rencontre [PV]

Pour Elisha, vivre la nuit était aussi naturel qu'à certain de jouer au ballon. Ayant toujours été en déplacement à cause de ses parents, ils dormaient le jour, voyageaient (et volaient) la nuit.Elisha y était habituée et avait commencée, dés l'âge de cinq ou six ans à connaître les manières des ivrognes, à se faire accepter dans des lieux mal famés et à les fréquentés regulièrement: cette vie lui convenait pour le moment.

Ce soir là, aux alentours de onze heures ou minuit, elle était déjà dehors depuis un bout de temps. Elle était sortit dés le crépuscule, pour aller marcher au frais; tel était le rythme de sa vie. Bien qu'il fut plus qu'irrégulier, une chose revenait sans cesse, avec obstination: ses sorties nocturnes, depuis qu'elle n'avait plus de comptes à rendre rythmaient ses nuits.. Et là, il en était justement question. Elle était donc sortit en début de soirée, pour oublier ses problèmes, ses remords, ses regrets, son boulots...juste pour oublier. et elle était heureuse...non, joyeuse, plutôt. Car quand on est heureux, on l'est pour longtemps, alors que la joie est un sentiment bref et intense. Bref, elle était joyeuse car, tout en ne se sentant pas forcémment bien, elle se sentait reposée et sereine. En ce oment même; elle était sur le chemin menant de Poudlard à Prés au Lard, car c'était sur ce petit chemin que se trouvait son appartement. Les yeux félins de Elisha brillaient dans la nuit, perçant l'épaisseur de celle ci sans grande difficulté. Elle s'arréta un instant pour respirer:d'ici, elle pouvait percevoir 'odeur de la forêt dite interdite et elle se remémora aussi celle des jardins de l'école. L'odeur qui se dégageait de la forêt était différente de celle des jardins de Poudlard. A Poudlard, on sentait l'herbe fraîchement coupée, les arbustes et les moindres buissons disciplinés par un sécateur et les arbres mêmes sentait un peu l'homme. Dans la forêt et dans ses alentours, c'était différent. Une odeur sèche et humide à la fois s'échappait de l'herbe indisciplinée, longue et emmélée. Les ronces et les racines inconnues de beaucoup dégagée un parfum aigre et acide. Les arbres sentaient la nature, les buissons étaient comme rebelles, empiettant les uns sur les autres. Les ronces entremélées au sol semblaient un labyrinthe inextricable, et dans le coeur de la forêt se dressait chaque pleine lune des loup garous lacérant de leur puissantes griffes les troncs nus des arbres imposants. Comme une carresse pour eux...La forêt sentait la nature et la liberté, la puissance des idées et l'écrasante victoire du naturel sur le sophistiqué. Tout ça, c'était Elisha, c'était une partie d'elle même, c'était ce qui l'avait rendut si calme et maîtresse d'elle même lorsqu'elle avait pénétrée dans cet espace pour la première fois. Perdue dans ses pensées, ce qui ne lui arrivait pas souvent, elle sortit de sa réverie et se dirigea d'un pas elastique et rapide vers Prés au Lard. Elle était vêtue d'une longue cape noire et la tête recouverte d'un capuchon noir également.

Elle prit le chemin poussièreux menant à Pré au Lard. Ici, sur ce chemin dépourvu d'arbre, la lune presque pleine éclairée un minimum le chemin un peu caillouteux sur lequel évoluait Elisha. Elle reflétait une lueur laiteuse, pâle et fantomatiques. Le vent sifflait dans les arbres proches et les ombres des nuages étalaient leur imposante silhouette sur le chemin déjà sombre. Les feuilles mortes craquaient sous ses pas et elle resserra encore un peu plus sa grande cape. Tout cela était familier à Haley, mais elle ne put tout de même empêcher qu'un frisson lui parcours l'échine. Elle arriva bientôt en le lieu familier qu'était Pré au Lard et tout son corps se relacha.

Elle resta à l'entrée du village, à observer le manège vu des millier de fois. Les rires gras des ivrognes fusaient, les jurons des hommes déjà biens éméchés jaillissaient, les bruits de vomissements des sorciers imbibés de vins retentissait: tel était Pré au Lard, la nuit. C'est pourquoi, même si elle était habituée à tout cela et qu'elle se savait capable de se défendre, elle méttait une grande cape recouvrant ses formes et sa tête féminine. Elle faisait bien de faire ça. En effet, au bout de seulement quelques pas, plusieurs mendiants et ivrognes étaient déjà accrochésà sa cape, certains réclamant une petite pièce, d'autres ricanants en tenant une baguette à moitié cassée dans leur main pas trés sure. Si elle avait montrée qu'elle était une jeune femme de tout juste ving et un ans, ces badauds complètement saouls auraient essayés...bref, elle savait que mettre une cape pouvait lui servir. Elle se dégagea d'un brusque coup de pieds des ivrognes accrochésà sa cape et se dirigea d'un pas rapide vers la Tête de Sanglier, le deuxième bar le plus populaire de Pré au Lard mais aussi un des plus fréquenté par des gens douteux. Elle passa sans un regard devant l'enseigne colorée annonçant "Les Trois Balais". De un, il était fermé à cette heure avancée de la nuit et deuxièmement, les personnes le fréquentant étaient eaucoup moins interessantes. Elle y faisait un tour de temps en temps pour boire une bièrre au beurre mais sinon, elle préférait la tête de sanglier. Elle était à présent arrivée devant le bar, comme elle l'appeler, ou la taverne, l'auberge...que des termes vielliots pour designer cet endroit aprés tout, sale et miteux. Ellle sortit sa longue main blanche de sous la cape pour pousser la porte du bar. A peine la porte fut elle ouvert qu'une odeur de cigarette et d'alcool l'assaillit; cela ne la dérangea guère. Elle entra d'un pas décidé dans la salle enfumée et la balaya du regard. Il était rempli de personnes toutes plus bizarres les unes que les autres: un homme (ou une femme?) était assis(e) à un haut tabouret prés du bar,le corps à peine recouvert d'un voile blanc, la tête recouverte d'une caguoule violette, et buvait à petite gorgée un liquide ambré. Deux gobelins était assis à une table et parlaient dans une langue étrangère, tout en absorbant à grandes goulées un liquide rouge vif crachant de petit panache de fumée orange. Sans parler des sorciers, la plupart encapuchonnés comme Elisha, qui était pour la plupart saouls ou endormis sur les tables. Seul trois ou quatre personnes semblaient encore maîtresses d'elles même. Elisha s'approcha, le capuchon recouvrent toujours son visage, du bar déjà bien peuplé. Le vieux patron à moitié chauve lui demanda d'une voix chavrotante ce qu'elle voulait boire. Elisha répondit, tout en posant trois mornilles sur le comptoire:

