[INTRIGUE] Le retour de la Vague Noire.

Chiya avait demandé à des élèves de venir l'aider pour rempoter quelques plantes de la serre. Certains étaient aussi ici parce qu'ils étaient punis. En tout cas, il y avait des élèves de toutes les maisons, toutes les années, un vrai petit panel représentatif de Poudlard. Cette activité, somme toute anodine, aurait dû se terminer rapidement. Ils avaient fait la moitié du travail au moment où Chiya réalisa que tout n'irait pas comme elle l'avait escompté. Un hibou entra dans un battement d'aile effréné dans la serre et se posa sans ménagement devant Chiya, patte tendue, sautillant comme si sa vie dépendait du fait que la jeune professeure prenne la missive. Comprenant l'urgence de la situation et reconnaissant le sceau du ministère, Chiya prit le papier et le lut rapidement : « Chiya, je ne devrais pas te le dire (tu connais les mystères que le ministère fait toujours avant d'agir) mais des signes d'activité de la Vague Noire ont été signalé. Un phénomène magique violent va s’abattre sur Poudlard dans les heures qui viennent. Si tu reçois ce message avant que vous ne soyez momentanément bloqué, préviens la directrice, elle saura sûrement quoi faire. Le ministère a envoyé des aurors, mais il sera sûrement trop tard. Protège les enfants et tiens-moi au courant de ce qui se sera passé exactement, je ferais passer le message. Victoria. » L'année précédente, jamais Vickie ne se serait donné la peine d'interférer. On voyait bien qu'elle n'agissait que lorsque son intérêt était en jeu ! Mais Chiya n'avait guère le temps de penser à son amie. Un cri d'élève la tira de ses songes. Elle cherchait quoi faire et comment. Comme toujours avec la mystérieuse Vague Noire, on ne savait presque rien, ce qui rendait tout pire que de n'avoir réellement aucune information. Elle leva la tête et vit ce qui avait fait crier l'élève. Un tourbillon noire comme de l'encre, qui n'avait rien de naturel, se dirigeait droit sur le lac. Il allait les frôler au passage si elle ne faisait rien ! Décidément, les infos du ministère, même par voie souterraine, arrivaient toujours trop tard. Elle avait bien fait de changer de boulot !!!

« Attention les enfants, ça va secouer ! Couchez vous au sol, de préférence sous les tables et que les plus âgés lancent un protego le plus large possible, essayez de le tenir tant que vous pourrez. » De son côté, elle allait aussi essayer de lancer un sort de protection autour de la serre le temps que durerait le passage du tourbillon de magie noire. « Allez, les travaux pratiques de défense contre les forces du mal, il n'y a que ça de vrai. » Elle enleva sa cape qui tomba au sol et prit sa baguette magique à deux mains. Maintenant c'était elle, les enfants présents et le tourbillon. Il allait voir de quel bois se chauffait une prof' de botanique. Elle observa le tourbillon, parfaitement immobile et complètement coupé de ce que faisaient les élèves. Si elle voulait que son sort englobe la plus grande partie de sa précieuse serre, elle devait donner tout ce qu'elle avait. Dès que le tourbillon commença à briser le verre autour d'elle, elle cria « PROTEGO » aussi fort et avec autant de conviction que possible. Des élèves l'imitèrent sans qu'elle voit qui...

Puis ça se calma... Il était temps d'évaluer les dégâts...

La rentrée avait eu lieu et s’était bien passée pour l’aiglonne qu’était Eden. Bien sur, elle avait toujours ses copines qui partageaient son dortoir en plus de celles qu’elle fréquentait hors de sa salle commune. En temps normal, elle était plutôt dans le parc à profiter des rares rayons de soleil qui filtrait à travers les nuages pour balader à l’extérieur, seulement aujourd’hui, le professeur de Botanique avait demandé lors du dernier cours si des volontaires voulaient lui donner un coup de main pour rempoter des fleurs et s’occuper des plantations dans les serres. Amoureuse de la nature, Eden avait levé sa main pour se proposer avait un large sourire, toujours ravie de donner un coup de main au professeur Lorne.

