Le bonheur d'être musicien (Pv Frédérique)

Voilà plusieurs mois que Lea se préparait pour le prochain concert qui l'attendait ce soir-même. Elle avait tant travaillé sur les pièces de compositeurs classiques qu'elle allait présenter ce soir. Elle espérait de tout coeur que tout allait bien se passer. Mais la jeune femme n'avait généralement pas de problème à bien performer sous la pression ; normal, puisqu'elle était aujourd'hui musicienne professionelle. Dès sa sortie de Poudlard il y avait deux années de cela, tout avait été très clair dans la tête de Lea. Elle voulait être musicienne, et aucun autre métier ne l'avait réellement intéressée. Professeur ? Il faut être malade pour croire qu'elle pourrait être un bon professeur ... Auror ? Pour faire quoi au juste ? Au ministère de la magie ? Ennuyeux pour une artiste telle que Lea Isaac. Elle détestait devoir remplir de la paperasse, et préférait largement les activités qui lui permettait de s'exprimer librement, sans contraintes. D'autant plus qu'aujourd'hui, elle était particulièrement heureuse d'avoir choisi le métier qu'elle avait toujours rêvé de faire non seulement parce qu'il s'agissait de ce qu'elle aimait le plus faire mais également parce que sans magie, beaucoup de ses anciens collègues ne devaient pas être particulièrement heureux de leur carrière contrairement à elle à l'heure actuelle ... Car en effet, un Auror, par exemple, qui ne pouvait utiliser la magie ... Eh bien ... Disons qu'il devait se mordre les doigts en ce moment-même ...

Ce soir-là, Lea se rendit à la salle de concert à laquelle elle avait été conviée, quelque part dans une ville moldue de Londres. Elle savait que, malgré le fait qu'il s'agissait de la ville moldue, beaucoup de sorciers venaient rigulièrement écouter les concerts qui étaient donnés dans cette salle. Mais peu importe ... Ce qui faisait un auditoire, c'était la qualité de l'appréciation des oeuvres par les intéressés. Et peu importe s'ils étaient sorciers ou moldus ... Une fois l'heure venue, elle s'installa sur la scène, sur le banc de son piano. Lea, qui avait une excellente mémoire, ne jouait jamais avec des partitions, chose peu commune chez les musiciens classiques.

Tout en jouant, Lea se rendit à peine compte de ce qui l'entourait. C'était exactement comme cela lorsqu'elle jouait du piano. Elle jouait d'abord et avant tout pour elle-même, et ensuite pour les autres. Lorsqu'elle jouait, c'était comme si plus rien au monde n'existait hormis sa passion pour la musique. C'était un sentiment merveilleux, qu'aucun autre ne saurait égaler un jour pour Lea.

Elle commença le concert par Sonate au Clair de Lune de Beethoven, une pièce qui, selon elle, était un peu triste, mais ouvrait bien un concert pour faire passer des émotions au public dans l'immédiat. La jeune femme avait toujours adoré cette pièce. Elle était à la fois sombre et triste, et passait très bien des émotions qu'elle avait déjà ressenties auparavant lors de son adolescence.

_{Le concert :
Sonate au Clair de Lune - Beethoven
Nocturne en Si bémol mineur - Opus No 9 - 1ier mvt
Sonate pour piano - K. 457 - 1ier mvt - Mozart - Sonate pour piano - K. 457 - 2e mvt - Mozart - Sonate pour piano - K. 457 - 3e mvt - Mozart
Été Canadien - André Mathieu
Prélude - Bach
Spoiler:
Note : Ces enregistrement ne proviennent pas de moi ; je les ai pris sur youtube. Par respect pour les droits d'auteurs, je tenais à le mentionner ci-dessous.}

Suite au concert, Lea salua les spectateurs, avant de se rendre à l'arrière scène. Là, elle vit quelqu'un qu'elle connaissait bien, soit Frédérique LeeRoy, à qui elle avait parlé quelques semaines plus tôt. Mais que faisait-elle là ? Était-elle venue assister au concert de ce soir ou avait-elle un concert juste après ? La voyant, Lea se dirigea vers elle.
"Salut ! dit-elle. Que fais-tu ici ?"

