au moins), si elle lui avait demandé, il le lui aurait donné tout en pensant que ne pas retenir les prénoms des gens de sa propre année c’était pathétique… Mais dire qu’elle ne s’en souvenait pas n’étant pas une question au sens de Camille, il ne bougea pas, faisant toujours comme s’il ne l’avait pas vu et s’occupant de ses appeaux et de ses chers oiseaux. Avec ça, il devrait sûrement pouvoir attirer toutes sortes d’espèces plus intéressantes les unes que les autres !

Dans son enthousiasme, il avait presque oublié sa dérangeant voisine jusqu’à ce que la voix de celle-ci résonne à nouveau dans le silence ambiant sous forme d’un chochutis sûrement destiné à faire preuve de discrétion. D’après Camille, la seule façon d’être discret était d’être silencieux, surtout à la bibliothèque, mais c’était visiblement beaucoup trop demandé à cette pauvre Poufsouffle. Dédaigneux, le jeune garçon se redressa, mécontent de ne plus pouvoir faire comme si elle n’était pas là et d’autant plus contrarié qu’il n’avait pas encore tout à fait fini de percer les mystères des appeaux et de leurs nombreuses variantes… une par espèce presque.

« Tu es bête ou quoi ? » Hum, on a connu plus gentil comme entrée en matière, mais en même temps, elle était en train de le déranger et Camille n’était pas connu pour son tact ou sa douceur, c’était même plutôt sa froideur et son cynisme qui faisait toute sa personnalité (pas très attachante, on vous l’accorde). « Un devoir ça se fait tout seul, et si tu avais bien lu les propriétés de la mandragore, tu aurais déjà ta réponse. » Même si elle l’agaçait, il n’avait pas pût s’empêcher de la mettre sur la piste en se penchant et en mettant le doigt sur « la mandragore est utilisée dans beaucoup d’antidotes », lui, quand il avait fait le devoir c’est cette phrase qui l’avait interpellé (parce que bien entendu, il l’avait déjà fait, histoire de le filer à Nina si besoin est… donc oui, c’est bien l’hôpital qui se fout de la charité, mais sa sœur, c’est sa sœur, Annagovia c’est une autre histoire. Et cette parenthèse est trop longue, on sait). En effet, s’il y avait plusieurs antidotes, il y avait plusieurs maux à guérir, non ? Donc même si on lui donnait le nom générique d’antidote, il fallait juste en donner une description plus précise, disant contre lesquels poisons et forces magiques c’était juste un antidote… Que ce soit Nina ou maintenant Annagovia, il ne comprendrait jamais que certaines personnes ne soient pas capables de réfléchir comme lui, ce même quand il se trompait. La logique de Camille lui était peut-être propre mais elle lui avait toujours semblé implacable, même certains professeurs au primaire s’y étaient laissés prendre d’ailleurs.

Quant au fait d’être chauve… qu’est-ce que ça venait faire là-dedans déjà ? X_x’