Last train home [ Victoire ]

♛ Last train home

If I wanted to know who you were hanging with while I was gone I would have asked you. It's the kind of cold, fogs up windshield glass but I felt it when I passed you. There's an ache in you put there by the ache in me. But if it's all the same to you it's the same to me.

Teddy était surexcité, car le grand jour était enfin arrivé. Celui des vacances de Noël. Celui où Victoire rentrait, pour deux longues semaines, et où ils pourraient s'épargner la rédaction de longues lettres, puisqu'ils seraient tous les deux (plus leurs familles respectives, certes). Il était impératif qu'il se trouve de bonne heure sur le quai 9 3/4, puisqu'il avait réussi à négocier (âprement !) avec les parents de sa petite-amie (Bill, pour ne pas le nommer) afin d'être celui qui irait la récupérer, et la ramènerait à bon port, à Tinworth. Il s'était couché sur ces belles résolutions, ne trouvant le sommeil que très tardivement (ou trop tôt ?) et s'était réveillé en catastrophe, réalisant que son réveil n'avait définitivement pas sonné.

Il prit une douche express et fit un grand retour, cheveux mouillés, dans sa chambre, équipé de sa serviette et répandant des gouttes d'eau un peu partout sur son passage. Efficacité. Sans réfléchir, il enfila le premier jean lui passant sous la main à toute allure, manquant de tomber à la renverse, une jambe habillée, l'autre non - comble du ridicule si on le trouvait assommé dans cet état, après avoir posé un lapin à sa meilleure amie. S'étant stabilisé par une pure opération du saint esprit, il trouva un pull à lui associer - celui que la grand-mère de Victoire lui avait offert cette année encore, et qui tranchait nettement avec son look habituellement plus grunge. Mais c'était un pull confortable - dont la couleur verte tranchait admirablement avec ses cheveux bleu électrique - et accessoirement, il n'avait plus le temps de réfléchir. Se concentrant pour transplaner, il songea qu'il aurait été fort dommage qu'il se débrouille pour se désartibuler maintenant, pour la toute première fois. Comme il lui arrivait parfois d'avoir de la chance, ce tragique développement ne se produisit pas, et il se pressa parmi la foule de moldus circulant dans King's Cross.

Quai 9 3/4. Avant l'arrivée du Poudlard Express. Vaguement essoufflé, il s'appuya contre le mur de brique le plus proche, contemplant les parents présents, larme à l’œil, écharpes et gilets supplémentaires en main dans le cas probable où leurs rejetons ne seraient pas suffisamment vêtus porte ta petite laine et tais toi. Le "clan" Potter-Weasley ne semblait pas encore arrivé : il était sûr qu'il aurait reconnu la voix tonitruante de Ron à peu près n'importe où. Mais il ne doutait pas qu'ils seraient là, après tout, ils avaient toute une ribambelle d'enfants à récupérer - hormis sa petite-amie, merci. Progressant sur le quai, il s'immobilisa en entendant - puis voyant - la célèbre locomotive rouge faire son entrée en gare, cherchant à repérer Victoire dans l'un des wagons alors que le train ralentissait.

Il exécuta les grands signes des mains, promis plus de six mois plus tôt, dès qu'il l'aperçut, grand sourire aux lèvres, le cœur battant plus fort à sa simple vue, prêt à la prendre dans ses bras et ne plus la lâcher - il avait attendu trop longtemps. « Je suis ton taxi attitré. » déclara-t-il en s'approchant, joyeux mélange de silhouette dégingandée, pull vert sapin, cheveux en bataille. « Tu m'as manqué, Vic'. » Évidence, qui valait le coup d'être dite. Il se pencha pour l'embrasser, faisant fi des regards indiscrets, espérant vaguement que les Weasley n'étaient toujours pas là, car il aurait été regrettable que Bill lui retire son accréditation sous prétexte de démonstration publique d'affection jugée excessive. Sourire en coin aux lèvres, il se détacha suffisamment longtemps pour expliquer : « J'ai négocié avec tes parents - ton père surtout - pour qu'on fasse le trajet ensemble. Je ne me suis pas engagé sur une heure d'arrivée, par contre. » Etait-il possible de se perdre en transplanant à un endroit qu'on avait connu à peu près toute sa vie ? Personne ne pouvait prouver le contraire.

Last train home

De son côté également, Victoire était surexcitée. Elle avait passé un bon bal. Disons qu’il n’atteignait pas la hauteur de ceux qu’elle avait passé accompagnée de Teddy, ou même celui de l’an passé où, forte de la certitude que Teddy l’aimait lui aussi, elle n’avait pas (trop) mal vécu le fait qu’il soit le cavalier d’une autre fille –ce genre de détails n’avait pas d’importance quand elle avait la certitude de se retrouver dans ses bras, sa bouche contre la sienne une fois les vacances de Noël commencées-, à part peut-être celui où ils avaient passé une bonne partie du bal à se hurler leurs quatre vérités, jusqu’à sa première élection en tant que miss Poudlard. Mais elle avait passé un chouette moment en compagnie de tous ses amis, et avait renoncé à sa couronne sans (trop) d’amertume. Il n’était pas trop tard pour qu’elle finisse par décrocher sa troisième couronne, foi de Weasley. Mais il y avait bien des choses plus importantes que son petit moment de gloire –qu’elle persistait avoir eu, entre ses démonstrations de charme de Vélane, ses chansons avec Magic Mix et le spectacle de Sterne où elle figurait tout de même parmi les meilleures danseuses, même si elle ne possédait pas le talent de Lu. Et bien sûr, ce qui surpassait la joie d’avoir passé un bon bal, sans drames tu entends Teddy ?, c’était bien évidemment de retrouver son petit ami. Elle avait beau l’avoir vu à la dernière sortie à Pré-au-Lard, cela n’était pas suffisant pour la très collante Victoire. Elle avait hâte de passer le maximum de temps possible avec lui pendant ses semaines, et espérait bien que George ne le forçait pas à travailler (sinon, elle s’occuperait de son cas, et il aurait d’autres genres de soucis que la création de nouveaux objets magiques destinés à Fred, pour qu’il terrorise tout Poudlard, et Roxanne qui commençait à parler garçons, foi de Weasley !) pour qu’ils puissent profiter ensemble.