"Un whisky pur feu"

Le patron regarda avec un regard étrange la personne lui faisant face, mais ne posa pas de question.Elisha ne douta pas un instant que ce vieux patron ait reconnu la jeune femme qui se cachait sous le capuchon, mais il ne fit aucun commentaires et empocha une mornille, laissant les deux autres sur le comptoir crassseux. Il apporta une chope de whisky que Elisha saisit avant de la boire rapidement, sans reprendre sa respiration. L'alcool ne lui faisait d'effet qu'en grande quantité et elle but donc ainsi deux chopes de plus. En saisissant la quatrième, elle se contrôla tout de même et emporta la chope avant de se diriger vers la seule table libre du bar, une table minuscule et crasseuse, entourée de trois chaises bancales. Elle se laissa tomber sur une des chaises en observant ce qu'il se passer autour d'elle. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait vide, affreusement seule.

September était rentré d'une dure et longue journée de travail et de recherches sur Poudlard comme sur lui-même... Il était terrassé, épuisé comme à son habitude et avait surtout horriblement faim.

La petite collation qu'il s'était octroyée hier soir ne lui avait manifestement pas suffit... Son ventre grognait encore, protestant contre le vide qui faisait place peu à peu dans son estomac.

Le jeune homme poussa un profond soupira, passant une main sur ses cheveux blonds. Il était enfin arrivé à Pré au Lard et la seule pensée de devoir remettre les pieds chez lui lui donnait la nausée.

Il se serait volontiers tiré une balle dans la tête pour ne pas avoir à subir cela une fois de plus...

Il décida alors qu'il allait ralonger un peu sa nuit. Certains bars fermaient tard, il avait eu l'occasion de le voir, cela serait l'endroit rêvé pour un peu de "chaleur humaine" et le droit à l'oubli.

Il leva donc la tête et aperçut au-dessus de lui l'enseigne représentant une tête de sanglier. Il observa un instant l'endroit à travers les vitres salies puis décida que, finalement, il ne trouverait sans doute pas mieux à cette heure... Peut-être pourrait-il même négocier de quoi boire et manger ?

September Quint poussa la porte et entra dans une espèce de salle enfumée, ou des vapeurs d'alcool et d'urine se mélangeaient à l'odeur de la sueur. L'écrivain plissa le nez et passa discrétement une main sur son visage pour ne plus en respirer l'éfluve... Jetant un bref regard alentour, il se pencha d'instinct et se dirigea vers le bar.

Là, un curieux personnage -qui devait certainement être le patron de cet infâme endroit- le regarda un instant, basculant sa tête de côté afin de mieux le détailler.

September, avec son physique juvénile et ses habits de moldu rangé, décida de s'asseoir sur le tabouret entre deux ivrognes éméchés. Il ne passait décidemment pas inaperçu...

Le tavernier le remarqua bien et eut un sourire amusé. Reniflant bruyamment, crachant sur le chiffon qu'il tenait, il "nettoya" son comptoir tout en gouaillant un odieux :

"Qu'est-ce que j'vous sers ?".

A ces mots, September sortit de sa torpeur et de ses réflexions. Il faut dire que l'endroit l'avait quelque peu refroidi et le seul moyen qu'il avait encore trouvé pour échapper à cette écoeurante ambiance fut de laisser vagabonder son esprit. Il répondit alors, jetant un coup d'oeil aux tarifs des consommations :

"Donnez-moi une bière brune ainsi qu'un sandwich, s'il vous plait !".

A ces mots, l'homme le considéra du coin de l'oeil et sur un sourire goguenard. Les autres buveurs installés à côté de lui se mirent à ricaner.

"Euhh... on fait plus la restauration à c't'heure-ci, mon brave ! Si tu veux bouffer, va falloir t'adresser ailleurs...".

September lui lança un mauvais regard et fronça les sourcils. Il voulut se lever mais il s'en empêcha, préférant se rasseoir et rester gentleman.

"Ehh, patron ! Fit l'un des hommes assis près de lui, c'est ti pas qu'il commençérait à devenir un grand ce jeunot-là ! Tu vois ? Pas de barbe au menton et déjà une brune, bah mon cochon !".

Il applatit sa grosse main graisseuse sur l'encolure de September. Le jeune homme s'en défit d'un léger mouvement sur une grimace irritée.

"Faut pas t'énerver comme ça, mon gars ! Allez, va ! Prends donc ta bière !".

La fameuse bière apparut rapidement sur le comptoir. La mousse qui s'en dégageait laissait filtrer à sa surface des volutes de fumée blanchâtre. September s'en saisit mais non pas pour la boire plutôt pour s'en aller. Il se leva, descendant du tabouret où il était juché, sous un brouhaha général qui marquait l'indignation feinte des poivrots alentours.

"Bah alors ? L'est pas content l'touriste ? Railla le tavernier, j'fais pas la bouffe à c't'heure-ci, j'fais pas la bouffe à ct'heure-ci c'est tout ! Va t-en pas m'en faire une montagne !".

September ne lui répondit même pas, bousculant légèrement les personnes installées çà et là pour se ridiger vers une table où il serait plus tranquille -en effet, il n'y avait qu'une personne encapuchonnée là-bas... Mais, à peine fit-il quelques pas que déjà le tavernier reprenait de sa voix rauque :

"Ahh la laa... ces touristes ! Dis-moi, faut apprendre à te décoincer un peu, mon bonhomme ! P'tit moldu, va !".

Les autres se mirent à rire tout autour de lui et September serra dents et poings. L'autre reprit de plus belle, accompagnant leurs railleries de moqueries bien senties.

