Papillons hivernaux et blondeur enchanteresse [PV]

Il arrivait souvent à Roze de se ballader dans le parc ou près du lac voir même au saule cogneur. Elle n'aimait pas beaucoup être enfermé, elle préférait se sentir libre... elle était encore peureuse et finalement être là, tranquille, c'était tout aussi bien pour elle. La plupart de ses camarades l'ignorait parce qu'il la trouvait étrange... il est vrai qu'il y a à peine plus d'un an et demi de ça elle parlait à sa poupée pour s'adresser aux gens... mais maintenant elle allait mieux alors pourquoi ? Parfois cette question la taraudait longuement et elle se tournait et se retournait dans son lit en cherchant une solution. Ce n'était pas le cas ce jour là. Elle profitait d'un soleil hivernal et d'un temps sec et remplissait ses poumons d'air pur. Quelques fleurs commencaient à pousser par endroit et elle se penchait pour les respirer... elle s'amuser aussi à courir après les papillons en sachant pertinnement qu'elle ne les attraperais jamais.

Ses cheveux blonds volaient autour de son visage encore emprunt d'un parfum d'enfance et elle ressemblait à une poupée de porcelaine ou à une gravure ancienne avec sa robe d'hiver en soie bleu ajourée de dentelle blanche. Continuant à jouer avec les papillons tout juste sortis de leur carapaces larvesques, elle ne vit pas que quelqu'un approchait. Elle continuait à courir et finalement trébucha et tomba à genoux en riant d'elle même. Son immobilité nouvelle attira ce qu'elle essayait d'attraper et elle resta ainsi à regarder le papillon posé sur son bras...

Ce n'est que lorsqu'une ombre se mit devant elle qu'elle leva la tête et écarquilla les yeux de surprise. Finalement, elle se releva, faisant fuir le fragile animal, et épousseta sa robe. Nous étions samedi et elle pensait qu'elle serait seule car généralement en hiver, même par temps sec, c'était le cas. Souriant timidement au garçon qui l'avait surprise elle se dit qu'il serait bon de le saluer, d'autant qu'il était dans sa classe.

"Bonjour Edward" prononça-t-elle d'une voix claire et légérement chantante à cause de son accent allemand. Ses joues étaient rouges mais elle ne baissa pas les yeux face au gryffondor, après tout peu importait ce qu'il pensait de la serdaigle que tout le monde croyait déjà folle ! Elle ne risquait pas grand chose de plus.

Apparement elle avait en fasse d'elle quelqu'un qui se moquait, ou à peu près, qu'elle se fut retrouvé à terre avec pour seul but d'admirer un papillon... Voilà qui était singulier et rare mais Roze ne tenait rigueur ni dans un sens ni dans l'autre de l'opinion des gens. Alors qu'elle s'installait sur l'herbe sèche et verte du parc le jeune homme lui demanda si il pouvait jouer de la guitare.

"Mais bien sûr, je t'en pris, fais donc." Lui répondit elle de son air le plus rêveur. L'un des très bons amis de notre Serdaigle (qui avait malheureusement quitté l'école il y a de ça trois ans) était un jeune prodige musical au piano. Elle adorait écouter sa musique dont elle avait de nombreuses copies sous forme de cd moldus. Elle ne l'avait pas vu depuis son départ de Poudlard mais elle lui écrivait (et il lui répondait quand il pouvait) de manière régulière. "Peut être que cela fera revenir le papillon" ajouta-t-elle sans regarder Edward, fixant le lac comme si il recelait quelques merveilles inconnus.

Elle se sentait plutôt bien aujourd'hui, si elle avait dû avoir une scéance de sa psychotérapie ce jour elle aurait sûrement été inutile... car quand Roze se sentait aussi transportée de rêverie elle avait bien du mal à se rapeller ce qui le reste du temps lui posait problème... Fort heureusement son psychiatre avait le bon goût de ne pas travailler le samedi. Evidemment il arrivait que le week end elle doive suivre des cours de rattrapage avec le préfet de Poufsouffle mais là encore c'était bien tombé que ce ne fusse pas le cas.

