Une situation bien insolite... [PV Lydia]

Travailler. Voilà un mot qui avait tendance à faire soupirer notre jeune Gryffondor. Forcément, quand on est pleine de vie et qu'on a toujours envie de bouger, c'est un peu difficile de venir s'enfermer à la bibliothèque pour travailler. Mais bon, de toute façon, il faut bien le faire, et la petite s'y mettait malgré tout, car elle avait encore plus envie de réussir depuis qu'elle était une sorcière.
C'était vrai, quoi, elle qui avait pensé qu'il suffisait de recevoir sa lettre d'admission à Poudlard pour être une parfaite sorcière, elle se trompait... Elle n'allait pas dans cette école pour exécuter des petits sorts qu'elle aurait appris inconsciemment, non, il fallait travailler, et presque plus que dans l'école moldue.
A la différence que c'était quand même beaucoup plus plaisant de travailler la magie que les maths, l'anglais...

Notre petite Cherise était donc assise à une table de la bibliothèque, en regardant avec envie les gros flocons de neige tomber à l'extérieur. Ah, qu'est-ce-qu'elle avait envie de se jeter dans la neige, de balancer une boule de neige sur Haven (le pauvre, c'était toujours lui qui prenait...) et de construire un bonhomme de neige. Neige, neige, neige !
Cela lui rappelait amèrement la période où elle regardait aussi la neige tomber de manière inaccessible de sa chambre d'hôpital... Sauf que ce n'était pas exactement pareil, à cette époque, c'était réellement inaccessible, alors que là, il suffisait qu'elle finisse son devoir de métamorphose, et ça y est, elle pouvait aller dehors !
Il faut dire que c'était aussi sa faute si elle ne l'avait pas fini... Elle avait préféré faire la folle tandis que la plupart de ses amies avaient planché dessus, et voilà, maintenant, elle se retrouvait punie, tout le monde allait dehors tandis qu'elle se retrouvait à finir un énorme devoir la veille pour le lendemain.
De toute façon, vous ne verrez jamais Cherise s'organiser dans ses devoirs ! De manière générale, la petite vit au jour le jour, et elle a toujours mieux à faire que ses devoirs ! Mais bon, n'allez pas penser par là que du coup, elle ne les faisait pas, non, elle arrivait toujours à s'en sortir, même si elle devait être la dernière à partir de la salle commune de Gryffondor le soir pour les finir...
Mais là, il fallait avouer qu'elle avait un peu de mal. Elle avait beau regarder dans tous les manuels de métamorphose qu'elle trouvait, l'inspiration ne venait pas. Quelle idée, aussi, de donner un devoir de cette taille à des premières années ?
Pff, en plus, étant de la maison de McGonagall, elle devrait sûrement attendre du bon travail des élèves de Gryffondor... Difficile quand on sait qu'il neige dehors.

Si seulement un élève plus âgé pouvait lui donner un coup de main. Aaah, elle lui serait vraiment éternellement reconnaissante ! Oui, elle avait vraiment besoin de l'aide là.
La petite fille regarda désespérément autour d'elle. Grumpf, il n'y avait pas grand monde. Normal, tout le monde profitait de la neige...
En fait, la seule personne susceptible de la sauver (car Cherise avait tendance à exagérer la situation) était une élève de Serpentard aux cheveux noirs, qui était assise à une table non loin de là.
Serpentard... Heuuu, ce n'était pas très prudent, ça, d'autant plus que Cherise était à Gryffondor...

Bon, tant pis, elle en avait vraiment marre, là, il fallait qu'elle en finisse avec ce devoir, ou bien qu'elle parle à quelqu'un ! C'est vrai, quoi, Cherise n'aimait jamais rester trop longtemps silencieuse, même quand elle faisait ses devoirs...

"Hé, psst ! chuchota-t-elle pour que la jeune fille se retourne. Tu veux pas m'aider pour mon devoir de métamorphose, toi qui es plus grande ? J'sèche complet, là, et ça m'énerve !" s'exclama-t-elle en essayant d'avoir l'air implorant.

C'était tout du Cherise ça. Il n'y avait qu'elle pour penser qu'une inconnue irait perdre son temps à aider une autre inconnue... Sauf que ce n'était pas tellement une inconnue. En fait, la jeune fille s'appelait Lydia Sallers, et c'était la cousine de Cherise.
Oui, cela surprend, sauf que la petite ne connaissait pas sa cousine. Ou du moins, elle pensait ne pas la connaître. Disons qu'il y eut une période pendant laquelle Andrea, la mère de Cherise, avait à moitié pardonné le fait que ses frères et soeurs l'aient "oublié" en partageant l'héritage. Certes, elle était un peu vexée, mais ne refusait pas de les voir pour autant. Pendant cette période-là, Cherise voyait ses cousins du côté maternel environ trois-quatre fois l'année, ce qui était déjà énorme pour Andrea, qui pensait qu'elle était trop gentille d'accepter de les voir.
Sauf que pendant cette période, Cherise n'avait pas encore sept ans. Et comme nous le savons, à sept ans, la petite fut victime d'un "accident" qui lui fit perdre la mémoire. Tout ce qu'elle sut ensuite de ce qu'elle avait vécu avant ses sept ans fut ce que voulut bien lui raconter ses parents.
Le problème était qu'entre temps, Andrea s'était fâchée avec le reste de sa famille, pour une raison mystérieuse (ou du moins, une raison inconnue de Cherise). Tous les rapports entre les Rowle et les Sallers furent donc rompus. Deuxième problème : Andrea ne trouva pas "nécessaire" de raconter à Cherise le fait qu'elle connaissait ses cousins. En fait, c'était surtout qu'elle ne voulait pas parler de sa famille, cela l'énervait au plus haut point. Cherise savait juste qu'ils étaient fâchés, qu'elle avait des cousins qu'elle ne connaissait pas, et puis c'était tout.