Brusquement, et tandis que l'aubergiste s'apprêtait à éclater de plus belle, la pointe d'une baguette de sorcier vint à se ficher juste sous son nez et ce sans que l'immonde personnage ne s'en aperçoive...

Le patron s'arrêta brusquement et tendit un regard peu rassuré alors qu'il hoquetait déjà ses derniers rires. Il jeta un regard blême à la personne qui le tenait en joug. Cette dernière sourit :

"Vaudrait mieux pas que tu continues, vieux saoulard ! Souffla Quint d'une voix mauvaise, encore une blague comme cela et je t'éclate ta sale tête d'ivrogne, compris ?".

Un long sifflement se fit entendre à travers toute la pièce, certains des hommes et des femmes ici considérant l'aubergiste d'un oeil narquois, attendant à présent sa réaction !
Cela devait les amuser de voir leur "patron" se faire avoir par un "petit jeune" comme l'était September. Mais, après tout, il n'en avait rien à cirer !

"Fais pas le c**, je plaisantais... reprit le tavernier, c'était juste une blague, tu vas pas te foutre en boule pour ça, si ?".

"Je me fous en boule pour ce que je veux ! Et là tu viens de me traîter de moldu ! Sale fasciste !".

Son regard était de braise ! Il plissa les yeux. Mille étincelles brûlantes faisaient pétiller ses prunelles d'azur ! September était prêt à tout, particulièrement sérieux et déterminé. L'autre ne trouva rien d'autre de mieux que de lever les mains en l'air...

"Ok... ok... je retire ce que j'ai dit, t'as gagné ! Je retire, compris ? J'ai rien dit, ça marche !".

"Mais encore ?".

Et là, le patron s'indigna :

"Comment "mais encore" ?".

L'autre hocha lentement la tête d'un air dépité.

"Bon, j'avais cru. En-do...".

"Non !! Attends, non !! Non, fais pas l'idiot ! Ca va ! Ca va ! Je te le prépare ton sandwich, ça va ! No problemo, mec, no problemo !".

September eut un léger sourire en coin qui fit davantage ressortir son côté gamin espiègle. Dans son esprit, il se dit aussitôt que ce petit stratagème de desperados marchait toujours très bien...

Il n'arrivait pas à croire que l'on puisse encore se prendre à ce petit jeu de môme !

"Assieds-toi où tu veux, l'ami ! Lui proposa l'autre, tiens là-bas, y a une table pour toi !" (il désigna l'endroit où était assis la personne encapuchonnée).

September, voulant se donner un air de circonstance, avala une lampée de sa bière tout en fixant l'homme d'un regard dangereux et assuré. Il hocha brièvement la tête puis baissa dans un même temps sa baguette.

Sans rien ajouter et sur le regard plutôt inquiet et hagard des autres clients de la gargotte, il se dirigea vers la place que l'aubergiste lui avait indiqué et alla s'asseoir en face de la silhouette noire au verre de whisky...

Elisha était assise depuis une dizaine de minutes et buvait à petites gorgées son whisky. Elle observait avec un amusement croissant les bagarres alentours, les engueulades et, dans son esprit de journaliste en herbe s'amusait à échaffauder de petits articles augmentant la violence et l'impact de ce qui se passait pourtant tous les jours. Pourtant, depuis quelques temps, cela l'ennuyait; avant, plusieurs voyageurs de passage et venant de tous les pays immaginables (et inimmaginable) passait dans ce bar, mettant un peu de piment dans la routine quotidienne. Effectivement, ceux qui ne venait là que pour regarder s'en trouvait réjouit et les "habitués" (comme aurait dit un moldu) était heureux de pouvoir lancer quelques railleries, faisant ainsi travailler le peu de répartie que pouvait encore contenir leurs cerveaux embrumés par l'alcool. En tous les cas (ou presque), Elisha avait souvent gardée un ecxellent souvenir des rencontres faites avec ces voyageurs. Effectivement, ils étaient souvent trés bizarre et difficile à cerner et Eliha adirait ça.

Perdue dans ces pensées peu constructives, Elisha en fut tirée lorsqu'un coup de vent violent, froid et piquant vint l'assaillir de tous côtés. Elle releva la tête, qu'elle avait plongée dans son whisky pour voir entrer un homme au visage enfantin et à l'air angélique. Bizarrement, il lui fut immédiatement antipathique et un tremblement lui agita imperceptiblement la main et elle suivit l'homme du regard. Il n'avait pas l'air de venir souvent dans des bars. Premièrement, parcequ'i fronça le nez dès qu'il fut dans la salle et deuxièmement parceque des cernes gros comme des valises cernaient ses yeux et que, en ce moment, sa place eut surement été dans son lit. Elle eut un petit rictus de mépris lorsqu'il se passa le main sur le visage, comme si tous ces ivognes sentaient trop mauvais pour lui. C'était peut être vrai mais dans ce cas, on ne rentrait pas dans un bar...

Elle le suivit des yeux losrqu'il se dirigea vers le bar et observa avec dédain la scène qui s'ensuivit. Il se pensait surement mieux que toute personne fréquentant ce bar... Elle vit que, à plusieurs reprises, il avait tourné ses yeux vers elle (ou vers sa table) et pensait avec force:
*Ne viens pas t'assoir là mon bonhomme, reste avec les saôulards qu'ils t'apprennent un peu la vie Allez...*
Elle se resigna lorsqu'elle le vit se diriger à pas leger vers la table où elle même était déjà assise. Elle méprisait ce qu'il venait de faire au plus haut point. Cela s'appeler de la suffisance, de l'immaturité...Effectivement, réagir ainsi et aussi fort à des titillements sortis tout droit de la bouche d'ivrogne s'appelait pour le moins être resté gamin. Deuxièmement, si le patron ne faisait plus à manger à cette heure ci, c'était pour un raison mais lui n'était apparement pas capable de le comprendre. En dernier recours, pet être érait ce juste une mise en scène; et c'était bien pire. Elle fronça le nez avec exaspération lorsqu'il vint s'assoir à sa table en la fixant. Elle ne chercha même pas à déguiser sa voix; le patron les fixaient. Elle lui dit d'une vois parfaitement neutre:
"Je me demande ce que vous faites encore ici et en plus, assis à une table déjà occupée. Aprés ce que vous venez de faire, je me demande commment vous faite pour ne pas avoir honte. Ca doit s'appeler l'arrogance..."