Le soir du bal, Vic avait rapidement fait sa valise d’un coup de baguette, ne gardant de côté qu’une tenue confortable pour le lendemain : jean, tee-shirt à manches longues, et pull cousu par mamie Molly –la couleur attitrée de Victoire était le bleu électrique, le bleu de Teddy. A une époque, ça n’avait pas été ce bleu là, mais du rose, comme le prouvait certaines vieilles photos, mais depuis que Vic avait piqué une couleur pour avoir un vêtement "de la couleur des cheveux de Teddy", mamie Molly avait bien été obligée de s’adapter. Malgré tout, dans cet habit simple, elle était incroyablement jolie et dégageait son charme et sa grâce habituels.

Vic passa son trajet avec Ally, Viska, Psychée, et d’autres amies, pendant que V devait sûrement râler que Graham ne mettait pas la main à la pâte pour la dernière ronde de deux mille seize. Le trajet passa vite, plus vite que Victoire, qui trépignait d’impatience, ne l’avait craint. Arrivée à Londres, Victoire dut prendre sa valise et la cage d’Emile avec les bras, ne pouvant pas encore utiliser la magie dans le monde moldu alors même que plusieurs de ses amies avaient déjà dix-sept ans. Une fois les jambes sur le quai, elle chercha des yeux la chevelure blonde argentée de sa mère ou le visage de son père mais son regard accrocha deux grandes mains qui se levaient pour faire des gestes dans tous les sens tout en frappant sans doute deux-trois petits qui passaient par là. Son cœur s’arrêta avant de reprendre, les battements recommencèrent à la vitesse d’un hippogriffe lancé au galop. Elle n’arrivait pas à y croire –et avant d’en avoir réellement conscience, elle se précipitait dans les bras de Teddy, laissant ses bagages, ses amis, plus rien d’autre n’avait de l’importance. « Nooon ?? Je suis trop contente !! », hurla-t-elle de joie lorsqu’il lui apprit qu’il serait celui qui la ramènerait chez elle –mais chez elle, en réalité, c’était dans ses bras. Ça avait toujours été ses bras. « Tu m’as manqué aussi, c’est dur sans toi », assura-t-elle, les larmes dans les yeux, avant de lui retourner son baiser, les bras autour de son cou, une main sur sa joue, l’autre dans ses cheveux ébouriffés qu’elle aimait tant d’ailleurs Andrew a une très belle chevelure, je tiens à le souligner.

Le baiser se termina et elle pouffa en entendant les explications de son petit ami –elle devait avoir l’air totalement niaise, les joues rougies, les yeux mouillés de joie, de ce bonheur indescriptible qu’elle avait toujours ressenti à ses côtés, et d’amour, bien sûr, de cet amour intense qu’elle avait toujours éprouvé pour lui ; mais elle s’en fichait totalement. « Il a accepté sans contrepartie ? Ça m’étonne de sa part ! T’es sûr que ma mère est pas planquée quelque part pour prendre des photos en scred ? Elle a fait le coup à Dominique et Ash. » Elle s’éloigna un instant pour récupérer sa valise et fourra d’autorité la cage d’Emile dans une des grandes mains de Teddy et prit l’autre dans la sienne. « Le seul hic, c’est que je dois me trimballer mes affaires…Tu crois qu’on peut les mettre dans la bagagerie ? Ou alors, on les dépose à Traverse, au magasin de George ? » Pare que, bien évidemment, elle avait hâte de revoir ses parents et son petit frère mais Teddy passait avant tout. Comme toujours, Teddy passait avant tout –il passerait toujours avant tout.

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If I wanted to know who you were hanging with while I was gone I would have asked you. It's the kind of cold, fogs up windshield glass but I felt it when I passed you. There's an ache in you put there by the ache in me. But if it's all the same to you it's the same to me.

Ted tenait toujours ses engagements - au moins autant que faire se peut, et lorsqu'il dérogeait à cette règle, c'était forcément pour des circonstances exceptionnelles. En l'occurrence, il s'était engagé en fin d'année scolaire à mettre la honte à Victoire quand il viendrait la chercher sur le quai, et il s'appliquait donc à le faire, faisant totalement fi des passants ou des anciens élèves qui pourraient le regarder bizarrement. Oui, il secouait les bras comme un illuminé pour faire signe à sa petite-amie. Et alors ?

Il l'attrapa au vol alors qu'elle se précipitait dans ses bras, les battements de son cœur - qui s'étaient accélérés pendant l'attente et l'impatience à la retrouver - s'apaisant à son contact. Il était pleinement heureux et quand il se pencha pour l'embrasser, c'était comme si plus rien d'autre n'avait d'importance : pas même Bill Weasley s'il venait à passer par là pour chercher son autre progéniture c'est ainsi que Ted mourut sur le quai 9 3/4, emporté par sa propre outrecuidance. « Tu penses que les gens nous ont remarqués ? » questionna-t-il avec nonchalance, jetant un petit regard circulaire aux alentours, car entre la chorégraphie improvisée et les cries de joie de Victoire, ils ne pouvaient pas prétendre s'être montrés subtils. Ted aurait presque aimé croiser le regard de Graham pour lui adresser un petit clin d’œil volé : au bout du compte, ils y étaient bel et bien arrivés.

Il ramena les yeux sur Victoire, posant doucement les mains sur ses épaules, un air expectatif sur le visage. « Alors ? Miss Poudlard ? Pas Miss Poudlard ? » Il n'arrivait pas à lire dans son attitude les conclusions du bal de la veille. Il savait qu'elle s'y était rendue avec Graham justement, et s'il aurait forcément préféré que ça ait été lui (surtout au vu de la façon dont leurs deux derniers bals ensemble s'étaient déroulés), il avait aussi parfaitement confiance en Victoire et en Graham. Mais pour l'instant, Victoire paraissait simplement rayonnante, et il n'avait pas besoin d'être sous les effets de son charme de Vélane pour être un peu béat - elle lui avait excessivement manqué.

« Tu ne vas pas pleurer, hein ? » s'assura-t-il d'un air concerné, et voyant les yeux humides de sa petite-amie. « J'ai dû beaucoup négocier, ne sous-estime pas le travail que ça a demandé. C'était un combat de longue haleine. Mais non, je n'ai rien promis en contrepartie, ou bien je ne suis pas au courant. » poursuivit-il en se grattant la tête, vaguement dubitatif à présent. Avait-il vendu son âme au diable ? Il n'aurait pas été jusqu'à qualifier Bill de cette manière - le père de Victoire était vraiment sympa tant que le bien-être de sa fille n'était pas menacé. Et Teddy ne comptait rien menacer du tout. Il haussa les épaules. « Tu crois ? J'ai rien vu. Elle a vraiment pris Dominique et Ash en photo sans leur dire ? » Il grimaça, et vérifia à nouveau qu'on ne les espionnait pas. Mais tout le monde était affairé sur le quai et on ne leur prêtait plus tant attention que ça.