Imaginez donc comment devait réagir Lydia Sallers, qui n'était peut-être pas au courant de l'amnésie de Cherise, en voyant sa cousine lui adresser la parole comme si de rien n'était, comme si elles n'avaient aucuns liens.
Cela devait paraître très étrange.
Cherise, elle, ne faisait pas attention à tout cela, et continuait de sourire à la jeune fille, en priant pour qu'elle puisse bien la sortir du trou dans lequel elle était tombée...

Lydia n’était pas du genre à se donner trop à fond dans les choses qui ne lui plaisait pas. Et ce devoir de potion ne lui plaisait pas. Mais pour paraître bien aux yeux du directeur de sa maison, et aux yeux de ses parents, elle tenait quand même à avoir un minimum de culture quant aux vertus des ingrédients et des potions qu’on pouvait produire avec. C’était si… Si répugnant à dessiner, même à décrire, Lydia avait l’impression que ça lui coulait dans le dos à force d’écrire les différentes propriétés des ingrédients nécessaires à cette potion hideuse et puante.

Enfin bref ! Quand il le faut, il le faut. Elle irait s’en plaindre à Adam plus tard. Si ça se trouve il viendrait aussi à la bibliothèque pour faire le même travail. Ou pas. Enfin, si jamais il avait besoin, elle lui filerait ses notes, et il aurait un gage, c’est tout.

Elle avait un livre dans les bras, et allait pour le reposer, et en emprunter un autre, pour parfaire sa description dégoulinante, quand un chuchotement l’arrêta en plein élan. Non mais dites donc, à la bibliothèque on se concentre, on ne dérange pas les autres braves élèves qui font leur devoirs bien studieusement pour leur parler de… de n’importe quoi ! Un peu de silence et de calme, quoi !

Lydia se retourna, sur le coup, elle avait sortit son plus joli sourire hypocrite qu’elle avait en stock. Et là, surprise ! La cousine bizarre… Ben voyons ! Mais quelle misère Lydia avait-elle fait au bon Dieu pour mériter pareille situation ?
Se retenant de peu de lever les yeux au ciel et de soupirer d’ennui, Lydia figea son sourire et fit l’étonnée.

« Tiens, ma cousine. Que fais-tu ici ? » chuchota-t-elle. « Métamorphose, tu dis… Je ne suis pas si douée dans cette matière, mais je peux peut-être t’aider… Laisse-moi voir ! »

Comme si elle n’avait pas assez de devoirs, il fallait en plus qu’elle fasse du soutient scolaire à cette cousine aussi allumée qu’un feu d’artifice. Non mais regardez-là, aucune tenue, et Lydia risquait de se faire avoir par Madame Pince si elles continuaient à parler aussi fort et rapidement. Pas question qu’elle se fasse interdire de bibliothèque par cette fille. Si jamais cela se produisait, elle le lui ferait payer. Tiens, elle venait d’avoir une idée de gage pour Adam, si jamais l’opportunité se présentait, elle devrait lui en toucher deux mots.
Levant les yeux du devoir, Lydia, poussée par la curiosité, osa tout de même demander :
« Mais, en fait, ça fait longtemps que tu es à Poudlard ? Ca fait tellement longtemps qu’on ne s’est pas vues. Je sais que les parents ont des différents, mais quand même ! Et comment ça se fait d’ailleurs qu’on ne puisse pas se voir ? »

Non en fait, Lydia en faisait trop. Bien sûr qu’elle voulait avec quelques nouvelles, mais vraiment afin de les utiliser plus tard pour ennuyer sa cousine si haute en couleur. Adam serait ravit de savoir ça. Elle se doutait un peu de la réponse, que Cherise serait en première année, qu’elle aimerait aussi qu’ils se revoient tous, au lieu de subir les énervements de leurs parents ect… Mais elle ne s’attendait pas à la suite !

Ouiiiii, elle ne la rejetait pas ! Elle ne lui disait pas "va te faire voir, espèce de sale petite Gryffondor" ! Pour Cherise, c'était un énorme exploit ! Il faut dire que quand on évolue tous les jours dans une salle commune où les Serpentard sont particulièrement détestés, on finit par penser la même chose qu'eux... (pas bien, pas bien !) Surtout quand on n'a que onze et quand on essaie de ne pas trop baver d'admiration devant les paroles des "grands". Non, là, on exagère un peu, Cherise n'est pas tout à fait comme ça, parce qu'après tout elle a l'habitude de voir des grands avec ses cousins du côté paternel, et puis, on commence à le savoir, elle n'est pas du genre à bafouiller et à se laisser marcher sur les pieds.
Enfin, n'empêche, elle était tout de même contente que la grande Serpentard ne l'envoie pas paître. Cependant, son sourire s'effaça assez vite avec les premières paroles que la jeune fille prononça. Cousine ? Hein, c'était à elle qu'elle parlait, là ? Cherise ne put s'empêcher de jeter un petit coup d'oeil en arrière pour vérifier. Non, il n'y avait personne derrière elle, c'était bien à elle qu'elle s'adressait. Logique, en même temps, puisque c'était Cherise qui l'avait dans un premier temps interpellée. Bon, ne nous affolons pas, c'était sûrement son imagination qui lui avait joué des tours, peut-être encore la faute à cette fichue mémoire ! En plus d'effacer certains souvenirs, voilà qu'elle se mettait à en inventer ! Ce n'était vraiment pas pratique, quand même...
Mais bon, le principal était que la jeune fille veuille bien regarder son devoir de métamorphose, non ? Cherise, ayant momentanément retrouvé le sourire, lui glissa sa feuille sur laquelle elle avait seulement marqué le titre du devoir : Transformer une alumette en aiguille.

