Les temps changent [ PV ]

Joy ne semblait pas particulièrement intéressée par le récit de Roy concernant les élèves de Poufsouffle sur dix générations, et plus particulièrement les filles possédant une chevelure rousse on se demande pourquoi. En même temps, c'était elle qui avait évoqué cette couleur de cheveux la première, il n'était pas un complet illuminé non plus. Cela étant, il n'avait pas envie d'ennuyer sa meilleure amie, surtout lorsqu'ils avaient tant à faire aujourd'hui ! Il nota donc qu'il n'était pas nécessaire de continuer sur cette voie, surtout que la jeune fille lui dit qu'elle ne savait pas de qui il parlait. Je peux te la dessiner si tu veux Joy, pas de souci ! Il haussa donc les épaules, laissant glisser le sujet.

Le brun ne savait pas pour quelle raison le fait que sa sœur sorte avec Alek lui paraissait aussi bizarre. Du moins, en dehors des raisons évidentes: il était plus vieux et possédait un passé un poil ombrageux (et puis, il était aussi le premier petit-ami de sa jumelle, il avait beau s'être attendu à une telle éventualité, ça restait un changement conséquent dans leurs vies). Non, au-delà de ça c'était juste... Pas normal. Et il commençait à se donner mal à la tête tout seul, avec ces réflexions ah bah oui, quand on n'a pas l'habitude, ça peut choquer ! aussi préféra-t-il laisser tomber. En revanche, il se concentra bien plus sur la seconde partie des paroles de Joy, celle concernant l'attitude d'Alek envers ses copines. Certes, la Russe était loin d'être un juge impartial, mais Roy ne pouvait s'empêcher d'être quelque peu soulagé. « C'est vrai ? Je ne le connais pas assez bien pour le savoir, mais je te fais confiance... C'est juste que... Romy n'est pas aussi inébranlable qu'elle le prétend. Elle veut donner cette image si forte d'elle, mais j'ai un peu peur de la voir en sortir blessée si jamais ça se passait mal entre eux... » avoua-t-il, quelque peu gêné. D'une part, parce que sa jumelle le truciderait si jamais elle apprenait qu'il avait transmis de telles paroles la concernant à sa meilleure amie (mais en même temps, s'il ne pouvait même pas faire de confidences à Joy, à qui le ferait-il ?), et d'autre part, parce qu'il s'agissait quand même de son cousin là. Il ne précisa pas quel genre de plans il préparait pour quiconque oserait faire le moindre mal à sa sœur, ça gâcherait l'effet de surprise, ça ne plairait probablement pas à Joy, et enfin, il n'était pas encore au point sur les détails.

Perdu dans ses pensées, il leva la tête avec étonnement lorsque la brune l'interrogea concernant l'issue de sa relation avec Ehawee. Au moins, on pouvait dire qu'elle allait droit au but ! Roy haussa les épaules, plongeant les mains dans les poches de son jean. Techniquement, ce n'était pas lui qui avait rompu avec la blonde, ça s'était fait d'un accord commun, mais il décida de ne pas la corriger sur cet élément, et répondre à sa question aussi franchement qu'elle l'avait posée. « Hm, j'ai réalisé que... Je n'étais pas amoureux d'elle. Enfin, je ne l'avais jamais été, mais je pensais que ça pouvait marcher sans. Mais j'avais tort. Et c'était pareil pour elle, je crois. C'était marrant le temps que ça a duré, mais au final, c'était rien de plus qu'une expérience. Ça ne pouvait pas durer indéfiniment. » tâcha-t-il d'expliquer, non sans difficulté. Certes, il était plus que loquace quand il s'agissait de discuter de Quidditch, de farces ou de plans insensés pour escalader le mur extérieur de la tour d'Astronomie à mains nues, mais dès qu'il s'agissait de relations amoureuses et de sentiments, ça devenait plus compliqué.

Joy aimait beaucoup Romilly. Elle ne savait pas si la brune l’appréciait, mais en tout cas, Joy l’enviait énormément. Romilly savait ce qu’elle valait, ce qu’elle voulait, et généralement, elle savait l’obtenir. Elle était jolie, savait se mettre en valeur et ne se laissait jamais marcher sur les pieds. Tout le contraire de la jeune bulgare. Bon, d’accord, Joy était jolie aussi, à sa manière, mais elle avait tellement peu confiance en elle qu’elle doutait sur tout ce qu’elle faisait, ce qu’elle disait, ce qu’elle pensait. La seule chose dont elle était sûre, c’était les sentiments qu’elle éprouvait pour Roy. Un amour véritable, qui durait. Peut-être était-ce devenu une habitude ? Et que du coup elle l’aimait par réflexe que par réels sentiments ? Joy y avait déjà songé, mais comme des papillons s’envolaient dans son ventre à chaque fois qu’elle croisait le regard du jeune Poufsouffle, Joy avait arrêté de penser à de telles absurdités.

«Moi je pense qu’elle est loin d’être idiote et qu’elle ne se laissera pas blesser n’importe comment. J’aimerais bien être comme elle.»

Enfin, ce n’était que son avis bien évidement. Il était aussi tout à fait normal que Roy se fasse du souci pour sa soeur ! Après tout, elle n’était pas n’importe qui ! Elle était sa jumelle, et il était avec elle depuis le début. Donc oui, forcément, c’était normal qu’il s’inquiète. Quant au couple qu’il avait formé avec Ehawee, Joy fut contente de savoir que ce n’était pas sa faute. Même si elle avait une vision totalement différente de l’amour que son meilleur ami, elle pouvait comprendre qu’il voulait expérimenté. Ils avaient, après tout, expérimenté leur premier baiser ensemble !

«Je crois que ça ne marche jamais quand il n’y a pas d’amour. L’amour est essentiel, non ? On a besoin d’aimer, je crois. Et puis, il y a beaucoup d’amour différents...»

Joy l’avait compris avec Kolia. Elle l’aimait comme un frère, et pas comme un amoureux. L’amour avec un grand A, c’était pour Roy qu’elle le ressentait. Puis il y avait aussi cet amour inconditionnel qu’elle éprouvait pour son père, et ses grands-parents. Et Alek aussi. Elle l’aimait comme un frère, comme celui qu’elle n’avait jamais eut. C’était encore plus fort que pour Kolia, mais en même temps, c’était différent. C’était son frère, son cousin, son protecteur, son confident, quelque chose dans ce genre... C’était Alek, tout simplement.

«Bon, on va demander pour le piano ? La vendeuse est libre !»

Joy esquissa un léger sourire et prit Roy par la main pour l’emmener vers le comptoir où attendait la vendeuse. Elle était très jolie, et gentille en plus, puisqu’elle leur indiqua le chemin. Rapidement, les deux élèves de Poudlard se retrouvèrent à l’étage, dans une des salles qu’ils utilisaient pour donner des cours. Une des portes était d’ailleurs fermée et une mélodie s’en échappait. Un cours devait être donné actuellement. La vendeuse laissa les deux apprentis sorciers dans la salle en leur donnant les consignes de base puis retourna au rez-de-chaussée. Ils avaient un peu de temps pour s’écouter l’un l’autre, maintenant, et tenter d’oublier tous les mauvais passages par lesquels ils étaient passés, ensemble ou séparément.