Prête l'oreille à tous mais tes paroles au petit nombre [Pv]

Les cours n'avaient pas lieu aujourd'hui pour la simple et bonne raison que c'était le premier jour des vacances.
Cela faisait maintenant trois ans que Daphné ne sortait pas de sa Salle Commune en dehors de la Grande Salle et des Salles de Cours. Comment cela se faisait-il ? Tout simplement parce que la brunette n'aimait vraiment pas se montrer au grand jour, et qu'être discrète était la meilleure façon d'apprendre à connaître ses ennemis.
Les seules fois où elle s'était promenée au dehors, elle n'avait fait que écouter, regarder, et blâmer silencieusement, chaque personne qui s'était trouvée près d'elle.
Mais, qui la connaissait au final ? A part le fait que Drago Malefoy l'ait rencontré une fois, ainsi que Tracey, Ernie... et Raphaël.
En réalité, la seule personne à l'avoir vu en colère, triste et mystérieuse n'était autre que ce dernier, Raphaël. Il lui manquait terriblement depuis la première année. Où était-il ? Que faisait-il ? L'avait-il lui aussi abandonné comme son défunt frère ?

Daphné marchait paisiblement dans le parc, ne cherchant pas à voir si d'autres personnes étaient présentes. Aujourd'hui, elle s'en fichait. Ses pensées étaient tournées vers le brun qui l'avait tant émerveillé.
Qu'avait-il bien pu faire d'ailleurs pour qu'elle soit ainsi avec une personne ? Il avait réussi pratiquement à lire en elle comme un livre ouvert. Il avait même réussi à la faire rendre jalouse d'une satanée Gryffondor, qui à l'époque, était en première année comme eux.
Alors que les vacances d'été arrivaient, Raphaël et Daphné s'étaient jurés des lettres... mais seule Daphné avait tenu parole, lui écrivant chaque jour... puis... arrêtant le jour de la rentrée scolaire.
Raphaël avait disparu de la circulation... pourquoi ? Lui était-il arrivé quelque chose de grave ? N'était-ce pas obligatoire que de revenir à l'école ? Pourquoi ce vieux bouc de Dumbledore n'avait-il pas été lui même le chercher puisque un de ses élèves semblaient en difficultés ?
La Vert et Argent ne comprenait vraiment pas pourquoi et cela faisait plus de trois ans, qu'elle doutait !

Ses pieds flottaient presque dans l'air, tellement l'adolescente était dans les nuages. C'était rare, très rare, de voir Daphné ainsi lunée.
Arrivée devant le lac, la Serpentard se rapprocha du bord puis s'y accroupit avant de poser une de ses fines mains sur l'eau presque gelé. Elle attrapa une des dernières feuilles mortes de l'automne puis se releva tranquillement, tout en admirant celle-ci.
Elle se sentait ainsi, seule, oubliée de tous... oubliée des gens qu'elle aimait. Le reste du monde n'avait vraiment pas d'importance mais Raphaël... lui, en avait plus que tout. Elle y avait cru... au bonheur. Elle y avait réellement cru à ce songe de quitter un jour ses parents pour vivre "heureuse".
Qu'avait-elle fait à Merlin pour que celui-ci lui reprenne toute personne s'attachant un tantinet à elle ?
N'était-ce pas assez dur que de perdre son frère adoré ?
Daphné restait là, s'appuyant contre un arbre, mélancolique, à regarder cette feuille morte... pensive.

Tracey réajusta sa cape sur ses épaules alors qu’elle passait les grandes portes du château pour s’aventurer dans le parc. Aujourd’hui était le premier jour des vacances de Noël et Tracey avait choisie, pour la première fois, de les passer à Poudlard. Ce n’était pas, comme le lui avait demandé Pansy parce qu’elle voulait assister au bal de Noël. Loin de là. Cette fête n’avait aucune espèce de signification pour elle et l’ambiance chaotique et bruyante qu’elle avait répandu dans le château ces dernières semaines avait plus été pour l’agacer qu’autre chose.

Ce n’était pas que Tracey n’aimait pas Noël. Elle n’y voyait simplement aucun sens. Pour sa mère qui n’avait pas été élevée en Europe, Noël n’avait jamais été qu’un prétexte pour réclamer à son mari plus de cadeaux que d’habitude. C’était aussi la seule période de l’année où sa fille acceptait de porter autre chose que du noir et laissait sa mère l’habiller et la coiffer comme elle le désirait, la ressemblance avec une poupée de porcelaine était alors frappante....

Son père faisait quant à lui bonne figure en affichant une indifférence plus polie qu’à son habitude et il cédait volontiers aux caprices de sa femme, lui achetant toujours plus de nouvelles tenues et en l’emmenant, elle et sa fille dans toutes les soirées fastueuses et prétentieuses organisées par le ministère ou les amis de la famille.

Tracey détestait ce genre de soirées, mais pour sa mère elle faisait l’effort de paraître au moins aussi indifférente que son père et tentait de ne pas grimacer devant chaque nouvelle personne qui venait lui adresser la parole.