Il claqua des doigts. « Va pour la boutique de George, et ensuite... Florian Fortarôme ? » suggéra-t-il avec un sourire engageant, avant de faire quelques pas pour aller récupérer les affaires que Victoire avait abandonnées dans sa course vers lui. « Prête ? Tu voulais dire au revoir à des gens ? » Genre, ses potes qu'elle avait laissées sur le carreau en le voyant, par exemple. Loin de lui l'idée de vouloir l'isoler de ses amies - même si contrairement à elles, il n'avait pas vu Victoire depuis une éternité, lui.

Victoire avait beau connaître Teddy depuis sa naissance, parler Edward Lupin troisième langue, et savoir tout de lui, le jeune homme parvenait toujours à la surprendre. Comme ce jour de décembre où il lui avait appris qu’il était amoureux d’elle, alors qu’elle ne le suspectait absolument pas contrairement à la moitié de la population de Poudlard. Ou comme, plus d’un an après, aujourd’hui où il la cherchait sur le quai du Poudlard Express à grands renforts de signes dans tous les sens et de grands sourires. Il avait convaincu ses parents, et connaissant son père, un brin surprotecteur alors même qu’il connaissait Teddy depuis dix-huit ans,  ça n’avait pas dû être évident, de venir la chercher. Il faisait fi du reste du monde –il s’en fichait-. Il était là pour elle, pour la voir elle, et Victoire aurait été capable de parler de ces retrouvailles et de tout ce que ce geste signifiait pour elle pendant des heures et croyez-là ce sera le cas. Mais pour le moment, elle était juste une fille qui s’accrochait à son petit ami, qui se pendait à son cou, qui se rendait ivre de ses baisers. Et rien d’autre que ces sensations et que le bonheur intense qu’elle sentait inonder tout son corps ne comptaient.

« Non. Je pense qu’on est passé inaperçu. On est pas tellement du genre à se faire remarquer, de toutes façons », répondit-elle avec amusement, les bras toujours solidement accrochés à la nuque de Teddy et hop je te tords le cou. Certainement que même dans le brouhaha du retour de Poudlard, certains n’avaient pas manqué de les apercevoir. Mais cela n’avait aucune importance. Déjà parce que leur couple n’avait rien de bien secret, et que peu importe le nombre de regards posés sur eux, sans compter que Victoire était habituée aux regards, comme Teddy d’ailleurs, et n’avait rien contre, cela ne l’aurait empêché pour rien au monde de profiter de son Teddy.

Vic se rembrunit l’espace d’un minuscule instant lorsque son petit ami lui demanda les résultats de l’élection du bal. Evidemment, il était l’un des seuls à ne pas savoir. Il faudrait aussi qu’elle partage la nouvelle avec sa famille, et elle savait d’avance que sa mère partagerait sa frustration et sa déception d’avoir perdu cette année, tandis que sa grand-mère la réconforterait à grands renforts de "mais Victoire, tu as gagné les deux années précédentes ! Tout le monde sait bien que tu es la plus jolie fille de tout Poudlard ! Avec Dominique juste derrière toi, bien évidemment. Reprends-donc une part de tarte à la mélasse pour te réconforter." Bien sûr, cela soulageait Victoire d’être la seule fille de tout Poudlard à avoir été élue deux années de suite, mais elle aurait aimé marquer encore plus l’élection en la remportant une troisième fois consécutive. « Viska a eu le titre. Vote de sympathie, tu comprends. Je suis quand même deuxième dauphine, même si Mini est devant moi –elle pourra plus dire qu’elle est pas belle ni appréciée celle-là ! Mais bon, je préfère que ce soit Viska plutôt qu’une autre. Et il me reste toujours l’an prochain ! » Vic adorait Viska, c’était sa meilleure amie, mais elle ne comptait pas lui laisser le titre au bal d’après ! Dès janvier, elle commencerait sa campagne pour miss Poudlard. Elle ne partirait pas du château sans se battre, foi de Weasley ! « Niveau mecs, on ne pourra malheureusement pas se foutre de la tête de Graham ! McGowan a été élu, t'y crois toi ? Ce bouffon…Mais Flynn aussi ! T’imagine le choc pour Viska ? Heureusement, McGowan a déguerpi une fois les résultats annoncés. Sinon, il aurait tâté de mon Chauve-Furie –comme si j’allais le laisser danser avec Viska après tout ce qu’il a fait ! » Elle adressa un regard éloquent à Teddy. Son petit ami savait très bien à quel point elle haïssait Jensen McGowan, et elle s’était bien épanché sur les derniers rebondissements du triangle-amoureux-qui-n’en-est-pas-un dans ses lettres à Teddy j’ai une pensée émue en imaginant ce garçon recevoir une missive de Victoire. « Sinon Nini a essayé le coup du charme de Vélane de grande ampleur durant la danse des préfets. C’était mignon –un échec, mais bien essayé. Si seulement elle acceptait que je l’aide ! Mais madame veut se débrouiller toute seule ! » Elle ne comprenait décidément pas sa sœur. Elles n’étaient pas rivales. D’ailleurs, Victoire ne lui avait pas fait d’ombre kof kof, elle a avait juste partagé leur charisme surhumain à l’assemblée histoire que tout le monde soit sur le même pied d’égalité ! Elle pourrait montrer ce petit tour à sa sœur cadette mais elle était si fière qu’elle ne lui demanderait sans doute jamais…

Il y avait des tas d’anecdotes sur le bal qu’elle voulait lui raconter –comme souvent, elle se sentait d’humeur très bavarde- mais il lui fit remarquer les larmes dans ses yeux Elle lui balança son poing dans le bras pour toute réponse. « T’es bête ! Je suis juste contente de te voir ! » Elle lui sourit. Ces simples mots ne reflétaient pas le dixième du quart de ce qu’elle ressentait à se retrouver (enfin) en sa compagnie. « Oh mais je ne sous-estime rien ! Je suis surprise, mais soulagée, que t’en sois ressortie vivant à vrai dire ! », plaisanta-t-elle tout en espérant toutefois que son père n’avait pas une condition cachée à ses retrouvailles –mais si tel était le cas, elle saurait le lui faire oublier. Elle était sa petite fille chérie, après tout, et son bonheur devait suffire ! « Oui, quand il s’est pointé à la chaumière pour lui déclarer sa flamme à son retour d’Egypte. Mais elle voulait pas me les montrer sans l’autorisation de Dom ! A quoi ça sert de prendre des photos en cachette si tu les montre pas à ta fille, franchement ? », répondit-elle d’un ton offusqué qu’elle tenait totalement de celle dont elle parlait avec tant d’animation : Fleur Delacour-Weasley.

