Des bonhommes et des armes. PV

Depuis des mois, Rhys avait souffert. Beaucoup souffert même, à la fois moralement et physiquement. Dans l'ensemble, les deux points avaient trouvé une accalmie depuis qu'il vivait partiellement avec Opalyne. Depuis qu'elle pansait son cœur, sur un plan purement amical, il vivait différemment. Premièrement, sa peine concernant Romilly s'apaisait. Deuxièmement, moins en colère, un peu plus joyeux, il devenait un bien meilleur sportif. Il avait prit la bonne résolution de se repencher très sérieusement sur les Arts Martiaux. Il faut dire que l'été précédent, lorsqu'il avait rencontré Keira Williams, il s'était pris une dérouillée magistrale quand la force brutale ne lui avait plus permis de se hisser au sommet. Avec un peu de recul, il avait avoir merdé dans son approche, il avait espéré trouver la paix par le côté violent du sport et non par le côté contrôle de soi.

Il avait mit du temps à cogiter tout ça et avait décidé de suivre un conseil donné par la belle rousse, enfin, la plus vieille des deux, se mélanger aux autres élèves de son club. Il avait toujours fait son entrée dans le dojo de son maitre. Il faut aussi dire que prendre des cours dans un club est bien moins couteux qu'avec un prof privé. En plus, depuis qu'il était de nouveau un moldu, il avait beaucoup plus de temps pour s'entrainer. Et il en passait du temps au dojo, le garçon. Il faut dire qu'il avait la trempe d'un grand sportif. Qui l'aurait cru un jour qu'il tirerait plus de gloire de ses prouesses sportives qu'intellectuelle.

Donc, Rhys pouvait faire un grand sportif et son maitre comptait bien l'emmener dans ce sens. Tout entraineur croise différents type d'élève, les fainéants, les frimeurs, les bons élèves, les catastrophiques mais il y en a généralement peu qui font preuve d'un gros potentiel. Celui de Rhys n'était absolument pas naturel, il trouvait un équilibre dans ce sport et en profitait ce qui se traduisait par une capacité à encaisser et revenir. Il s'agit également de ce genre d'élève qu'on facture une heure par semaine mais qu'on voit venir tous les jours. Tantôt pour profiter simplement, tantôt pour rester plus longtemps avec le maitre, tantôt pour donner des cours aux nouveaux. Rhys n'avait pas perdu son côté prompt à aider les autres à apprendre.

En quelques mois, Rhys avait énormément progressé et son niveau était bien plus élevé que ce qu'une personne aurait fait en apprenant les bases de manière aussi sporadique. Après trois ans de cours, il battait des personnes qui en comptait 4 voire 5 avec un peu de chance. Il faut dire que qu'il en redemandait sans arrêt et il dégustait à tel point que la douleur ne l'inquiétait plus. Le Jujitsu, ça allait encore, il se retrouvait les quatre pattes en l'air sans arrêt mais le tatami était là à la réception. Quand on attaque le combat au bâton ou au sabre, même en bois, les phalanges dégustaient. Il avait même cru plusieurs fois se faire casser un doigt ou deux mais non, il était plus solide qu'il n'y paraissait.

Bref, cette longue introduction n'a pas pour seule but de montrer la supériorité de puissance et de technique de Rhys, cela tout le monde est déjà au courant ainsi que le fait que Romilly s'était rabattue sur Alek uniquement parce qu'elle ne se sentait pas à la hauteur d'un homme comme Rhys. C'était une demi-portion qu'il fallait à la demoiselle. L'autre utilité est d'amener au fait que, pour progresser dans certains domaines, il est nécessaire d'adapter le matériel d'entrainement. La tenue de Rhys devenait un peu trop serrée à cause de la croissance ~~si si, elle est très lente mais ça pousse un peu~~ et de la musculation. Entre autre chose, Rhys avait besoin de nouveau matériel. Son bâton devait être plus grand pour être réglementaire et pouvoir servir en compétition. Son bokken devait aussi grandir, pas pour la compétition mais pour s'approcher de la véritable taille d'une katana. Avant de manier l'arme véritable des samouraïs, il est nécessaire de s'approcher le plus possible avec le format inoffensif. Enfin, inoffensif, ça, c'est ce que pensent les profanes, entre de bonnes mains, ça reste très dangereux. Dans de mauvaises mains, ça fait toujours une sacré grosse matraque.