Eden avait donc rejoins le professeur un peu plus tard dans la matinée et s’était mis tout de suite au travail. Elle n’avait pas besoin d’écouter toute les consignes dans la mesure où elle adorait jardiner avec sa grand-mère même si cette dernière se moquait parfois de sa petite fille si un insecte un peu trop gros s’approchait d’elle. Elle ne criait pas, mais elle avait des réflexes très impressionnant pour ce qui était de courir le plus loin possible de l’insecte en question. Le regard de la demoiselle se tourna vers l’enseignante lorsqu’un hibou s’approcha d’elle. Eden ne lut pas pour autant de problème sur le visage de l’enseignante et reporta son attention sur ce qu’elle était en train de faire. Elle avait presque terminé sa fleur lorsqu’une de ses camarades de classe se mit à crier, en pointant du doigt une masse noire qui arrivait droit sur eux.

« Qu’est ce que c’est que ça Professeur ! »

Eden avait quand même reculé pour se retrouver proche du professeur Lorne, mais elle ne savait quoi faire de plus. Aussitôt, le professeur prit les devant, annonçant les consignes, à savoir les protéger avant tout. Elle jeta un œil sur son préfet, Ezhno qui était venu prêter main forte pour le rempotage, mais aussi pour garder un œil sur les premiers punis de l’année… Ils commencent fort ceux la ! En tout cas, il s’exécuta aussi vite lorsqu’on leur demanda de pratiquer un sortilège de protection le plus largement possible afin d’empêcher à la serre de s’écrouler. Eden, toujours cachée sous sa table, priait intérieurement pour que tout le monde s’en sorte sans problème, et le pire était de voir cette masse noire continuer d’avancer vers eux…

La jeune fille ferma les yeux, et pendant quelques minutes, elle n’entendit plus rien, elle avait peur, était morte de trouille, mais lorsqu’elle les ouvrit à nouveau, elle remarqua que certaines vitres avaient volé en éclats mais pour ce qui était des élèves, pas de blessé grave, du moins au premier coup d’œil en tout cas. Elle fit le tour de son propre corps, pas de coupure, elle semblait être intacte et lorsqu’elle sortie du dessous de la table, elle se dirigea vers Ezhno, certes peu bavard mais qui saurait peut-être en dire plus sur ce qui venait de se passer.

« Tu as assuré avec ton protego, regarde, j’étais juste à coté et je suis intacte… Merci ! Oh… Je crois qu’un bout de verre t’a touché le bras… Tu saignes un peu, regarde. Professeur… »

Oui, Eden voulait quand même signaler au professeur qu’Ezhno était blessé, après, si le jeune homme estimait que ce n’était pas nécessaire de le soigner, il était assez grand pour ça. Et ses camarades, tout le monde allait bien ?

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Wood n'était pas punie, mais c'était tout comme. Elle était chargée d'aider le professeur Lorne à surveiller les collés, ce qui l'obligeait à être dans la serre alors qu'elle n'y tenait pas particulièrement à l'origine. Eden – une de ses meilleures amies avec Nasira – était aussi présente, mais comme elle devait passer un peu dans les rangs pour vérifier que personne ne faisait de bêtise, elle ne pouvait pas parler à ses amis, même pas ceux qui étaient présents sur place, Eden comme les autres.

Puis, l'ennui céda la place à la panique. Un tourbillon noir approchait. Il n'était pas dirigé vers eux mais il était tellement gros qu'il les toucherait forcément. Wood avait lu l'Histoire de Poudlard, elle savait que la barrière magique du château était à tout épreuve, aussi le tourbillon, né dans Poudlard, en plein milieu du parc, mourrait dès qu'il toucherait la barrière. D'ici là, il ferait des dégâts, beaucoup de dégâts, et elle ne connaissait pas le sort protego, elle était préfète, mais elle était incapable de protéger qui que ce soit ! Elle était trop jeune, elle venait seulement de rentrer en troisième année ! Elle porta les mains à son visage, incapable de bouger dans un premier temps. Mais le professeur Lorne leur ordonna de se coucher au sol. Là encore, elle se raidit. Sa raison savait que c'était ce qu'il fallait faire, mais elle ne pouvait se résoudre à se retrouver sur la terre battue, son visage en contact avec la saleté.