« Oh oui ! Je rêve de l’une de ses glaces au chocolat chaud qui te donne l’impression d’avoir le soleil dans ta bouche ! se réjouit-elle. Et puis, si George est encore à la boutique, je pourrais lui poser pleins de questions. Il s’est montré très cryptique quand j’ai voulu l’interroger par lettre sur un fan club qui s’était formé dans tes clientes. » Elle jeta un regard sévère à Teddy. Elle avait toute confiance en lui et en son amour, mais ce n’était pas pour cela que sa tendance à la possessivité s’était calmée nous voilà rassurés. A sa question, elle se contenta d’un grand geste de la main pour saluer tous ses amis, avant de se tourner vers Teddy et de lui agripper le bras –maintenant qu’elle était avec lui, il était hors de question de le lâcher. « C’est bon. Ils comprendront. » Victoire parlait assez de Teddy et du manque qu’elle ressentait quotidiennement à ses camarades pour que celles-ci ne la juge pas (trop) de les abandonner alors qu’elle le retrouvait. Il était son meilleur ami, son amoureux, son premier confident. Il passerait toujours avant tout le monde.

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If I wanted to know who you were hanging with while I was gone I would have asked you. It's the kind of cold, fogs up windshield glass but I felt it when I passed you. There's an ache in you put there by the ache in me. But if it's all the same to you it's the same to me.

« Non, clairement pas. » approuva Teddy avec solennité, mais ne tenant pas bien longtemps : son sourire s'élargit presque aussitôt, un regard pétillant posé sur le visage de Victoire, réalisant que plus rien d'autre n'avait vraiment d'importance maintenant qu'il l'avait retrouvée - pas même la menace que Bill Weasley pouvait faire porter sur sa personne s'il venait à les surprendre. Il n'aimait pas spécialement qu'on l'observe, mais il en avait aussi l'habitude, et que pour une fois, ça soit parce qu'il avait le bonheur d'être réuni avec sa petite-amie n'était pas pour le déranger - c'était toujours plus agréable que d'être surveillé en tant que fils de dangereux loup-garou, ou filleul prétendument rebelle de l'Elu.

L'actualité du moment - à Poudlard en tout cas - concernait les élections accompagnant systématiquement le bal. Malgré sa connaissance aigüe de Victoire, Teddy n'avait pas encore su déceler si elle avait vu son titre être renouvelé ou pas. La réaction à sa question le lui apprit en revanche immédiatement : c'était perdu. Prêt pour le déluge d'informations qui s'ensuivit, Teddy pressa doucement l'épaule de sa petite-amie en signe de réconfort tout en l'écoutant. « OK donc Viska, Dominique, et toi ? » résuma-t-il posément, scrutant le visage de Victoire pour jauger son état d'esprit. « Viska était contente ? C'était son truc aussi non, Miss Poudlard ? » Le "aussi" référant à Victoire, puisqu'il était de notoriété publique que sa petite-amie briguait systématiquement le titre. Contrairement à une Tempérance par exemple, qui n'avait eu de cesse d'oublier qu'elle l'était - sauf quand Teddy, ou à l'époque, Noé, se faisaient un plaisir de le lui rappeler.

Quant aux garçons, le résultat annoncé par Victoire était assez inattendu, et Teddy fut forcément déçu d'apprendre que Graham n'avait pas été réélu. « Oh non, j'suis sûr que c'est parce qu'il manquait mon vote. En plus c'était sa dernière année ! » se plaignit-il brièvement, lui qui adorait avoir des munitions pour se moquer - affectueusement - de leur ami commun. « Il a déguerpi où ? En tout cas bravo les gars, vous avez réussi à maintenir le niveau de drames visiblement attendu pour ce bal. N'en faites pas trop d'un coup non plus, sinon vous n'arriverez pas à faire mieux l'an prochain ! » s'amusa-t-il, à la fois navré d'avoir raté ça et content d'échapper à cette phase turbulente de son adolescence. Le bal n'avait jamais été son endroit préféré pour passer du temps avec Victoire - le contexte n'était vraiment pas pour lui - surtout qu'il n'avait désormais plus besoin de cette excuse-là pour pouvoir serrer sa meilleure amie contre lui, avec la sensation qu'ils n'étaient que tous les deux pour l'espace d'une danse.

Il réprima une grimace alors que Victoire utilisait l'un de ses diminutifs traditionnels pour Dominique, conscient que la Poufsouffle les trouvait fortement désagréables. Mais les affaires entre les soeurs Weasley avaient toujours été complexes au mieux, et Teddy avait suffisamment d'expérience sur le sujet pour savoir qu'il ne fallait pas s'en mêler. « Ça n'a pas marché du tout ? » Il n'avait pas besoin de demander pourquoi Dominique avait essayé de faire ça, il paraissait évident qu'il s'agissait de concurrencer Victoire. Son regard se fit suspicieux. « Et tu l'as utilisé, toi ? » Il n'était pas né de la dernier pluie et surtout, il connaissait sa meilleure amie.

Il interrompit le long récit en lui demandant si elle allait pleurer - ses yeux paraissaient particulièrement humides -, et reçut un coup de poing somme toute inefficace pour réponse. « Ça ne répond pas vraiment à ma question, Vic'. » nota-t-il avec bonhomie, néanmoins heureux d'entendre ses paroles. « Et moi donc. » ajouta-t-il en haussant les sourcils, s'attendant encore à ce que Bill déboule à tout instant, prêt à le scalper pour ses torts. L'idée que Fleur soit actuellement planquée derrière une poubelle pour les mitrailler de photos n'était pas forcément plus réjouissante, et Ted fronça les sourcils en écoutant les explications de Victoire. « "Lui déclarer sa flamme", c'est mignon. » Il adressa un sourire amusé à la Gryffondor. Il leva les mains pour signifier son innocence et son incrédulité. « Pas la moindre idée mais ça me paraît assez indiscret votre histoire. » Et il imaginait aisément que Dominique n'avait pas dû apprécier. Il était néanmoins heureux qu'elle soit - a priori - bien avec Ash, qu'il savait être un garçon digne de confiance - contrairement à son frère aîné. Et ça avait plutôt intérêt à durer bonne chance Ash.

