Deux regards de glace aux lueurs secrètes [Pv]

J'ai peur... J'ai peur... J'ai très peur... Papa... allume la lumière... s'il te plaît... je t'en supplie... papaaaaaa... Ah papa ! Merci d'avoir allumé la...

Clashhhhh...

Aïeeeeuh ! Tais toi petite insolente ! Mais papa tu me fais mal... papa je t'en supplie... ne me fait pas mal ! Tais toi je te dis !!! Papa... Haydennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn

Daphné se réveilla en sursaut dans son lit, les draps trempés de sueurs. Regardant de tous les côtés, elle soupira en retrouvant ses repères. Elle était dans les dortoirs féminins des Serpentard mais cela ne réussissait plus réellement à la calmer. Elle attrapa sa baguette et sous ses couettes, elle lança un "lumos" discret puis referma les yeux pour s'endormir, une petite lumière près d'elle.

Toutes les nuits se répétaient et Daphné commençait à ne plus du tout supporter ce rythme.
Alors qu'elle rêvait encore de son passé, la jeune fille se leva de son lit, endormie, et se dirigea dans le dortoir. C'était comme si elle ne savait pas ce qu'elle faisait, mais son corps se dirigeait tout droit vers le lit d'une de ses camarades de chambre.
Pourquoi ? Seul Merlin le savait mais en réalité, il suffisait de remonter très loin dans son passé.
Daphné avait toujours eu peur du noir et se réfugiait pratiquement chaque nuit dans le lit de son frère. Celui-ci lui ouvrait à chaque fois son drap en se poussant, avant de l'enlacer délicatement et de se rendormir. Daphné, quant à elle, dès que le bras de son frère était sur elle, elle s'endormait aussi sereine.
Mais pourquoi en cette nuit, Daphné reproduisait les mêmes pas en direction d'un lit, son frère n'était pourtant plus en vie...

La jeune Serpentard glissa ses doigts fins et froids entre les draps du lit et se glissa à l'intérieur, sans se douter que dans ce lit se trouvait la belle et intelligente Diabalzane.
Cette jeune fille ne lui avait pratiquement jamais adressé la parole, si ce n'était même jamais. Mais Daphné pouvait tout autant en dire de son côté. Elle ne parlait à personne et essayait toujours de ne pas exister aux yeux des autres, surtout de se faire oublier auprès des personnes qui vivaient près d'elle.
Relevant légèrement le bras de la jolie blonde, toujours dans des gestes inconscients, elle se blottit contre celle-ci avant de refermer les yeux et de s'endormir paisiblement.
Jamais elle n'avait ressentit une telle sérénité dans son sommeil...
Un léger petit sourire de satisfaction et de bonheur orna les lèvres de la quatrième année alors qu'elle resserrait d'avantage son étreinte sur le bras de sa camarade de chambre.

Le vent semblait ne plus vouloir s’arrêter et il n’était utile en rien car il ne chassait même pas les nuages menaçants et persistants qui recouvraient le ciel de Russie. Le Manoir des Södergren tentait tant bien que mal de percer de sa plus haute tour la voûte grise. La scène se déroulait depuis une antique fenêtre embarrassée par la crasse. Diabalzane marchait lentement dans les rues de Saint Pétersbourg où toutes les boutiques avaient fermé leurs portes comme s’il était déjà l’heure de la fermeture. Le vent ramenait de la neige des plaines lointaines et une fine couche de givre couvrait tout. Diabalzane semblait trouver la situation étrange. Elle regardait autour d’elle avec suspicion. Progressivement, elle se mit à courir, se dirigeant vers sa demeure…

Diabalzane ouvrit les yeux brusquement, se heurtant au silence et à l’atmosphère pesants du dortoir des quatrième année de Serpentard. Elle mit le temps d’un soupire pour se rendre compte de la forme humaine qui se trouvait collée contre son corps. Elle ne savait pas vraiment comment réagir puisqu’elle ne savait même pas qui était la personne qui l’accompagnait ainsi dans son sommeil. Diab’ songea tout d’abord qu’elle se trouvait dans la suite de son rêve, une situation insolite dans un lieu improbable. Elle referma les yeux pour faire abstraction de ce qui se passait dans sa tête et les rouvrit lentement. Comme elle aurait pu le parier, la personne était toujours là.