La jeune LeeRoy sortait de plus en plus le soir depuis les conseils que diverses personnes lui avaient fait sur son envie de percer dans la musique. Si elle ne sortait pas, elle ne rencontrerait personne. Si elle ne rencontrait personne, elle ne pourrait pas espérer qu’on la repère. Les gens n’allaient pas la chercher, comme on n’avait jamais essayé d’aller la chercher à Poudlard quand elle préférait s’effacer et s’isoler. Diverses personnes dont une non négligeable lui avaient donné ces précieux conseils. Mais en parfaite ancienne Serpentard qu’elle était, elle ne l’avouerait jamais totalement qu’une autre ancienne vert et argent avait contribué à l’aider. Cette autre ancienne élève, pour qui elle n’avait plus d’animosité depuis le moment exact où elles avaient toutes deux quitté leur école, n’était autre que Léa Issac, une élève avec qui elle s’était plusieurs fois accrochée. Elles se ressemblaient beaucoup. Plus qu’elles ne le pensaient.

Donc elle avait pris l’initiative de participer aux principales soirées où l’on pouvait entendre des groupes amateurs et où l’on donnait la chance aux débutants. Cela ne lui prenait pas toutes ses soirées non plus mais suffisamment pour qu’elle espérait avoir un jour une réponse positive à ses demandes. Et une réponse lui parvint, un après-midi. Elle était encore sous le choc de la nouvelle. En plus du fait qu’on acceptait de la laisser jouer devant un public, certes pas nombreux car il s’agissait d’un bar, mais devant un public. Ce n’était pas rien. On reconnaissait enfin ses compétences. Car il était certain qu’on ne perdrait pas de temps à laisser la scène à quelqu’un qui n’en valait pas la peine.

Elle avait sélectionné trois chansons, puisqu’on lui avait accordé trois passages sur scène. Elle les avait choisi avec minutie. Elles devaient toucher tout le monde et surtout, elles ne devaient pas ennuyer. Ce n’était pas si évident. Elle avait tendance à chanter des chansons plutôt mélancolique, portée sur les sentiments, aux rythmes douces pour sa voix. Bien qu’elle ne l’avouait pas, elle était totalement paniquée. Il paraissait que le stress était une bonne chose.
Il n’était plus l’heure de reculer. Elle était déjà en coulisse bien qu’elle n’allait pas passer de suite.

En entrant dans le bar, elle avait vu le programme de la soirée. Aucun groupe ne semblait apparaître. Un soliste au violon. Un soliste à la trompette. Et pianiste… une pianiste ? Qui plus ait, il s’agissait de Léa Issac. Elle était étonnée. Cela la fit stresser d’avantage. Cela se trouvait, la jeune fille savait qu’elle allait passer après elle et compter rester pour l’écouter. Elle aurait une oreille plus critique que les autres. Mais la petite se sentait prête. En tout cas, elle espérait être prête.

Frédérique était en coulisse et passait, presque avec une délicatesse déroutante, un chiffon sur sa guitare pour la rendre parfaitement présentable. Elle ne s’attendait pas à ce qu’on vienne à lui adresser la parole. Levant les yeux vers son interlocutrice, elle constatait qu’il s’agissait de son ancienne camarade. Elle fut quelque peu étonnée par sa question mais s’y attendait à moitié. Elle fit disparaître son chiffon, reposa son instrument avant de lui répondre avec son air habituellement calme.