Victoire acceptant son plan, il s'en alla récupérer les affaires de sa petite-amie, mais fut pris de court par sa remarque suivante. Il haussa les épaules, son visage exprimant l'incompréhension la plus totale. « Hein ? Le retour de l'éloquence légendaire de Teddy. De quoi tu parles ? » Il secoua la tête, habitué aux élucubrations de Victoire depuis le temps le respect est mort. S'assurant ensuite que la Gryffondor n'avait pas des gens à qui elle voulait parler avant de partir - et souriant face à son attitude tout à fait désinvolte -, il lui adressa un signe de tête pour s'assurer qu'elle était prête, et comme elle était déjà agrippée à son bras, il transplana sur le chemin de Traverse, à proximité de la boutique de George.

Le seul regard que lui renvoyait les yeux les plus beaux du monde entier (c’est-à-dire ceux de Teddy pour ceux qui ne suivraient pas) valait le coup d’avoir patienté plusieurs semaines pour le revoir. S’il y avait bien quelque chose que Victoire aimait (à vrai dire la seule chose qu’elle aimait) dans la relation à distance qu’elle entretenait avec son petit-ami, c’était le moment des retrouvailles. Tout son être se retrouvait submergé d’amour, son cœur tambourinait au rythme d’un hippogriffe et le temps lui semblait suspendu autour de ce moment, lui paraissant durer indéfiniment. Ce sentiment indescriptible qu’il y avait qu’eux sur le quai du Poudlard Express, que lui et elle lorsqu’ils se voyaient à Pré-au-Lard…elle ne pourrait y renoncer pour rien au monde. Pour autant, elle savait qu’elle devait s’habituer au fait de ne pas voir son meilleur ami tous les jours. Il lui restait encore six mois avant de terminer l’année scolaire, puis une dernière année à l’école de sorcellerie, et puis ce n’était pas dit que lorsqu’elle en sortirait, ils pourraient se voir quotidiennement, entre sa carrière dans le Quidditch et ce que Teddy déciderait de faire avec la sienne, s’il deviendrait professeur ou non…Mais pour le moment, Victoire refusait de penser à cela. Elle avait deux minuscules semaines pour profiter du garçon qu’elle aimait et elle comptait bien en profiter.

Pour l’avoir affronté dans ses pires crises de mauvaise perdante, et être le seul dont la seule présence pouvait la calmer instantanément –et ce n’était pas rien, Teddy savait très bien que Victoire détestait ne pas gagner, même lorsqu’il ne s’agissait que d’une élection à un concours qui paraissait superficiel pour beaucoup d’élèves. Vic avait beau ne jamais avoir peur de s’affirmer et d’exprimer ses opinions, elle aimait être l’une des filles les plus populaires de l’école –surtout quand ça lui assurait une couronne. « Stef est arrivée deuxième ex-aequo aussi. Ce serait marrant qu’elle devienne Miss Poudlard un jour », remarqua Victoire. Elle aimait beaucoup Stef, et se reconnaissait énormément dans l’excessive brunette aussi serait-elle ravie d’apprendre son élection –tant qu’elle arrivait une fois qu’elle serait partie du château. L’idée la dérangeait moins que Mini élue, même si elle ne lui dirait jamais en face, au risque de voir partir sa sœur dans l’une de ses tirades interminable déclamée d’un ton de victime. Sa cadette réprouvait tout ce que Victoire représentait, du moins c’était ce que la Gryffondor pensait, et pourtant, elle devait sûrement être contente d’être arrivée devant elle à cette élection. « Oui, Viska était heureuse, et Flynn l’a réconforté quand McGowan s’est barré parce qu’il avait pas les couilles de monter sur l’estrade à leurs côtés. Et c’est vrai qu’elle voulait obtenir le titre. Après tous ces mois compliqués, elle mérite ce plaisir-là », reconnut Victoire, qui même si elle avait toujours du mal à accepter sa défaite, était sincèrement ravie pour sa meilleure amie.

« Je savais qu’il fallait que tu redoubles ta dernière année ! », rit Vic de bon cœur alors que Teddy affirmait qu’il avait seulement dû manquer sa voix pour que Graham soit élu –ça ne s’était pas joué à cela, mais ça ne devait pas les empêcher de rigoler. « J’en sais rien. J’ai juste vu qu’il quittait la salle avec Dahlia mais j’en sais pas plus…et j’m’en fous en vrai. Viska se porte mieux sans lui dans ses pattes pour essayer de lui retourner le cerveau », fustigea-t-elle de son ton "Je hais Jensen McGowan". « Je me demande surtout ce que ce sera dans deux ans, ma promotion est particulièrement dramatique quand même, observa-t-elle d’une voix neutre comme si elle ne représentait pas ce dramatisme à elle toute seule. Je pense qu’on peut toujours faire mieux mais c’est vrai que le niveau était vraiment élevé cette année. Tu sais pour qui ça s’est pas très bien terminé ? James ! Il s’y est rendu avec Valentina, la petite Serpentard qui est à fond sur lui, mais je suis sure qu’ils n’ont pas terminé la soirée ensemble… » Vic ne savait pas (encore) ce qu’il s’était passé entre son cousin et la sœur de Stef, mais elle était bien déterminée à l’apprendre !

« Un petit peu, je crois, sur quelques garçons, mais pas comme cela pourrait marcher », observa Victoire. Pas comme elle pouvait y arriver. « J’ai montré à Graham un petit tour. Tu sais comment j’arrive à rendre tout le monde attractif autour de moi », répondit-elle d’un ton dégagé, peu soucieuse de s’attarder trop sur ce sujet, car elle savait bien que Teddy ne serait pas forcément de son côté alors qu’elle donnait l’impression d’avoir voulu éclipser sa sœur –ce qui n’était pas vraiment le cas kof kof. « Et une autre fois au moment des spectacles. Mais c’était pour que tout le monde regarde au lieu de s’empiffrer en discutant Dahlia et Ash, vous êtes visés. »

Vic balaya la question de Teddy d’un geste vague de la main. Ses yeux clairs n’étaient plus du tout humides. Victoire était trop fière pour pleurer à la moindre occasion, même devant son petit ami, même si elle savait très bien qu’elle ne pourrait pas se retenir lorsqu’elle repartirait pour Poudlard après les vacances de Noël. « Tu sais très bien qu’on est tous indiscrets dans la famille. En plus, à part les cousins et moi, personne ne peut donner d’informations sur Ash et leur relation aux grands-parents et à ceux qui ne sont pas à Poudlard ! On compte sur moi Teddy !! » Et puis, après que leur couple ait été cramé deux minutes approximativement après leur discussion, ils avaient subi tous les commentaires de la famille. Dominique n’avait pas eu à supporter les remarques de toute la famille, elle, et la plupart des Weasley n’avait même pas vu Ash qui ne résisterait certainement pas à une torture pareille, c’était d’une injustice totale !