"Waah, merci, c'est sympa ! Comme ça je pourrais dire dans la salle commune que les Serpentard ne sont pas tous comme ils les décrivent !" s'exclama-t-elle en essayant de ne pas parler trop fort, mais en fait, cela était moyennement réussi...

Cherise regardait la jeune fille jeter un oeil sur son devoir avec un air satisfait. Bon, au moins, ça serait une bonne chose de faite pour aujourd'hui ! Et elle pourrait se vanter partout d'avoir fait son devoir de métamorphose avec l'aide d'une élève de Serpentard ! Bah quoi, c'est vrai, cela ne devait pas arriver tous les jours, quand même ! Mais la jeune fille, au lieu de lui indiquer tout ce qu'elle devait faire (comme l'espérait Cherise qui n'avait pas envie de trop se casser la tête) lui posa quelques questions qui n'avaient rien à voir avec la métamorphose... La petite resta interdite. Les parents ont des différents ; ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vues...
Ces phrases résonnaient dans la tête de la petite sans avoir une moindre signification. Bien sûr qu'elles devaient en avoir une, à moins que ce soit la jeune fille qui était en fait une vile Serpentard qui voulait se moquer d'elle, mais leur sens échappait vraiment à Cherise. Cela voulait dire qu'elles s'étaient déjà vues ? La petite regarda le visage de la jeune fille en essayant de fouiller dans ses souvenirs. Non, rien, nada, niet, nothing.
Et puis la toute première parole de Lydia lui revint en mémoire.

La mia cugina ?... répéta-t-elle à mi-voix, et en italien, ce qui signifiait qu'elle était réellement dans une réflexion intense pour ne pas se rendre compte qu'elle ne parlait pas la bonne langue.

Elle regarda sa prétendue cousine avec un air qui signifiait clairement qu'elle ne comprenait rien (de toute façon, elle n'avait jamais réussi à cacher ses sentiments), et se décida finalement à dire :

"Je... ne vois pas de quoi tu parles. De quels parents... s'agit-il ?" demanda-t-elle lentement, en essayant de voir s'il y avait en anglais un sens du mot "parent" qui lui échappait, même si pourtant elle parlait bien mieux anglais qu'italien... "Sinon, je suis à Poudlard depuis le début de l'année..." ajouta-t-elle pour répondre à la seule question qui avait un réel sens dans son esprit, avec un soupçon de méfiance dans la voix.

Zut, tout cela ne se déroulait pas comme elle le désirait. Elle qui avait seulement envie qu'on l'aide pour son devoir de métamorphose, voilà qu'elle se retrouvait à côté d'une fille qui lui parlait chinois. Oh noooon ! Et si c'était quelqu'un qu'elle avait réellement vu mais qu'elle ne s'en rappelait pas ? Mais pourquoi ses parents ne lui auraient rien dit ? Peut-être qu'elles s'étaient juste croisées et que ça n'était pas "capital" que ses parents lui en parlent... Mais comment se faisait-il qu'elle se souvenait d'elle alors ? Et puis, la cousine, quand même...

Tout un tas de questions se bousculaient dans l'esprit de la petite, mais elle n'osait rien dire pour l'instant, elle attendait juste de voir la réaction de sa prétendue cousine face à son incompréhension. Il y avait de quoi être étonné...


[Vraiment désolée du retard...]

Les Serpentard, pas tous comme on les décrits ? Attention, minette, certains préfèrent la force brute, comme Crabe et Goyle, d’autres préfèrent la ruse, comme Lydia, et certains s’en fichent éperdument, comme… Euh et bien, il s’en fichent c’est tout. Intérieurement, Lydia rigolait déjà de pouvoir faire tourner sa cousine en bourrique. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien lui inventer pour lui faire perdre son temps.
L’exercice de Métamorphose semblait on ne peut plus simple, Lydia pouvait lui indiquer une formule erronée pour s’amuser, ou carrément en inventer une. C’est qu’elle a une imagination débordante lorsqu’elle s’y donne la peine, la Lydia.

Mais là, son imagination fut stoppée net. Comment ça de quoi elle parle ?

Ca semblait incroyable. Elle se payait sa tête non ?
Trop étonnée, pour une fois, Lydia l’imperturbable se prit à ouvrir des yeux ronds comme des ballons.
« Mais, mais… Cherize… T’es bien Cherize, non ? Je ne me trompe pas pourtant ! » La gamine de première année avait réussi à faire douter sa Serpentard de cousine. Pas mal, pour une première rencontre.
Lydia jeta tour à tour un regard vexé, puis éberlué puis interrogateur à sa cousine, qui visiblement avait pris des cours de théâtre. Impossible qu’elle ne se souvienne pas d’elle ! Impensable. Combien d’heures avait-elle passée avec ou sans Adam à la ridiculiser ?
Lydia, toujours aussi perplexe, se demanda comment faisait la demoiselle de première année pour être aussi… crédible ? Elle allait essayer quelque chose d’autre, pour essayer de la tester.
« Je suis ta cousine, Lydia. Lydia Sallers, tu sais, ta cousine adorée ? On allait souvent ensemble dans les parcs d’attraction pour goutter tous les trucs sucrés qui étaient proposés ! » Impossible que Cherize gobe ça. Déjà d’une parce que les parc d’attraction et Lydia, ça fait quinze, mais qu’en plus, jamais Lydia n’aurait fait le tour des marchand de sucre ! C’était bien contraire à elle-même, n’ayant déjà jamais faim pour les repas, il aurait fallu la tirer devant le marchand pour qu’elle le voit, et ensuite la forcer à manger ces immondes filaments roses qui servaient uniquement à s’en coller plein partout plutôt qu’à la manger.
Enfin d’accord, Lydia n’était pas le type de personne à s’amuser avec une barbe à papa aux parcs, mais plus à chercher les trains fantômes pour ficher la trouille de sa vie à son frère, même si en général, et depuis bien longtemps, ça ne marchait pas plus que ça.

