Avec conviction, voyons! [PV]

Cela faisait déjà deux heures qu'elle répétait le mouvement, sans succès. Un sort qui n'existait pas, c'était certain, qui plus est n'était répertorié nulle part. Lisa s'appuya contre l'une des tables de la salle commune des Serdaigles, où elle était seule à ce moment précis, malgré quelques furtifs passages d'autres élèves de la maison. Ses cheveux noir jais étaient retenus en une queue de cheval assez haute, quelques mèches plus courtes lui retombant devant les yeux et sur les côtés qui échappaient aux élastiques et qui n'avaient de cesse de l'enquiquiner quand elle travaillait. Elle portait des lunettes à monture noire qui rendait le vert de ses yeux moins évident, et était habillée d'un pull noir et d'un jean foncé, accoutrements étudiés aux vues d'estomper les contours d'une silhouette maigrichonne dont elle avait honte, surtout comparée à celles des autres filles de quinze ans, aux formes évidentes -du moins beaucoup plus que les siennes.
Elle tenta une fois encore. Sa main guida sa baguette, elle articula le sort.
Rien.

Un brouhaha lointain se fit entendre, se rapprochant. Lisa sourit. Elle croisa les bras, s'appuya de nouveau sur la table et attendit. Quelques courtes minutes s'écoulèrent avant qu'un petit groupe de quatre garçons de cinquième année n'entrent dans la salle commune. Parmi eux, Mickaël, un de ses amis des premières heures à Poudlard -comme les trois autres d'ailleurs, mais celui-ci avait la particularité de la mettre souvent au défi. Ils étaient tous deux passionnés par les études sorcières, et aimaient à se mesurer l'un à l'autre. Lisa et lui partageaient de nombreux points communs, mais elle était peut être un soupçon plus terre à terre que lui -voyez le niveau de rêverie de son camarade.
Dès qu'il l'aperçu, il la regarda, triomphant: "Serait-ce le masque blasé de la défaite que je vois poindre sur le coin du visage de Miss Lisa Rowen?

- Ne rêves pas, très cher, je n'admettrai aucune défaite tant que je ne t'aurai pas vu réussir ce sort.

- Oh! Eh bien, je vois que Miss Rowen serait mauvaise perdante."

Lisa sourit de plus belle. Lui aussi. Elle savait qu'il n'admettrait pas sa duperie, et lui qu'elle ne lâcherait pas l'affaire aussi facilement.
Elle chercha à le faire jeter son fameux sort (qui pour ainsi dire ne servait pas à grand chose, mais c'était une question de fierté). Maintenant qu'il lui en avait parlé, la seule excuse qu'elle admettrait pour ne pas le lancer serait son inexistance. Rien d'autre.
Il lui donna tout un tas d'arguments qu'elle réfuta sans problème (ils n'étaient pas très convainquants, prétextant un désir de mesurer l'étendue de sa volonté à elle), et après quelques minutes de discussion enflammée pendant lesquelles les trois autres riaient à voir les deux Serdaigles plongés dans un débat de sourds, Mickaël lui dit qu'en vérité, il avait entendu parler de ce sort, et essuyant de constants échecs à tenter de s'en servir, il voulait que Lisa l'essait également.
Consciente de l'effort qu'il avait fait pour lui avouer la vérité, Lisa ne fit pas plus de commentaire et décida de faire de plus amples recherches à ce sujet, seule. Bien sûr, elle en ferait part à son camarade par la suite, mais elle restait solitaire dans son travail généralement, surtout quand les autres étaient aussi concernés qu'elle...
Elle regarda par la grande fenêtre. Il faisait beau, il faisait chaud. Le bord du lac ne pouvait que les attendre, elle et un livre de recherche poussée sur les sortilèges. Elle prit son gilet et sortit de la salle commune tandis que les garçons prenaient possession de ces lieux qu'elle leur cédait.
Elle passa par la bibliothèque et s'orienta sur plusieurs ouvrages susceptibles de l'aider. Elle en emprunta trois et parti dehors. Elle s'installa au bord du lac.
Lisa chercha dans le premier ouvrage tout d'abord. Elle en explora toutes les informations en "rapport" avec le sort de Mickaël. Elle le tenta encore une fois. Soit le soucis venait d'elle, soit le sort n'avait pas encore été inventé, et finalement, elle doutait de la propabilité des deux possibilités.