« Rien qui doit t’inquiéter, ne t’en fais pas. Mais dis-moi, tu as vu Esther Foster ces derniers temps ? », questionna Victoire dans une transition qui se voulait subtile et discrète et qui ne l’était donc pas du tout. Fermement accrochée au bras de son meilleur ami, elle se retrouva en quelques secondes face à la boutique tenue par deux de ses oncles. Sans perdre un instant, Vic poussa la porte de la boutique et lança : « Geoooooorgeee !!! C’est ta nièce préférée. Ton meilleur employé ait venu me chercher et j’ai besoin de poser mes affaires ici. » George déboula et serra sa nièce dans ses bras, tout en assurant qu’il n’y avait aucun problème pour que son bureau serve de bagagerie. « Paraît que tu laisses des pétasses draguer mon petit ami pour vendre plus ? Ron a tout cafté. » Elle adressa un regard sévère à son oncle puis à Teddy. Il était fort probable que cette histoire, ainsi que le supposé fan club de Teddy Lupin (il en existait qu’un et c’était elle la présidente, merci bien) ne soient que des blagues, mais ce n’était pas une raison pour leur éviter une petite crise victorienne. Ce ne serait pas un vrai retour de Victoire Weasley sinon tant de générosité, ça fait plaisir.

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♛ Last train home

If I wanted to know who you were hanging with while I was gone I would have asked you. It's the kind of cold, fogs up windshield glass but I felt it when I passed you. There's an ache in you put there by the ache in me. But if it's all the same to you it's the same to me.

C'était un fait connu : les élections de Miss Poudlard tenaient beaucoup à cœur à Victoire. Même sans être aussi proche d'elle que l'était Teddy, ça se savait. Aussi, en la récupérant le lendemain du bal, il savait pertinemment qu'obtenir le fin mot de cette affaire-là était le premier sujet à l'ordre du jour. Ça pouvait même avoir un impact sur le début de leur journée ensemble, c'est pour dire ! Qu'elle ait perdu aurait ainsi pu être un signe très alarmant, mais que ça soit en faveur de Viska semblait adoucir les choses. Malgré le déluge de paroles, Victoire paraissait prendre les choses avec une relative philosophie. Elle évoqua Stef Kostas et Teddy saisit la perche - à sa façon : « Un jour, quand tu auras quitté l'école, non ? » Il lui adressa un regard appuyé, les yeux pétillants. « Tu penses qu'elle aimerait gagner ? » La question pouvait paraître bête mais après tout, Tempérance avait eu la fâcheuse manie d'oublier systématiquement sa propre élection. Toutes les filles n'étaient pas comme Victoire et heureusement, qui a dit ça ?

Quant au triangle amoureux Viska-Jensen-Flynn, Teddy l'avait suivi par le biais de Victoire, qui n'était pas exactement une narratrice neutre, mais qui avait le mérite d'être très complète dans ses descriptions donc à ce moment-là Flynn se grattait le nez et McGowan est rentré dans la Grande Salle mais lui ne se grattait pas le nez - Teddy t'as suivi ? «  McGonagall n'a pas câblé qu'il s'en aille ? Ça fait quand même partie des conventions du bal qui lui sont si chères... » Il aimait beaucoup la directrice de l'école, qui partageait incidemment la même passion que lui pour la Métamorphose, mais si un point les différenciait, c'était bien leur affinité pour le conventionnel. Teddy : contre. McGonagall : avait probablement créé les règles d'étiquette anglaises non elle n'a pas d'âge pour Teddy.

Déçu d'apprendre que Graham avait perdu, Teddy écouta ensuite le reste du récit de Victoire, et se prêta diligemment au jeu des potins : « Tant mieux pour Viska. Il se passe un truc avec Lloyd tu crois ? » Il était attendu de lui qu'il participe un minimum, et puis, ça l'amusait, même s'il était particulièrement extérieur à toutes ces histoires - et heureusement, vue leur complexité ! Il s'inquiéta cependant quand il fut question de James. « Comment ça, l'un des deux est parti pendant le bal ? Il était mal ? » S'il avait des liens particuliers avec chacun des membres du clan Weasley-Potter, il avait vu grandir de très près les trois enfants de son parrain. L'un de ses grands regrets concernant son départ de l'école - outre sa séparation d'avec Victoire - était qu'il ne verrait ni Albus, ni Lily rejoindre les bancs de Poufsouffle Poudlard.

Le débrief' du bal se poursuivit avec une révélation pas si anodine que ça de la part de Victoire : elle avait utilisé son don lors de la danse d'ouverture, tout comme Dominique. « Victoire... » Il l'observa avec insistance. « Pourquoi t'as fait ça ? » Et il n'était pas question de jalousie mais bien du fait qu'elle s'était - encore - mise en concurrence avec sa sœur. Il tâchait généralement - sagement - de se tenir en dehors des disputes des deux filles Weasley, mais son sens de la morale l'obligeait tout de même à dire quelque chose. Surtout lorsqu'il apprit quelques secondes plus tard que pour couronner le tout, Fleur jouait les paparazzis vis-à-vis de Dominique et d'Ash. Ah, si cette famille n'existait pas, il faudrait l'inventer ! « Et est-ce que tous ces gens ont vraiment besoin de ces informations ? » Il haussa un sourcil. « Quand je pense que t'étais furieuse que Skeeter ait écrit sur nous à l'époque... » Certes, ça n'était pas le même niveau d'indiscrétion, mais ça restait de l'indiscrétion ! En outre, la discussion qui s'en était suivie avec Victoire l'avait grandement refroidi quant à sa capacité à lui parler de ses sentiments. Merci Rita !

Sa suggestion de passer à la boutique de George pour déposer les affaires de Victoire fut accueillie favorablement, en revanche, elle fut accompagnée de la mention d'un fan club, laissant Teddy totalement désemparé comme souvent. « Juste quand elle est passée à la boutique en décembre pour trouver un cadeau à Lola. » répondit-il avec neutralité mais sentant venir l'entourloupe. Il transplana avec elle et l'inévitable se produisit : alpaguage bruyant et grandiloquent de George. Teddy eut à peine le temps de lui adresser un signe de la main avant que le mot "pétasse" soit balancé. « Victoire ! » s'indigna-t-il immédiatement, indiquant à George qu'il gérait. « De quoi tu parles ? Personne ne m'a dragué ! Qu'est-ce que Ron a pu te raconter ? » Il secoua la tête, vaguement incrédule, s'adossant contre un comptoir qu'il savait stable ça sent l'expérience : ça pouvait s'annoncer long et laborieux.