"Je me demande ce que vous faites encore ici et en plus, assis à une table déjà occupée. Aprés ce que vous venez de faire, je me demande commment vous faite pour ne pas avoir honte. Ca doit s'appeler l'arrogance..."

A ces mots, les lèvres de September s'élargirent en un grand sourire laissant apparaître des dents blanches et éclatantes. Il laissa échapper un petit rire rauque puis répondit :

"De l'arrogance ? Certainement et j'aime ce concept ! Me faire marcher sur les pieds par de vulgaires pisse-bière ne m'a jamais vraiment plu à vrai dire...".

Il avala une dernière lampée de cet affreux breuvage qu'on lui avait servi. Une sorte de jus de chaussette qui ne valait pas une bonne vieille guinness selon lui.

Observant un peu plus le liquide contenu dans le fond de sa chope il le fit tournoyer, amusé de voir que la fumée répondait en de plus gros et plus épais volutes. Il la reposa ensuite et jeta un regard candide à la personne qui lui faisait face.

"Vous ne semblez pas super ravie que je fasse "tache" dans le décor ! Qu'est-ce qui vous gêne ? Que je sois assis avec vous ? Que je vous fasse honte devant vos p'tits copains ?".

Il ricana puis lança un coup d'oeil par-dessus son épaule. Il sourit, voyant que l'aubergiste commençait à préparer son sandwich.

"Laissez-moi rire... Haha, je me marre ! Regardez-les ! La moitié ne tient même plus debout ! Qu'est-ce qu'ils en auraient à fiche que je sois assis face à vous ? Qu'est-ce que mon petit numéro a bien pu leur faire ?...".

Il s'interrompit soudain. Le tavernier arrivait vers eux un sandwich fait de viande qui s'apparentait à du lard fumé et de la salade qui ressemblait davantage à de l'algue qu'autre chose.

September se bascula en arrière afin de le laisser poser le plat sur la table puis l'homme disparut, laissant derrière lui une petite note griffonnée.

"10 mornilles", la note restait sèche. Le jeune homme sortit son porte-feuille de la doublure de sa veste en cuir et y chercha l'argent. Il nota que la femme le fixait toujours...

Il posa ainsi son argent sur la table, comptant soigneusement les pièces. Etrangement, la bière avait eu sur lui l'effet d'un coup de massue et il avait grand mal à se concentrer. Peut-être était-il même en train de rougir à l'heure qu'il était...

Le jeune homme se reprit et déglutit lentement. Garder l'estomac vide et le remplir avec de l'alcool avait été finalement une très mauvaise idée. Il entreprit d'éponger sa faute avec son sandwich, mordant avidement dedans.

Une fois quelques bouchées avalées, Quint passa son mouchoir de poche sur ses lèvres, s'essuyant préalablement. Une fois ceci fait, il reposa le tout sur la table et fixa à nouveau la demoiselle, une vive étincelle brillant dans ses yeux clairs et purs.

"J'apprécie votre patience et votre compréhension ! N'importe qui me voyant arriver à sa table et, surtout une femme, m'aurait giflé avant même que je n'ai eu à bouger le petit doigt !

Vous n'avez pas dû oser pour ne pas vous faire repérer, je suppose... Cela dit, ça serait moche de se faire griller par l'un de ses hommes ! Dieu sait ce qui pourrait leur passer par la tête ensuite !".

Il lui fit un clin d'oeil insolent.

"Mais d'ailleurs, que fait une jeune femme assise ici toute seule ? Moi, c'est pour pouvoir boire et manger, mais vous avec vos allures de Nazghul ?...".

Un large sourire s'épanouit à nouveau sur le visage d'enfant de September. Plus il s'étirait, plus il avait l'air d'un espèce de farfadet sorti tout droit d'un quelconque arc-en-ciel !

Elisha avait, au début, regardé avec un rictus de plus en plus persistant de mépris gravé sur son visage. Maéis elle avait aimé sa réponse; arrogant...Cependant, sa version et sa façon de voir les choses sur les "pisses-bières" ne lui plaisait guère. Elle attendit qu'il ait finit sa tirade interminnable puis répondit à son tour:

"!!mh...Que vous soyez arrogant ne me gêne pas le moins du monde, j'éspère que vous l'aurez compris. Cependant, si ces "pisses-bières" sont ici, entrain de cuver leur vin à l'aide d'un peu de whisky en plus, c'est peut être qu'il y a une autre raison que celle ne ne pas avoir travaillé à l'école. Reflechissez y...Deuxièmement, bien que rien ne m'oblige à me justifier, je vous preciserez que ce n'est pas à cause de ce que les gens vont penser de moi que cela me gêne de vous avoir en face de moi, mais plutôt parceque, bien que je n'ai rien contre l'arrogance, je ne supporte pas l'égoisme. Et vous suintez ce défaut de partout...Je vous laisse vous marrez, je reviens."

Elle se leva rapidement et s'éloigna d'un pas élastique vers le comptoir. Elle posa son verre vide sur le comptoir et accosta avec animosité le patron:

"Un autre. Vite."

Le tavernier la regarda avec unsourire narquois auquel elle ne prêta guère attention avant de la servir ave empressement. Lorsqu'il posa son verre sur le comptoir, il se pencha au dessus de son oreille; une haleine puante et avinée la saisie à la gorge mais elle ne bougea pas; le tavernier lachâ ces mots:

#Une jeune femme comme vous ne devrez pas être seule ici. C'est dangereux#

Un ricanement vint ponctuer cette phrase qu'il devait penser menaçante. Pour toute réponse, elle but d'un trait la moitié de son verre de whisky et lui dit, sur le ton de la conversation:

"Ecoute, si tu vois un problème à ce que des femmes fréquente ton bar, dis le, et je me ferais un plaisir de vider les lieux; mais attention à ce qui se passera aprés. Deuxièmement, la plupart de tes clients son beaucoup trop avinés pour remarquer que je suis une femme. Un autre"

Le patron miteux du bar pas tellement plus luxueux lui répondit d'une voix suave:

#O.K cocotte, faut pas t'énerver comme ça#

Une étincelle de dedain illumina les yeux de Elisha, qui se demandait tout simplement si ce vieux patron se souvenait encore de ce qu'était une femme. Elle retourna s'assoir avec un nouveau verre pour retourner à sa conversation. Ne doutant pas un instant que l'homme assis en face d'elle n'avait pas perdu une miette de la conversatio n, elle ne se donna même pas la peine de répondre à la dérnière question qu'il avait posé. Cependant, elle se donna la peine de répondre à celle d'avant avec un certaine exaspération:

"Je ne suis ni patiente, ni compréhensive. Je sais seulement garder le contrôle de mes nerfs. Et ce qui leur passe par la tête ne m'effraie absolument pas. J'ai un niveau de magie assez élevé et ils sont tellement sqaouls qu'ils ne seraient même pas capables de prononcer correctement la formule; je ne suis même pas sur que la moitié d'entre eux aient une baguette en bonne état...ou une baguette tout court d'ailleurs."