Donc, pour se fournir ce genre de matériel très spécialisé, il n'y a pas un grand nombre de magasin dans le pays. Rhys était descendu sur Londres avec son père ~~Bah ouais, sa mère n'a qu'un bras, vous l'imaginez conduire?~~. Ca faisait très longtemps que les deux garçons n'avaient pas vraiment passé du temps ensemble, c'était l'occasion de se rattraper. Ceci dit, ceci est un autre sujet dont je ne débattrais pas ici. L'éducation sexuelle allait peut-être être du voyage.

Ceci dit, au moment qui nous intéresse, les deux hommes sont dans le magasin mais pas ensemble. Pour acheter du matériel, il faut des sous. Il paraît que c'est la pierre angulaire du commerce. Même si la famille Ellis s'en tirait bien mieux que par le passé, ils n'avaient pas vraiment les moyens de faire des folies d'un seul coup. Rhys avait proposé de faire des petits boulots pour participer. Les parents avaient refusé poliment mais le gardaient sous le coude en fonction des chiffres qui allaient s'afficher sur la caisse enregistreuse. Bref, le père était avec un employé du magasin en train de faire une carte de fidélité et prévoir un paiement en plusieurs fois. Rhys, lui, vadrouillait dans les rayons, c'était immense.

En garçon normal, il était parti vers les armes en snobant les kimonos. Il se retrouva tout seul, dans un coin isolé, en présence des sabres. Ils étaient accrochés aux présentoirs. Normal, question de sécurité. Ceci dit, il pouvait en avoir besoin aussi, un maitre de la voie du sabre se doit de connaître parfaitement sa lame ce qui nécessite un long apprentissage. Ce n'était pas des lames de collections, c'étaient le genre à se démonter totalement pour pouvoir entretenir parfaitement chaque composant individuellement ou encore modifier l'arme selon son style.

Puisque Rhys ne pouvait empoigner les lames, il attrapa un Bokken. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et, ne voyant personne, se mit à jouer les ninjas avec les petits cris et les gesticulations stéréotypés. Il venait de perdre dix ans d'âge mental d'un coup. Il finit par entendre des bruits de pas derrière lui ce qui ne l'arrêta pas, son père devait le rejoindre et il savait déjà que son fils était un brin attardé quand il jouait.

Estimant que les pas étaient assez proches, il se retourna brusquement, mimant de frapper avec l'arme de bois. Bien sûr, il n'allait pas porté de vrai coup et maniait déjà un objet similaire depuis longtemps, il stoppa son coup bien loin de sa cible, environ un bon mètre. Par contre, ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que l'homme n'était pas son père.

- Oh, merde. Désolé monsieur. Je croyais que c'était mon père et je voulais lui faire une farce.

Là, il avait l'air con. Il ne manquait plus que ce soit un employé qui s'énerve ou un client qui se plaigne au niveau de la direction et il allait se faire passer un savon en plus de devoir partir sans faire ses achats.

Dmitri n’avait jamais eu une vie vraiment ‘tranquille’, mais malgré des évènements assez malheureux, il ne regrettait rien. Enfant, il avait eu la chance de grandir dans une famille plutôt équilibrée, il avait eu une vie plutôt ‘normale’ même… Il avait été bien éduqué, appris le respect, mais aussi la combativité. Adolescent, il n’avait jamais été hors des rangs, jamais il n’avait joué aux têtes brûlées. Il avait toujours été très mature, et c’est ainsi qu’il s’était très vite retrouvé marié à la femme de sa vie, et qu’ils avaient eu tous deux leur adorable petite fille : Joy. C’avait tout l’air d’un conte de fée, formulé ainsi. Mais tout le monde finit par savoir, un jour ou l’autre que la vie n’a rien d’un conte et que le bonheur éternel n’existe pas. Alors que Joy venait d’avoir 5 ans, leur petite famille, toute neuve, toute belle éclata en mille morceaux, et la douleur les inonda en de lourdes larmes de désespoir. Kelly les avait quitté. Brutalement, assassinée, et ça, il l’avait très mal vécu… sa femme, la seule et unique qui comptait, la mère de sa petite fille était morte, devant lui, et il n’avait rien pu faire pour la sauver. Il avait très longtemps pleuré la mort de sa femme, mais dix années étaient passées à présent, et bien que cela ait été extrêmement dur, il avait pu faire son deuil.