Mais revenons à nos moutons. Attendant la réaction de sa cousine, Lydia réfléchissait déjà à se souvenir de la formule de métamorphose originale pour transformer l’allumette en épingle et vice-versa. Elle pourrait ensuite échafauder une formule alternative pour fausser le devoir de sa cousine, et lui faire décrocher une bulle.

Après tout, personne n’en voudrait à Lydia, elle avait commencé par dire qu’elle n’était pas douée en métamorphose, n’est-ce pas ? Donc il était possible que les réponses qu’elle allait donner ne soient pas tout à fiat correcte, voir fausses, n’est-ce pas ? Personne n’irait soupçonner qu’elle l’aurait fait exprès. Du Lydia tout craché. Et puis ça lui apprendra, à cette cousine au nom de fruit rouge de se payer la tête de Lydia Sallers!

536 mots

&&&

Pitié, pitié que la jeune fille ne confirme pas ses mauvais pressentiments ! En fait, ce n'était pas que Cherise ne voulait pas avoir de cousine en plus (en plus, elle paraissait plutôt sympathique pour une Serpentard), mais c'était jamais très agréable de se sentir piégé comme cela. Parce que c'était bien le sentiment de la petite fille, elle se sentait piégée, et trahie. Si ses doutes étaient réellement confirmés, cela signifiait que ses parents lui avaient menti sur un point, ce qui anéantirait notre brunette, qui pourrait douter à tout instant de la parole de ses parents, et en particulier de sa mère, qui était la principale concernée. En effet, si la grande fille était réellement sa cousine, cela ne pouvait être que du côté des Sallers, puisque c'était une famille qu'elle ne voyait pas. Bien sûr, Cherise savait que sa mère était fâchée avec ses frères et soeurs, mais on ne lui avait jamais dit qu'elle avait des cousins, et encore moins des cousins qu'elle était susceptible de rencontrer à Poudlard ! Vous n'imaginez pas ce que cela représentait pour la pauvre petite ! C'était toute sa confiance envers ses parents qui s'écroulait ! Aussi croisait-elle les doigts pour que ce soit autre chose... Bien sûr, elle n'arrivait pas à voir ce que ce pourrait être d'autre, mais on ne sait jamais, pitié que ce soit autre chose...
Sauf qu'au vu de la tête qu'affichait la grande fille, il y avait forcément quelque chose, et ce n'était pas bon signe... Et voilà, elle savait qu'elle s'appelait Cherise... ça sentait mauvais, ça, trèèèès mauvais !

"Heuu... Oui, Cherise, c'est ça..." dit-elle lentement en avalant sa salive bruyamment, ce qui matérialisait le fait qu'elle sentait que ses craintes se concrétisaient.

Non, non, ce n'était pas possible, comment sa mère avait-elle pu lui faire ça ? Ce qu'il y avait à cacher était si important que cela ? Est-ce-que Cherise aurait évolué différemment en sachant qu'elle avait des cousins ? A cette heure, il n'y avait rien de mal à en avoir... Non, non, décidément, ça n'avait pas de sens, ce ne pouvait donc être cela !

Cherise baissa les yeux sur son devoir de métamorphose en essayant de ne pas laisser ses larmes aller libre cours. Non, c'était complètement idiot de pleurer, alors que les soupçons n'étaient même pas encore confirmés... Contrôle-toi, petite, contrôle-toi... Et puis, à la limite, cela serait une bonne nouvelle d'avoir une cousine, non ?

* Oui mais mes parents m'auraient menti. *

Voyons, Cherise, ce n'est pas totalement du mensonge, puisque vous ne parlez jamais de la famille Sallers ! Si ça se trouve, Mrs Rowle aurait bien voulu te répondre si tu lui avait posé la question, c'est juste qu'elle n'allait pas en parler spontanément, c'est normal, c'est jamais très facile de parler de quelque chose qui nous fait mal au coeur.

* Mais elle n'a pas l'air tellement triste de s'être fâchée avec sa famille. *

Non, non, il ne faut pas dire cela, tu ne peux jamais en être totalement sûre. La famille, c'est quand même primordial, et même si les relations sont mises en pause, il y a quand même des souvenirs en commun qui font qu'on ne peut jamais être réellement indifférent à ce qui arrive à l'autre.

* Ah oui ? Et pourquoi elle ne prend jamais de leurs nouvelles, alors ? *

ça, c'est ce que tu crois, mais après tout, tu n'es pas toujours derrière elle, et tu ne peux pas savoir ce qui se passe dans la journée.

Ah ça, il était certain que Cherise ne pouvait pas savoir ce qu'Andrea Sallers faisait de ses journées. Si elle savait qu'elle les consacrait de nouveau au Seigneur des Ténèbres, depuis qu'il était revenu, que penserait-elle ? Sûrement se sentirait-elle trahie, une fois de plus... Mais elle ne se doutait certainement pas que tout cela était fait pour la protéger... Si Andrea avait coupé tous les liens avec sa famille, c'était en partie pour qu'ils ne sachent pas ce qu'elle faisait, car ils auraient pu l'en dissuader, ou bien en informer Cherise sans faire exprès... Et si elle s'était engagée auprès du Seigneur des Ténèbres, c'était encore et toujours pour protéger sa fille, car elle avait déjà perdu un fils en osant tenir tête au plus puissant mage noir.
Que la vie est complexe !
Mais en ce moment, la petite se demandait bien qu'est-ce-qui avait bien pu pousser ses parents à lui mentir, d'autant plus que ses doutes venaient de se confirmer parce qu'avait dit Lydia. Lydia Sallers, elle s'appelait. Forcément, impossible de se leurrer, là. D'autant plus qu'elle paraissait vraiment peinée de voir que Cherise ne se rappelait pas tous les bons souvenirs qu'elles avaient du avoir ensemble.
La petite, toujours penchée sur son devoir, laissa tomber quelques larmes avant de relever la tête et de dire :