Elle fit une pose de quelques secondes pour boire son whisky et risqua un coup d'oeil dans le verre de l'homme. Un liquide marronasse y baignait dans des panaches de fumée. Elle eut une moue de dégoût et demanda:

"Comment faites vous pour boire une bière périmée?"

EFfectivement, elle savait de source sure que, comme peu de personnes venaient ici dans l'espoir de se "desalterer", ils prenaient souvent quelque chose de plus fort. Donc, la bière devaient bien macérer ici depuis une quinzaine d'année. Une ombre de sourire lui éclaira le visage et elle continua:

"N'espérez pas que votre envie de vomir s'arrangera avec le sandwich qui ne doit pas être là depuis moins longtemps"

Un petit rire cristallin sortit de sa gorge et elle changea de sujet:

"Au fait, je deteste vouvyer les gens. Donc, tu m'excusera, mais je vais te tutoyer."

C'était vrai, elle détestait vouvoyer les gens. Certains l'acceptait, d'autres pas. Ces autres, elle arrêtait la conversation avec eux aprés leur avoir dit ce qu'elle pensait. Elle demanda, alors que l'homme en face d'elle devenait un peu plus pâle chaque seconde:

"Tu ne t'est pas présenté; et je ne sais toujours pas ce que tu fais dans la vie."

Lorsque la jeune femme s'était éloignée de lui pour aller jusqu'au comptoir et demander un autre verre, September l'avait fixé avec un regard amusé et impressionné.

Elle avait su lui répondre correctement et avait dit exactement ce à quoi il s'attendait. Il s'apprêtait à lui envoyer une remarque cinglante lorsqu'elle revint, mais quelque chose au fond de lui l'empêcha de le faire...

September sentit que son ventre commençait à se comprimer lentement et à faire d'étrange gargouillis. Et, tandis que la jeune femme lui disait du ton le plus venimeux et narquois possible qu'il venait d'avaler quelque chose de périmé, son sourire sardonique s'effaça de son visage et ne laissa plus que l'empreinte d'une pâleur cadavérique et le hale d'une fièvre naissante...

September n'entendit pas la question qu'elle lui posa; ou alors très vaguement. Il se contenait de toutes ses forces, tâchant de garder ses manières tandis qu'il commençait peu à peu à manquer d'air et à sentir comme un douloureux poids sur l'estomac.

"Se... September... co... comme le mois...", murmura-t-il d'une voix sèche et pâteuse. Il ne sut pas pourquoi il avait fait cette comparaison idiote, mais il l'avait faite !

Une douleur affreuse commençait à lui broyer les intestins, remontant lentement jusqu'à son coeur. Le jeune homme pressa alors sa main contre sa poitrine -son teint virant à présent au vert.

"Que... qu'est-ce que ça peut vous f**tre d... de toute f.... façon ? J... j'vais crever m... maintenant...".

A cette phrase, les piliers de bars qui l'observaient jusqu'alors éclatèrent de rire, vite rejoints par les éclats graves et gras du patron de l'infâme taudis.

Sa tête lui tournait et il n'avait d'autre choix que de faire ce dont la demoiselle lui avait parlé tout à l'heure... Pas d'autre alternative, il ne pourrait lutter ! D'ailleurs, il n'en avait pas la force !

Mais dans quoi s'était-il encore fourré ?

Il se leva alors brusquement, des grosses gouttes de sueurs suintant le long de son visage, suffoquant à mesure qu'il essayait d'inspirer et d'expirer.

"E... excusez-moi...", murmura-t-il à nouveau, puis il n'attendit plus une seconde de plus et se jeta à travers la pièce à la recherche de la sortie...

Une fois qu'il eut trouvé la porte, il l'ouvrit à la volée et sortit au grand air. Une brise fraîche et réconfortante s'empara de ses narines, douce amie salvatrice qui venait pour le rassurer, juste avant qu'il ne rende tout ce qu'il avait ingurgité...

Compressant son ventre sous ses bras, à genoux dans la boue, il releva progressivement la tête alors que l'envie de vomir disparaissait peu à peu.

Se détournant à demi vers la petite taverne illuminée et enfumée, il vit que quelques personnes passaient des regards curieux dans sa direction. D'autres ne purent retenir des ricanements de satisfaction.

"C... c'est ça.... mo... moquez-vous..., souffla September tout en se relevant péniblement, mo... moquez-vous de moi...".

Il tituba et manqua tomber à plusieurs reprises. Les rires gras et heureux redoublèrent d'effort à chaque pas hasardeux...

Se rendant alors compte que penser sa mort toute proche avait été particulièrement démesuré compte tenu de la situation, September ne put s'empêcher de rougir tandis qu'il essayait de regagner sa place bon gré, mal gré...

Restant debout, il se mit à recompter les pièces qu'il avait donné à l'aubergiste les reprenant à présent une par une...