Rapidement, le sorcier changea. Il prit d’abord ses distances avec sa famille. Tout en se cachant dans sa haine, cherchant à venger la mort de celle qu’il avait chéri et que jamais plus il ne pourrait serrer dans ses bras. La haine le consuma et il se perdit ainsi quelques années à combattre, à lutter, avant de finalement se souvenir que même si Kelly n’était plus là, qu’il avait toujours Joy, qui était chez ses parents, et qui avait besoin de lui, lui son père. Il revint donc reprendre la place qui était sienne, se rangeant plus ou moins, sans abandonner ses pulsions vengeresses pour autant. Les années passant, il avait finit par se calmer, la chasse était derrière lui, il était plutôt chasseur de tête qu’autre chose, à présent. Pas qu’il en ait besoin, financièrement parlant, mais psychologiquement, ça l’aidait à tenir le choc. Il s’était plutôt rangé quand il avait commencé à fréquenter sérieusement Corann Stanley, mais depuis leur séparation, qui remontait à quelques mois à présent, il se remettait dans la course.

Heureusement il n’avait pas trop perdu, puisqu’il avait continué à s’entraîner et à travailler son corps et son mental. Il entraînait d’ailleurs son neveu lorsqu’il le voyait. Alek était trop impétueux, du point de vue de son oncle. Trop imprévisible, il avait besoin d’être remis en place, mais pas de façon brutale, sinon, il le savait, il ne ferait que le braquer. Les séances aidaient le garçon à évacuer le trop plein de haine qui l’habitait. Alek avait toujours été très différent de Joy pour cela. Si la fille de Dmitri avait toujours été une enfant plutôt douce, voire un peu froussarde pour certaines choses, son cousin, lui était trop imprudent et Dmitri préférait le préparait plutôt que le voir se jeter tête première dans un piège dont il ne ressortirait pas vivant. Il avait un peu peur pour son neveu qui avait un don certain pour s’attirer les ennuis.

Mais aujourd’hui, c’était une toute autre chose que sa fille, feu sa femme ou encore son neveu qui l’emmenait dans une boutique moldue. Il avait besoin de diverses choses et parmi cette liste de choses se trouvait une nouvelle arme à feu. Oui, parfaitement. Il en avait déjà une jolie collection, mais ce modèle là, qu’il avait testé dernièrement au stand de tir lui plaisait tout particulièrement et après quelques semaines d’hésitations (il ne prend jamais rien à la légère), il avait décidé de l’acquérir. Comme toujours, alors qu’il allait chercher du matériel, il aimait à se promener dans les rayons, histoire de jeter un œil aux nouveautés, voir comment se porte le marché (autre que celui dans lequel il baigne régulièrement : celui des chaudrons et de l’herboristerie). Alors qu’il arpentait l’allée, Dmitri fut comme qui dirait ‘intercepté’ par un ~~morveux mais où sont les parents bon sang ???~~ jeune homme fort impétueux. Rapidement, un sourire élargit le visage du jeune père qui sourit à celui qui l’avait ‘agresser’ :

« Il n’y a pas de mal, je préfère que tu me prennes pour ton père que pour ton grand père, quitte à choisir, c’est toujous plus glorieux. »

Il ajouta, en désignant l’arme que tenait le garçon :

« Alors, tu manies ça bien ? »

Heureusement que Rhys avait tendance à réfléchir plus vite qu'il ne parlait. Premièrement parce que, peu bavard, il aurait à peu près la réflexion d'un koala lobotomisé sous eucalyptus. Deuxièmement, ça lui avait évité de dire à Dmitri qu'il n'aurait pas pu le confondre avec son grand-père parce qu'il ne l'avait jamais vu et n'avait donc pas de point de comparaison. Oui, de fois, être trop prendre les choses au pied de la lettre pouvait donner l'impression d'être stupide or Rhys ne l'était pas, il était… lui-même dirons-nous.