Tournant ses grans yeux bleus vers Edward en souriant, elle lui dit de sa voix chantante "Joue nous quelque chose s'il te plaît" Et ramenant ses genoux autour de ses bras, elle posa sa tête dessus, son regard tourné vers le gryffondor et un doux sourire aux lèvres.

Virtuose de la chanson, du tout, chanteuse à ses heures plus certainement. Elle avait une voix pure et claire, elle chantait juste à défaut de chanter d'une manière originale. En effet sa voix n'avait rien de très originale et elle ne chantait de toute façon que par goût pour la musique. Cherchant un titre qui pourrait peut être lui permettre de faire un duo sans prétention avec son nouvel ami elle choisit alors une chanson assez mognonne car elle faisait référence à un jeu de son enfance mais d'une façon très détourné. "Tu connais la chanson Jacques a dit ?" Elle commença à chanter le refrain :

"Jacques a dit : "Cours"
Jacques a dit : "Vole"
Mais pas le jour où je décolle
Jacques a dit : "Cours"
Jacques a dit : "Aime"
J'ai beau t'aimer, tu pars quand même
Jacques a dit : "Marche"
Jacques a dit : "Rêve"

Me fait tant marcher que j'en crève
Jacques a dit : "Certes, je lui pardonne"
Jacques est un rêve, pas un homme"

Puis s'apercevant qu'elle s'était laissé emporté comme quand elle chantait seule pour le saule cogneur, elle adressa un sourire à son voisin et reprit la parole "Alors tu connais ? Ce n'est pas très rock mais..." Mais Roze n'étais pas très rock de toute façon, elle aimait avant tout les paroles pleines de sens parlant de la difficulté à avancer dans la vie. Elle pensa alors à une autre chanson dans sa langue. Et oui Roze était allemande, elle connaissait donc des chansons en... allemand. Logique tout ça, plus logique qu'elle en tout cas. "Sinon il y a Spring Nicht d'assez connu dans ma langue" Et comme pour l'autre, elle commença à chanter l'air principal, celui du refrain avec un peu plus d'assurance encore car il n'y avait là aucune barrière... chanter des chansons dans une autre langue que la sienne c'était assez dur même pour quelqu'un de bilingue car en plus de chanter juste il fallait toujours avoir bien à l'esprit qu'on devait prononcer correctement et de préférence sans trop d'accent la langue étrangère. En allemand no soucy, avec accent c'était encore mieux.

"Ich schrei in die Nacht für Dich,
lass mich nicht im Stich,
Spring nicht.
Die lichter fangen Dich nicht,
sie betrügen Dich.
Spring nicht.
Erinner Dich,
an Dich und mich.
Die Welt da unten zählt nicht,
Bitte spring nicht."

Elle conclut son récital improvisé avec un petit rire "C'est une chanson un peu triste mais je passe tellement de temps en angleterre que je n'ai plus le temps d'en connaître de chez moi !". Il était vrai qu'elle était 9 mois sur 12 à Poudlard, ou peu s'en faut, et il arrivait qu'elle ait le mal du pays... pourtant elle était aussi très attaché à son pays d'adoption ayant à certains égards adopté la mode anglaise qui voulait que le flegmme fut une vertu... Elle était resté tellement de temps enfermé à la bibliotheque qu'elle avec Alexander qu'elle en avait pris certaines attitudes typiquement anglaise. Des mouvements de surprises ou de bonheur savemment dosé pour n'être jamais choquant... ce qui permettait aussi à son côté foufou de s'assagir, du moins en apparence. En effet elle continuait fréquemment à partir dans ses délires de fées et de lutins et à penser que les poupées parlaient d'une voix qu'elle seule savait entendre... cependant il fut une époque de l'histoire littéraire où l'on n'aurait pas appelé ça de la folie mais... de l'inspiration !