« Bonsoir… Je suis tes conseils… Et j’ai un passage pour trois chansons à la guitare… après le solo d’un certain violoniste et un autre d’un trompettiste… T’imagine, trois chansons… ! »

On sentait sans mal le stress dans sa voix à ses trois derniers mots. Elle avait encore du mal à imaginer que s’était bien elle qui allait passer sur scène d’ici quelques instants…

Lea avait tout de suite perçu l'anxiété dans la voix de son interlocutrice. À vrai dire, à ce moment précis, il ne fallait pas être tellement observateur pour remarquer que ce spectable la tracassait au plus haut point. Néanmoins, la jeune femme fut heureuse de constater que ses conseils avaient pu lui être utiles. Il était, en effet, plutôt rare qu'elle puisse aider les gens d'une quelconque manière alors si, pour une fois, elle avait pu faire quelque chose de bien, c'était sans doute une très bonne nouvelle.
"Ne t'inquiètes pas, dit Lea, tentant de rassurer tant bien que mal Frédérique. Je suis certaine que tout ira bien."
Mais elle hésita quant aux dernières paroles de celle-ci. Trois chansons ? Croyait-elle qu'il s'agissait d'un problème de présenter trois chansons ou disait-elle cela simplement comme ceci, sans trop y penser ? Après mure réflexion, Lea décida de lui répondre dans le sens qu'elle croyait avoir interprété de ces paroles.
"Mais, tu sais, ce n'est pas un problème si tu as trois chansons, lui assura-t-elle. Bien des auditeurs décrochent en entendant de grands concerto. Si tu as des chansons qui réussissent à accrocher et à toucher les gens, peu importe leur nombre ou leur longueur, ce sera parfait."
Pour être honnête envers elle-même, le stress de Frédérique avait eu tôt fait de rappeler à Lea comment elle s'était sentie avant son tout premier concert. C'était exactement comme ceci, si elle en jugeait par ce qu'elle voyait. Car bien qu'elle ne l'avouerait jamais à haute voix, elle avait eu l'impression qu'elle allait mourir les quelques minutes avant son entrée sur scène. Bien que très préparée pour cet événement, elle avait cru que les gens riraient de ce qu'elle avait préparer, bien que ce n'avait pas du tout été le cas. Mais depuis le temps, elle s'était bien habituée à la scène. Elle jouait du piano depuis sa tendre enfance, et s'était donc produite sur scène dès son jeune âge, ce qui l'avait très certainement aidé dans sa carrière future.

Mais présentement, Lea ne savait plus quoi dire d'autre à Frédérique. Elle croyait déjà lui avoir dit l'essentiel de ce qu'elle pouvait lui dire. Elle se contenta donc d'ajouter :
"Comme je dis, ne t'en fais pas. Les gens du public sont beaucoup plus indulgeants que tu ne pourrais le penser."

Le stresse était présent et visible chez la petite. Elle essuya ses mains moites sur son jean aux couleurs classiques et toujours un peu large par rapport à ses jambes menues. Vêtue d’un T-shirt manches longues en jersey rayé noir et gris, encolure V superposée sur col chemise blanche boutonné, elle avait pris soin d’attacher ses cheveux dans une haute queue de cheval afin de dégager son visage fin et mettre ses yeux en valeur, yeux qui étaient pour elle ses seuls atouts physiques.

« Merci d’être aussi confidente sur mon cas sans m’avoir jamais écouté… »

Léa avait bien sur parfaitement et immédiatement perçu l’anxiété de son ancienne camarade. Cette dernière s’en rendait bien compte mais ne parvenait pas à gérer cela. C’était la seconde fois qu’elle ne gérait pas quelque chose et cela la déstabilisait totalement. Elle aimait la perfection. A Poudlard, elle faisait partie des élites. Ici, dans le monde extérieur, tout était différent. Et elle s’en rendait compte un peu plus tous les jours et se trouvait encore plus renfermée qu’avant. Tout était presque à refaire jusqu’à ce qu’elle reprenne confiance en elle. Encore une chose qui n’était pas gagnée.

« Il ne savait pas de problème que d’avoir trois chansons… mais de l’étonnement… Je ne m’attendais pas que ce lieu me donne ainsi ma chance… mais en plus de cela, ils m’accordent la possibilité de plusieurs chansons… »

En effet, la miss Isaac n’avait pas semblé avoir compris ce qu’avait voulu dire Frédérique. Il fallait dire que cette dernière était tellement stressée qu’on ne pouvait pas savoir si ses paroles étaient de la joie ou de l’anxiété. Pour elle, les trois chansons n’étaient pas un problème car elle savait que si elle en chantait une et que tout se passait bien, les autres s’enchaineraient tout seul. Elle était ainsi à moitié confiante mais il en fallait plus pour qu’elle soit parfaitement rassurée. On ne changeait pas comme ça les gens.