Deux bras inconnus l'attrapèrent et la poussèrent de force sur le sol. A ce stade, son esprit était sur off. Elle ne savait pas qui l'avait forcé à se mettre sous un des bacs de la serre. Les vitres avaient commencé à trembler, le vent s'engouffrait à l'intérieur et de la terre s'envolait accompagnée de feuilles, de poussière. Elle en recevait sur elle, sur le visage. Elle hurla mais elle n'était pas sûre que dans le vacarme on l'entendit. Cela ne dura que quelques instants, le calme revint. Wood reste pourtant couchée, incapable de faire un mouvement ou d'ouvrir la bouche, de peur que de la poussière n'entre en elle, ou pire de la terre. Elle connaissait le goût de la terre, elle en avait eu plein la bouche lors de son accident. C'était un goût amer, désagréable, à la texture friable. On avait beau craché pour s'en débarrasser, elle restait coincé, la terre était ce qu'il y avait de pire, surtout quand elle était mouillée, ce qui n'était pas le cas aujourd'hui, mais l'état dans lequel la Vague Noire venait de plonger Wood laissait penser que ça n'avait plus vraiment d'importance.

La fièvre commençait à la prendre, des coupures saignaient sur ses joues, son uniforme était déchiré par endroit. Elle avait mis trop de temps à se mettre à l'abri. Elle ne s'y était pas mise en fait, on l'avait fait pour elle, sinon, elle serait restée debout au milieu de la serre. Comme elle avait les yeux fermés, on aurait pu croire qu'elle s'était évanouie, mais elle tremblait comme une feuille, preuve qu'elle était consciente. C'était un grand mot, mais elle n'était effectivement pas évanouie. « A... Aiden... » Murmura-t-elle. Il fallait que son frère arrive, mais elle n'arrivait même plus à se souvenir s'il était dans la serre au départ. Et s'il n'était pas là ? Sans son frère, elle n'arriverait pas à juguler la crise. Il était le seul qui puisse la toucher, il était son jumeau, une partie d'elle... Ils partageaient le même sang, il n'y avait que lui qui pouvait l'aider. Elle allait vomir. Elle était sale, elle avait mal, c'était trop pour elle. Elle savait bien qu'elle ne ferait pas l'affaire comme préfète... elle était trop jeune. Pourquoi est-ce que ça tombait toujours sur elle ? Son esprit s'enfonça encore plus loin dans le silence et l’absence. C'était ce qui pouvait lui arriver de pire.

Ce n’était pas comme si Alexandra avait réellement voulu rendre service. Certes, la jeune Serdaigle avait toujours été très spontanée, et n’hésitait pas à donner un coup de main lorsqu’on avait besoin d’elle. Cependant, c’était plutôt la perspective de passer une après-midi à rempoter des plantes dans les serres de botanique qui l’avait séduite, cette fois ci. Pas qu’elle aimait particulièrement faire ça ; elle avait l’habitude de s’occuper des jardins, mais elle préférait être en cours de sortilèges ou de métamorphoses plutôt que de risquer de se faire arracher un œil par un bout de bois en apparence inoffensif. Même les cours de Firenze étaient préférables : au moins, elle pouvait faire la sieste tandis que le centaure divaguait sur les constellations –l’herbe magique de sa salle de classe devait vraiment un peu trop lui monter à la truffe, certaines fois-. Malgré tout, Alexandra pourrait passer du temps avec ses amis, ce qui n’était pas une mauvaise chose en soi. Linwood serait présente, du part de son statut de préfète, et même Maximilien lui avait dit qu’il viendrait y faire un tour. Par ailleurs, le moment était enfin venu de s’occuper un peu de Peppéroni, sa petite germe de blé en pot, qu’elle avait amoureusement plantée quelques jours plus tôt.

Tout en laissant de côté le travail qu’elle devait faire pour prendre soin de son adorable pousse, Alexandra discutait allègrement avec Linwood, qui n’était pas très loin d’elle et avait été forcée d’assister à la séance. Le Professeur Lorne ne semblait pas se rendre compte du fait qu’une bonne partie des élèves faisaient tout sauf de la Botanique –la Serdaigle pouvait voir du coin de l’œil des deuxième année s’amuser à s’envoyer des mottes de terre à la figure-, et préférait s’atteler à la lecture de la lettre qu’elle venait de recevoir par chouette postale ah ben bravo, pendant que y’en a qui bossent, d’autres lisent leur courrier. Alexandra ne sembla se rendre de la gravité de la chose que lorsqu’elle sentit la table et le sol trembler.