Un éclair d’amusement éclaira les yeux limpides de Elisha. Devant elle, ce cher Monsieur se décomposait lentement. Tout d’abord, ce furent ses yeux qui trahirent son étonnement, puis son indignation et enfin, la douleur. Ensuite, son sourire suffisant disparut de son visage se couvrant peu à peu d’un fine sueur (froide ?). Et plus ce sourire disparaissait, plus celui de Elisha s’agrandissait. Sa pâleur fit bientôt place à une couleur verdâtre peu rassurante mais qui n’inquiéta pas Elisha le moins du monde ; en effet, elle était presque certaine que tout se jouait dans la tête (ou du moins une très grande partie). Car, si elle ne lui avait pas dit une petite partie de ce qu’elle savait sur ce bar, en serait il maintenant à ce point ? Elle était persuadée que non…Dans sa tête, elle se dit :

*Eh oui mon coco, à force de faire le malin, on se laisse prendre à son propre jeu*

Elle entendit ce qui ressemblait à un gargouillement et soupira ; si il ne se forçait pas à rendre ce qu’il avait avalé, elle allait y passait la nuit et lui aussi. Un petit air d’exaspération empreint sur son visage, mais les yeux toujours pétillants, elle écouta avec un mépris non dissimulé la réponse de ce cher Monsieur …September, apparemment…comme le mois. Un sourire narquois s’étala sur son visage en entendant le ton et cette comparaison douteuse. Il grimaçait et Elisha se demanda un instant si il ne faisait pas un peu de cinéma ; elle en conclut que non lorsqu’elle se souvint d’une indigestion qu’elle même avait eu il y avait une dizaine d’années. En entendant ce que dit ensuite September, c’est son visage à elle qui se crispa et elle se pencha afin qu’il n’ait aucun mal à entendre ce qu’elle allait lui dire :

« De un, arrête ton mélo ; tu ne vas sûrement pas mourir, cela s’appelle une indigestion. De deux, j’ai remarqué que tu perdais vite tes belles manières lorsqu’il t’arrivait ne serait-ce qu’un petit mal d’estomac. Pour finir, ce n’est que grâce à ta tête de cochon que tu en est là alors épargne moi ta mauvaise humeur et ta vulgarité ! »

Elle laissa échapper un petit rire lorsqu’il se dirigea en titubant vers la porte d’entrée et lorsqu’elle entendit le rire des badauds et de ses régurgitations, la petite lueur d’espièglerie s’intensifia. Cependant, lorsqu’il rentra pour reprendre ses pièces à l’aubergine, elle sentit une vague de colère monter en elle et elle se leva rapidement. Elle se dirigea d’un pas énergique vers September et s’interposa entre lui et le comptoir ; d’un geste vif auquel il ne s’attendait pas, elle lui reprit les pièces pour les reposer sur le comptoir et lui souffla :

« Si tu en est là, ce n’est que de ta faute. Tu as fait tout un cinéma pour qu’on te donne ce que tu demandais sans même te poser de question ; tu l’as eu et il est normal que tu paye. Dans cette histoire, tu ne peux t’en prendre qu’as toi même et à ton ego un peu trop développé. Ce patron, tu l’as menacé et tu as eu ce que tu désiré ; tu l’as payé, c’est normal. Maintenant, tu arrête tes caprices de gamins trop gâtés et tu sors de là ; ou tu retourne t’asseoir, comme tu veux. Tu as fait une faute, et être adulte, ça veux dire la reconnaître. ».

Ses yeux brillaient d’un éclat incertain se baladant entre colère et haine. Effectivement, cet homme lui faisais de trop penser à son père (qu’elle ne supportais pas). Elle fit demi tour dans un claquement de talons et retourna s’asseoir. Les rires gras s’étaient arrêtés et quelques paires d’yeux la fixait mais elle les ignora ; demain, personnes ne se rappellerait de ce petit accident. Elle se rendait compte qu’elle venait d’engueuler un homme comme un gamin mais elle n’en avait aucun remords. Après tout, au pire, il n’en ferais qu’à sa tête, reprendrait ses sous et s’en irait ; elle espérait juste que cela ne fut pas le cas. Elle l’avait sûrement blessé et l’ « arrogance » dont il était si fier en avait sûrement pris un coup mais après tout, elle avait parfaitement raison. Et qu’il s’en rende compte ne ferait que le rendre un peu plus acceptable. Elle alluma une cigarette et finit son verre d’un trait en guettant du coin de l’œil sa réaction, qui tardait à arriver.

Les regards qui s'étaient figés sur la jeune demoiselle passèrent rapidement sur le trouble faite qu'avait été September durant ces quelques minutes.

Vexé et énervé que la jeune étrangère lui ait retiré sa monnaie des mains il gardait les points serrés, son visage toujours aussi pâle et déconfit.

Le tavernier l'observait aussi, une étincelle malicieuse brillant dans ses yeux vitreux tandis que lui restait immobile, à demi sur la défensive.

La faiblesse et la fatigue se lisaient davantage sur son visage ! Ses traits étaient marqués par la douleur, l'épuisement et la faim.

Le pauvre jeune homme ne se sentait même plus la force de se porter lui-même, et s'il en avait eu l'occasion et un cruel manque de manières, il se serait volontiers effondré par terre pour dormir...

A présent, chacun le considérait du regard, attendant avec impatience ce qu'il allait faire.

Mais le jeune écrivain ne se sentait même plus la force de lutter... après tout, à quoi bon si c'était se battre pour si peu !

Il tituba un instant et voulut se rapprocher du comptoir. D'instinct, deux ou trois ivrognes lui firent barrage et commençèrent à le menace sévèrement du regard. September leur offrit un pauvre sourire...

"Je... je ne veux pas me battre... dit-il d'une voix éteinte, j... je suis pas là pour ça... Je souhaite ju... juste vous parler...".

L'immonde aubergiste croisa ses bras sur sa poitrine et lui tendit un regard circonspect.

"Ouais, tu veux parler ? Après tout le remue-ménage que tu auras fait dans mon établissement (il appuya particulièrement sur ce dernier mot) ? Et puis pour dire quoi d'abord ?".

September eut à son égard un regard pauvre et fiévreux. au fond de lui, il sentait que son malaise le reprenait. Il commençait à trembler...

"E... écoutez... je voulais pas vous faire de tort du tout. Je... j'ai eu une mauvais journée, c'est tout... J'avais faim ! Je viens de loin et... et j'avais besoin d'un toit où j'aurais pu me restaurer !

Je... je demandais rien d'autre, juste de quoi manger ! M... même un morceau de pain, n'importe quoi !