« Si ils sont aussi indulgents que toi… je n’ai aucun soucis à me faire… »

La jeune LeeRoy haussa un faible sourire à moitié moqueuse, à moitié sérieuse. La jeune fille croyait en elle et elle ne comprenait pas pourquoi, surtout qu’elles avaient eu un très mauvais approche dans le passé. Elle voulait comprendre pourquoi elle avait changé ainsi avec elle. Mais elle pensait tellement à sa musique et ses chansons qu’elle n’alla pour le moment pas jusqu’à prendre le risque de lui poser la question. Elle avait beau être curieuse, elle n’en restait pas moins discrète et détachée de tout…

Lea esquiça un sourire suite aux paroles de Frédérique. Il était vrai que même sans l'avoir écouté, elle avait une certaine confiance en l'autre jeune fille. Pourquoi ? Ce n'était pas tant parce qu'il s'agissait d'elle que parce qu'il s'agissait d'une personne qui avait encore des rêves. Au cours de sa jeunesse, l'ancienne Serpentard avait souvent rencontré des gens qui ne pensait qu'à toujours avoir un grade plus haut, sans penser à ce qu'ils aimeraient réellement faire de leur vie. Et parfois même, ces gens en question ne savaient pas eux-mêmes ce qui leur plaisait dans la vie, et elle trouvait cela tellement dommage pour eux. Et pour tout dire, la majorité des gens comme cela qu'elle avait rencontré se trouvaient dans sa propre famille. Kelly-Jane en était sans aucun doute l'exemple parfait. Elle ne savait pas trop ce qu'elle voulait faire, simplement qu'elle souhaitait avoir un poste relativement important l'un de ces jours. Ses passions dans la vie ? En avait-elle seulement ... ? Et comme bien d'autres gens dans cette situation, elle s'employait à s'acharner sur ceux qui avaient encore des rêves, espérant pouvoir ainsi les démolir pour se compenser. Du point de vue de Lea, c'était une des choses les plus terribles à faire, mais aussi, l'une des plus impossibles pour la plupart des cas. Car lorsqu'on croyait en notre rêve dur comme fer, personne ne pourrait jamais nous l'enlever.
"Eh bien, tu as l'air d'y croire, se contenta de répondre Lea. C'est pour cela que je suis certaine que tu iras loin. Tu as encore tes rêves."

Aux paroles de Fédérique, Lea comprit alors qu'elle avait mal saisit le sens de ses propos. Cette dernière était surprise d'avoir eut le droit de jouer plusieurs chansons. Ne sachant que répondre à cela, elle se contenta d'hocher la tête en signe de compréhension. Cela ferait sans doute l'affaire.

Ce qui surprit le plus la jeune femme fut sans aucun doute lorsque son ancienne camarade lui appliqua le qualificatif d'"indulgente". Jamais auparavant on avait dit cela de Lea. Bon, d'accord, il était vrai que, depuis sa sortie de Poudlard, elle avait beaucoup grandit. Mais tout de même ... Voilà quelque chose qu'on ne lui avait encore jamais fait remarqué. Il était vrai que, par le passé, Lea avait toujours été une personne froide, moins vivante et plus renfermée. Mais sans savoir pourquoi, on aurait que, depuis son expérience de travail à Taliesin, elle avait maturé et apprit à s'ouvrir aux autres. Elle se renfermait beaucoup moins sur elle-même qu'auparavant, et allait même vers les autres pour leur parler. Néanmoins, elle n'avait pas changé du tout au tout, contrairement à ce qu'elle laissait paraître. Certes, elle était beaucoup plus souriante et extravertie, mais certaines choses n'étaient certainement pas prêtes de changer. Oui, d'accord, elle allait davantage vers les autres mais généralement, elle préférait tout de même la vie de solitude. Elle avait toujours cette même ambition qu'elle avait eut et cela, bien avant d'entrer à Poudlard. Elle était fascinée par des sujets étranges imcompris de la plupart des gens (tels que la mort) et agissait souvent comme il lui semblait juste de le faire, peu importe si cela impliquait le respect ou le non-respect des lois. Au fond, était-ce tant son caractère que son point de vue sur la vie qui avait changé ?
"Eh bien, comme moi, ils sont indulgents parce qu'ils partagent une passion commune, ajouta Lea. Ils aiment la musique et c'est tout ce qui compte, au fond."