Alerte, la jeune fille se retourna instinctivement vers le Professeur Lorne, qui venait de sortir sa baguette magique tout en criant des directives aux élèves présents. Déboussolée et paniquée, Alexandra regarda par la fenêtre et eut le souffle coupé lorsqu’elle distingua l’énorme tornade sombre qui se dirigeait droit sur eux. Habitant à Manchester, la Serdaigle n’avait jamais pu voir ce jour de phénomènes en vrai, et aurait préféré ne jamais y assister, tant qu’elle était effrayée. Les serres de botaniques ne tiendraient pas, c’était de la physique pure et dure. Bien heureusement, ce genre de théories ne s’appliquait pas dans le monde des sorciers, et bientôt, les élèves les plus avancés s’attelèrent à la tâche de protéger les plus jeunes à coups de sortilèges. Encore trop jeune pour savoir lancer un Protego, Alexandra prit la décision de se jeter sous la table, tandis que la vague noire se rapprochait dangereusement d’eux. Si elle avait pu décider, elle serait sans doute partie se cacher le plus loin possible de l’endroit où arrivait la tornade, mais la fatalité avait fait qu’elle se retrouvait près de la fenêtre la plus proche eh merde.

Du coin de l’œil, Alexandra remarqua un détail qui la pétrifia d’horreur : Peppéroni était restée sur la table juste devant elle, son corps fragile se balançant dangereusement au gré des vents violents de la tornade. Sans réfléchir, la Serdaigle rampa jusqu’à sa plante, et eut à peine le temps d’attraper le pot lorsque la tornade entra en contact avec les fenêtres. Soufflée par le choc, Alexandra fut projetée en arrière tandis que des trombes de terre sèche s’abattaient sur eux. Elle lâcha un cri lorsque son corps percuta celui d’un autre élève –elle n’arriva même pas à déterminer qui-, puis se retrouva allongée sur le sol de la serre, couverte de terre et de poussière. Ses cheveux étaient tous emmêlés, et sa cape de sorcière recouverte de saletés. Pour autant, elle n’avait reçu aucune projection de verre lorsque les vitres avaient éclatées en morceau, même si ses membres étaient douloureux et brûlants. Le cœur battant à tout rompre, Alexandra suffoqua en crachant des nuages de poussière, la gorge en feu. Elle arrivait à voir du coin de son œil brouillé par les larmes, le corps inerte de Linwood à quelques mètres d’elle. Ses doigts bougèrent légèrement, dans une tentative désespérée pour appeler la Poufsouffle, mais aucun son ne sorti de sa gorge. Elle n’arrivait même pas à se redresser tant le choc avait été violent.

« M…illy… » parvint-elle à articuler au prix de nombreux efforts.

Maximilien était dans les serres, elle le savait. Comment allait-il ? Elle était tellement inquiète que ses larmes se remirent à couler. Elle avait besoin d’aide. Et, tandis qu’elle entendait quelque uns de ses camarades se relever, les doigts de sa main se refermèrent sur les vestiges du petit pot en terre dans lequel Peppéroni avait grandie.

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Du fait de son lien de parenté avec Chiya, Corey s'était porté volontaire pour aller l'aider à la serre. Du moins était-ce la raison officielle. Alors, non, il n'était pas puni ou quoi que ce soit de ce genre, mais s'il était là, c'était en grande partie parce qu'il n'avait rien de mieux à faire. Ses meilleures amies et confidentes avaient toujours été sa sœur et sa cousine, or, les deux filles étaient maintenant adultes. Il avait aussi comme ami Nicolas, celui-ci était aussi parti... Tout comme Evan d'ailleurs. En fait, à bien y regarder, dans tout Poudlard, il ne lui restait que trois amis : Marilie, Ena et Ezhno. En bref, sa dernière année à l'école de sorcellerie semblait déjà bien terne au jeune homme. Il ne savait pourtant pas vraiment ce qu'il ferait à l'âge adulte, il avait des idées mais rien qui ne le presse, c'était seulement qu'il se sentait un peu seul, voire démuni, face aux départs des personnes qu'il aimait.