En tout cas, il était très rassuré de pouvoir constater que l'homme ne lui en voulait pas et qu'il souriait même. Vous comprenez, il a failli se retrouver laminé par un gosse, pour un type de la carrure du client, c'est un peu la loose totale. ~~Comment ça, il se fait des films le gosses?~~. Retrouvant un peu son calme, l'ex jaune et noir s'arrêta de tripoter son écharpe Pouffy qui ne la quittait jamais ~~Imaginez un peu l'état de propreté, ça craint~~. Il allait finir par l'usage s'il continuait à le faire à chaque fois qu'il avait un coup de stresse.

Utilisant à nouveau ses neurones plus efficacement que ses réflexes, il pouvait tenter de parler avec une conversation intelligente… ou presque.

- Oh, pas de risque, vous êtes beaucoup plus jeune que mon père… et plus musclé.

C'est ça, bonhomme. La caresse, c'est dans le sens du poil. Oui, Dmitri était plutôt bien bâti mais il ne faut pas oublier non plus que le père du garçon est dans le bâtiment ~~A ne pas confondre avec "être du bâtiment", le concerné n'apprécierait pas vraiment~~. Pour être charpentier, il faut avoir quand même une certaine condition physique. Finalement, la différence n'était pas bien importante, bien qu'au bénéfice de l'inconnu.

Dmitri lui demanda s'il maniait bien le "ça". Han, la question piège. Rhys était sûr que s'il disait non, il allait se faire défoncer la gueule en représailles de l'agression. Il n'allait pas tomber dans le piège. Pas folle la guêpe.

- Je me débrouille pas mal, oui. Normalement, je devrais bientôt abandonner le bokken pour un vrai sabre. Vous maniez aussi? Vous avez la carrure d'un combattant.

Ouhlà, Rhys, on ne regarde pas les hommes, ça ne se fait pas. Pense à Sterne et toutes les danseuses en tenue. Ouais, c'est mieux. Focalise sur Romy et Opalyne, tu les connais par cœur. Voilà, t'es guéri. Attention à toi maintenant.

- Mes parents m'ont toujours apprit à ne pas parler à un inconnu.

Il se mit à sourire en tendant la main.

- Rhys. Rhys Ellis.

Ouais, de temps en temps, il ne se sentait plus. Il vivait encore à mi-chemin entre le monde des bisounours ou il faut faire copain-copain avec tout le monde et celui où il se sent d'égal à égal avec tout le monde. Du moins, suffisamment pour croire que lui ou même son nom pouvait intéresser l'adulte.

Ho, merde, la boulette. Avec un nom et un prénom, il pouvait traquer le garçon en dehors du magasin pour se venger. Bon, l'avantage, c'est qu'il est loin de chez lui, ça lui fera gagner du temps pour fuir et changer d'identité. Vite, Rhys. VIIIIIIIIIIIIIITE.

Le sorcier ne réagit guère aux ‘compliments’ formulés par le gamin (ouai c’est un gamin, na). Il le trouvait assez amusant, en soit. Il lui rappelait sa Joy, mais ça, c’était juste parce qu’il devait avoir à peu près le même âge, Joy n’était pas du tout du genre à donner des pseudo coups de quoique ce soit à qui que ce soit (y compris pour plaisanter, son père doutait même qu’elle s’amuse aux batailles de polochons…). Là, où le sorcier réagit d’avantage, cependant, c’est à l’écharpe que portait le garçon… C’était inattendu… Il n’y avait pas vraiment fait attention, avant… mais maintenant, il la voyait très bien, c’était presque une agression pour ses yeux, cela lui rappelant celle qu’avait eu Kelly alors qu’ils sortaient ensemble…