Eprise d’une soudaine tendresse à moitié amicale, à moitié maternelle, Diabalzane rendit l’étreinte que lui offrait la petite chose – pas si petite que ça. Avec des gestes doux, Diabalzane écarta une mèche de cheveux pour enfin connaître l’identité de l’intrus. De l’intruse… Daphné Greengrass. Diabalzane ne lui avait jamais parlé, elle en était sûre, et Dieu sait que Diabalzane avait une mémoire sans borne. Ainsi la jeune femme en fut plus étonnée encore que si ce fut une tout autre personne. Fallait-il que la jeune Serpentard la réveille ? Le visage paisible de sa camarade dissuada la jeune femme qui sourit dans le noir. Elle caressa doucement l’épaule de la jeune fille, sans vraiment savoir ce qui la poussait à faire ça. Finalement, Diab’ se décida à réveiller la dormeuse.

- Daphné, Daphné, réveille toi…

Il était rare d’entendre Diabalzane parler avec douceur et dans un murmure. Elle toucha du bout des doigts la joue pâle de Daphné….

Daphné dormait toujours paisiblement, enlacée dans les bras fins de sa camarade de chambre.
C'était-elle rendu compte dans quelle situation elle allait se trouver lorsque le réveil serait éminent ?
Non bien évidemment, l'adolescente était bien trop plongée dans ses songes qu'elle n'avait même pas remarqués lorsqu'elle était passée d'un lit à l'autre.
Et puis cette sensation si agréable de retrouver les bras de quelqu'un qui vous enlace avec douceur. Et ces légères caresses ne touchant qu'à peine les mèches brunes de la jeune Serpentard.
Daphné ne pu s'empêcher de gémir discrètement quand les doigts de Diabalzane poussa ses mèches pour entrevoir le visage de la Vert et Argent.
Elle ne s'était pas sentit aussi bien depuis six longues années. Son frère n'était-il pas mort ? Avait-elle fait un cauchemar qui s'était étendu pendant six ans sans qu'elle s'en aperçoive ?

Daphné...

Qui venait de l'appeler ? Cette voix douce lui était pourtant inconnue... c'était une voix efféminée et agréablement avenante.
La brunette referma encore un peu plus son étreinte, telle une enfant, autour du bras de Diabalzane.
Cette peau était délicate et semblait si fine... Se tournant avec grâce, pour reprendre de l'air frais, Daphné colla son visage dans le creux du cou de l'autre adolescente.
Ne se rendant toujours compte de rien, trop occupé à rechercher qui avait pu l'appeler dans son rêve, la Verte et Argent attrapa une de ses mèches de cheveux avant de la faire tournoyer autour de son index droit.
Sentant un souffle chaud lui parcourir le visage, la brunette releva un peu la tête, à la recherche de cette chaleur qui semblait plus humaine qu'autre chose.
Il était évident que ce n'était pas son chat qui aurait pu lui souffler avec tant de douceur, son souffle sur le visage.

Daphné, réveille toi...

- Humm...

La jeune fille releva doucement un bras puis vint se frotter les yeux avant de tenter quoi que ce soit.
Elle ouvrit par la suite un oeil, le refermant presque aussitôt en voyant le noir l'entourer.
Pourquoi venait-on la réveiller pendant la nuit, alors qu'elle avait enfin réussit à trouver un sommeil profond et doux ?
Sentant une odeur inhabituelle, Daphné fronça le bout du nez puis rouvrit son oeil, puis le second.
Fermant puis ouvrant plusieurs fois de suite ses yeux, la jeune fille ne réalisait pas encore ce qui se passait.
Elle finit par écarquiller des yeux en découvrant la magnifique blonde dans son... se trouvant dans le lit de la magnifique Serpentard.
Prise de terreur, la brunette s'empressa de reculer le plus rapidement possible mais bien trop enroulée dans les draps, elle glissa et tomba à terre dans un bruit sourd.