Heureusement, il aimait les plantes (moins que les ordinateurs, certes, mais tout de même), donc il passait un bon moment pour ce rem-potage automnale destiné à protéger chaque plante avant l'hiver. Rapidement, cependant, il comprit que ça allait être les sorciers ici présents qui auraient besoin d'être protégé. « Oh merde... » Souffla-t-il, relativement calme pour quelqu'un qui regardait une sorte de tornade (mais magique, sinon c'est moins drôle) débouler sur eux. Obéissant sans discuter à sa cousine et professeur, il laissa la plante dont il était en train de s'occuper en plan et se coucha sous la table basse qui servait à surélever les plantations. Il tenait sa baguette et se concentra pour lancer le plus gros protego possible. Il y avait d'autres élèves autour de lui, des jeunes qui ne savaient pas encore faire ce sortilège, alors il fallait qu'il puisse les englober dedans. Corey était un surdoué, mais il se demandait s'il aurait assez de force pour ça quand même. L'intelligence ne fait pas la puissance de frappe en magie, l'habileté non plus. Mais bon, il n'avait pas le choix, et dans ces circonstances, mieux valait faire tout ce qu'il pouvait que de rester tétaniser. Calme, donc, il respira profondément et presque en même temps que Chiya lança son sortilège « Protego ! »

Le fracas du verre et les secousses durèrent encore quelques secondes puis ce fut le calme. Corey se glissa hors de sa cachette, espérant que son sortilège avait protégé assez de monde. Visiblement, ça avait quand même fonctionné, mais il voyait bien que beaucoup d'élèves étaient très remués et qu'il y avait des blessés, plus ou moins graves selon les circonstances. Après un tour circulaire du regard, il se tourna vers Tamarah qui semblait à peu près entière. « Tu vas bien ? Tes vêtements sont tout abîmés... » Il aurait pu les réparer avec la magie, mais là, il se sentait un peu vidé. « Si tu es valide, il faut voir s'il y a des blessés. » Chiya demandait déjà des secours par hibou, mais ils iraient forcément plus vite s'ils se débrouillaient seuls pour emmener ceux qui en avaient besoin à l'infirmerie.

Remarquant Alexandra, une fille de sa maison, et Samara, une ancienne préfète, il s'approcha d'elles. « Alex' ? Ça va ? Tu es blessée ? » La serdaigle semblait sous le choc, et comme Wood était derrière Samara, il ne la remarqua pas. Même s'il restait stoïque face à cette situation hors norme, il n'en était pas moins sûr de ce qu'il fallait faire, si ce n'est passer voir chacun et tenter de rassurer les plus jeunes. Après tout, il était l'un des élèves les plus âgé présent ici. Mais il ne se sentait pas tellement à la hauteur sorti d'un lancé de sort, la psychologie, tout ça, cela n'était pas tellement son truc.

Comme la réponse de sa camarade tardait à arriver et que Samara était là, il dit rapidement « Je reviens. » Et il se dirigea vers Aélys « Tu cherches ton frère ? Il est par là. » Il désigna une direction dans la serre, il ne pouvait pas jurer que le jeune garçon s'y trouvait encore, mais ça lui donnerait une indication, quant à lui, il tenait à demander « Si tu vois des personnes blessés, dis-le moi. Le professeur Lorne va essayer qu'on vienne nous aider au plus vite, mais je crois que beaucoup d'élèves sont en état de choc... » ce qui ne semblait pas être le cas de la Serpentard, en pleine forme en dépit de la résolution dans son regard que Corey mettait sur le compte de son côté « jumelle ». Il connaissait pas mal de duo frère/soeur jumeaux, et il avait souvent remarqué combien ils étaient proches. Pas difficile de deviner ce qu'Aélys cherchait du regard donc, mais si elle pouvait filer un coup de main, ce serait pas mal non plus.

Lorsque Rudy était entré dans les serres de Botaniques ce jour-là, il avait croisé le regard du Professeur Lorne et l’avait saluée d’un signe de tête poli sans lui adresser un mot. Il n’avait pas besoin d’aller la voir pour lui demander ce qu’il devait faire, puisque c’était loin d’être la première fois qu’il était collé pour ne pas avoir rendu son devoir de Botanique à temps. Cette fois-ci cependant, il avait fait un effort pour lui remettre le parchemin en temps et en heure, mais la note devait être tellement catastrophique que le Professeur Lorne l’avait quand même convoqué ; à moins que ce ne soit plus par habitude que par réelle nécessité.
Soupirant, Rudy enfila une paire de gants et attrapa le premier pot qui passait à sa portée afin de finir son travail vite fait bien fait. Des deuxièmes années jouaient avec des mottes de terre plus loin, et le Poufsouffle dû se faire violence pour ne pas aller les rejoindre, mais il avait l’impression que s’il se joignait à la bataille, il pouvait clairement dire adieu à ses chances de passer en année supérieure. Il se contenta donc de faire son travail avec un sérieux inhabituel, tout en jetant de temps en temps des coups d’œil à Linwood Saroyan, sa préfète, qui surveillait ses camarades en restant le plus loin possible de la terre et de la saleté il n’y a pas qu’Alex qui peut stalker, hehehe.

