Fuis moi je te suis, suis moi... [PV]

Ce soir là, Roman n'était pas de ronde et même s'il l'était, il avait tout le loisir de s'occuper d'ici l'heure habituelle des tours de Poudlard. Non, là les cours venaient de se terminer depuis une bonne heure - il était donc 17h – et Roman avait terminé de réviser ses cours de la journée. Par chance, il avait déjà terminé ses devoirs pour le lendemain et pouvait donc vaquer tranquillement à ses occupations pour le reste de la soirée. En l'occurence, filer faire un point sur les gammes de chocolats à offrir pour la nouvelle année. Il avait déjà terminé les assortiments pour Ana, Damon, Anh, Ophélia, Kayliah, Eva-Rose, Megan, Marie ses parents et Jennifer, ne lui restait donc plus qu'à faire Annagovia, Myrielle et son petit frère. Le plus dur n'étant pas la réalisation (ils avaient déjà terminé avec Ophy de tout fabriquer, ils étaient bien à l'abris dans leur Quartier Général, caché dans la salle sur demande (bien sûr, ils n'allaient pas laisser ça aux cuisines...)) mais le choix des chocolats à offrir. Tous avaient des goûts différents et Roman devait décider en fonctions des préférences de ses amis ou des membres de sa famille.

Le préfet quitta donc son dortoir puis sa salle commune, pour se diriger d'un pas décidé vers les grands étages de Poudlard. La partie qu'on appelait également "le haut", là où on trouvait plus facilement un aigle qu'un serpent, par exemple. Là où on allait pour les cours, là où il fallait impérativement prendre les escaliers pour monter, là où les tableaux étaient si nombreux que tout sorcier mentalement bien constitué avait renoncé à les compter. Là où allait Roman, en somme.

Le jeune homme – comme à chaque fois qu'il sortait – remit sa cravate bien en place et vérifia que son insigne de préfet n'était pas tombé. C'était un tic chez lui, comme pour être rassuré... Maintenant il était préfet et se devait d'agir en tant que tel tout le temps, ce qui impliquait qu'il devait avoir l'air d'un préfet. Bien coiffé, beau, bien habillé, les dents blanches, tout quoi ! Bon d'accord, tout le monde n'avait pas Alexander Shinku et Ernie McMillan pour modèle, mais quand même !

Depuis la rentrée et l'épisode de Marie, Roman était quelque peu différent. A vrai dire, il était beaucoup plus prude qu'avant, question sentiment. Il avait appris à ses dépends que trop se confier pouvait rapidemment se retourner contre vous. Lui qui n'avait grandit qu'entouré de personnes saines de corps et d'esprits comme Ophélia, Kayliah ou Eva, avait un peu de mal à se rendre compte que la vie n'était pas toujours aussi dorée qu'elle l'était à Poufsouffle. S'il savait qu'Ophélia était une personne plus que digne de confiance, foncièrement honnête et juste, adorable et gentille, Roman savait aussi maintenant que ce n'était pas le cas de toutes les filles de Poudlard, et qu'il ne pouvait pas agir avec elles comme avec la jeune McMillan. Bien au contraire, maintenant il faisait plus attention que jamais à comment il s'exprimait, se confiait et communiquait, c'était même devenu sa préoccupation première, de devenir un peu moins transparent.

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Mode furtif enclenché.

Annagovia avait beau ne pas avoir adressé la parole à Roman depuis leur dernière entrevue catastrophique (mais, pour la gouverne de Roman, lancer des boules de neige sur les gens ne les aidaient pas nécessairement à se montrer ouverts et compatissants par la suite), elle n'en avait pas pour autant laissé tomber ses velléités de découvrir quelle grognasse sans vergogne (et nous nous abstiendrons de parler de l'état de sa vertu) avait osé ensorceler son préfet de ses charmes douteux. Sa planque dans les toilettes (un plan génial, soit dit en passant, elle ne comprenait toujours pas ce qui avait pêché) qui lui avait valu quelques déboires et, probablement, une perte totale de toute crédibilité aux yeux des Serdaigle (car elle ne doutait pas un seul instant que Salomé se fût empressée de rapporter toute l'histoire à ses camarades de maison), n'avait pas eu raison de sa détermination, et si Anna n'avait pas encore été aperçue, espionnant les allées et venues des élèves, cachée derrière une armure ou, mieux, dans une armure, c'était tout simplement que la sempiternelle accumulation de devoirs de fin de trimestre l'en avait empêchée. Fort heureusement, l'heure des vacances de Noël avait presque sonné, et Annagovia était bien décidée à mettre ce temps à profit pour avancer dans son enquête (attention petit veinard, premier jeu pseudo culturel de la soirée : je te dis "enquête", tu me réponds... Non, pas Hercule Poirot, malheureux ! Essaie encore !).

