Après une habituelle et longue sieste, Phineas Nigellus Black, suspendu dans son cadre au mur derrière le bureau du professeur, s’ébroua et ouvrit les yeux.
Il regarda autour de lui, tous les autres portraits dormaient encore d’un sommeil lourd et bruyant. Dumbledore s’était, quant à lui, absenté. La pièce n'était remplie que d'objets rares, curieux et précieux, dont les engrenages bruissant doucement contrastaient avec les ronflements de sonneur que Fortescue produisait dans on propre tableau, à côté...
L'ancien Serpentard se cala dans son fauteuil d'un air grincheux et courroucé. Il lui semblait parfois qu'il était le seul portrait de cette pièce à souhaiter faire quelque chose de ses journées... Encore que cela ne le suprenait qu'à moitié; après tout, il n'y avait pas eu légion de directeurs de sa maison, et il lui était fort compréhensible que tout le monde n'ait pas eu, dès lors, la même ardeur à l'excellence que lui. Il fit une moue de dégoût et attendit que quelque chose se produise.
Après vingt minutes, Phineas tapotait avec ennui les accoudoirs de sa chaise.
Mmmm…
Il rajusta avec mauvaise humeur son lourd médaillon et arracha une désagréable peluche de sa cape vert émeraude. Il était décidément temps de s’activer quelque peu, s’il ne voulait pas mourir d’ennui.
Suis-je bête, pensa-t-il ! « Mourir » d’ennui, voilà bien une idée cocasse en ce qui me concerne…
Il décida de patienter quelque peu, et de voir s’il pouvait espérer qu’il survienne dans ce bureau un peu d’animation autre que les piaillements d’un vieux phénix agonisant.
Dans el cas contraire, il se déciderait à partir en balade.
Dieu sait s’il est difficile de survivre au monde dans cette condition ! La plupart des sorciers ne vous considèrent guère que comme de l’huile ou de l’aquarelle sur un morceau de lin oui de bois, et pourtant tout montre que vous avez une conscience.
Vous êtes toujours une personne. Certes plus comme autrefois ; il faut bien l’avouer, Phineas savait que ce qu’il était aujourd’hui, bien que lui permettant d’échapper à la mort d’une certaine façon, n’était qu’un simulacre de vie. De « qualité » inférieure aux fantômes, et a fortiori à ceux qui avaient choisi de « continuer ».
Survivre, finalement, valait-il la peine, si le prix était d’accepter une moitié de vie, respecté par peu de gens ?