Enfer et Damnation [ PV ]

Âge : 18 ans {16/09/1999}

Enfer et Damnation

Dahlia & Joaquín

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Bam, ploc, bam, ploc. Telle était la litanie qui accompagnait les pas - lourds - de la jeune Dahlia Lloyd, tandis qu'elle traversait - sous une pluie fine - le parc de Poudlard, avec pour destination les serres de Botanique. Elle était plus qu'irritée de passer son vendredi soir dans de telles conditions, mais ne parvenait pas pour autant à regretter les actions qui l'avaient menée à cette situation. Cette triple buse avait mérité son sort - littéralement -, et si elle avait vraiment eu à regretter quoi que ce soit, c'était d'avoir été attrapée sur le fait. Par Argus Rusard.

Et honnêtement, c'était un service qu'elle avait rendu à la communauté. Elle avait simplement fait taire ce beau parleur de Trevor, qui lui collait aux basques alors qu'elle lui avait ostensiblement fait comprendre - Dahlia style, ie. remarques assassines et regards noirs à l'appui - qu'elle ne souhaitait ni sa compagnie, ni ses bavardages. Certes, elle n'avait pas le droit d'utiliser sa baguette magique en dehors des cours, et certes, elle avait encore le moins le droit de brandir celle-ci pour jeter des maléfices à ses - je cite - petits avortons de camarades. Mais le Bloclang dont elle avait fait usage sur Trevor ? Parfait. Et la source de ses premières secondes de silence bien méritées, du moins avant que le grincement strident annonçant l'arrivée d'Argus Rusard ne vienne interrompre son moment de satisfaction.

Ce n'était pas la première fois qu'elle s'emportait - sous ses airs d'enfant sage, Dahlia pouvait se montrer franchement impulsive lorsque provoquée -, aussi n'était-ce pas non plus sa première retenue. Mais cela restait l'une des premières, et la perspective d'aller récurer la serre 3 parce que Rusard l'avait attrapée la main dans le sac - en plein service rendu à l'école, qui plus est ! -, et qu'il avait la flemme de nettoyer la serre - c'est-à-dire remplir ses fonctions de concierge de Poudlard la mettait franchement de mauvais poil. D'où les pas d'hippopotame, les sourcils froncés, et le soupir éreinté lâché en poussant la porte de la serre. Il ne lui fut pas difficile de repérer Rusard, malgré la semi-obscurité qui commençait à tomber sur le parc en ce début de soirée d'avril. Ses yeux jaunâtres semblaient briller d'une lueur extatique, qui ne fit qu'augmenter en intensité après qu'il lui ait tendu une brosse à dents à l'air douteux.

Elle venait de poser un regard circonspect sur sa tâche du soir - nettoyer ce qui ressemblait nettement à du pus sécrété par l'une des quelconques plantes de prédilection du professeur Chourave -, lorsque la porte de la serre s'ouvrit à nouveau, laissant entrer nul autre que Joaquín 'Catastrophe' Kostas, c'est-à-dire le Poufsouffle de son année le plus prompt à la bêtise - voulue ou non. C'est là qu'elle considéra qu'elle avait réellement touché le fond. Non contente d'être envoyée en retenue - ce qu'elle avait annoncé à Peony d'un air blasé -, voilà qu'elle se retrouvait à partager ces doux moments avec Kostas. Pire, on risquait de l'associer à cet énergumène. Comme s'ils étaient dans le même panier. Comme si les pitreries du garçon avaient un quelconque rapport avec son acte de préservation. Elle était une bonne élève. L'une des meilleures de leur année. Et elle respectait leurs professeurs - dans la mesure du possible. Elle n'avait rien à voir avec Kostas.

Soufflant, elle serra la brosse à dents un peu plus fort dans sa main droite, et se força à écouter docilement les instructions de Rusard - pas de baguette magique, pas de bavardages et encore moins de flirt (et là beurk, elle ne put qu'esquisser une moue dégoûtée, sous le regard féroce du concierge). Le dernier cours de botanique ayant eu lieu dans cette serre avait visiblement été la source d'une explosion de pus, et oui, il avait d'autres ambitions que de passer sa soirée à califourchon par terre, à récurer les dégâts provoqués par d'affreux marmots pas capables de travailler proprement. Eux, par contre, ils n'avaient absolument rien de mieux à faire, conclut-il avec un sourire sadique. Harassée avant même d'avoir commencé, Dahlia masqua son rictus révolté en un sourire poli (même si le regard qu'elle lançait en disait long sur sa pensée), se détourna de Kostas, et de Rusard, et s'attela à sa tâche sans broncher. Plus vite elle en aurait fini, plus vite elle pourrait quitter ces lieux, et laisser cette soirée derrière elle.