Elle avait, à la réflexion, pris le parti de resserrer le noeud autour du principal incriminé, plutôt que de fureter dans les couloirs, de toute façon plus ou moins vides à cette période de l'année. Après tout, il était la principale source d'informations dont elle disposait et elle pouvait légitimement supposer qu'il finirait, tôt ou tard, par la conduire à, elle citait de mémoire "la fille la plus belle, la plus intelligente et la plus populaire de Poudlard". Une description qui, soit dit en passant, prouvait bien que Roman n'avait plus toute sa tête, puisque tout le monde savait que la plus belle, la plus intelligente et la plus populaire de l'école, c'était Miss Teigne Ophélia MacMillan.
L'ennui, c'était que la rouquine refusait toujours d'adresser la parole à Roman, ce qui compliquait quelque peu la donne. Elle ne pouvait décemment pas arriver, carnet de notes en main, pour lui demander avec un professionnalisme épatant : "Dites-moi, Monsieur Jones, qu'avez-vous mangé ce midi ? Et où étiez-vous hier, entre dix heures quatre et dix heures six ? Vous en êtes certain ? Vous aimez la compote de pommes ? Alors, elle s'appelle comment votre pétasse ?" Mais alors, comment agir ?

Annagovia jouissait d'une imagination débordante c'est là son moindre défaut aussi n'avait-elle eu aucun mal à élaborer des dizaines de plans d'action au cours des derniers jours, mais aucun ne lui avait semblé suffisamment convaincant pour qu'elle le mette à exécution. Demander à Marius d'aller trouver Roman, l'air de ne pas y toucher, pour lui soutirer des informations sous prétexte "d'apprendre comment on s'y prenait avec les filles" ? Mais elle n'était pas certaine que Marius marcherait dans la combine, et ne savait d'ailleurs pas si les deux garçons se connaissaient assez pour que Roman se laisser aller à s'épancher sur l'épaule de son cadet. Profiter d'une absence de Roman pour aller fouiller dans ses affaires, dans l'espoir de dégoter son journal intime "mon petit poney", dans lequel il devait nécessairement relater ses peines de coeur par le menu ? Mais ce serait indigne d'elle et, de toute façon, elle n'avait pas tellement envie de tout savoir des relations de Roman avec les filles (quoique... Quand on voyait où il en était, le pauvre lapin, on se disait qu'il avait bien besoin d'être un peu recadré ! Et puis, trouver le journal intime permettrait également de résoudre le cas du mystérieux baiser volé à une Gryffondor). Supplier Bérénice de se lancer dans la quête aux potins sur Roman ? Etant donné les talents de la jeune fille pour dénicher les noirs secrets des uns et des autres, le couperet ne tarderait pas à tomber. Mais ce serait laisser la gloire de la découverte à une autre, et Anna rechignait à confier l'affaire à une tierce personne. Embaucher les élèves de première année pour qu'ils passent régulièrement devant Roman pour lui demander "Alors, comment ça se passe avec Amber ? Ou Lavinia ? Ou Heaven ? Mince, elle s'appelle comment, déjà, ton amoureuse secrète ?", mais Roman ne serait pas long à comprendre pour qui ils oeuvraient, et était bien capable de venir la sermonner d'exploiter ainsi les plus jeunes m'enfin, il fallait bien qu'ils servent à quelque chose aussi !.

Alors quoi ? L'idée lui vint tout naturellement à l'heure du déjeuner, lorsqu'elle vit Miss Teigne, rasant les murs, suivre à pas feutrés un groupe de Gryffondor qui, si l'on en jugeait la lueur perfide qui brillait dans le regard de la chatte, ne tarderait pas à avoir des ennuis sur le dos. Bon sang mais c'était évident ! Elle allait organiser une filature de Roman ! Peut-être même engager une ou deux personnes pour s'en charger à certains moments, histoire qu'il ne suspecte rien ! Il lui suffisait de lui coller discrètement aux basques durant les prochains jours et il finirait bien par la conduire à l'odieuse Serpentard qui se jouait de ses sentiments ! Très excitée par son nouveau projet, Annagovia s'était, dès les cours terminés, précipitée dans la salle commune de Poufsouffle, impatiente, pour une fois, de voir Roman pointer le bout de son nez ! S'efforçant d'avoir l'air parfaitement décontracté, elle était avachie dans un des fauteuils de la pièce, un roman d'Agatha Christie levé à la hauteur de sa figure. Officiellement, elle lisait, officieusement, elle ne cessait de lancer des coups d'oeil furtifs par dessus la couverture de l'ouvrage... Qu'elle tenait d'ailleurs à l'envers.

Enfin Malherbe vint Roman parut. Réprimant un frisson, Anna s'enfonça un peu plus dans son fauteuil et coula un oeil prudent en direction du jeune garçon. L'avait-il repérée ? Non ! Il quittait la pièce ! Vite, vite ! La rouquine bondit de son fauteuil et Pandore, qui passait par là, manqua la crise cardiaque et, bousculant sans ménagement un groupe de deuxième année, sortit à son tour de la salle commune, pour emboîter le pas à Roman, dont les pans de la cape venaient tout juste de disparaître à l'angle du couloir.

* Mince, qu'est-ce qu'il fabrique ? Pourquoi il monte ? C'est par là-bas, les cachots des Serpentard ! Hum... Ou alors sa gourgandine lui a donné rendez-vous dans un cul-de-sac les étages ? Ce serait logique, au fond ! Si elle veut lui jouer un mauvais tour, autant le faire loin des quartiers de Serpentard... Pour éloigner les soupçons... * songeait-elle, tout en marchant dans les pas de Roman, prenant toutefois garde à maintenir une certaine distance entre eux, et à disparaître, aussi souvent que possible, derrière une armure ou une statue. Elle s'amusait comme une petite folle.

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