Déconcentrer Lisa dans une de ces recherches n'était pas la chose la plus aisée, cependant elle laissa divaguer son esprit un instant quand deux septième année entreprirent une conversation endiablée concernant les sorts impardonnables. Elle s'était intéressée de très près à ces trois formules sans jamais les appliquer -aucun mystère à ce sujet, mais apprit en les écoutant qu'un professeur de défense contre les forces du mal en avait un jour fait une démonstration à ses élèves. Elle fut plus attentive. Elle se figura un professeur exentrique prendre pour cobaye un élève, puis se ressaisi. Aussi exentrique soit-on, on ne prenait pas pour corps d'essaie les élèves. Elle réorienta ainsi son imagination sur un éventuel animal, mais cela la laissait tout de même perplexe. A quel genre d'animal pouvait-on faire subir pareil traitement au nom de l'apprentissage? Et cela était-ce vraiment autorisé?

Ce professeur avait forcément eu un accord spécial pour cette démonstration. Mais quel était le directeur de Poudlard à cette époque qui l'aurait donné? Et le ministre de la magie? Et quand cela s'était-il produit?

Restait à savoir si cette histoire était vraie. Mais les deux septième année ne semblaient non pas conter une fable, mais bien parler de vécu. Si tel était le cas, ils étaient sûrement alors en première année, deuxième tout au plus. Lisa n'osa pas aller les aborder, tout d'abord par timidité, mais également parce qu'elle avait écouté leur conversation, ce qui était tout à fait déplacé, et elle craignait une mauvaise réaction. Elle n'apprit rien de plus à ce sujet, et nota qu'elle devrait éclaircir ce mystère -à titre de pure curiosité.

Elle se replongea dans sa prise de note.

Le premier livre ne lui apportant que très peu d'informations concernant le sujet, elle le referma et commença à feuilleter le suivant. Celui-ci concernait entre autre les sorts tirés des besoins quotidiens moldus. Si elle ne trouvait rien dans celui là, elle pouvait arrêter ses recherches. Elle trouva un chapitre sur les ressources naturelles et s'y intéressa de près:

L'exploitation de cette "énergie fossile" pouvait leur être d'une utilité certaine, ainsi en ont fait l'un des pilliers de "l'économie industrielle" de nos jours. Parmi leurs scientifiques, nombreux sont ceux qui travaillent à fabriquer le pétrole, de "manière chimique". Si les moldus connaissaient l'existence de la magie, ils demanderaient forcément à ce que le sort de Conceptio Petroleum soit utilisé à des fins productives, économique. L'utilité de ce sort pour le monde sorcier reste mystérieuse, mais il aide les moldus à vivre, sans que ceux-ci ne soient conscients de l'intervention sorcière dans ce domaine.

Ainsi donc, il existait réellement. Mot pour mot écrit ici-même. Lisa prit quelques notes et chercha d'autres choses dans ce livre, sans grand succès. Elle s'attaqua au troisième.

Elle lisait un passage concernant les sciences moldues quand une autre Serdaigle vint à sa rencontre. Elle l'avait déjà aperçue seulement, mais n'avait jamais tenté d'approche ou autre. N'y avait pas songé à vrai dire, les élèves de sa maison sont tellement nombreux, et Lisa étant de nature quelque peu timide. Enfin, trève de justification, la jeune fille était là et lui proposait son aide. Elle ne savait pas qui elle était, seulement qu'elle avait l'insigne de préfet. Ce devait donc être l'une des plus sérieuses chez les plus sérieux. Cela mit Lisa quelque peu en confiance. Elle ne refusa pas son aide pour deux raison: la première serait qu'elle ferait ainsi une nouvelle connaissance, et peut être ainsi une nouvelle camarade, la seconde concernait le fait que la réussite du sort promettait d'être des plus délicates, mais elle comptait bien y arriver. Elle sourit légèrement à la jeune fille:

Elle proposa à la préfette de s'installer à coté d'elle et commença à lui expliquer ce qu'elle cherchait. Elle lui montra ses notes, et lui donna les quelques informations qu'elle détenait, s'attendant à tout moment à ce que l'autre Serdaigle lui dise que finalement, cela ne l'intéressait pas plus que ça, ce qu'elle aurait compris.