Non, Tracey ne détestait pas Noël, simplement le Noël anglais ne lui convenait pas. Si seulement elle avait pu rendre visite à Salah…
A moitié perdue dans ses pensées, l’Irlandaise ne releva les yeux que lorsqu’elle fut arrivée à destination et remonta à nouveau nerveusement sa cape sur ses épaules alors qu’elle remarqua qu’elle n’était pas seule. Là, au pied d’un arbre à quelques pas d’elle se trouvait Daphné Greengrass qui, visiblement, ne l’avait pas encore remarqué.

*Ce n’est qu’une question de temps*, se dit la jeune fille alors qu’elle se rapprochait du lac, semblant ignorer Daphnée pour aller contempler l’étendue gelée et miroitante qui s’étendait jusqu'à l'horizon. Tandis qu’elle plissait les yeux pour ne pas se laisser aveugler, Tracey se dit qu’elle devrait au moins faire l’effort de saluer Daphné. Laissant échapper un soupir glacé, Tracey se tourna vers la jeune fille qui ne semblait toujours pas avoir pris conscience de sa présence.

« Bonjour Greengrass… » dit-elle d’une voix et claire dans laquelle pointait son ennui habituel.

Elle n’avait pas envie de parler à Daphné, chaque conversation qu’elle avait eue avec la jeune fille lui avait parut au mieux déplaisante, et bien que partageant une chambre avec la brune depuis près de trois, elle ne s’était jamais rapprochée d’elle. Cependant en dépit de son dédain peu d’enthousiasme envers Daphné, Tracey avait eu une éducation. Et cela, en plus du fait qu’elle commençait à être ennuyée par l’ambiance glacée qui régnait dans le dortoir (la faute à Pansy qui avait monté toutes les filles les unes contre les autres) la poussa à faire un effort pour ne pas paraître trop désagréable alors que Daphné levait son visage vers elle.

[528 mots]

Toujours plongée dans ses songes, la jeune adolescente n'avait pas prêté attention aux personnes qui passaient près d'elle et encore moins à celle qui venait de s'arrêter à ses côtés.
Cherchant un moyen de comprendre ce qui lui arrivait. En effet, depuis le début de l'année, la jeune Serpentard avait eu la joie - ou l'horreur - d'avoir des hallucinations de Raphaël. Comment cela se faisait-il ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Etait-il mort ? Non sinon il y aurait plutôt eu son fantôme... mais alors comment cela se faisait-il qu'il allait en cours avec elle ou qu'il lui parlait dans la Salle Commune comme si de rien était ?
La jeune brunette fronçait les sourcils en cherchant en vain une réponse à tout cela puis finit par conclure qu'elle devenait totalement folle.
Et puis comment en parler à quelqu'un puisqu'elle était la seule à le voir ? Daphné devait trouver une solution et au plus vite ! La aussi, sans en parler à personne, comment allait-elle se débarasser de ses pensées et ses visions sur Raphaël ?

Trop occupée toujours à faire attention aux alentours, la Vert et Argent avait laissé échapper un soupire. Certes léger et discret mais, un soupire tout de même.
Et quelques secondes après une voix s'éleva à ses côtés, laissant une Daphné surprise. Ne voulant pas montrer quoi que ce soit de ses ressentiments, elle resta donc dans la même position sans même daigner tourner la tête.
La Serpentard avait reconnu la voix de la jeune fille qui était à ses côtés : Tracey Davis ! Comment l'avait-elle reconnu ? Déjà rien qu'au son de sa voix, et puis sa manière de parler - bien que celle-ci ressemble fortement à Pansy Parkinson - et puis qui d'autre à part elle lui aurait adressé la parole en dehors d'Ernie MacMillan, de Diabalzane Södergren, ou encore son hallucination de Raphaël Gibson.
Elle n'avait pas particulièrement envie de la voir elle en particulier, ni même de lui adresser la parole. Cependant, la brunette gardait en mémoire les châtiments qu'on lui faisait quand elle prenait trop de temps à répondre par simple politesse.

- Bonjour Davis.

Pas un mot de plus, pas un mot de moins. Et puis Tracey en faisait tout autant alors pourquoi en rajouter ?
Daphné avait vaguement suivi les reproches de Pansy au sujet de ne pas s'être intégré dans la maison de Serpentard. Pourtant, même si la Vert et Argent était restée telle une poupée, avait écouté avec attention les disputes de ses autres camarades de classe.
Elle comprenait parfaitement où tout coincé mais n'avait aucunement l'intention de vouloir les aider. Après tout elles étaient toutes assez grandes pour faire fassent à leur histoires et leurs crises de colère.
Daphné n'était pas du genre médiatrice et encore moins quand il s'agissait de ce genre de conflit.
Se Posant d'avantage sur son bras contre l'arbre, Daphné observait avec attention le lac qui s'étendait face à elle.
Et puis pourquoi Davis s'était-elle arrêtée aux côtés de Daphné alors que la brunette savait parfaitement qu'aucune des deux n'avaient pas d'envie particulière à se parler.