Rudy avait toujours eu un faible pour Linwood, mais ne lui avait parlé qu’à de très rares occasions. Après tout, il faisait partie de la bande qui la martyrisait, alors leurs échanges ne s’étaient résumés qu’à des regards haineux et des silences gênés. Ceci dit, le Poufsouffle en savait bien plus sur elle qu’on aurait pu le croire, et se réjouissait intérieurement de pouvoir n’être qu’à quelques mètres d’elle sans ses affreux amis de Serpentard.
Tout en rempotant une plante hideuse dotée d’une incroyable paire de dent, Rudy lorgnait Wood du coin de l’œil, se demandant s’il aurait le courage d’aller lui parler à la fin de sa retenue. Un seul mot suffirait. Un bonjour ou une phrase polie ferait l’affaire, mais il y pensait tellement que tout se brouillait dans son esprit. Malgré tous ses efforts, Rudy n’était pas quelqu’un de fait pour utiliser sa tête, et c’était encore pire lorsqu’il était paniqué. Il enviait Alexandra Bowman, la 3ème année blonde de Serdaigle qui était en train de discuter d’une façon très naturelle à la rousse. Elle, elle n’avait certainement pas besoin de réfléchir avant de parler ; elle le faisait sans se préoccuper du pourquoi du comment, et n’avait pas peur de paraître stupide devant les gens. C’était sûrement ça, le privilège d’être chez les Bleus et Bronzes…

Rudy fut tiré de sa rêverie lorsque la plante qu’il rempotait planta ses dents tranchantes dans une de ses phalanges. Etouffant un juron, il tira sur les feuilles frontales de l’hideux spécimen dans le but de lui faire lâcher prise et le secoua comme un bananier pour lui faire regretter d’avoir confondu son doigt avec une saucisse 100% pur porc. Par chance, le Professeur Lorne ne l’avait pas vu maltraiter son horrible plante de compagnie, et ne le sanctionna pas, trop occupée par la lecture de la lettre qu’elle venait de recevoir. Le Poufsouffle jeta un regard noir à la chose et la jeta dans un pot sans ménagement, avant de la recouvrir de terre crève saleté, crève. Il s’apprêta à lui donner un coup d’arrosoir –sous-entendu qu’il comptait l’arroser, et non pas l’amocher encore plus- lorsque le sol se mit à trembler et les élèves à hurler.

Curieux qui avait encore eu l’audace de soulever la jupe du Professeur Lorne ?, Rudy releva la tête et vit à travers les vitres de la serre une énorme tornade noire s’approcher d’eux. Il ne fallait pas être un grand génie pour devenir qu’elle allait bientôt percuter les serres et tout envoyer valser si personne n’y faisait rien. Heureusement, le professeur de Botanique prit rapidement les choses en main et ordonna aux élèves plus âgés de lancer des Protego.
Rudy ne savait même pas si ce sortilège était au programme des 4èmes années, mais n’aurait de toute façon même pas été capable de faire sortir ne serai-ce qu’une petite volute de fumée de sa baguette magique. Aussi se contenta-t-il de repérer rapidement la table la plus proche sous laquelle il pourrait se réfugier afin de subir le moins de dégâts possibles. Aussi stupide qu’il était, Rudy avait enclenché le mode pilote automatique qu’il utilisait lorsqu’il était en train de faire du sport. A ce moment, seuls ses réflexes et ses instincts étaient enclenchés, et il put facilement trouver l’endroit où il serait le plus en sécurité. Compte tenu de sa vitesse de course et de la force de répulsion de la tornade, il n’aurait aucun mal à se glisser sous la table la plus apte à résister à la tornade.

Il commença donc à entamer son sprint vers son abri, lorsqu’il aperçut Linwood pétrifiée par la peur, debout devant la tornade. Sans prendre le temps d’hésiter, Rudy fit demi-tour et poussa sans ménagement la jeune fille au sol, se plaçant volontairement entre sa préfète et la tornade au moment où cette dernière percutait les serres de Botanique. Les vitres volèrent en éclat et le visage du Poufsouffle fut tailladé de toutes parts. Heureusement, les Charmes du Bouclier de ses aînés avaient considérablement réduits les dégâts, bien que la terre et la poussière se soit engouffrée partout. Rudy, soufflé par le choc, traversa une bonne partie des serres sur le ventre, percutant pots en terre et pieds de tabourets au passage. Couvert de saletés, son poignet gauche cassé et son corps entier endolori, le Poufsouffle se remis cependant rapidement sur pied, tout en contemplant d’un air interdit, les dégâts de la vague noire.