"Je... Je... Je ne savais pas. Je suis désolée..." dit-elle à la fois pour ses larmes qui coulaient sur ses petites joues rebondies et pour le fait qu'elle ignore l'existence de sa cousine. "Mes parents ne m'ont rien dit... Aaah, je leur en veut tellement ! Pardon, cousine, pardon !" s'exclama-t-elle en se jetant subitement dans les bras de Lydia, car elle sentait vraiment l'affection qu'elle avait eu de constater le triste état de la mémoire de Cherise.

Elle était triste et en même temps heureuse de découvrir l'existence de Lydia. Et si ça se trouve... si ça se trouve, elle n'était pas la seule ! Oh mon Dieu ! Et si Cherise avait d'autres cousins ? Non, non, ses parents seraient deux fois plus coupables, là, la petite ne le supporterait pas...
Pourvu que Lydia soit la seule...

C’était décidément trop fort en chocolat ! Comment, mais COMMENT était-ce possible que Cherise, la cousine souffre-douleur préférée de Lydia ait pu oublier les mille et un caprices qu’elle lui avait infligés ? COMMENT avait-elle pu oublier jusqu’à l’existence même de la peste ?

Déboussolée, Lydia resta coite devant la nouvelle. Cherise semblait prise dans ses pensées, à les tourner, retourner, détourner, entourer pour retrouver un semblant de fil conducteur. A priori ça ne semblait pas se dérouler comme elle l’aurait voulu. Lydia décida d’enfoncer un peu plus le couteau.

« Ah, quand je vais dire à Adam que tu m’as oubliée, il va se moquer de moi ! » fit-elle, la mine boudeuse. Elle s’était reculée sur le dossier de sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine. Elle faisait la moue, comme si elle était vraiment vexée. En fait, elle s’amusait comme une folle. Quoique… Il fallait qu’elle reste sur ses gardes, si ça se trouvait, Cherise le menait en bateau et allait lui dire au bout de quelques minutes qu’elle blaguait, qu’elle se souvenait d’elle, et que « mentir c’est pas gentil »…

Mais la cousine Cherise ne sait pas mentir comme Lydia. Ca se voyait tout de suite sur son visage, qu’elle était sincère lorsqu’elle disait ne pas se souvenir. C’était si pathétique, que c’était à grand peine que Lydia se retenait de rire. Comment faisait-elle pour parler aux gens sans réussir à leur cacher ce qu’elle ne voulait pas leur dire ? Ou alors, était-elle si impudique que leur raconter la moindre tranche de sa vie ne lui posait pas de problème ? C’était répugnant. Les gens n’ont pas à savoir ce qu’il se passe au fond d’une personne. Et d’ailleurs, ils s’en fichent éperdument. La seule personne qui se soucie de Lydia, c’est elle-même. Et Adam. La seule exception qu’elle avait trouvée dans toute l’Angleterre. Et elle ne comptait pas en chercher une autre.

Lydia décida de semer encore un peu plus la zizanie. « Au fait, ne me dis pas que tu as oublié aussi ta promesse à Daniel ? Tu sais, quand vous étiez petits, vous jouiez souvent au petit couple nouveau-marié. Si tu lui dis que tu l’as oublié, tu vas le faire pleurer…Le pauvre ! Vous aviez même fait la promesse, que lorsque vous seriez plus grands, vous vous marieriez ! Il va être déçu, si tu l’as oublié aussi ! » Voila, comment mettre mal à l’aise sa cousine, et par la même occasion faire passer un futur mauvais moment à l’espèce de lutin qui lui servait de frère. Elle s’ne réjouissait d’avance, et avait même l’intention de rechercher n’importe-quoi pour lui changer d’apparence, la transformer en souris pour qu’elle puisse assister à la rencontre.

« A propos, ça me chiffonne, ce que tu as dis. Pourquoi tes parents ‘ne t’ont rien dit’ ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? il auraient dû te dire quoi ? » Demanda-t-elle, afin de mener l’enquête sur le pourquoi du comment de chaque phrase que pourrait prononcer Cherise. Peut-être l’une d’elle pourrait lever le voile sombre sur son trou de mémoire. Un accident ? Comment avait-elle fait pour oublier sa pire cousine Lydia ? (Ndla : ça y est, on a bien vu qu’elle était vexée ? Ok, cool… On va en remettre une couche : on N’oublie PAS Lydia Sallers, didjou !)