Léa souriait encore et toujours aux paroles de son ancienne camarade. Celle ci était bien moins souriante, pas qu’elle ne voulait pas lui rendre son amabilité, mais elle était trop angoissée par tout ce qui lui arrivait qu’elle ne parvenait pas à se détendre ne serait-ce qu’un petit peu. Peut-être que la scène la calmera, ou peut-être pas. Elle ne le savait pas. On disait bien que l’inconnu faisait peur. Elle pouvait le confirmer à ce moment là. En tout cas, elle faisait tout pour la rassurer et bien qu’elle ne le montrait pas, cela lui faisait du bien.

« Je pense que si je n’y crois pas, je n’arriverais jamais à rien… Et puis je n’ai pas été à Serpentard pour rien… Je suis confiante et peut-être un peu trop sur de moi dans tous les domaines… Je pense qu’il ne peut en être autrement pour moi que d’aller loin… ça ne m’empêche pas de stresser et paniquer pour ce premier passage devant tous ces gens… ! »

Ce que Léa et Frédérique ignoraient s’était qu’elles se ressemblaient énormément. Toutes deux distantes avec la foule, d’allure froide, renfermée, solitaire, elle avait encore du mal à se mettre aussi facilement en avant que d’autres personnes. Peut-être était-ce ce qui faisait leurs qualités et leur charme et la scène allait rehausser tout cela. Les chansons de la jeune LeeRoy était à son image. Calmes, posées, mélancoliques avec une touche de romance, elle ne parvenait pas à chanter avec entrain et vivacité. Sa voix douce et délicate, elle espérait parvenir à transporter le public qui l’écouterait ce soir là. .

« Pour une fois que j’ai une passion qui est venue à moi sans que je ne la cherche et ne me sente obliger de la poursuivre… Pour une fois qu’on me soutient… »

L’apparition d’un homme la fut sursauter. Il regarda un instant Léa ne comprenant pas ce qu’elle faisait là et s’adressa ensuite à Frédérique. Il lui indiqua qu’elle devait se préparer. Elle rentrerait en scène cinq minutes après la sortie du joueur avant elle. Les minutes étaient allées trop vite et elle pâlit à cette annonce. L’homme repartit aussi vite qu’il était arrivé et elle baissa les yeux tentant de les maintenir ouvert afin de ne pas céder à la panique qui lui prenait doucement à la gorge. Ce n’était pas le moment de s’en retrouver muette !

« Tu restes m’écouter… ? Je te propose de boire quelque chose après, ça me détendrait… Je ne sais pas dans quel état j’en ressortirais… Si tu n’as pas le temps, je comprendrais… »

Elle passa sa main dans ses cheveux et attrapa sa guitare tout en se levant. La jeune femme espérait vraiment qu’elle restait un peu pour l’écouter et lui donner par la suite un avis plus que sincère…