Et... et je me suis énervé ! Ok, d'accord, j'aurais pas dû le faire... J'aurais pas dû me comporter comme un c** ! Vous aussi vous avez dû avoir une mauvaise journée (il leva automatiquement sa main) et c'est p... pas votre faute ! Non, ça je le comprends !".

"Et alors ? Tu veux que je te fasse quoi ? Un traitement de faveur parce que tu crois savoir si j'en ai bavé aujourd'hui ou pas ?".

Le jeune homme dodelina de la tête. Plus il patientait, plus sa nausée le reprenait.

"N... non... Je... (il fit un léger sourire ébété, tout en écartant les bras face à l'impuissance) je cherche pas à vous acheter tel que vous me voyez ! Je... je cherche juste à jus... justifier m... mon c... comportement, et j... je...".

La douleur devenait de plus en plus saisissante et il avait du mal à rester concentré. Malgré tout, il essaya de tenir bon, une main plaquée contre son ventre.

"Rahh la vache... souffla-t-il en douce, puis revenant à l'aubergiste, é... écoutez... Je sais que j... j'aurais pas dû ! Mais je n... n'avais pas à me faire t... traiter de moldu non plus, que... qu'en pensez-vous ?".

L'espace d'une seconde, l'aubergiste eut une moue évasive. Puis, considérant à nouveau son interlocuteur, il lui répondit :

"C'est vrai ! Ouais, en effet, tu marques un point, gamin ! On aurait pas dû te juger sur ton... "apparence" ! (les autres hommes autour de lui ricanèrent) Seulement, tu m'as menacé de me f**tre un sort au c**, je te rappelle ! Faut pas l'oublier ça, mon grand !".

September eut un rire douloureux et sec. Ce dernier dura quelques bonnes secondes et se propagea à travers toute la salle...

"Ohh oui... et... et vous n'avez pas hésité à m'intoxiquer après !".

L'homme ne dit rien.

"N'est-ce pas ?".

Et il leva les yeux au ciel.

"Ok... Vous voyez ? Même si j'ai joué les sa**uds, vous avez également des choses à vous repprocher... Et même si certains es... estiment que j'ai eu la monnaie de ma p... pièce, je... je n'ai pas été le seul à réagir co... comme un gosse !

On s'est énervés tous les deux, monsieur... N... nous nous sommes braqués et a... avons continué de nous fritter l'un l'autre sans pour autant es... essayer de s'ex... s'expliquer !".

Il s'avança alors davantage vers lui, esquissant un pas hasardeux tandis qu'il s'appuyait sur l'épaule d'un des hommes qui le bloquait pour prendre appui.

"Je... je j'ai fait... Cela ne veut pas dire que j'en attends autant de v... vous... Seulement, je... je vous demande de... de me laisser le droit de m'ins... m'installer dans votre établissement et où bon me semble et de... de pouvoir me... me reposer... Pour le prix que j'ai p... payé, cela me paraît être t... tout à fait acceptable comme proposition...".

Il pointa un regard sombre et déterminé en direction de son interlocuteur, attendant avec grande impatience sa réponse.
Finalement, l'homme hocha la tête d'un air dépité sur un léger sourire. Il haussa ensuite les épaules d'un air indifférent et rétorqua :

"Ok. Va t'asseoir où tu voudras, va !".

September poussa un long et profond soupir tout en fermant les yeux de satisfaction.

"M... merci monsieur...".

Il se traina lentement vers une table où personne ne se trouvait de manière à ne plus être ennuyé. S'asseyant, il s'écroula de tout son long sur la table et enfouit sa tête dans ses bras, souhaitant plus que tout que cette douleur s'en aille et qu'il puisse enfin prendre du repos...

*Ici ou ailleurs, ça m'est égal ! Du moment que je peux dormir... ohh oui, dormir...*.

Elisha sentit tous les regards qui avaient d’abord convergés vers elle se tourner vers September. Maintenant qu’elle y repensait, September était un drôle de prénom …il faudrait qu’elle lui demande d’où ça venait un de ces jours…En attendant, elle observait toujours l’homme dont il était question en coin. Bizarrement, il ne réagit pas tout de suite au quart de tour comme Elisha s’y était attendu. Au contraire, même si une indignation croissante se peignait sur son visage toujours pâle, il restait debout, prés du comptoir, ne cachant pas sa colère et fixant le bar comme si il espérait faire réapparaître se pièces. Elle même avait perdue sa mauvaise humeur et était redevenue complètement neutre, comme si elle n’avait jamais était mêlée à cette scène, n’ayant jamais intervenue. Comme si elle n’était qu’un simple observatrice de plus, saoul et miteuse, comme la plupart des occupants de ce bar. Elle remarqua sans plus y prêter attention que le patron avait repris son air malicieux et cela la répugna. Il était coincé là depuis quarante cinq ans, alcoolique, était aussi teigneux que la chatte du concierge lorsqu’elle était encore à Poudlard et il voulait faire de l’esprit avec le peu de cerveau qui lui restait et ne baignait pas dans l’alcool et la fumée…Non, ça ne se faisait vraiment pas… Le reste de la scène, elle l’observa avec une incrédulité non dissimulée. Il essayait de se… « racheter » ! Elle remarqua tout de suite que, comme elle, le patron et les badauds, ayant du mal à y croire était sur la défensive. Cependant, elle trouva qu’il s’en tirait plutôt pas mal et son deuxième rire de la soirée (ou plutôt, de la nuit à cette heure ci) lui échappa. Lorsqu’il alla s’écrouler sur une chaise, elle se dirigea elle même vers le bar et commanda deux autres vers de whisky. Lorsque le patron les lui tendit et qu’elle fit claquer la monnaie, et lui dit, dans un murmure audible pour lui seul :

« Réfléchissez la prochaine fois, c’est une femme…seule qui vous le dit »

Puis elle s’éloigna sans autre forme de politesse et pas un merci ne franchit sa gorge. Le patron la connaissez un peu et il resta un peu interloqué. De toutes les fois où Elisha était venue ici, et elle ne les comptait plus, c’était la première fois qu’elle s’adressait directement à lui autrement que pour lui demander un verre.