A croire qu'il suffisait que Cherise craigne quelque chose pour que cela se réalise. En tout cas, c'était un peu ce qui se passait depuis qu'elle avait rencontré Lydia. Celle-ci avait un don de légilimencie ou quoi ? Non, non, ce n'était pas possible, elle réagissait tellement gentiment que ce n'était pas possible qu'elle veuille faire du mal à Cherise. D'ailleurs, on aurait plutôt dit l'inverse, vu toutes les anecdotes qu'elle essayait de rappeler vainement à notre petite amnésique. Cela avait commencé par les parcs d'attraction, la petite n'en avait absolument aucun souvenir et cela n'avait pas l'air d'avoir laissé Lydia indifférente. Mais la brunette était trop perturbée elle-même pour essayer de deviner ce qui se passait à l'intérieur des autres. Et les autres, en l'occurrence, c'était Lydia. C'était sûrement une erreur, quand on y songeait, peut-être que si elle avait essayé de percer la muraille de sa cousine, elle aurait trouvé des choses qui l'auraient bien informé sur ses intentions. Ou peut-être pas, d'ailleurs, Cherise n'était pas du genre à essayer de "deviner" les choses, au contraire, il fallait qu'on les lui explique clairement, sinon ça l'énervait, Haven en avait déjà fait les frais à propos... Son comportement était tellement incompréhensible pour la petite fille (mais pourquoi l'avait-il embrassée sans crier gare ?) qu'elle s'était énervée puis avait boudé.
Mais peut-être que ce n'était pas la solution, là. Si elle s'énervait, la pauvre Lydia serait encore plus triste, d'autant plus que ce n'était pas elle la coupable. Les coupables, c'était bel et bien ses parents. Ils ne lui avaient jamais parlé d'elle... Ni d'Adam.
Noon ! Adam ! C'était qui Adam ? Encore quelqu'un qui la connaissait, visiblement, mais dont le nom était parfaitement inconnu pour Cherise ! La petite sentit de nouvelles larmes lui monter aux yeux en même temps que le sentiment d'impuissance l'envahissait peu à peu. Fallait-il qu'elle devine tout ? Ses parents avaient-ils juste oublié de lui en parler ? Oh, après tout, Adam n'était peut-être pas quelqu'un de sa famille, mais juste une connaissance de Lydia, non ? Comment la connaîtrait-il, alors ? Oui, cela devait être le meilleur ami de sa cousine, et du coup elle lui avait forcément parlé de sa cousine avec qui elle s'entendait très bien, apparemment.

"Non, non, ne dis pas à ton meilleur ami que je t'ai oublié, c'est pas vrai !" s'exclama-t-elle instinctivement, car elle pensait que Lydia exprimait ainsi une plaie qui s'était ouverte près de son coeur - pauvre naïve qui se trompait lourdement - "Enfin... Si, c'est vrai, mais je n'ai pas fait exprès... Si j'avais su tout ce qu'on avait vécu, je ne l'aurais pas oublié. Heuuu, désolée, ça n'a pas de sens ! Si je t'ai fait de la peine, je veux qu'on retrouve notre ancienne relation ! Dis-moi ce qu'il faut je fasse !" continua-t-elle sur sa lancée, sans s'imaginer que ce qu'elle venait de dire allait peut-être l'emmener à tomber dans un gouffre.

Mais pour l'instant, tout ce dont se souciait Cherise, c'était de sa cousine Lydia. Elle avait même momentanément oublié la faute de ses parents, tant pis, elle s'occuperait de ça plus tard, pas la peine d'embêter la grande Serpentard avec ça. Bien sûr, elle sentait bien la peine que cela lui causait d'avoir perdu la confiance qu'elle avait en ses parents, mais, ça, c'était une histoire qui se réglerait entre elle et eux, à tête reposée, surtout. Car le problème de Cherise, c'était qu'elle avait tendance à se laisser envahir par toutes sortes d'émotions, et dans ces cas-là, c'était plus ces émotions qui la guidaient que sa véritable raison. La preuve avec Lydia, d'ailleurs.
Celle-ci paraissait maintenant plus ou moins vexée, ce qui touchait vraiment la pauvre Cherise, et ne se décida à reparler qu'au bout d'un moment. Pour lui parler de... Daniel. Aaargh, encore un autre ? Non, cette fois, ce ne pouvait pas être le meilleur ami de Lydia... Ils se connaissaient depuis longtemps, apparemment. Pitié, faites que ce soit un cauchemar ! Cherise n'avait pas forcément envie de se mettre dans tous ses états à chaque fois qu'elle rencontrait quelqu'un de sa famille qu'elle ne connaissait pas. Il y avait intérêt à ne pas en avoir d'autres. Et voilà que ce Daniel apparaissait, comme surgi de nulle part, alors que Cherise ne s'était même pas encore remise de l'existence de Lydia. D'autant plus qu'il y avait de quoi être mal à l'aise, étant donné le genre de relations qu'ils avaient eu, apparemment. Aïe, et si le garçon lui sautait dessus, comme ça, sans crier gare, à la manière d'Haven mais à la différence que Cherise ne le connaîtrait pas ? Oh non, cela serait vraiment trop horrible. La petite fille, qui se demandait encore comment elle avait réussi à endurer toutes ses horribles découvertes, sécha ses larmes d'un air rageur, avant d'essayer de reprendre d'un air plus calme :

"D...Da... Daniel ?" commença-t-elle à mi-voix d'une voix chevrotante, "J'ai fait une promesse comme ça à... Da... Daniel ? Il... Il... a mon âge ?" s'exclama-t-elle un peu plus fort en cachant son visage dans ses mains. Elle prenait conscience de l'ampleur des dégâts à mesure qu'elle parlait et cela la désespérait. "Je t'en supplie, Lydia, dis-moi que c'est pas vrai ! Que c'est une blague, que tu veux me tester, je sais pas, moi ! Je le connais pas, celui-là ! Mais c'est normal, je ne me rappelle de rien depuis que j'ai 7 ans, je suis amnésique ! continua-t-elle avec une voix qui pouvait frôler l'hystérie, et qui était parsemée de sanglots.

Pourquoi avait-elle due subir de telles choses ? Ce n'était vraiment pas juste, non, vraiment pas juste... Si on voyait l'état de Cherise en ce moment-même, on pouvait se rendre compte que c'était vraiment pitoyable, et qu'elle ne méritait pas ça, elle qui était souvent très joyeuse et dynamique. En plus, maintenant, elle venait d'énoncer le noeud du problème, c'est-à-dire son amnésie, et redoutait à présent la surprise de Lydia. Si celle-ci n'était pas au courant, cela voulait dire que c'était vraiment... Mais après tout, elle avait déjà montré auparavant qu'elle n'était pas au courant, puisqu'elle ne savait pas que Cherise ne se souvenait pas d'elle. Ni des autres. Olalaaah... Maintenant, autant raconter jusqu'au bout alors, d'autant plus que la grande brune venait de lui poser la question.