Lea ne fut pas offusquée de la réaction de sa camarade face à ses paroles. Elle comprenait que l'angoisse ne pouvait guère nous rendre souriant, et elle ne le prenait en rien personnel. Mais elle devait bien admettre une chose : il était vrai que toutes deux n'avaient certainement pas eu leur place parmis les Serpentard pour rien ... La confiance, le caractère et l'ambition, c'était visiblement pour cela qu'elles s'étaient retrouvées là-bas. Néanmoins, au début, leurs ressemblances avaient eu tôt fait de les éloigner, et non de rapprocher les deux jeunes filles. Oui, Lea s'en souvenait bien. Et à vrai dire, elles n'avaient tellement pas été en bons termes auparavant qu'elle était pour le moins surprise que toutes les deux soient encore en vie ... Mais bon ... Tout cela relevait du passé. Elle avait changé. Certes, pas du tout au tout, mais elle avait tout de même changé. Elle avait toujours gardé son ambition et sa force de caractère mais, cependant, elle avait apprit à choisir ses batailles, ce qui était sans doute le plus important. Voilà pourquoi elle donnait l'impression d'être plus rayonnante qu'auparavant : elle ne se cassait plus la tête avec n'importe quoi.

Aux paroles de Frédérique, Lea se contenta de sourire. Que pouvait-elle bien ajouter de plus ? Sur ce point-là, elle avait sans doute fait le tour de la question ... Néanmoins, lorsqu'elle lui demanda si elle restait, elle hocha la tête. Mais bien sûr qu'elle allait rester ! Après l'avoir encouragé, ç'aurait été un peu bête de ne pas rester pour écouter ce qu'elle avait préparé pour son concert ...
"Bien sûr que je reste", dit-elle.
Et puis, si Lea adorait pratiquer la musique, elle adorait également l'écouter. Car un bon musicien devait également posséder une bonne qualité d'écoute. Sans cela, où trouvait-il son inspiration ? Ses idées pour d'autres projets ? De plus, s'il y avait une chose que la jeune femme croyait, c'était que la musique conseillait. Oui, c'était le bon terme. Conseillait. Dans des moments difficiles, elle savait vous faire comprendre que vous n'êtes jamais seul dans de telles situations. Lors de pannes d'inspiration, elle redonnait de nouvelles idées aux artistes. Elle savait vous détendre lorsque vous vous sentiez stressé, angoissé. Voilà pourquoi elle adorait tant la musique : elle trouvait sa place partout et à n'importe quel moment.
"Oui, avec plaisir, répondit-elle, à l'offre de l'autre musicienne. Bon courage pour ta prestation !"
Ensuite de quoi Lea s'éloigna pour aller rejoindre les autres spectateurs dans la salle.

Spoiler:

Assise sur une chaise haute au milieu de la petite scène, Frédérique avait été au début totalement angoissée quand son regard s’était posé sur le public. Elle savait que s’était l’erreur à ne pas faire, regarder le public, mais elle n’avait pas sur où poser son regard sinon. Puis tremblante, ses doigts avaient glissés le long du bois froid de sa guitare et tout lui revint. Elle était là. Elle touchait à son rêve, à son envie depuis si longtemps. Elle était lasse de ses chants solitaires. Les murs l’avaient bien trop entendu. Comme tout musicien, elle avait besoin d’un vrai public, d’une véritable écoute, de jugements sincères que cela soit positif ou non. Elle était prête à tout accepter, dans la limite du raisonnable aussi.
Sa guitare posée sur la cuisse, installée le plus confortablement qu’elle pouvait, elle prit une grande inspiration et finit par fermer les yeux. Elle avait ses chansons à interpréter, elle espérait émouvoir son public, elle ne devait pas les décevoir. Si ils restaient tous là à la fixer tout en attendant qu’elle sorte enfin quelque chose, elle n’allait pas à présent fuir.
Ses doigts glissèrent délicatement sur les cordes et il lui sembla instantanément ne plus être dans cette salle. Les notes emplissèrent à la fois son être et la salle. Elle prit le temps qu’on entend bien en entier la mélodie avant sa voix. Elle voulait leur montrer qu’elle ne savait pas que chanter et qu’elle n’avait pas qu’un joli minois. Elle voulait leur montrer qu’elle était aussi une musicienne de talent qui ne s’était mise à chanter que parce que la musique l’avait entrainé et non pas le contraire comme on avait pu voir jusque là avec les jeunes minettes qui s’étaient mises à chanter ses dernières années, surtout dans le monde Moldu.