*Ce petit teigneux à eu son compte d’émotion pour la soirée, je suppose*

Fut la première pensée qui lui vint à l’esprit. Ensuite, elle se dirigea vers la table où l’homme s’était écroulé et posa un verre de whisky devant lui ; il ne se donna même pas la peine de lever la tête. Elle espéra qu’il ne s’était pas endormi et s’assit en face de lui pour lui dire :

« Je ne te conseille pas de t’endormir. Le seul moyen pour te laver, c’est faire plusieurs fois ce que tu viens de faire devant le bar. »

Elle poussa un peu plus le verre de whisky jusqu’à ce qu’il touche son bras. Le contact du verre froid lui fit lever la tête et un des yeux vitreux et hagards la fixèrent avec difficulté. Elle lui dit, désignant le whisky :

« Ca, ce n’est pas périmé et ça devrait t’aider dans…ton lavage t’estomac. Mais ne t’endort pas ou ça ira encore plus mal demain »

Elle fit une courte pause juste le temps de vérifier avec satisfaction que September se redressait tant bien que mal sur sa chaise. Pour le tenir éveillé, elle décida de lui « faire la conversation ». Elle commença :

« Je ne me suis pas présentée non plus ; je suis Elisha, employée à la gazette du sorcier »

Son capuchon lui recouvrait toujours les cheveux et la partie supérieure de son visage était tenue dans l’ombre ; elle se demanda si September avait réussi ne serait ce qu’à cerner quelques traits de son visage. A cette idée, elle baissa imperceptiblement la tête et absorba une goulée de whisky. Elle put voir qu’il en faisait autant de son côté et réprima un rictus amusé ; dans peu de temps, il se précipiterait de nouveau dehors. En attendant, elle resta silencieuse et le fixa d’un regard pénétrant, remarquant qu’il avala d’un trait son whisky. Elle remarqua un petit hoquet et il devint plus verdâtre que jamais. La main posée sur son ventre au niveau de son estomac, sa bouche était tordue dans une moue de dégoût et un peu douloureuse. Elle continua, sans le quitter des yeux :

« Qu’est ce que tu fais ? Je veux dire…comme métier… »

Seul un silence butté lui répondit. Elle commençait doucement à s’impatienter. Déjà qu’elle détestait aller vers les gens pour leur parler, parler toute seule l’exaspérait au plus haut point. Elle continua, une pointe d’agacement pointant dans sa voix :

« September…d’où est-ce que ça vient ? »

Toujours ce silence butté. Une moue réprobatrice envahit le visage de Elisha et elle se leva. Debout prés de lui, toujours hagard, elle lui dit :

« Je ne sais pas si c’est que tu m’en veux ou que tu as mal mais dans les deux cas, bouge toi un peu. Quand tu seras décidé à parler, tu viendras me voir parce qu’en général, une conversation n’est pas seulement composée d’un « bonjour, je m’appelle untel, au revoir ». Et ça m’étonne…si tu voulais vraiment dormir, pourquoi n’est tu pas rentré chez toi ? »

Elle se dirigea vers sa « table de départ » et se laissa tomber sur une chaise, avec son verre pas entamé qu’elle commença à boire à petites gorgées.

Lorsque la jeune femme fut partie, September ne put s'empêcher d'éclater de rire. Etait-ce de fatigue ou de folie ? Personne ne pouvait vraiment le savoir... Toujours est-il qu'il riait à gorge déployée.

Seul lui aurait été en mesure de le dire, seulement il ne se sentait pas la force de se justifier ni même de s'excuser.

Il trouvait la situation particulièrement absurde ! Tout d'abord, cette jeune femme le méprisait, le traitait comme un moins que rien, à l'image de ses petits camarades de bar, puis la minutes suivante c'était elle qui allait lui apporter du whisky et un peu de réconfort, allant même jusqu'à lui paler et lui demander d'où il venait...

Puis elle partait, comme une dame vexée que son compagnon n'ait pas daigné ouvrir la bouche !

Non vraiment il n'en revenait pas ! C'était bien la première fois qu'une jeune demoiselle s'attachait tant à lui et à ce qu'il pouvait dire !

Sans s'arrêter de rire, il se leva alors, emportant avec lui le petit verre de whisky qu'elle lui avait offert.
Arrivant à sa hauteur, ou plutôt à sa table, il lui décocha un grand et large sourire, un peu comme un gamin fier d'avoir fait une bêtise.

Etrangement, ces petits instants de rires et de larmes avaient fait passer son mal de coeur. Quelque part, il lui en était reconnaissant de l'avoir aidé à oublier...

Il prit donc le parti de s'asseoir et ce en face d'elle. Il ne savait pas si elle l'accepterait ou s'il allait se recevoir une baffe dans la figure dans deux secondes ! Toujours est-il qu'il avait quand même tenté le coup.

"Je... je voulais pas vous... vous ennuyer ! Dit-il en reposant son verre devant lui et en la regardant, je n'étais pas dans mon assiette quand vous êtes venu mon voir, c'est tout...".

Puis il secoua la tête pour chasser un haut le coeur qui lui remontait la gorge. Il fallait qu'il reste à présent concentré pour ne pas avoir l'air d'un rustre idiot...

Il lui tendit alors sa main et se présenta à elle :

"September Quint, écrivain pour vous servir ! Je viens de Londres, américain et de famille moldue qui plus est ! Et, grâce à vous, je ne m'endormirais pas !".

Le jeune homme lui décocha ensuite un ravissant sourire qui laissa apparaître de grandes dents blanches et fit briller ses yeux de milliers d'étoiles. Ce même sourire lui donna à nouveau cet air juvénile qu'il détestait tant...

"Bien. Maintenant, nous ne sommes plus des inconnus ! Je tenais également à vous remercier pour le verre, c'est bien aimable à vous...".

Il passa ensuite une main distraite sur sa bouche sèche et rude à cause d'une barbe naissante. Brusquement, il lui jeta un regard espiègle et malicieux :

"J'ai deux questions, lui murmura-t-il, la première : qu'avez-vous dit à cet homme tout à l'heure pour qu'il se calme ? La deuxième, vous travaillez vraiment pour la Gazette du Sorcier ?".

Il plissa un instant ses yeux de lynx, attendant la réponse de son interlocutrice. Inutile de dire que, dans la tête de September à ce moment-là, la réponse à la première question avait plus d'importance que la seconde...