"Mes parents... ne m'ont pas dit, après ma rééducation, que j'avais des cousins du côté de ma mère. Et... visiblement... Ils ne vous ont pas dit... ce qui m'était arrivé. Je ne comprends pas leur réaction. Aide-moi, s'il te plaît, aide-moi, je suis perdue !"

Un appel de détresse que Lydia était forcément obligée de prendre en compte... Obligée... Mais peut-être pas dans le sens qu'attendait Cherise.

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Voyant que sa cousine cadette était en proie à une crise intérieure, Lydia décida de pousser encore un peu plus le bouchon. Il était si amusant de voir comme Cherise était manipulable et crédule. S’enfonçant jusqu’au bout de son rôle de cousine adorée et protectrice, Lydia fit quelque chose qu’elle ne recommencerait jamais plus : elle se leva de sa chaise, et se jeta sur sa cousine, pour lui faire un gros câlin de consolation. « Allons, allons, chut ! Tout va bien. Ce n’est pas grave. Je m’excuse, je t’embrouille avec toute la famille » [/b][/color] Dit-elle, en caressant les cheveux de la Gryffondor. *Mon dieu, que c’est horrible ! Comment ai-je pu oser faire un truc pareil ? Adam va se tordre de rire non pas parce qu’elle m’aura oubliée, mais parce que jamais je n’ai poussé la comédie si loin ! Mais en même temps, c’est tellement jouissif…* Intérieurement, Lydia se sentait vomir de rage, jamais elle n’aurait pris personne dans ses bras comme ça, déjà Adam c’était plutôt rare (en même temps, Adam n’a pas besoin d’être consolé, c’est Lydia qu’il console, faut pas inverser les rôles !)

Laissant quelques minutes passer, Lydia relâcha son étreinte sur sa cousine, et écouta attentivement les raisons des trous de mémoire de la première année. « Oh, amnésique ? C’est horrible ! » Souffla-t-elle, comme si elle était affectée. En fait, c’était on ne peut mieux pour la suite du plan de la Serpentard. Oh oui, on ne peut plus parfait ! Elle allait pouvoir rire pendant des années après ça ! Puis elle fit un charmant sourire, tout ce qu’il y a de plus faux-cul au monde à l’attention de Cherise. « Ne t’inquiète pas, ma jolie, on va tout reprendre calmement et dans l’ordre. On va refaire un dessin, tu veux ? » Elle le prenait vraiment pour une idiote. Pour sûr que Cherise devait être assez intelligente pour comprendre les choses lorsqu’on les lui disait. Mais avec un dessin, c’était une manière de la débiliter encore plus. De la manipuler toujours plus parfaitement. Daniel ne s’en remettrait jamais.

« Alors ! » Commença la vipère. « Déjà il y a toi » Lydia dessina un cercle et écrivit le nom de sa cousine à l’intérieur. « Puis tes parents » nouveaux cercles, nouveaux noms… « Et du coté de ta mère, il y a mes parents… Et nos oncles et tantes » Derniers cercles au niveau des parents. « Tu suis ? » demanda-t-elle, d’un ton gentil.

D’un coté, elle s’amusait comme une folle à préparer des mascarades pareilles, mais de l’autre, elle finissait par se dégouter elle-même. Mais finalement, n’était-ce pas l’image qu’elle voulait donner à l’extérieur, celle d’une jeune fille parfaite sous tout rapport, l’innocence même ?

« Bon, ensuite, comme je t’ai dit, il y a moi et Daniel, tes cousins. » les cercles furent dessinés sous les premiers symbolisant les premier oncles et tantes de Cherise. « Ensuite, il y a Adam, ton autre cousin… Et le mien aussi, d’ailleurs » s’amusa-t-elle. Elle oublia volontairement le petit frère d’Adam. Celui-ci ne représentait aucun intérêt pour Lydia. Daniel avait au moins la particularité d’être particulièrement intéressant à haïr, le frère d’Adam ne méritait juste…Que d’être snobé par la jeune fille. « Et voila ! Voila tout l’arbre généalogique que tu as oublié. Alors, Adam, c’est vrai qu’on pourrait dire que c’est mon meilleur ami. Mais Daniel, c’était plus que ça pour toi. » Murmura-t-elle à l’oreille de la fillette. « D’ailleurs, ça m’embête de te le dire, mais, il est très sensible, alors tu ne devrais pas lui dire que tu l’as oublié. Il a été tellement choqué lorsque tu as ‘disparue’… » Elle laissa volontairement sa phrase suspendue. Les parents de la gamine n’avaient jamais jugé utile non plus de prendre des nouvelles de leur sœur lorsque le problème avec Cherise était survenu. Ni avant ni après d’ailleurs, en fait. Ca leur était bien égal. Les cousins aussi ne s’en étaient pas préoccupés.