Il ne la mentionna pas immédiatement, néanmoins, écoutant d’abord l’adolescent lui parler de ses loisirs, et lui retourner la question qu’il lui avait lui-même posé peu avant. Dmitri sourit doucement :

« Je voie, c’est un très beau sport que tu as choisi là. Moi je ne suis pas dans ces activités là. Je suis plutôt entraîner à la boxe et je tire un peu aussi. »

En revanche, côté boxe, il touchait à toutes celles qu’il existait, mixant les styles, pour une meilleure efficacité en terrain : anglaise, française, thaï… La clé de la réussite résidant en la surprise et la capacité d’adaptation.

La réplique qui suivit sur le fait de ne pas parler aux inconnus, directement suivie par des présentations en bonnes et dues formes amusa plutôt le sorcier qui répliqua :

« Ha et tu ne les écoutes donc jamais, Rhys, je présume ? »

Il serra la main tendue, et répondit à son tour :

« Dmitri, Dmitri Vodianovski. »

Il décida qu’il pouvait, à présent, s’intéresser un peu mieux à cette écharpe (et plus spécialement aux choses qui lui était liées). C’était dingue comme ‘hasard’ là, tout de même…

« C’est une jolie écharpe que tu as là… Elle me rappelle quelques souvenirs. Tu l’as eue où ? »

Parce qu’en temps normal, il devrait être à Poudlard, et non pas ici, si il était sorcier, aussi se demandait-il qui se trouvait, vraiment, en face de lui à l’heure actuelle. Un fils de sorcier ? Ou un frère peut-être… Ou un voleur *paf*. Il y avait pas mal de possibilités, mais demander de but en blanc à un garçon de 13-15 ans s’il était un sorcier était sans doute un peu ‘trop’ bizarre quand même (noooooon, sans blague !!!), aussi cette méthode était-elle plus détournée, mais il espérait bien en arriver (plus ou moins) au même résultat…

Comment ne pas être d'accord avec Dmitri lorsque celui-ci disait que les Arts Martiaux sont un beau sport. De toute façon, Rhys n'allait pas non plus dire qu'il faisait de la merde, c'est logique, il ne l'aurait pas choisit si c'était le cas et dans le cas où il aurait été obligé par ses parents, il n'aurait pas autant progressé.

- En effet, je trouve qu'il est trop rare d'avoir un sport qui permette de développer tout autant le corps que l'esprit, voire même d'avantage l'esprit.

Et ouais, ça en jette ça, en fait Rhys va finir en maitre Yogi dans les chaines de l'Himalaya.

AAAAAAAAAHHHH, non. La boxe, Rhys peut maitriser. Par contre, le bonhomme savait tirer. Ca, ça craignait pour Rhys, il allait se faire tirer de loin sans rien comprendre. Ca devenait de plus en plus dur de survivre. ~~Est-ce qu'on vend de gilets pare-balle dans ce magasin?~~

- Le tir, c'est… c'est bien aussi. Un peu bourrin pour moi mais c'est bien.

Oui, si on filtre les informations, il venait de traiter Dmitri de bourrin mais ce n'était pas vraiment le sens de ses paroles, il avait peut-être une bonne raison de faire ça autre que le plaisir de tirer.

Le garçon se mit à sourire lorsque l'adulte sous entendit qu'il n'écoutait pas ce qu'on lui disait.

- Il faut croire que je ne suis pas le fils idéal. Ceci dit, il aurait été très impoli de ma part de ne pas m'excuser après ce qu'il s'est passé.

Et voilà deux des trois grands symptômes de Rhys. La paranoïa et une certaine arrogance. Il ne manquait plus que la dépression pour compléter le tableau. Ceci dit, il avait opté inconsciemment pour un autre signe clinique, la débilité.