Elle travailla quelques minutes en silence, avant que la porte de la serre ne s'ouvre pour la troisième fois de la soirée, et qu'un élève ne débarque en haletant, pour déclarer à Rusard que Peeves était à l'origine d'une véritable bataille rangée dans le couloir du troisième étage. Pestant, le concierge lança un regard féroce à ses deux victimes du jour, et les avertit qu'il leur envoyait Miss Teigne sur le champ, et qu'ils n'avaient pas intérêt à moufeter en attendant. Il quitta la serre en courant à moitié, l'air un peu (plus) fou, entraînant l'élève-messager dans son sillage.

Dahlia était bien décidée à ne pas s'attirer davantage d'ennuis. Et à ne pas adresser la parole à Kostas, qui, elle le savait par expérience, était éternellement une source d'ennuis (mais pas d'ennui: avec le remue-ménage qu'il semblait généralement causer, il était même difficile de se concentrer sur quoi que ce soit). Seulement, elle était curieuse, elle n'y pouvait rien. Aussi, après un temps, elle se racla la gorge et demanda d'un air revêche, sans même lever la tête de son ouvrage: « T'as fait quoi encore ? » Peut-être était-ce drôle, après tout, même si elle refuserait obstinément de lui accorder pareil crédit à haute voix.

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La vie de Joaquín était constamment parsemée d'aventures en tous genres, et encore plus depuis qu'il avait intégré l'école de sorcellerie de Poudlard l'année précédente. Ainsi, il était fort courant de le retrouver impliqué dans diverses activités visant à semer le trouble dans le château. Depuis que la plupart des fauteurs de troubles étaient entrés dans la vie adulte, il était du devoir du jeune greco-argentin de reprendre le flambeau. Ca avait toujours été sa destinée. Évidemment, ses parents n'étaient pas du même avis, mais l'avantage à loger dans le même établissement où l'on suivait ses cours, c'était qu'on pouvait - presque - faire ce qu'on voulait. Quino avait mis au point plusieurs stratagèmes pour éviter de se faire prendre lors de ses bêtises. Il avait même été jusqu'à étudier l'horaire des tours de ronde des préfets, histoire de ne pas les avoir dans les pattes. Bien sûr, il était jeune et naïf et il pensait qu'il pouvait mener sa vie comme bon lui semble, mais tout le monde ne partageait pas cette idéologie.

À la suite de l'arrivée du jeune garçon au château, on avait pu douter de l'utilité d'enseigner des sortilèges à des jeunes élèves. En effet, même si le règlement le stipulait clairement, Quino ne manquait jamais une occasion de pratiquer la magie pour divertir son entourage ou même sa propre personne. McGonagall devrait certainement revoir son système de surveillance, car même si le deuxième année était maintenant un habitué des retenues, il n'en avait pas héritées assez si on se fiait à tous les méfaits qu'il avait accomplis.

Ainsi, inspiré par ses compatriotes de Poufsouffle tout aussi rebelles que lui, il avait entrepris d'organiser une escapade au troisième étage, réputé interdit depuis des années. Mais bon, ne dit-on pas que l'interdit est tentant ? Il avait réussi à rameuter deux élèves de son année et son plan semblait parfaitement au point, mais c'était sans compter les apparitions inattendues de la fidèle chatte du concierge de l'école. La diversion n'avait apparemment pas été suffisante, et l'eau qui jonchait le sol d'un couloir du sixième étage n'avait pas suffit à détourner l'attention de ceux qui étaient chargés de la sécurité à Poudlard. Miss Teigne avait donc surpris les jeunes ~~hors-la-loi~~ garnements avant même qu'ils ne puissent progresser dans l'étage prohibé. C'était vraiment dommage : en plus de la diversion censée les couvrir, Quino avait parfaitement effectué son sort de déverrouillage de serrures et il s'imaginait déjà arpenter un espace encore inconnu dans l'école. Il n'avait pas fallu beaucoup de temps pour que Rusard rapplique pour mettre fin à leur petite virée et - soyons honnêtes - trois étudiants qui prennent leurs jambes à leur cou après le couvre-feu, ça n'avait rien de naturel. Alors qu'il abdiquait, le blaireau se rentra dans la tête qu'il aurait dû prévoir d'autres diversions plus efficaces. *Note à moi-même : toujours prévoir un plan C.* 