A la petite provocation de Teddy, les yeux clairs de Victoire s’assombrirent d’une teinte, et elle frappa le bras de Teddy (ce qui était chez elle un signe d’affection par contre un Chauve-Furie dans le brushing, ça ne l’est pas, qu’on soit bien clair), tout en gardant son sourire. « Comment tu as si peu confiance en ma capacité à encaisser la défaite ! », s’amusa-t-elle car tous deux savaient bien que, dès sa plus petite enfance, elle n’avait jamais accepté, sans protester vivement, de perdre. « C’est une fille très compétitive, on a ça en commun, après elle a aussi un côté timide, donc je sais pas si elle aimerait le coup de projecteur. » Ni de danser avec quelqu’un qu’elle ne connaîtrait potentiellement pas, devant tout le monde. Mais si elle gagnait, le titre resterait chez Gryffondor, qui, depuis la mise en place de l’élection, avait toujours été représenté. Même si Vic quitterait Poudlard dans un an et demi, elle resterait toujours une lionne dans son cœur, c’était évident.

Le bal avait été bien évidemment rythmé par des événements dramatiques, comme le règlement officieux semblait le dicter. Rassembler des centaines d’élèves, des adolescents en pleine crise hormonale pour la plupart, dans une seule grande salle et vous verrez vite ce que cela donne… L’un des drama de cette année avait été qu’un des deux Mister Poudlard avait refusé de monter sur l’estrade -pour le mieux, pensait toujours Victoire. « Nan, franchement elle a rien dit. En vrai, je pense surtout qu’elle était soulagée, elle sait bien que la relation de McGowan et de Viska n’a pas toujours été paisible et que Flynn est du genre provocant...Elle s’est plutôt outrée devant leur danse, qui était carrément plus collée-serrée qu’une valse classique », rit Vic, en se rappelant de la mine choquée de la directrice les mœurs changent Minerva.

Victoire possédait un petit côté commère qu’elle ne tentait même pas de cacher. Elle s’estimait plutôt au fait de la majorité des potins (du moins des potins intéressants), et c’était vers elle que certains élèves de Poudlard se tournaient sans sourciller pour vérifier qu’une rumeur était vraie ou fausse "en effet, Dahlia Lloyd est amoureuse de moi, mais genre littéralement obsédée par moi, c’est presque flippant." McGowan avait été un cas intéressant à surveiller, dans la mesure où il était l’ex de Viska, et que s’il était prêt à l’embrasser à l’infirmerie après sa tentative de suicide et à se montrer jaloux d’un autre garçon, elle l’imaginait tout à fait capable de se rapprocher d’une autre fille devant la Vipère sans se soucier de ce qu’elle pouvait ressentir. « Ils sont proches, mais en mode amie. J’crois pas que Dahlia veuille s’embarquer dans la masse de complications que ce mec apporte oui c’est elle qui dit ça », répondit-elle de son ton d’experte qui se trompe un peu sur le coup quand même quant à l’éventualité d’un truc entre la préfète en cheffe et le capitaine des Serpents. « Il me semble que Tina l’a laissé seul avant la fin du bal avant de rejoindre Quino, James avait l’air embêté mais j’l’ai pas trouvé dans le train. On aura l’occasion de lui parler pendant les vacances. » Ce qui signifiait, en gros, que Vic allait le harceler tous les jours où elle le verrait pour avoir le fin mot de l’histoire et bon courage à James surtout.

Comme elle s’y était attendue, Teddy n’était pas spécialement ravi qu’elle ait utilisé son don de Vélane durant le bal -probablement plus à cause de Mini que pour avoir de l’effet de son charme, qui était bien différent de celui destiné à attirer l’autre sexe, en plus. « Je voulais montrer à Graham ce que ça donnait, c’est tout, et il a trouvé ça très cool », se défendit-elle en haussant les épaules. Elle n’aimait pas lorsque Teddy se sentait obligée de lui remonter les bretelles –mais en même temps, elle n’allait pas s’excuser de ce qu’elle avait fait, et puis c’était trop tard de toute façon- notamment car il était le seul, avec ses parents, à susciter un soupçon de culpabilité chez elle. « Moi j’pense que la vraie question c’est pourquoi Dom s’entête à vouloir séduire tous les mecs de Poudlard alors qu’elle a un copain et qu’elle a toujours critiqué le charme des Vélanes », protesta-t-elle car il était évident que lorsqu’elle se sentait attaquée, il fallait toujours qu’elle attaque en retour. Elle tentait de faire des efforts, vraiment -ce qui serait bien plus facile si elle n’avait pas l’impression persistante que sa sœur cadette la méprisait- mais il restait de nombreuses caractéristiques de sa sœur cadette qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Par exemple, sa volonté de la garder loin de son histoire avec Ash, alors qu’elle-même était si prompte trop diraient certains à parler de Teddy à tout bout de champ. « Ça n’a rien à voir !! Skeeter est une affreuse bonne femme, qui se mêle des affaires des adolescents car elle a rien d’autre à faire de sa vie !! En plus c’était totalement faux à l’époque...alors que là, ça fait des mois que Dominique sort avec Ash et personne ne sait rien de cette histoire dans la famille ! Quand même, depuis le temps on aurait pu le rencontrer de manière un peu plus officielle ! J’suis sure que papy Arthur et mamie Molly seraient rassurés de constater que c’est un charmant garçon, même s’il faudrait qu’ils gardent leur baguette prêts d’eux pour réparer la soupière que ne manquera pas de casser Ash. Et puis, Domi est la première de la famille à sortir avec quelqu’un d’extérieur -toi ils te connaissent déjà, ça ne compte pas vraiment- c’est normal que tout le monde soit curieux ! », expliqua-t-elle avec force de détails, gestes et jet de cheveux blonds. Heureusement, Teddy était habitué, depuis le temps, à ces monologues, prononcés rapidement de sa voix douce aux accents déterminés, presque sans respirer.