- Здравейте

Bonjour était le seul mot qu'il était capable de dire en Bulgare et son accent était probablement insultant. Il faut dire qu'il l'avait apprit auprès de Roy qui l'avait répété lorsqu'il essayait d'apprendre quelques mots de la langue pour son amie. Un apprentissage approximatif auprès d'un prof approximatif (et qui ne le savait pas).

- Je tiens mon écharpe du seul endroit où on peut en obtenir une comme celle-ci tout en sachant ce qu'elle signifie.

Sa réponse était aussi bien faite pour la question de Dmitri que pour expliquer pourquoi il avait [strike]tenté de[/striker] parler en Bulgare. Un nom comme Vodianovski, ça ne s'entend pas dans tous les coins du Royaume-Uni pour ne pas faire le lien entre l'homme et Joy. Il était persuadé que la Gryffondor avait un nom qui se terminait en [a] mais il se trompait sûrement. Au pire, il passait pour un boulet fini, ça ne changerait pas beaucoup de d'habitude.

Le blaireau jeta un coup d'œil aux alentours pour savoir s'il n'y avait pas d'oreilles indiscrètes.

- Elle vient de mon uniforme de Poudlard. Je suppose que ce nom et celui des Poufsouffles ne vous est pas inconnu. Tout comme celui de Joy, à moins que je ne me trompe.

Espérons que ce n'est pas un de ces pères ultra possessifs qui tuent les gens à la simple mention d'une connexion avec leur fille. Déjà que Rhys était mal barré pour atteindre ses quinze ans. Et heureusement que Rhys ne faisaient pas non plus tous les liens possibles et imaginables, notamment que si Dmitri est le père de Joy et que Joy est la cousine de Benson, ça fait que Rhys se retrouve face à un homme, costaud, qui sait utiliser une arme à feu, qu'il a failli frapper et qui est l'oncle de la seule personne au monde qui hait profondément. Oh non, il vaut mieux qu'il ne fasse pas ce genre de lien.

Dmitri n’ajouta rien aux propos du jeune garçon. Il était visiblement très fier de son sport, et le jeune père savait s’y prendre avec les enfants ~~ne jamais les contredire… Ooooh, mais Joy, c’est absolument magnifique ce que tu as fait ! C’est une table ? Ha, non, une lampe, mais oui suis-je bête, ça saute aux yeux !~~. Certe, Rhys n’était pas vraiment à classer parmi les enfants (chose contradictoire pour Dmitri qui classait volontiers sa fille du même âge (ou presque) comme nouveau né, mais bon c’est ça, quand on a des œillères, on s’en défait difficilement…). Pour ce qui était de sa classification du tir comme étant ‘bourrin’, Dmitri aurait été tenté de lui dire que ça dépendant potentiellement de l’arme utilisée (un calibre 7 versus un bazooka on n’avait quand même pas le même effet…). Ceci dit, il ne se voyait pas débattre de calibres ou qualifications de tir avec un ‘gosse’ qui, si ça se trouvait n’y connaissait strictement rien (ce qui semblerait plutôt logique, si l’enfant est un minimum équilibré si seulement il savait qui était face à lui à l’heure actuelle *sort*

Concernant les excuses à présenter, Dmitri sourit et répliqua sans hésiter :

« Je ne suis pas mort ceci dit, tu n’as pas causé un choc irréparable, je crois. Mais c’est aimable à toi. »

Un petit garçon poli ! Ca le changeait tiens ~~prends toi ça Alek, neveu irrespectueux !~~. Lorsque le prénommé Rhys prononça dans un bulgare très anglissisé un ‘bonjour’, le sorcier ne pu que sourire :

« Pas mal, pas mal. »

Sauf que Dmitri était plutôt Russe, à la base, mais qu’importait, c’était mignon (et puis en bon petit élève de Durmstrang il parlait couramment le bulgare de toute façon… Sans oublier qu’il avait fini par s’installer là bas alors qu’il était âgé de neuf ans.)

