Tressaillements matinaux

Il ne put rester plus longtemps à contempler le château. C'était comme si cette vision lui brûlait les rétines, lui déchirait le coeur. Trop de souvenirs mais pas assez de cran pour y repenser... Il fit rapidement demi-tour en hissant derrière lui sa queue touffue qui remuait à la manière d'une banderole claquant au vent.

La rosée humidifiant l'herbe sous ses pattes le fit s'ébrouer silencieusement tandis qu'il regagnait les profondeurs plus épaisses de la forêt. Il ne remarqua pas tout de suite la présence qui occupait le lieu de son sommeil des dernières nuits, et ce ne fut que lorsqu'il écrasa bruyamment une branche sèche qu'il leva vivement la tête. Trop tard, son élan l'avait entraîné dans la minuscule clairière où se trouvait la jeune fille, et ayant dépassé l'abri des arbres géant, il n'était plus dissimulé que par sa forme canine. Une autre branche craqua sous son poids, de manière plus sonore cette fois ci, et il tendit ses pattes, comme prêt à attaquer.

Un grognement un peu sauvage sortit de sa gorge - il se croyait menacé.

La jeune Gryffondor, se croyait seule, quand soudain un craquement plus sonore que le précédent lui fit redresser la tête puis la tourner en direction de l’animal qui avait causé ce bruit. Elle se recula vivement et tomba presque sur le dos, oubliant complètement sa cape qui protégé ses vêtements, heureusement le sol était sec, mais quand même poussiéreux. Alehandra avait ses joues qui ruisselait encore de larmes mais ne détachait pas ses yeux de ceux de l’animal, elle avait lu un jour qu’il ne fallait jamais se montrer en position de faiblesse devant un chien. Malheureusement pour elle, le chien était grand et il était entrain de la dominer, elle avait lu aussi de ne jamais le quitter du regard car un chien devant lequel on baisse les yeux pense qu’il est menacé ou pire que vous abandonné votre domination. La jeune Gryffondor tremblait de tous ses membres oubliant même pourquoi elle était venue dans la forêt interdite, mais se jurant intérieurement de ne plus y mettre les pieds. Elle ferma un instant les yeux perdant le contact visuel un instant avec le chien, quand elle les rouvrit le chien avait l’air moins agressif qu’au début, elle vit alors sa maigreur apparente et ses poils usé.

*Ce chien a l’air malade*, se dit-elle en se redressant lentement pour se mettre sur ses genoux.

Je…, je ne suis pas méchante, je ne te veux aucun mal…, je suis sans doute sur ton territoire, je regrette…, dit-elle alors qu’elle essuyait doucement les larmes de ses joues d’un revers de sa manche. Je ne voulais pas te déranger, moi aussi tu vois j’aime cette endroit, c’est calme et reposant et je peux m’y réfugier… Je parle à un chien, qui n’en a sans doute que faire de ce que je lui raconte et qui veut sans doute ne faire qu’une bouchée de moi. Et bien, je t’en prie…, je ne sais pas si ma viande sera assez bonne pour toi, mes joues en tout cas auront un arrière goût de sel, railla-t-elle alors que ses larmes se remirent doucement à couler. Pratiquement personne ne me pleurera ici bas, alors pourquoi tu ne me mangerais pas ?, lui demanda-t-elle en continuant de le regarder droit dans les yeux.

Lentement, son grognement s'étouffa, s'apaisa, devint un léger borborygme et se tut finalement. Sirius se détendit en même temps qu'Alehandra, suivant ses gestes d'un regard grisé, puis écoutant ses paroles avec attention. Au fil des mots de la jeune fille, il se calma complètement, s'ébroua une nouvelle fois, de froid, et s'avança légèrement.

Sa démarche légère et gracieuse donnait une intense impression de contraste avec sa masse énorme. A cet instant, on n'aurait plus dit le Sinistros, juste un gros chien un peu malade.

Pourquoi s'approchait-il ainsi? Il savait bien que c'était dangereux, extrêmement dangereux! Mais il avait besoin de revoir des êtres humains, des sorciers, et si sa forme d'Animagus pouvait empêcher qu'on le regarde avec horreur et qu'on fuie à son approche, pourquoi pas...? Ce n'était... pas si risqué...

Il cessa brusquement son avancée quand Alehandra parla de la possibilité qu'il puisse la dévorer. Rapidement, son coeur s'emballa et ses poils se hérissèrent. Et voila. Même en chien, on avait peur de lui...

Il secoua la tête en signe de dénégation, la balança de droite à gauche, oubliant que ce geste pouvait paraître étrange venu d'un être canin. Puis il indiqua du museau le blason de Gryffondor, comme pour montrer à Alehandra qu'il ne pourrait jamais manger quelqu'un de cette maison.

Ses babines se soulevèrent dans une étrange expression, presque un sourire, et il se mit à remuer frénétiquement la queue.

Alehandra vit le chien s’avancer, mais elle n’avait plus la force de reculer face à l’animal qui n’avait plus rien de menaçant. Son regard était doux, alors qu’elle disait qu’il pouvait la manger le chien hocha la tête de droite à gauche comme pour lui dire non puis montra l’insigne de la jeune fille.

Parce que je suis une Gryffondor, tu ne me feras pas de mal c’est ça ? lui demanda-t-elle en passant une main sur ses joues pour les essuyer.

Alehandra pencha sa tête légèrement sur le côté pour mieux le regarder et pour mieux juger de sa maigreur. Elle pensa alors qu’il ne pouvait pas avoir comme maître le professeur Hagrid, car il soignait bien ses animaux.

