Année I • Cours de vol sur balais

Chiara se rendait au cours de vol avec une certaine confiance. Certes, on ne pouvait pas apprendre le vol dans les livres, cependant il y avait de très bons joueurs de Quidditch dans sa famille… dont le professeur Clarks faisait par ailleurs parti. Et surtout, elle était déjà monté sur un balai, raison pour laquelle elle leva la main à la question de son oncle : « J’avais moi aussi un balai destiné aux enfants et je suis monté plusieurs fois sur celui des membres de ma famille en leur compagnie. » Opaline surtout la prenait souvent avec elle quand elle était toute petite, néanmoins, elle n’aimait pas le Quidditch : la jeune fille trouvait que c’était une perte de temps et d’énergie. Pour autant, elle n’allait pas se saborder dans une matière qui comptait sur son bulletin ! Elle aimait trop avoir de bonnes notes pour ça. Elle espérait quand même que son désintérêt pour le plus populaire des sports sorcier ne serait pas un frein pour elle et que son oncle ne lui en tiendrait pas rigueur non plus. Il était après tout ironique que l’une de ses tantes enseigne sa matière préférée tandis que son oncle se charge de celui qu’elle aimait le moins…

Elle coula un regard inquiet en direction d’Amy, Miss Catastrophe ne devait même pas pouvoir tenir sur un balai sans tomber… Elle était déjà à peine capable de marcher ! En revanche, elle ne doutait pas que Leith et James, les deux plus crâneurs de la gente masculine de leur année, ne brillent en cours de vol, après tout, le sport était un truc de décérébré. Elle ne savait pas ce qu’il en serait pour Leith mais James bassinait déjà qui voulait bien l’entendre sur ses intentions de faire parti de l’équipe de sa maison au poste d’attrapeur. Pour un première année, c’était très ambitieux ! Notons d’ailleurs au passage que, si Chiara éprouvait le besoin compulsif d’avoir de bonnes notes, c’était plus par recherche du savoir absolu que par réel besoin d’être meilleure que les autres. Elle se fichait pas mal que d’autres y arrivent en classe du moment qu’on la laissait travailler tranquillement de son côté… sauf que ceux de son année ne paraissait pas décider à la laisser en paix. Ils étaient bruyants, bavards, désagréables… elle ne savait pas comment elle allait faire pendant les sept prochaines années pour les supporter.

Se concentrant sur les consignes, elle mit sa main bien à plat en direction du balai et ordonna : « Debout ! ». Aussitôt, le balai arriva dans sa main et Chiara afficha un grand sourire satisfait. Il aurait été très vexant qu’elle échoue là où des idiots comme Leith y arrivait sans aucune difficulté elle n’allait pas être déçue en potions. Pas spécialement pressée de passer à la suite des événements, elle resta tranquille avec son balai en main, droite comme un i. Le professeur Clarks ne tarderait pas à leur donner les consignes suivantes… En attendant, elle observait le restant de ses camarades, y compris cette maladroite d’Amy Flint qui s’empêtrait dans sa propre cape.

Comme pour tous les cours avec de la pratique, Amy allait en classe (enfin, là, au stade de Quidditch) avec la boule au ventre. Reine des maladroites elle pique son titre à Tempérance, elle avait déjà quelques mini-catastrophes à son actif depuis qu’elle était arrivée à Poudlard. Elle n’aurait pas du être aussi stressée, après tout, le seul domaine dans lequel les Flint s’étaient jamais illustrés (en dehors d’une généalogie impeccable) c’était le Quidditch, donc un cours de vol devrait bien se passer, sauf que ça c’était la théorie. Dans la pratique, elle supportait mal la pression du regard des autres – elle s’en était rapidement rendu compte en arrivant à Poudlard, il faut dire que scolarisée à domicile, elle n’avait pas l’habitude de voir autant de gens à la fois… -, cela la conduisait à faire des faux pas qu’elle savait qu’elle n’aurait pas fait normalement (aussi maladroite soit-elle). Quand elle y réfléchissait, elle espérait que cette gêne lui passerait avec le temps. Après tout, elle ne manquait que d’expérience dans le domaine social mais maintenant qu’elle était à Poudlard, ça allait bien finir par venir. En arrivant dans l’école de sorcellerie, elle s’était bien rendu compte que cela l’handicapait de ne pas avoir été dans une école avec d’autres enfants (même moldus) pendant la première partie de son enfance. Même Chiara, pourtant très désagréable, paraissait mieux s’en sortir qu’Amy avec les autres : comprenez que même si la Serdaigle se faisait quasi-unanimement détestée, elle avait les codes. Amy, elle, y allait à taton. Il lui avait déjà fallu un moment avant de se rendre compte, par exemple, qu’il ne fallait pas vouvoyer tout le monde comme elle le faisait chez elle !

Ne pouvant esquiver Chiara car elle était arrivée dans les dernières, elle se retrouva à côté de l’aiglonne mais aussi pas trop loin de Leith – un des rares de son année avec qui elle avait sympathisé -. Le professeur Clarks leur demanda leur expérience, Amy se décida à lever la main : « Je suis déjà montée sur un balai. Mon père jouait au Quidditch quand il était élève et il a continué à pratiquer ensuite. » Elle pensait qu’elle rentrerait aussi un jour dans l’équipe de Quidditch, mais il faudrait qu’elle apprenne à prendre confiance sur un balai car voler ici à Poudlard n’aurait rien à voir avec ses anciennes expériences dans son jardin ! En plus, elle ne savait pas quel poste viser. Contrairement à James qui disait à qui voulait l’entendre qu’il voulait être attrapeur comme son père, Amy ne savait pas si elle devait suivre plutôt son père (qui avait été poursuiveur) ou sa mère (batteuse). Sûrement qu’elle se pencherait plutôt vers une carrière de poursuiveuse car elle supposait que sa maladresse naturelle ne ferait pas bon ménage avec des cognards : avec sa chance, elle risquait de blesser ses coéquipiers plutôt que les adversaires.

Elle imita ensuite ses autres camarades pour appeler son balai. « Debout ! » Et si le balai rejoignit effectivement sa main, le choc fut si violent pour elle (un peu comme si Amy ne s’était pas vraiment attendu à ce que cela fonctionne!) qu’elle tomba sur les fesses. « Oups. » Marmonna-t-elle en se relevant rapidement et en se tapotant la jupe de sa main libre pour enlever l’herbe qui y restait collé. Le regard de Chiara la jugeait mais elle essaya de ne pas flancher.