Ne sachant que faire, Daphné se releva tant bien que mal, essayant de ne plus faire le moindre bruit pour ne pas réveiller les autres filles. Elle dévisageait dans le noir Diabalzane, essayant de comprendre ce qui c'était passé.
S'était-elle trompée de lit et la blonde n'aurait pas osé aller dormir dans celui de la brune ?
Avait-elle été se coucher pendant la nuit, pensant que c'était son lit, sans prêter attention à miss Södergren ?
Impossible... elle s'en serait souvenu tout de même, non ?
Ou alors c'était bien son lit, et la jeune femme qui faisait office de camarade de chambre s'était trompée elle ? Non ce n'était pas le genre de Diabalane...
Mais qu'est-ce qui lui avait prit de partir à l'aventure dans les draps d'une autre fille ?
Daphné se confondit en excuse, et en voulant partir marche arrière, elle se reprit le pied dans les draps pour partir la tête la première... sur le matelas de Diabalzane. Décidément, ce n'était pas sa nuit... mais qu'allait-elle faire maintenant ?

Diabalzane avait observé la jeune fille se réveiller. Elle ne semblait pas vouloir croire qu'elle n'était pas seule, dans son lit. Instinctivement, la jeune russe sentait l'incompréhension, la gène et la panique envahir les sentiments encore ensommeillés de Daphné. Elle tendit la main vers les draps qui étaient enroulés autour des jambes de sa camarades. Ses doigts se refermèrent, impuissants, sur l'air glacé de la nuit. C'est à ce moment là que Daphné sembla ne vraiment rien comprendre, être vraiment génée et vraiment paniquer. Elle ne paraissait pas avoir réveillé les autres mais Diabalzane ne préférait pas prendre de risques en remuant plus que nécessaire. Alors que la jeune fille se confondait en excuses incompréhensibles et se reprenait les pieds dans le fatras des draps qui résidaient à terre, Diabalzane prit sa tête dans ses mains et se mit à réfléchir très vite. Elle repoussa la couverture verte qui recouvrait son lit pour laisser place au matelas seulement recouvert de sa housse.

Lentement, dans des gestes très mesurés, elle se leva, ses pieds nus touchant enfin le sol glacé. Elle fit le tour du lit pour démêler les draps entortillés. Elle aida Daphné à se relever, avec un sourire illuminé par le poèle dans lequel il ne brillait plus que quelques braises. Elle refit le lit en silence et s'assit sur le bord du lit. Elle n'avait franchement pas envie de parler mais voir sa camarade dans un tel état la révoltait, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Même dans le noir elle avait de beaux yeux. Sans réfléchir plus, Diabalzane attrapa la main de la Serpentard noctambule et la fit s'asseoir à côté d'elle, espérant qu'elle serait docile. Elle lui encadra les épaules de son bras.

- Tu croyais que j'étais qui ?

Elle la fixa du regard, intensément, malgré la faible lueur elle voyait parfaitement le reflet des billes bleues de Daphné.