« Tu as appris le bulgare où ? »

Car après tout, rares sont ceux qui parlent cette langue (Dmitri parlait plus volontiers anglais ou Russe lorsqu’il allait dans les pays Slaves…). Quant à l’écharpe, Dmitir sourit doucement. Ca alors un petit sorcier ~~qui fait l’école buissonnière, ben c’est du beau ça !~~. Et alors qu’il poursuivait ses explications à l’abri d’oreilles indiscrètes, Dmitri découvrit que le garçon en question connaissait sa fille. Le monde était bien trop petit ~~dit celui qui en a fait moult fois le tour~~

« Ha, tu connais Joy alors… »

C’est le moment de se faire du souci, genre… vraiment. Sa fille est copine avec un délinquant barbare (non Joy n’a le droit de jouer qu’avec des garçons qui jouent aux Lego, toute autre activité est jugée trop violente !). Et d’ailleurs…

« Tu ne devrais pas être en Ecosse, là, justement ? »

Ben oui, hein, genre en classe avec ses copains (ou pas copains, là n’est pas la question)

Bon, à première vue, l'adulte ne lui en voulait vraiment pas pour l'attaque surprise, ceci dit, il n'allait pas dire le contraire non plus. Avez-vous déjà vu un tueur en série dire à sa future victime qu'il le déteste et qu'il va lui massacrer la tête en précisant le lieu, l'arme et la méthode? Bah non, enfin, ça doit arriver mais c'est le tueur de compétition niveau olympique. Il ne doit pas y avoir tant de personne que ça assez stupide pour donner des preuves contre lui. Bref, Rhys était rassuré et tout autant paniqué. Allez hop, une tite goutte de plus dans le caleçon.

Lorsque Dmitri lui dit qu'il parlait pas mal le Bulgare, Rhys ne put repousser une pointe de fierté mais il pensait inévitablement que ce n'était qu'une manière d'être poli. Ce n'était pas tant son pessimisme que son manque de pratique du Bulgare qui s'exprimait.

- En fait, c'est le seul mot que je connais en Bulgare.

Pour ce qui concernait Joy, Rhys se doutait que ça n'allait pas faire les affaires de Roy s'il vendait la mèche à promo des deux jeunes qui sont plus vieux que lui.

- Je la connais un peu et pas du tout, en fait. Je ne lui ai jamais parlé directement. On a des amis communs, c'est comme ça que j'ai appris à dire bonjour. C'est une fille très gentille.

Bah ouais, non seulement c'est vrai mais il ne va pas dire à son père qui possède des armes à feu que sa fille est une sal*** de première non plus, pas folle la guêpe. En plus, il tenait bien trop à Romilly pour faire ce genre d'erreur de base. En parlant de Dmitri, Joy aurait son nom, donc Roy et donc Romilly, ça va de soi. On ne rigole pas avec ces choses là.

Vint inexorablement la question qui consiste à savoir pourquoi ce gosse ne se trouve pas encore en Ecosse à jouer avec une baguette et foutre la paix à ses parents pendant un an.

- Plus d'Ecosse pour moi, enfin, sauf en balade. On va dire que l'enseignement là-bas ne me plait pas trop. Je suis très basique, j'écris avec un stylo sur une feuille, je me déplace en vélo, je passe une heure à chercher ce que j'ai perdu et je n'ai pas besoin de baguette pour mes gratter les …

Oups, n'allons pas trop loin. Il n'est pas forcément bon de montrer trop de véhémence envers l'attitude des sorciers lorsqu'on est en présence d'un sorcier. L'hypocrisie est notre amie, il faut en abuser aussi. Maintenant qu'il avait donné son avis, il espérait qu'il n'aurait pas trop à s'étendre sur le sujet. Cependant, il se sentait obligé d'ajouter une précision.

- Ce n'est pas parce que je suis parti que je tourne les dos à mes amis, aux amis de mes amis et à ce que j'ai appris. Chacun sa voie, non?

Oui, bon, ça, ça incitait à continuer sur le sujet mais Rhys n'avait jamais été très doué pour suivre une seule ligne de conduite, c'est bien pour ça que, même s'il était jeune, il voulait faire cinquante mille boulots dont certains en lien avec la magie.