Comme ils étaient éloignés l’un de l’autre, sans possibilité de savoir avec exactitude ce qu’il se passait dans la vie de l’autre, Victoire devait compter sur ses oncles pour la tenir au courant -mais comme ils aimaient bien la taquiner et la pousser à bout, même à distance, elle se devait aussi de vérifier l’exactitude de leurs informations en parlant avec Teddy. « Hmm. Et vous n’avez pas traîner ensemble après sa venue ? », demanda-elle d’un ton suspicieux -elle gérait mieux sa possessivité kof kof qu’elle ne l’aurait pensé, mais elle ne pouvait pas tout à fait se refréner. Ce qui s’avéra encore plus vrai une minute après, lorsqu’ils transplanèrent dans le magasin de Georges et Ron. « Ron me dit que tu es chargé des clientes et c’est tout. Genre spécialiste des conseils féminins ou je  ne sais quoi. Et la plupart du temps tu sais pas qu’on te drague ! », remarqua-t-elle en croisant les bras et en fixant la silhouette dégingandée de Teddy. Il se défendait toujours d’avoir été à moitié déshabillé par Joséphine de Guise dans la Forêt Interdite après tout ! Ce garçon n’avait aucune conscience de son propre charme. Heureusement kreuh kreuh, Victoire faisait attention à sa place.

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♛ Last train home

If I wanted to know who you were hanging with while I was gone I would have asked you. It's the kind of cold, fogs up windshield glass but I felt it when I passed you. There's an ache in you put there by the ache in me. But if it's all the same to you it's the same to me.

Teddy haussa les épaules, peu ému par les reproches de Victoire - c'est qu'il avait l'habitude. « Je suis juste réaliste. » Il adressa un regard appuyé à sa meilleure amie, conscient qu'elle savait aussi bien que lui qu'elle n'était pas réputée pour prendre la défaite avec philosophie (euphémisme du jour). Il acquiesça ensuite quant aux détails donnés concernant Stef Kostas, jugeant que l'avenir leur dirait si la jeune Gryffondor était destinée à suivre les traces de sa capitaine.

Il ne visualisait que trop bien l'expression de McGonagall en voyant McGowan quitter la Grande Salle alors qu'il devait supposément monter sur l'estrade. Elle savait bien, pourtant, que tout bal était ponctué de drames adolescents divers - c'était presque inévitable, à ce stade. « La pauvre, vous allez finir par la pousser vers la retraite à force. » commenta-t-il sans cacher son amusement. Et pourtant, elle avait dû en voir des vertes et des pas mûres en son temps - il ne savait même pas dire depuis combien d'années elle était prof' à Poudlard. Elle avait enseigné la Métamorphose à ses deux parents, rien que ça, c'était un bon indicateur.

De manière assez classique, Teddy se retrouva à discuter potins avec Victoire. C'était divertissant tant que ça restait plutôt inoffensif - et c'était le cas. Il ne se serait jamais amusé à lancer des rumeurs, il trouvait qu'il y avait nettement mieux à faire de son temps, mais quelques commérages innocents n'avaient jamais tué personne. Après tout, il n'était pas ami avec Victoire et Graham pour rien. « Tu crois ? J'avais l'impression qu'ils passaient pas mal de temps ensemble. Et ils ont des caractères un peu similaires. » nota-t-il sans conviction forte pourtant, car il ne connaissait bien ni Lloyd, ni McGowan - même si à force d'entendre Victoire cracher sur ce dernier, il commençait à avoir l'impression de l'avoir fréquenté toute sa vie je t'aime Jensen je devais te le dire. « Ah ouais ? Je me demande ce qui a pu se passer. Mais oui on verra pendant les vacances. » Ce n'était pas comme si James pouvait lui échapper : il risquait de passer du temps chez son parrain pour les fêtes, de toute façon.

Après avoir cité des élèves divers et variés tu recommences avec les monologues Vicky, Victoire en vînt à son propre cas, et Ted fronça les sourcils alors qu'elle mentionnait avoir fait usage de son pouvoir de Vélane. Elle fut immédiatement sur la défensive, ce qui ne le surprit pas au vu de la façon dont elle avait amené le sujet. « Et c'était que pour ça ? Parce que tu pouvais lui montrer en dehors du bal... » souligna-t-il en l'observant. « Qu'est-ce qui te fait dire qu'elle veut séduire tous les mecs de Poudlard ? » interrogea-t-il ensuite, son ton en disant long sur ce qu'il pensait réellement de cette théorie. Ce n'était pas le genre de Dominique. Il savait aussi qu'il était en terrain miné, car réconcilier les deux filles avait toujours été une tâche impossible, mais ça ne l'empêchait pas d'essayer de comprendre, faute de pouvoir arranger les choses.

Il ne s'était pas attendu au torrent de mots qui s'ensuivit, comme quoi même en étant ami avec elle depuis la plus tendre enfance, Victoire arrivait encore à le surprendre. Il l'observa avec tendresse, alors qu'elle enchaînait récriminations envers Rita Skeeter, commentaires sur la maladresse d'Ash et arguments fumeux sur la nécessité absolue que toute la famille Delacour-Weasley soit au courant des faits et gestes de Dominique et Ash à tout instant. Elle s'arrêta pour reprendre son souffle - du moins le supposait-il -, et il se pencha vers elle pour l'embrasser doucement histoire d'éviter qu'elle ne reparte sur une autre tirade. « Pour mémo, je ne suis toujours pas convaincu. » l'informa-t-il, léger sourire aux lèvres. Rien ne servait de débattre : la photo avait déjà circulé à travers toute l'Europe.

Ils se rendirent ensuite à la boutique de farces et attrapes, et Teddy eut droit à l'une de ces investigations "subtiles" dont Victoire avait le secret tu devrais prendre des cours du soir avec le Détective Kostas, Victoire. « On est allé manger ensemble, et avant que ton imagination débordante ne s'emballe : non, ça n'était pas un rendez-vous secret, mais un burger et des frites dans un pub du coin tout à fait public. Tu n'as rien à craindre, Vic'. » lui dit-il avec sincérité, à la fois habitué à sa possessivité, et ennuyé qu'elle ressente le besoin de se montrer aussi suspicieuse envers ses amies. « N'importe quoi ! » protesta-t-il aux paroles suivantes de sa petite-amie, visiblement issues d'un rapport effectué par ce traître de Ron Weasley. « Je ne suis pas du tout spécialiste des conseils féminins ! Qu'est-ce que ça peut même vouloir dire dans un magasin de farces et attrapes. De toute évidence il a dit ça pour te faire marcher, Vic'. » Et elle avait, évidemment, foncé. Le meilleur ami de son parrain allait l'entendre. Quant au fait qu'il ne sache pas distinguer lorsqu'on le draguait, il était très sceptique. Il n'était pas aveugle à ce point !