Ses sens encore plus aux aguets qu’en temps normaux, Rudy entendit le nom de Linwood et fit volte-face. Samarah Sheridan, une Poufsouffle de 5ème année était en train d’aider Alexandra Bowman à se relever, tout en lui demandant si elle était capable de venir en aide à la jeune Saroyan. Ni une ni deux, Rudy se précipita vers sa préfète et s’accroupit auprès d’elle.

« Ohé Saroyan ! Réveille-toi ! » lui dit-il sans oser la toucher.

Il savait qu’elle détestait le contact avec les autres personnes. Et c’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle portait toujours des gants ou autres. Malgré tout, si jamais il ne pouvait pas poser la main sur elle, il serait bien incapable de l’aider… Etouffant un juron, il enleva sa chemise et la retourna, de façon à ce que seule la partie qui n’avait touché ni son corps, ni l’extérieur –car protégée par sa cape de sorcier- n’entre en contact avec la jeune fille. Il ne savait pas si ça ferait l’affaire, mais faute de mieux, ils devraient tous s’en contenter pour le moment. Il prit ensuite milles précautions pour envelopper Linwood avec le tissu propre, et la porta dans ses bras en prenant bien soin de la tenir assez loin de lui pour ne pas qu’ils se touchent. Cette position était extrêmement inconfortable, et son poignet cassé le faisait souffrir le martyr, mais il arriverait à la porter comme ça jusqu’à l’infirmerie, au moins. Et puis pour ses blessures à lui, Madame Pomfresh pourrait certainement s’en occuper, ce n’était pas bien grave si elles s’aggravaient. Frissonnant, vêtu d’un simple débardeur et de sa cape de sorcier déchirée, Rudy se dirigea vers la sortie la plus proche des serres. Sur son chemin, il passa devant Samarah qui tentait de relever à grande peine une Alexandra complètement dans les vapes, et décida de l’interpeller.

« Sheridan ! J’amène Linwood à l’infirmerie, je pense que c’est la meilleure solution. Fais passer le message au Professeur Lorne. » dit-il en enchaînant les mots tellement rapidement qu’il se demandait si la Poufsouffle le comprendrait. Il hésita un court instant, puis ajouta « Trouve Aiden s’il te plaît, et dit-lui de nous rejoindre le plus vite possible… »

Puis il tourna les talons et courut le plus vite possible vers le château et l’infirmerie. Il ne voulait pas se l’admettre, mais le jumeau de Linwood était certainement la seule personne qu’elle aurait envie de voir lorsqu’elle se réveillerait. Lui, ne pouvait pas faire grand-chose de plus pour elle…

[ Terminé pour Rudy ]

Maïlie avait passé ses BUSEs au moins de juin dernier et avait obtenu des résultats plus que satisfaisants. Son passé à Salem l’avait forgée à être une battante, à travailler sans jamais lâcher, et cela lui permettait d’avoir de bons résultats. Résultats, elle avait eut l’embarras du choix pour les matières qu’elle souhaitait continuer lors de ses deux dernières années. Elle les avait presque toutes gardées. Elle avait envoyé promener l’histoire de la Magie, comme pratiquement toutes les années supérieures, mais était restée très attachée à la Botanique. C’était peut-être stupide, mais comme elle adorait les potions, elle trouvait normal de rester en cours de Botanique. Une bonne connaissance des plantes aidait toujours, surtout lorsqu’on faisait des cultures. Diana, sa tutrice, était une fervente adepte de la Botanique. Elle était une ancienne Poufsouffle et elle avait confiée avec un sourire à la Texane que cela l’avait peut-être un peu prédestinée. Maïlie se moquant bien des maisons –il n’y en avait pas à Salem, et tout allait très bien quand même- elle avait oublié les aprioris qu’elle avait pu lire dans les livres et avait des connaissances et des amis dans les quatre maisons de l’école.