Tu t’es échappé de chez ton maître ? demanda-t-elle en se rapprochant un peu de lui,mais en ne le touchant pas. Tu dois mourir de faim…, si tu m’attends je pourrais te ramener quelques choses à manger, quand penses-tu ?, lui demanda-t-elle en le regardant.

La jeune Gryffondor savait que les chiens étaient très intelligent et que pour certain, il comprenait absolument tout ce qu’on leur disait. Elle avait même pensait un instant qu’il pourrait être un chien de cirque, mais que viendrait-il faire ici ?

Sirius tressaillit légèrement quand Alehandra s'approcha de lui, mais il ne bougea pas; seule sa queue cessa ses mouvements effrénés, par pur instinct. Lentement, le chien pencha sa grosse tête hirsute sur le côté, leva une oreille, baissa l'autre: une parfaite mimime d'incompréhension, à la limite du comique. Un maître? Non, mais! Certes, il était un bagnard, mais alors un chien domestiqué, ça jamais!

Il avança un peu vers la jeune fille, s'assit devant elle, montrant par là qu'il n'y avait rien de féroce en lui - dans cette situation, du moins. Son regard humide suivait les contours de ses joues, s'arrêtait sur le lit de ses larmes sechées qui laissaient une petite marque sur son visage angélique. "Pourquoi pleures-tu?" semblait-il demander.

Il voulut lui lapper la main pour la consoler mais fut interromput par une certaine pensée...

Manger!? Brusquement, le chien bondit sur ses pattes, sautilla plusieurs fois, tourna sur lui même comme aveuglé par une folie étrange (la faim!). La langue pendante, il cabriola en courant après sa queue, campa ses pattes, tourbillonna. C'était un oui catégorique, mais comme pour prouver à Alehandra qu'il avait vraiment faim, il se précipita vers elle, posa ses pattes douces sur les genoux de la demoiselle, la langue toujours tendue, les yeux électriques dans ceux de la Gryffondor. A présent, il ne pensait plus au danger qu'il encourait.

Alehandra sourit en voyant le chien devenir comme fou, à la simple évocation du mot nourriture, elle le repoussa donc gentiment, puis se leva doucement pour ne pas l’effrayer.

Je reviens, dit-elle en quittant l’endroit où elle c’était réfugiée pour y revenir une vingtaine de minutes plus tard les bras remplis de cuisses de poulet et d’un jambonneau fumé. Je sais que les chien aime mieux la viande froide, mais tout était déjà cuit pour le repas de ce matin, lui dit-elle en déposant le tout sur sa cape qui se trouvait au sol. De toute façon, elle est salle alors…, dit-elle avec un léger sourire sur les lèvres.

Elle se recula ensuite pour ne pas déranger le chien et l’observer manger, elle avait envie de le caresser mais s’abstint de le faire, ne sachant pas vraiment les réactions de l’animal.

*J’espère qu’il aimera*, pensa-t-elle en baissant les yeux.

Sirius se fit repousser sans broncher, mais observait toujours Alehandra d'un air affamé. Il lui fit un petit air de chien battu - collant parfaitement à son lui intérieur... - totalement vain lorsqu'elle dit qu'elle revenait, et dut donc attendre dans la forêt, avec son ventre qui criait famine.

Ce temps solitaire refroidit considérablement son enthousiasme en quelques secondes à peine. Dorénavant seul, il réfléchit à ce qu'il venait de faire, aux erreurs qu'il avait commis. Il aurait du s'enfuit en la voyant, pas se laisser amadouer... Et si elle allait dire à quelqu'un qu'elle avait rencontré un chien étrange? Et si elle ramenait un camarade?! Il serait fichu! Il devrait retourner à Azkaban!

Il grogna pour lui même en tournant autour d'une souche mangée aux mites, réfléchissant à la question à l'aide de son cerveau canin, ce qui fut chose difficile. Il pouvait bien attendre... et voir...

20 minutes plus tard, ses remords s'envolaient comme par magie, et il se remit à sautiller partout. Il n'attendit même pas que toute la nourriture soit déposée sur la cape pour se mettre à dévorer avidement les cuisses de poulet. Certes, ce n'était ni très propre, ni très silencieux, mais cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas aussi bien mangé! Quelques morceaux fusèrent ça et là, et l'herbe de la forêt fut arrosée de bave ou de sang de poulet, mais voir Sirius manger d'aussi bon coeur était une récompense en soi, non?

Le chien noir tourna vers Alehandra un regard rempli de gratitude, puis se décala légèrement sur le côté, comme pour lui laisser, si elle le désirait, la place de manger avec lui.

Alehandra vit que le chien qui se décalait comme si il lui de la place pour elle manger, elle sourit mais n’y alla pas.

Ca me fait plaisir de te voir manger, comme ça, lui dit-elle avec un léger sourire, ne soit pas vexé mais je n’ai pas envie de manger en ce moment, lui dit-elle en se rasseyant sur le sol pour regarder le chien tout dévorer.

La jeune Gryffondor avait compris que l’animal n’était pas un animal ordinaire, car il comprenait absolument tout ce qu’elle disait. Mais étant d’origine moldue, la jeune fille ne pensa pas un seul instant qu’il s’agissait d’un animagus. Elle s’imaginait juste que le chien devait appartenir à un sorcier et qu’il l’avait s’en doute éduqué ou qu’il lui avait jeté des sorts pour qu’il sache ce qu’il disait.