[Intrigue - PV] Paralysés.

Passablement offusquée d'être traitée de cafard (et surtout pétrifiée en sachant qu'on n'avait nullement besoin d'elle, mais plutôt de Noé ça valait bien le coup de me faire venir, du coup !), Jo était plus agacée encore de ne pouvoir faire le moindre mouvement. Si cette entrave ne l'empêchait pas de tenir sa baguette, son visage ne serait pas aussi près de cette dizaine de serpents contorsionnistes : non, il serait collé à celui d'une sorcière désarmée, pétrifiée magiquement au sol, sa propre baguette chatouillant gentiment sa jugulaire. Jo aussi, savait s'énerver dans les règles et avec une baguette magique, elle savait être redoutable.
Une goutte de transpiration perla sur le front de la jeune fille quand la sorcière de Magicis Sacra pointa sur eux sa baguette : qu'on soit clair, ça entrait carrément dans le top 3 de ses phobies. Être attaquée sans pouvoir se défendre était si injuste pour Joséphine qu'elle en faisait parfois des cauchemars la nuit, souvent mêlés d'ailleurs avec les événements de Traverse. Elle trouvait ça d'une lâcheté incommensurable, de s'attaquer à deux personnes désarmées, surtout qu'il s'agissait d'enfants.

- Tu vas voir qui n'a aucune v...

Vexée qu'on lui dise qu'elle ne valait rien  – elle n'avait besoin de personne pour le savoir – Joséphine tenta de répliquer oralement, mais la baguette de la bonne femme l'en empêcha. Ballonnée, incapable de bouger, elle ne put s'empêcher de regarder Noé, aussi impuissant qu'elle, à deux pas de sa position. Ce qu'elle vit dans ses yeux lui glaça le sang : Noé semblait bouleversé, bien loin du regard hargneux qu'il lui réservait qui sculptait son visage quelques secondes plus tôt. On aurait dit qu'il avait voyait un fantôme, un fantôme quittant le couloir par le sol, en fait, puisque le regard du vert et argent s'obstinait à fixer les dalles de pierre. Jo en était sûre, on lui avait jeté un sortilège d'illusion. Ses soupçons furent confirmés quelques secondes plus tard quand Noé lança une tirade vide de sens, à leur geôlière, alors qu'elle n'avait pas dit le moindre mot. Qu'avait-il vu ? Que lui avait-on fait voir ? Jo sentait clairement le Serpentard paniquer, et d'être elle-même immobile et muette la faisait elle-aussi bouillir à l'intérieur. Elle tenta de remuer, de se dégager, d'hurler, de faire comprendre à Noé que ce qu'il avait vu n'était qu'une illusion, de lui crier de tenir bon, de ne pas avoir peur pour Candys qui – elle – ne risquait rien : en vain, son corps refusait de répondre.

Contre toute attente, Noé tenait tête plus que jamais à la sorcière de Magicis Sacra. Il lui tenait tête si férocement, que Jo était convaincue de deux choses : Noé avait forcément des griefs personnels contre Magicis Sacra, personne ne se battait aussi fort simplement par pur altruisme, ou par conviction, surtout Noé quand on était à Serpentard. Ensuite – et c'était là le problème – Jo ne voyait pas comment sortir indemne de sa position, tant que la sorcière n'aurait pas eu ce qu'elle voulait de Noé. Ce qui posait un autre problème : plus hermétique que jamais – bien que redoutable et brillant – Noé représentait sa seule chance de rester en vie. Si elle était aussi inutile qu'on le disait, Jo allait finir tôt ou tard par succomber de la baguette de la méchante sorcière de l'ouest. Jo attendait donc avec appréhension le moment tant attendu où son entrave prendrait fin et où les choses sérieuses allaient commencer : la torture pure et dure.

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