Aujourd’hui, comme beaucoup d’autres élèves, elle se rendait dans les serres. Souvent, les années étaient séparées, suivant la dangerosité des plantes. Bien sûr, qui irait mettre un pauvre petit première année dans une serre remplie d’Ellébore ? Il risquait de s’empoisonner en deux secondes et l’école n’avait pas vraiment envie de se retrouver avec un mort sur les bras. Cependant, aujourd’hui, les serres les moins dangereuses étaient toutes ouvertes et remplies. Le professeur Lorne avait fait un appel aux élèves volontaires pour rempoter des plantes. Maïlie, en bonne élève et bonne préfète, s’était bien évidement portée volontaire. Peu de temps après, elle avait surpris Dwayne sautillant sur place à l’idée d’aller rempoter des fleurs et des plantes qu’il n’avait encore jamais vu. Elle avait esquissé un sourire et s’était rendue en sa compagnie dans les serres. Elle n’avait pas eu le temps de voir si Moïshe et Jules venaient aussi, tellement Dwayne la tira par la main, mais si tel était le cas, elle les verrait bien assez tôt.

Alors qu’elle s’occupait de rempoter un plan de petites fleurs parapluies, Maïlie remarqua l’air soucieux de son professeur, tandis qu’elle lisait une missive. Maïlie se demandait bien ce que cela pouvait être, mais fut tirée de sa rêverie par son petit frère qui pouffait à côté d’elle. Jetant un coup d’œil vers la source de ce rire, Maïlie remarqua un jeune Poufsouffle visiblement pas très amoureux des plantes qui secouait sa main avec vigueur, une plante accrochée au bout de son doigt. Et dire que ce n’était que des petites plantes… Esquissant un sourire, Maïlie retourna à ses fleurs parapluie, quand la terre se mit soudainement à gronder. La brune releva la terre, apeurée, cherchant pour des infos auprès de son professeur. Ca allait secouer… Très bien…

« Dwayne, file sous la table, et ne bouge pas jusqu’à la fin. »

Maïlie sortit sa baguette et copia son professeur en la saisissant des deux mains. Une tornade n’était jamais très douce, et vu comme la terre grondait et le nuage noire qui arrivait, ce n’était pas plus mal. Après dernier regard vers les autres préfets et années supérieures encore debout pour voir combien ils étaient à peu près, Maïlie inspira un grand coup et se concentra de toutes ses forces.

« Protego ! »

Elle tenu le plus qu’elle pu, mais la tornade était tout de même forte. Les fenêtres ne tinrent pas le coup et explosa en mille morceaux, soufflant tout sur leur passage, envoyant de la terre partout, faisant s’écraser les pots à terre. Mais Maïlie tint bon aussi longtemps que nécessaire. Finalement, quand la tornade s’éloigna, elle abaissa sa baguette et ne put que regarder autour d’elle. Les serres étaient sans dessus-dessous… Instinctivement, elle chercha Dwayne, qui ressortait de sous la table juste à ses côtés. Elle le serra dans ses bras en l’embrassant sur le haut du crâne.

« Mon chéri. Ca va ? Tu es blessé ? »
« Maï t’étais géante ! »
« Tu saignes ! Ca va ?! »
« Ah ? Non c’est rien… Je vais voir si je trouve des élèves de ma maison que je connais, occupes toi des autres, t’es trop forte comme préfète ! »

Dwayne déposa un baiser sur la joue de sa sœur et fila entre les allées. Maïlie elle, regarda autour d’elle. Le jeune Poufsouffle qui secouait tout à l’heure une plante tenait une petite rouquine dans ses bras et cria qu’il l’emmenait à l’infirmerie. Elle hocha la tête et reporta son attention sur les autres élèves. Une élève de Serdaigle était aidée par une élève de Poufsouffle, mais ne semblait pas très bien. Maïlie se dirigea vers les deux demoiselles, pour voir ce qu’il se passait.

« Ca va ? Vous allez bien ? » Vu la tête de la Serdaigle, elle se doutait que non. Tournant la tête vers la Poufsouffle, elle reprit « Si tu vas bien, tu peux aller voir si d’autres élèves ont besoin d’aide ou d’être emmenés à l’infirmerie ? Je vais m’occuper d’elle. » Elle reposa son regarde sur la petite blonde. « Hey, ça va ? Je suis Maïlie. Tu as mal quelque part ? »

Ce n’était pas évident de gérer un chaos pareil, Maïlie n’y avait pas été formée… Mais elle avait consolé son frère pendant des jours, et la petite blonde semblait aussi fragile que Dwayne il y a deux ans de cela, alors elle ne pouvait pas la laisser comme ça.