Étonnamment, Quino ne tirait pas la tête le jour de la retenue. Il lui en fallait beaucoup plus que ça pour qu'il se mette à râler, et ce n'était vraiment pas dans ses habitudes. Il se rendit donc aux serres de botanique, le sourire aux lèvres et le pas décidé. Une fois sur place, il se rendit compte qu'il n'était pas seul. *Comment ça, quelqu'un veut me voler la vedette ?!* Mais il remarqua bien vite que celle qui lui tiendrait compagnie le temps de la colle n'était autre que Dahlia Lloyd, une élève de Serdaigle qu'il avait pu fréquenter pendant certains cours communs -au grand dam de la fillette. Il lui adressa un sourire et attrapa la brosse à dents que le concierge lui tendait nonchalamment. « Merci m'sieur ! » ajouta-t-il d'un air narquois. Si la direction pensait que lui infliger des retenues allait l'empêcher de semer la zizanie à Poudlard, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude.

Alors qu'il observait les lieux - on aurait dit qu'une tentacula vénéneuse avait explosé pendant l'un des cours de botanique - un élève vint mander le célèbre Argus Rusard qui devait normalement surveiller les deux fauteurs de trouble. Celui-ci dût donc s'éclipser et il eut l'idée naïve que sa chatte les surveille pendant son absence. Mais quelle aubaine ! Comment, après toutes ces années, le vieil homme pouvait-il encore penser que la situation allait se dérouler comme sur des roulettes ?! Histoire de faire profil bas le temps que le tiran s'en aille, Quino se tourna vers Dahlia, toujours tout sourire, puis décida de ne pas répondre à sa question. En effet, la voie était maintenant libre, et il était plus important de se sauver d'ici plutôt que de se soucier de la raison pour laquelle le garçon avait encore hérité de plusieurs heures de colle. « Tu le sais bien, je suis l'élève le plus innocent de tout le château ! Mais trêve de bavardages, Rusard vient de nous donner champ libre pour s'offrir une soirée tranquille hors de cette serre étouffante. » En effet, le temps était au beau fixe, ce serait dommage de ne pas en profiter ! Il attendit quelques secondes de plus pour être sûr que le vieillard était hors de portée, puis il ouvrit la porte de la serre. Il jeta un coup d'oeil des deux côtés, et voyant que la voie était libre, fit signe à l'aiglonne de le suivre. « À toi de voir si tu veux rester ici, mais il faut se décider vite ! » Histoire de mettre encore plus la pression à sa camarade de classe, le garçon sortit complètement de la serre, laissant la porte ouverte derrière lui, espérant que Dahlia allait le suivre dans de nouvelles aventures remplies de rebondissements.

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Âge : 18 ans {16/09/1999}

Joaquín Kostas était une énigme. Pas une énigme très compliquée, certes, il restait un Poufsouffle, c'est-à-dire, pas franchement l'espèce la plus complexe ou tortueuse de la faune poudlarienne ~~oui c'est un mot~~. Mais il n'était pas un très bon Poufsouffle, du point de vue ~~très objectif~~ de Dahlia. N'étaient-ils pas censés être dignes de confiance ? C'était en tout cas ce que le Choixpeau leur avait joyeusement fait savoir lors de la répartition. Or, pouvait-on vraiment faire confiance à Kostas ? Quelle que soit l'occasion au cours de laquelle elle le rencontrait, le garçon semblait fomenter quelconque plan élaboré - ou pas - pour semer la zizanie. Et puis, on ne pouvait pas non plus compter sur lui pour les travaux scolaires. A croire parfois qu'il ne faisait que visiter Poudlard - qui, au demeurant, était charmant à cette période de l'année -, et non pas y étudier. Cela étant, il était également imprévisible, et c'était une qualité que Dahlia avait toujours apprécié. Il n'était pas ennuyeux. Avec lui, elle était souvent surprise - même si à son grand damne, ce n'était pas toujours en bien.