Trop modeste pour relever le compliment que venait de lui faire le gryffondor, elle se contenta de lui faire signe qu'elle était prête et elle seleva pour chanter tout à son aise. Posant la main sur son ventre pour réguler sa respiration (faut pas croire, il y a des notes longues dans cette chanson !) elle commença quand ce fut le moment. Dans le silence du parc, elle chantait à plein poumon de sa petite voix claire.



Il était relativement paradoxale que la petite Roze chante de telles paroles, elle qui était l'innocence de l'enfance personnifié dans un corps à peine touché encore par l'adolescence. Et pourtant qui mieux qu'elle connaissait la haine et la folie des hommes. Son enfance tâchée de sang, son esprit troublé par de nombreuses tortures mentales, son corps enfin, en retard au niveau de la croissance, trop petite, trop jeune, trop "poupée" encore pour paraître "normale". Mais qu'étais ce que cette normalité dans laquelle on voulait forcé Roze à entrer ? N'étais ce pas finalement lui faire perdre tout son charme ? N'est elle pas mignonne avec son petit grain de folie ? Au final c'est à chacun de juger mais elle reste ce qu'elle est. Une jolie poupée aux yeux rêveurs...



Ses cheveux volant derrière elle, les mains maintenant liés comme dans une prière et les yeux clos, elle chantait encore. Elle ne pensait à rien d'autre qu'aux paroles qu'elle devait prononcer sans que son dur accent allemand ne vienne troubler la beauté des paroles et leur poésie. Si la vie était bien grise...



Roze, elle, la voyait toujours en rose. Occultant tout ce qui pouvait troubler son bonheur jusqu'à même s'en rendre folle aux yeux des autres elle voulait toujours prendre le bon parti de chaque situation. Et si elle pouvait sans mentir chanter la tristesse de la vie, elle ne l'incarnait pas.

Ouvrant à nouveau ses grands yeux bleus, elle sourit et se tourna vers Edward. "Nous n'avons pas fait revenir les papillons !" fut sa première constatation, la seconde, tendant la main au gryffondor, fut qu'il n'était pas trop tard pour les retrouver. "Viens avec moi, il faut qu'ils t'entendent !"

Quand elle comprit ce qu'Edward avait en tête elle posa à son tour sa baguette sur sa gorge et prononça sa formule. Le moment venu elle se remit à chanter à plein poumon et contre toute attente les papillons vinrent effectivement les rejoindre mais plus que le bruit ce fut les mouvements de Roze qui les attirèrent. Habillés d'une robe bleu et blanc, ses cheveux blonds virevoltant maintenant librement autour d'elle, elle chantait tout en tournant sur elle même un bras levé vers le ciel. Ses joues étaient roses et elle souriait autant aux papillons qu'à Edward, finalement quand les papillons frolèrent ses doigts elle fit cesser le charme "sonorus" et se mit à rire avant de reprendre son chant, un peu plus essouflé mais non moins dynamique, tout en continuant à danser avec les quelques papillons qui daignaient s'approcher, attirés par les reflets dorés de sa chevelure qu'ils prenaient pour des fleurs. Après tout, elle s'apellait Roze, "rose", l'une des fleurs les plus emblématique de la passion, de la chanson mais aussi de l'amour ou de l'amitié. Les dernières notes plaqués sur la guitare elle continua à danser et invita Ed à lâcher sa guitare pour la rejoindre "Viens, ils veulent danser avec toi aussi !" Prenant les mains du gryffondor elle le força plus ou moins à se lever avec de nombreux éclats de rire et elle l'entrapina dans sa farandole de joie et de bonne humeur où elle ne cessait d'admirer les papillons. Elle se sentait si légère ! Il y avait bien longtemps qu'elle ne s'était pas autant amusée... très longtemps même...

Finalement elle se calma un peu et reprit son souffle. Plongeant son regard azuré dans les yeux du presque même bleu d'Ed, elle lui dit de sa douce voix chantante "Merci d'avoir fait venir les papillons" et se mettant sur la pointe des pieds elle posa un baiser sur sa joue.