Les incroyables aventures de Tamarah Crusoé et Arthurdredie

Il aurait été difficile de faire croire à Arthur que Friday voulait se féminiser, elle avait atteint le point de non-retour et, surtout, elle n'avait aucune raison de le faire. L'avis des autres? Elle s'en fichait royalement. Elle préférait encore se torcher son joli petit fessier avec des orties que de changer pour les beaux yeux d'une autre personne. D'ailleurs, est-ce qu'elle avait pensé au papier toilette? Valait mieux, sinon, les orties pouvaient vraiment devenir d'actualité.

- Ca ne sert à rien de vouloir être ce qu'on n'est pas.

Une phrase pseudo-sage qui n'était pas forcément vrai à partir du moment où l'on voulait devenir meilleur que ce l'on est actuellement La définition de meilleur étant totalement dépendant de la personne qui le prononce. En tout cas, pour Tam, devenir féminine n'avait rien de meilleur, elle s'amusait bien à faire des choses que ne devraient pas faire de jeunes femmes dans les esprits très traditionnels.

Quand au sujet du matage dans les règles de l'art, elle appréciait de voir Arthur entrer dans son jeu. Elle aimait provoquer les gens avec son franc parlé ou ses sous-entendus mais quand il n'y avait pas de réponse, ça perdait de son intérêt. Un peu comme jouer au ping-pong tout seul. Là, en l'occurrence, c'était carrément lui qui surenchérissait.

- Oh, merde! Je suis si prévisible que ça? Moi qui comptais mettre ma nuisette transparente pour t'aguicher avec mes formes généreuses dans un cadre so romantique. Je perds l'effet de surprise.

Elle se mit à rire. Il n'y avait aucun doute possible sur le coté blagueur, surtout la partie sur les formes généreuses qu'elle n'avait pas.

Le sujet tourna sur les douches, bien que ça reste relativement dans la même conversation.

- Bien sûr que ce n'est pas pour attirer les regards mais ça ne vend pas du rêve. On a beau dire que l'obésité est une maladie, j'ai des doutes. A bouffer tout le temps et ne pas faire de sport, faut pas s'attendre à mieux. C'est comme si je disais que mes mauvaises notes sont une maladie alors que c'est juste que je bosse pas et que je comprends pas la moitié des trucs.

Tamarah peut passer pour intolérante mais elle considérait qu'on ne peut pas se plaindre d'une situation qu'on a cherchée. Si on emmerde un mec baraqué, faut pas se plaindre que se faire démonter la tronche. Bien sûr, la blondasse n'a aucune notion de ce qu'est un trouble alimentaire.

- Non, franchement, la salle de bain des préfets, ce n'est pas mon truc. Une baignoire qui tient plus de la piscine que du bain, ce n'est pas mon truc et, sans vouloir t'offenser, je ne peux pas blairer vos préfets. Si je les croisais dans l'eau, on finirait par retrouver leurs corps en train de flotter dans la mousse.

Oui, comme d'hab, elle était un peu extrême dans ses propos mais les compromis n'étaient pas trop son truc. Pour elle, négocier, ça signifie "embrouiller l'autre pour qu'il finisse par accepter notre point de vue".

Arthur sembla s'étonner qu'elle puisse avoir déjà enfreint quelques lois. Elle, elle s'étonnait qu'il ne semblait pas l'avoir déjà fait.

- Un jour, faudrait que je t'explique l'origine de mon surnom Friday. En tout cas, j'ai déjà passé un certain temps à vivre dehors, un peu pour ça que je sais monter une cabane de fortune d'ailleurs. Quand il faut manger, bah, tu prends la bouffe où elle est. Ma petite fierté, si on peut dire, c'est d'avoir appris à crocheter une porte toute seule, comme une grande. Ceci dit, ça ne sert pas à grand chose, la nuit, quand la porte grince.

Ceci dit, lorsque Tamarah faisait ce genre de chose, elle restait relativement honnête, si on peut dire. Elle ne voulait que le strict nécessaire et toujours dans des commerces qui ne sont pas à un paquet de saucisse près. Pour ce qui était des effractions, ce n'était pas pour voler, juste pour trouver un toit quand le temps était trop mauvais. Un garage, ça faisait l'affaire. Très rarement une maison et seulement si les proprios étaient en vacances.  Avec les années, elle s'assagissait. Enfin, elle avait plus un œil critique sur son comportement, elle se disait que ça ne lui avait jamais servit à grand chose de partir, ceci dit, ça avait fait d'elle ce qu'elle était.

- C'est cool ça. Enfin, peut-être. Tu as déjà rencontré des gens super connus?

Pas que la blondinette soit très portée sur les peoples, à vrai dire, savoir si une actrice avait mit telle ou telle culotte, elle s'en foutait royalement, mais c'était souvent intéressant de rencontrer des gens d'une milieu différent. Bien que, pour Arthur, le milieu soit le même en fin de compte.

- Tes parents ont fait des trucs connus?

Parce qu'il y a acteur et acteur quoi. Bon, vu la baraque des Bey, ils ne font surement pas de la figuration.

- Ouais, c'est bien ce film là. C'est bizarre, je ne vois pas la version sorcière. Coincé sur une ile déserte avec un cognard. Durée du film, 8min.

Quand un cognard libre n'a que vous à porter, ça peut quand même devenir méchant.

Le campement continuait de se monter tranquillement. Elle jeta un coup d'œil vers le citadin et vit avec plaisir qu'il n'avait pas encore fait flamber la moitié de la forêt. Ca peut paraître stupide mais on n'est jamais trop prudent avec les gens qui ont l'habitude des appareils sécurisés, des capteurs de fumée et les pompiers.

De son côté, elle continuait son boulot. Elle enfilait des gros cailloux dans les chaussettes pour les lester. Une technique qu'elle avait apprise lors d'un camping parfaitement réglo. En accrochant les chaussettes sur les fils entre les arbres, elle obtenant deux choses. La première, cela tendait un peu plus la corde. La deuxième, ça limitait les mouvements en cas de rafale de vent. Puisque le balancier était à l'intérieur de la cabane, il se déplaçait en décalé par rapport au reste de l'abri et retenait la corde. Ou un truc du genre. Elle n'avait pas spécialement compris le principe mais elle avait testé et ça marchait.