L'ennui d'un dandy [PV]

Athos n’avait presque pas dormi cette nuit-là. Une « affaire urgente » l’avait tenu occupé quelques heures dans l’allée des Embrumes et ce que le temps passait vite en ces occasions ! Le jeune homme n’avait eu le temps que de retirer son habile déguisement et de se glisser au lit pour deux ou trois heures seulement avant de se réveiller pour se rendre à son si noble travail. Malgré la courte nuit qu’Athos avait passée, son visage avait gardé une fraîcheur apparente même si son teint pouvait paraître légèrement plus pâle, détail que ne remarquaient généralement pas ses chers collègues. Le jeune homme prit un certain temps à s’habiller, sélectionnant avec son goût habituel les vêtements qu’il porterait durant la journée. Athos aimait se voir comme un dandy des temps modernes, et certes il en avait l’apparence. Vérifiant une dernière fois son reflet et, satisfait de la vision qu’il lui procurait, Athos plia sa mallette et prépara la poudre de cheminette d’un air absent. D’un coup de baguette, un feu flamba dans la cheminée et l'instant d'après, Athos disparaissait parmi les flammes vertes.

Le Ministère avait entièrement été redécoré après la… chute de Lord Voldemort. Une statue en particulier qu'affectionnait grandement Athos, celle représentant la supériorité des sorciers par rapport aux autres races, avait été supprimée (après avoir été honteusement dégradée). Athos s’accorda un instant de naturel en fronçant le nez, dégoûté de la candeur Potteresque que semblait dégager le Ministère puis intégra son masque de brave employé au département de la Justice magique. Le jeune homme passa devant une image le représentant avec l’inscription: « Employé du mois » écrit en-dessous en fines lettres d’or. Il esquissa un sourire satisfait. Athos avait rapidement grimpé les échelons, très vite même après son recrutement. Il semblait que personne ne pouvait résister au charisme presque palpable du jeune homme. Il n’était que manières affectées, élégance, grâce et intelligence. Le Ministère avait absolument besoin d’un tel représentant de la Justice Magique. Et en effet, en apparence Athos semblait d’une innocence pure et chacun ou presque au Ministère était parfaitement convaincu qu’Athos était d’une rare impartialité dans l’exercice de ses fonctions. Soit. Athos réprima un sourire. Quelle aurait été la surprise de l’homme capable de sonder son âme ! …

Ses réflexions furent interrompues par l’intervention de Higgins, un collègue qui lui rappelait le changement de local de l’audience programmée en fin d’après-midi. Athos l’assura qu’il avait pris compte du changement et assortit sa réponse d’un sourire charismatique et de questions intéressées à propos de la femme et des enfants de Higgins, choses dont il n’avait que faire. Son collègue commençant à l’irriter par son babillage inutile, Athos le congédia rapidement avec toute la politesse et l’esprit dont il était capable et se dirigea vers les ascenseurs.

Le Ministère était bondé ce jour-là ; C’est pourquoi Athos, lorsqu’il cru voir apparaître un visage connu dans cette foule bigarrée, ne porta pas très attention à cette apparition. Néanmoins, le visage, lui, semblait le reconnaître et s’avançait à grand pas vers Athos, à qui la mémoire revint soudainement. Une telle rencontre matinale ne pouvait présager d’une journée agréable : l’homme qui se tenait en effet devant lui n’était autre que Faris Mosan, un stupide Gryffondor au regard vide mais aux paroles vives. Le lecteur pardonnera le terme « Gryffondor » qui semblerait maintenant anachronique par rapport à l’âge de nos personnages ; Il faut dire qu’Athos avait rencontré Faris Mosan à Poudlard, lorsque notre jeune héros était encore un Serpentard discret mais admiré. Pour une raison obscure, le hasard voulut que le chemin de Faris Mosan croisât un peu trop souvent celui d’Athos et, eh bien, il se peut qu’il y ait eu quelques écarts de conduite. Athos ne pouvait néanmoins quitter son masque de citoyen modèle au sein du Ministère et dût se résigner à se préparer à la conversation qui suivrait. Le retour d’une connaissance du passé était toujours extrêmement ennuyeux, Athos se promit donc de vite conclure en prétextant une audience imminente : De toute façon, les excuses d’Athos Gray-Walker n’étaient jamais de nature à éveiller le soupçon.