- Un mouchoir et une cavalière -

Depuis le début de l’année, le jeune Franze était officiellement un élève de Poudlard, et de plus, un vaillant Gryffondor. Depuis que ses parents lui parlaient de ce château, il y était depuis quatre mois maintenant. Il n’avait pas encore eu l’occasion de voir sa cousine pour qui il s’était inquiété ses trois dernières années, pour ce qui concernait l’autre, Serena, ils partageaient les mêmes locaux étant répartis dans la même maison le premier jour.

Le bal était annoncé pour dans quelques jours, Friedrich n’avait toujours pas de cavalière. Il était temps pour lui de bien mettre en pratique ces leçons d’anglais et de galanterie afin de ne pas y aller seule. La solitude est quelque chose qu’il détestait par-dessus tout.

Posté dans le couloir non loin des sanitaires féminins, il guettait aux alentours après une charmante jeune fille de son année, prêt à l’accoster même s’il ignorait son prénom. Loin d’être un apollon, il avait confiance en lui et était loin d’être repoussant. Pour l’occasion, il portait son uniforme, s’était ébouriffé les cheveux pour se donner un genre, et retroussa les manches de sa chemise pour lui donner un air décontracté.

*La première qui passe, tu l’invites au bal* se dit-il en regardant de droite à gauche, poussant sur le milieu de ses lunettes pour les remonter. Mais vous allez le croire ou pas, le couloir était désert ! Pourtant, statistiquement, les toilettes féminines étaient l’endroit le plus fréquentés par les jeunes filles, et de plus, elles s’y rendaient bien souvent à deux.

Observant sa montre, il attendait depuis une dizaine de minutes. Il ne savait pas pourquoi mais avait l’impression que quelqu’un allait arriver à un moment assez embarrassant. Une crise d’éternuement le prit d’un coup, son nez se mit à couler. Vite ! Un mouchoir ! Oh la cata si une fille venait à passer. Et malheureusement pour lui, il n’avait pas ce temps convoité bout de tissus qui pourrait lui éviter une moquerie… Les mains devant le nez, il tenta de s’échapper dans les toilettes quand une jeune fille en sortit !

Tisden avait enchainé, comme tous les jours, cours sur cours. Elle avait assisté à des cours interessants, où reignaient bonne ambiance et motivation, tout comme à des cours plus ennuyeux, où l'ambiance était lourde, sans cesse gachée par les menaces du professeur. Elle s'était elle même fait gronder à deux reprises, lorsqu'elle bavardait un peu trop visiblement. Tisden était malchanceuse, elle ne parlait pas plus que les autres -mais pas moins pour autant- mais ses cheveux étaient d'une couleur voyante, ce qui la faisait rapidement remarquer. Dès qu'elle se retournait pour parler, on ne voyait plus qu'une masse rousse couleur de feu. Elle pouvait donc tenter de faire le moins de bruit possible, en vain.

Là, elle avait une heure de trou. Elle avait peut-être prévu de se rendre à la bibliothèque, ou bien dans le parc pour lire, ou dans sa salle commune pour entamer ses devoirs de la semaine... Elle ne savait pas encore. Peut-être rencontrerait-elle quelqu'un avec qui alimenter une discution interessante avant son prochain cours.
En attendant, elle décida d'aller aux toilettes, comme le faisait la plupart des filles toutes les deux heures environ. Elle monta les escaliers, traversa le couloir, tout ça d'une allure normale, légèrement lasse. Elle n'avait aucun but précis après cela, et pouvait donc prendre tout son temps.
Elle ouvrit la porte avec une once de délicatesse à ce moment là présente en elle, et pénétra dans les sanitaires. Il n'y avait personne, ce qui était, avouons-le, rare.
Elle passa ensuite quelques minutes à se brosser les cheveux, fixant son reflet dans le miroir. Elle n'était pas vraiment une coquette, mais tenait toujours une brosse dans son sac. Avec une chevelure comme ça, il valait mieux. Ils étaient épais, soyeux, si on leur donnait un minimum d'attention. Et puis mêmes s'ils attiraient souvent moqueries et inconvénients, elle les aimait ses cheveux roux, vraiment.

Finalement, elle rangea son outil poilu dans son sac, et se décida à sortir. Elle recalla sa cascade de cheveux derrière ses épaules et posa une main sur la poignée de la porte, dans la ferme intention de l'ouvrir pour en sortir. La porte s'ouvrit, oui, mais bien avant qu'elle n'est entreprit de tourner la poignée. Quelqu'un l'avait ouvert de l'autre coté. Sachant parfaitement qu'elle même avait le chic pour ouvrir les portes à toute allure, et manquant régulièrement d'assomer les filles qui se trouvaient derrière, elle recula sur le champs.
Etonnant : c'était un garçon. Elle le regarda d'un oeil étrange, entre la surprise et l'interrogation. Qu'est ce qu'un garçon faisait ici, dans les toilettes des filles ?
Il avait une main à son nez... peut-être s'était-il fait mal ?

Tisden s'écarta et le laissa passer, il entra donc dans la pièce. Elle ne prononça pas un mot, mais le regardait toujours. Elle était callé dans un angle, et n'allait pas sortir avant de savoir ce qu'un garçon -de Gryffondor, elle remarqua son insigne- faisait dans les sanitaires féminins !