Daphné n'était pas du tout gérée la situation et s'était retrouvée malencontreusement dans le lit de sa colocataire. Ne sachant comment elle s'y était retrouvée, la brunette cherchait par tous les moyens de le découvrir avant qu'on ne lui pose des questions... Trop tard. Diabalzane venait de lui parler, après lui avoir délicatement attrapé la main pour qu'elle vienne s'asseoir près d'elle.
Que faire ? Et surtout que dire ? Daphné ne savait pas du tout qui elle avait cru avoir près d'elle dans son lit. Ou du moins, qui elle aurait voulu dans ses bras.
Il était évident que dans son rêve, la personne qui se trouvait à la place de la magnifique blonde n'était autre que son frère, mais Daphné s'en souvenait-elle ?
Après quelques secondes de silence, Daphné reprit un visage impassible, réalisant ce qu'il s'était passé cette nuit. Mais cela devenait grave, car, si elle ne pouvait même plus contrôler son corps, qu'allait-elle devenir ?

- Personne.

Comment avouer la vérité sur sa vie alors qu'elle n'avait jamais dévoilé à qui que ce soit dans ce monde ce qu'était sa vie réelle chez ses parents ?
Elle n'était pas là pour se faire plaindre, et encore moins par la jeune quatrième année.
De plus, ne lui ayant jamais adressé la parole, pourquoi se verrait-elle de lui dire toute la vérité ? Sur un coup de tête ? Daphné n'était pas comme cela, et puis... personne ne devait découvrir ses marques sur son dos.
Glissant délicatement sa main sur son vêtement pour le remonter sur son épaule, prenant soin de ne rien laisser voir à la jeune blonde aux yeux de glace.
Qu'est-ce qu'elle pouvait être belle malgré le noir qui les entourait. La Serpentard avait longuement observé Diabalzane et se demandait vraiment comment on pouvait être aussi charismatique. Et pourquoi ne pouvait-elle pas, elle, être aussi jolie ?
Enfin comment l'être alors que des milliers de cicatrices ornent son dos ? Heureusement qu'elle gardait ses bandages la nuit, sinon Merlin savait ce qui aurait pu lui arriver.

- Excuse moi pour le dérangement. Cela ne se reproduira plus.

Diabalzane observait, malgré l'obscurité ambiante, son étrange camarade. Dans sa tête se montaient d'immenses histoires en russe qui parlaient de Daphné. Elle fut absente quelques secondes. Elle manqua même les réponses de son amie nocturne. Quelle heure pouvait-il être ? Quelle était cette question idiote qu'elle se posait à elle-même ? Cherchait-elle l'aube ou voulait-elle que la nuit s'étire ? Elle serra inconsciemment la main de Daphné, comme pour la supplier de rester. Elle regardait fixement le parquet à présent.

"...se reproduira plus."

*Hein ?*

Ses yeux se tournèrent brusquement vers la jeune fille aux yeux verts. Elle lâcha brusquement sa main, confuse. Pourquoi s'excusait-elle ? Il n'y avait pourtant pas de mal ! Personne n'était blessé, ni physiquement ni dans sa dignité. Alors Daphné se sentait si mal que ça ? Diabalzane se sentait horriblement repoussante soudain, et toute petite à côté de sa colocataire. Elle croisa ses bras trop fin et reserra autour de son corps sa chemise de nuit blanche qui collait à son corps maigre.
*Pauvre fille...*

Elle serra les dents, tournant brusquement la tête sur le côté, et passant une main faussement chasseuse de fatigue sur ses yeux. Elle songea soudain que la présence de Daphné n'était pas tellement dérangeant. Elle regrettait de l'avoir réveillée. A quoi avait-elle pensé ? Ah... aux autres. Qu'auraient pensé Myrielle, Dawn, Tracey, Pansy et Millicent en les découvrant toutes les deux ?

* Je m'en fous.*

- Tu veux rester là ? .. J'veux dire, dormir avec moi. Ca t'évitera de te sentir seule et de te relever pour aller voir Pansy ou Millicent...

C'était un prétexte sortit vite fait pour justifier ses paroles. Diabalzane doutait de pouvoir se rendormir maintenant. Elle pensait à beaucoup trop de choses à la fois et son rythme cardiaque était un peu trop rapide. Elle tourna de nouveau ses yeux gris dans ceux de Daphné.

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