Aux prises avec ces sentiments conflictuels, la fillette ne put néanmoins s'empêcher de demander - presque à contre-cœur - au Poufsouffle ce qu'il faisait là. Elle était curieuse. Elle le regretta bien vite. Constatant qu'il ne lui répondait pas tout de suite - le toupet ! -, elle finit par se tourner vers le garçon, qui se tenait debout, tout sourire comme s'il venait de gagner la loterie, ce qui n'inspira à Dahlia qu'un sentiment familier de désastre imminent. Elle fronça les sourcils, stoppant son mouvement destiné à faire disparaître une tache de pus peu ragoutante à l'aide de la brosse à dents fournie gracieusement par Rusard. Son sourcil gauche s'éleva nettement après que Kostas se soit enfin décidé à parler - "élève le plus innocent du château" mon œil ! -, un reniflement incrédule venant accueillir ses déclarations. « Bah voyons ! » lâcha-t-elle tout en se redressant, n'appréciant pas particulièrement d'être en train de récurer le sol pendant que Kostas commençait à délirer. En outre, elle avait bien noté qu'il n'avait décidément pas répondu à sa ~~charmante~~ question, ce qu'elle trouvait vaguement offensant.

Elle observa le Poufsouffle ouvrir nonchalamment la porte de la serre, pressentant ce qui allait suivre avec appréhension. Et ça n'y manqua pas. Si son premier réflexe était un refus catégorique - elle n'avait pas sa place en retenue, elle était une bonne élève contrairement à d'autres, elle n'avait pas envie d'être punie jusqu'à la fin de l'année contrairement à d'autres et n'avait pas de pulsions suicidaires contrairement à d'autres -, elle se sentit aussi stupide en s'attardant sur ce qu'elle s'apprêtait à répliquer au Poufsouffle, c'est-à-dire, que Miss Teigne ne tarderait pas à arriver et que sa présence équivalait à celle du vieux concierge. Sauf qu'il s'agissait d'un chat, qui, aux dernières nouvelles, n'était pas doué de parole, et que Rusard ne pourrait décemment pas utiliser comme un témoin crédible s'il venait à réapparaître avant que les deux enfants n'aient pu retourner à leurs travaux d'elfes de maison. En outre, elle avait l'intime conviction que quand bien même elle restait sagement dans la serre tandis que Joaquín partait en vadrouille, elle serait tout aussi punie que lui - voire plus -, si le concierge venait à revenir inopinément. Mâchouillant sa lèvre inférieure, la fillette soupesa ses options. Kostas était pratiquement déjà dehors, elle pourrait difficilement le retenir contre son gré, si ce n'est en utilisant la magie, qui était déjà la raison pour laquelle elle se trouvait dans cette situation. « Bon. Ok. » concéda-t-elle, bon gré mal gré, laissant tomber sa brosse à dents par terre dans un bruit sourd.

Elle rejoignit le Poufsouffle en quelques enjambées précautionneuses, prenant soin de ne pas glisser sur les flaques de pus ~~telle Tempérance Biel à l'issue de son fatidique cours de botanique~~. Dehors, la pluie s'était arrêtée, mais même dans le peu de luminosité qui perçait encore en ce début de soirée, il paraissait évident que l'herbe était trempée. « C'est quoi le plan ? Tu as un plan ? Tu n'as pas de plan. » déduisit-elle platement, le sentiment qu'elle était en train de se mettre dans un sacré pétrin la saisissant comme une tenaille. « Tu n'as pas répondu à ma question initiale. » observa-t-elle en scrutant le visage du Poufsouffle d'un regard perçant. Elle avait besoin de savoir quel genre d'ânerie l'avait fait atterrir dans cette serre en premier lieu, histoire de mieux savoir dans quoi elle s'engageait. « Et si Miss Teigne rapplique avec Rusard sur ses talons, pendant qu'on est je-ne-sais-et-tu-ne-sais où ? » Des aventures, oui. Des ennuis supplémentaires, non !

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