Non, elle était bien trop bavarde pour garder le silence. Aussi, elle ouvrit la bouche et engagea ce qui pouvait sembler être une conversation.

"Euh ça va ? Qu'est ce que tu fais là ? Tu sais... c'est pour les filles !" dit-elle de sa petite voix douce mais assurée, sans gêne.

Que c’était aimable à elle d’ouvrir la porte et de le laisser passer afin de trouver à tout prix un morceau de papier toilette pour lui se moucher le nez. Ouvrant une cabine, il ne trouva que le carton du rouleau, idem pour la suivantes et pour les autres. Espérant que la dernière cache ce qu’il cherchait, il n’eut droit qu’au dernier papier ! Etonné de voir ça, il conclut que les filles étaient de grandes consommatrices de papier toilette.

Toujours la main devant le nez, il sortit de la cabine et, via le miroir, vit que la jeune fille était toujours là. En plus d’être son sauveur, elle serait par la même occasion sa cavalière pour le bal. Il ne pouvait pas revenir sur sa décision, il avait bien dit ‘la première qui passe’. La rouquine ouvrit la bouche et pour demanda ce qu’il pouvait faire dans les toilettes des filles. Ouvrant grand les yeux, il analysa chaque recoin de la pièce, effectivement, ça manquait d’urinoir, ce qui confirmait qu’il était bien dans les toilettes des filles. Il se gratta le haut du crâne un peu embêté par la situation mais avait la ferme intention de ressortir d’ici casé pour le bal de Noël.

Oubliant le pourquoi il était entré, il répondit à la jeune fille par une autre question « Ca te dirait d’être ma cavalière pour le bal de Noël ? » puis sentant le regard bleu-gris s’intensifier sur lui, il se rappela son intrusion : « Tu n’aurais pas un mouchoir ? S’il te plat ? » demanda-t-il avec un grand espoir dans les yeux, ce qui nous ramène à elle est égale à sauveur.

Essayant de paraître moins bête face à elle, il prit un air décontracté comme si rien ne le gênait. Il fallait tout de même qu’il lui plaise sinon il risquerait de se prendre un vilain ‘non’ bien placé et prétentieux. Une main dans le dos, il croisa les doigts espérant le ‘oui’ qui sauverait sa soirée.

Le jeune homme entra en trombe dans les toilettes, elle avait donc bien fait de se mettre de coté, de s'éloigner de cette dangereuse porte en bois. Un peu plus et elle aussi aurait du poser une main sur son nez, peut-être même avec le nez en sang ou, pire encore, cassé par le choc. Elle avait presque mal rien qu'en y pensant.
Le garçonnet ouvrit à la hâte toutes les portes des WC, ce qui etonna encore plus Tisden. Vraiment, il semblait chercher quelque chose. Ou quelqu'un ? Eh bien si c'était le cas, c'était perdu d'avance, il n'y avait dans cette pièce que Tisden.

Lorsqu'elle lui demanda ce qu'il faisait ici, il regarda de chaque coté de la salle, à croire qu'il ne savait même pas où il se trouvait. Peut-être était-il victime d'un sortilège ? Vu la suite, oui, vraissemblablement. Ou peut-être s'était-il simplement donné un coup sur la tête... Peu importe, il ne semblait pas être dans son état normal, ou alors tout simplement pas normal du tout, par nature. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il lui demanda, comme ça, cash, sans qu'elle ne connaisse son prénom, si elle souhaitait être sa cavalière pour la bal !

Pour une surprise, c'était une surprise. Tisden ne pensait vraiment pas que quelqu'un souhaiterait sa présence. En fait, d'ailleurs, pourquoi lui demandait-il ça A ELLE ? Jusqu'à son dernier souvenir, tous deux ne se connaissaient absolument pas. Elle continua donc à le regarder avec perplexité et interrogation, ainsi qu'incompréhension. Remarquant qu'elle le fixait sans relâche, il changea de sujet. Un mouchoir, il voulait un mouchoir. Sans ouvrir la bouche, Tisden pointa son index gauche vers le fond de la salle, indiquant une boîte à essuis-mains. Toute son attention était concentrée sur le mot bal, et le mot noël. Ho et puis, sur le mot cavalière.

Elle retrouva finalement l'usage de la parole, à vrai dire, il était rare qu'elle le perde trop longtemps, et se hasarda dans une question.

"Euh, pourquoi moi ? Enfin je veux dire, c'est moi parce que personne d'autre ne veut, ou euh, c'est moi parce que... parce que c'est moi ? Et au fait, tu t'appelles comment ?"

Beaucoup préférait quand elle se taisait, vraiment. Lorsqu'elle commençait, elle ne s'arretait pas facilement. Cette fois-ci en était encore une fois la preuve. Son père disait qu'elle aurait facilement sa place dans la police, toujours à poser des questions sans laisser son interlocuteur fournir sa réponse...

"Mais la réponse est oui ! Même si je te connais pas et même si tu as l'air un peu étrange... Je le suis aussi je pense. Alors on s'entendra bien !" dit-elle finalement, avec un sourire enfantin et satisfait. Elle avait hâte de retourner au dortoir et de crier Héhooo j'ai un cavaliiiier !!! Elle était contente, même s'il ne lui avait demandé cela que pour lot de consolation. De toute façon, elle était sympathique et chaleureuse, il l'apprecierait à force de la connaitre. Et puis ils s'amuseraient bien tous les deux... esperons-le !