Il n’y avait plus de bruit dans la salle comme si les spectateurs s’étaient arrêtés de bouger, s’étaient arrêtés de respirer. Ils semblèrent hypnotisés, en tout cas, se fut ce qu’elle en pensa à la fin de son interprétation des trois chansons quand les applaudissements prirent place sur le long silence hypnotiques qu’ils avaient semblés avoir. Donc à la fin de sa dernière mélodie, il y eut un silence. Elle eut une profonde respiration puis elle ouvrit enfin les yeux. Elle les regarda à nouveau, comme quand elle était entrée sur scène. Mais leur regard était différent et elle se demandait si elle devait fuir ou au contraire, si elle devait dire quelque chose. Elle choisit de ne pas bouger, comme attendant finalement un mouvement, un signe de leur part. Puis ils applaudirent. Se fut comme un choc éléctrique. Cela n’eut pas un sentiment négatif chez la jeune femme. Au contraire, cela lui donna de la force. Chaque seconde à recevoir leur applaudissement lui donnait un courage qu’elle ne pensait ne jamais avoir, ne jamais ressentir. Et elle haussa un sourire timide comme pour leur remercier alors qu’elle venait de se lever. Son merci fut si bas, que personne ne pouvait être certain l’avoir entendu, mais aux mouvements de ses lèvres il était certain qu’ils l’avaient compris. Elle sortit doucement de scène alors qu’on continuait à applaudir. Ce n’avait pas la même ampleur qu’une sortie de concert mais pour elle s’était déjà énorme.
En coulisse, elle prit le temps de reprendre ses esprits, se passa un peu d’eau sur le visage avant de changer de rôle et prendre la place de spectateur à son tour. Elle y retrouva Léa, installée et toujours présente comme promis.

« Merci… »

Ce fut tout ce qu’elle put dans l’immédiat lui dire pour lui montrer à quel point de voir qu’elle avait tenu sa promesse et qu’elle n’avait pas vu l’invitation ni sa prestation…

C'était la toute première fois que Lea entendait son ancienne collègue de Serpentard jouer. L'ayant recroisée quelques semaines plus tôt par pur hasard, elle avait apprit à ce moment-là que celle-ci était également musicienne, chose qu'elle ne savait pas du tout auparavant. Elles avaient donc parlé un peu musique, mais jamais elle n'avait entendu l'autre jeune femme chanter ou jouer de la guitare. Cette soirée-là, elle avait donc été curieuse à l'idée d'entendre la musique de sa camarade. À première vue, elle se demandait bien pourquoi cette dernière semblait gênée de chanter devant un public, puisqu'il était évident qu'elle était loin d'être dépourvue de talent. Mais se rappelant elle-même la première fois où elle avait joué devant un public, cela éclaira la lanterne de l'ex-Serpentard. Voilà un événement qui remontait à il y avait bien longtemps, mais qu'elle n'oublierait certainement jamais. Si elle avait bonne mémoire, elle devait avoir environ quatre ou cinq ans le jour de son premier concert de piano. Comme dit précédemment, ça ne datait pas d'hier ... Elle écouta donc sa collègue des coulisses, jusqu'à ce que celle-ci eût terminé sa prestation. Lorsqu'elle revint en arrière-scène, elle sourit.
"Eh bien, dis donc, pour une fille qui n'était pas certaine de réussir, c'était pas mal du tout," dit-elle pour la rassurer.
Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait ajouter d'autre. Si Frédérique lui en faisait la demande, elle pourrait toujours lui glisser quelques commentaires constructifs. Mais si elle ne souhaitait pas obtenir de commentaires sur sa prestation, elle ne lui dirait tout simplement rien. (Après tout, ce n'était pas tout le monde qui aimait se faire rappeler comment avait été leur concert.)

Pour changer de sujet, elle ajouta :
"Eh bien, allons fêter ça ! Où veux-tu aller ?"
Bien que Lea n'avait jamais été une fille de fête, cette fois, elle avait bien envie de fêter le concert qui venait d'avoir lieu. C'était le tout premier concert de Frédérique, et elle croyait bien qu'il fallait le souligner.

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