Mais maintenant que Lydia avait retrouvé une Cherise à modeler comme bon lui semblait, elle n’allait pas la lâcher de sitôt ! « Ne t’inquiète pas, je suis là, ma petite cousine chérie. Je vais t’aider du mieux que je peux ! » *Tu peux compter sur moi !*

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Cherise n'aurait peut-être jamais dû venir travailler, ce jour-là. C'est peut-être un peu dommage de dire ça, car déjà qu'elle a du mal à s'y mettre en temps normal, si en plus quand elle fait un effort, cela la mène à cet état-là, cela peut vraiment être considéré comme du gâchis... D'autant plus que son devoir de métamorphose semblait bel et bien parti aux oubliettes, et ce pour un moment, vu tout ce que les deux jeunes filles auraient à se dire...
Enfin, peut-être que pour une fois, ce ne serait pas Cherise qui aurait le plus de choses à raconter ! Mais bon, il faut dire que dans l'état où elle était, elle ne pouvait pas non plus complaire à sa réputation de bonne pipelette. Elle était complètement bouleversée, déboussolée, effrayée, bref, tous les adjectifs que vous voulez ! Mais heureusement, Lydia, qui devait elle aussi être un peu étonnée, prenait les choses en main pour essayer de remettre Cherise de ses émotions. Même si elle avait laissé échapper une exclamation de surprise par rapport à l'amnésie de la jeune lionne, une exclamation qui avait fait un peu mal au coeur à la petite d'ailleurs, Cherise se rassurait en se disant que de toute façon elle était bien obligée de le lui dire...
Oui, sinon, cela serait complètement illogique qu'elle ait pu oublier une cousine si attentive, si gentille, si géniale, quoi ! Elle valait tout autant que ses cousins du côté de son père... Non, vraiment, c'était à se frapper la tête contre un mur que d'imaginer qu'on avait pu oublier une pareille personne.
Et si le reste de sa famille était comme elle ? Oh, finalement, ce serait peut-être plus une bonne nouvelle qu'autre chose ! Il ne fallait pas continuer à se lamenter sur son sort, peut-être qu'il y avait des tas de gens qui rêvaient de se découvrir une nouvelle famille aussi géniale ! Mais bon, mieux valait rester sur ses gardes aussi, personne n'avait dit que le soit-disant Daniel était aussi gentil que sa cousine. D'ailleurs, c'était qui Daniel, pour Lydia ? Son frère ? Son cousin ? A vrai dire, en plus des émotions qui la submergeaient, Cherise était un peu perdue. Heureusement, Lydia faisait tout pour la rendre à l'aise, en commençant par la prendre très fort dans ses bras tout en lui caressant les cheveux. Cela pouvait paraître bizarre de se faire serrer très fort par quelqu'un qu'on pensait ne pas connaître il y a quelques minutes à peine, mais en fait, cela faisait un bien fou à notre petite. Oui, là, elle avait vraiment besoin de réconfort. Elle redevenait la petite fille qui avait besoin de se blottir dans les bras de sa mère parce que ça n'allait pas.

Et là, en l'occurrence, Lydia jouait très bien le rôle de la mère, calme, rassurante. D'autant plus qu'elle semblait avoir compris que Cherise était un peu perdue dans ses relations avec tous ces nouveaux cousins. Aussi prit-elle une bonne initiative en commençant un dessin. A l'heure où la petite Gryffondor se sentait rajeunir de plusieurs années au point de vouloir pleurer dans les bras de sa maman, un petit dessin pour expliquer les choses était assez le bienvenu. Bien sûr, elle ne se rendait pas compte de l'ironie de la situation puisque Lydia se servait de cet outil pour la ridiculiser encore plus, mais maintenant qu'elle s'était mise en tête qu'elle avait découvert la plus gentille cousine qui soit, rien ne pouvait enlever le voile qu'elle s'était mise devant les yeux.

Un rond pour Cherise, deux ronds pour ses parents. Oui, jusque-là, ça allait quand même. Ensuite vint d'autres ronds qui correspondaient aux frères et soeurs de sa mère. Déjà, cela se corsait plus, car même si Cherise connaissait au moins leur existence, elle ignorait leur nombre et leurs prénoms. Elle essuya une larme qui perlait sur une de ses joues tout en acquiesçant d'un signe de tête à sa cousine pour qu'elle continue. Lydia enchaîna donc en dessinant les cercles qui correspondaient à elle et Daniel. Donc, comme ça, Cherise savait à présent que ce fameux Daniel était le frère de la jeune brune. Peut-être était-il aussi gentil qu'elle, alors... Dans ce cas, il pouvait être aussi compréhensif, et du coup, leur petite histoire de promesse de mariage pourrait certainement mieux passer, sans aucun malaise. Enfin, c'était ce que se mettait à espérer Cherise, tandis que Lydia dessinait le rond qui correspondait à Adam. Hein ? Adam n'était donc pas le meilleur ami de sa cousine ? Oh noon, ça faisait un cousin en plus... Enfin, peut-être un gentil cousin, vu qu'il avait le privilège d'être le meilleur ami de Lydia. C'était dingue comment on pouvait voir les choses de manière plus positives dès qu'on se sentait soutenu, encouragé, compris !
La petite retrouva un semblant de sourire quelques instants à cette pensée, mais il disparut aussitôt quand sa cousine se mit à lui dire qu'il vaudrait mieux ne pas dire la vérité à Daniel. Ah... Cela posait problème, ça. Cherise était incapable de mentir. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas, c'était qu'elle n'y arrivait pas, elle se trahissait toujours toute seule. Alors, comment faire croire à quelqu'un qui nous semble inconnu qu'on l'a toujours connu ? Non, c'est tout bonnement impossible.

"Mais... Lydia..." commença-t-elle avec un petit air contrarié, "Comment veux-tu que je fasse, je ne sais même pas à quoi il ressemble ! Je... Je ne peux pas faire ça. Non, je me trahirais toute seule... Mais... Je peux peut-être essayer... Pour toi... Ou pour lui, je ne sais pas. Enfin, pour l'instant, c'est pour toi, vu que je ne le connais pas encore. Mais il faudrait que tu me dises ce que je devrais savoir... Olalaaah, je n'y arriverai jamais !" s'exclama-t-elle en plaquant sa main sur son front, comme si elle venait de réaliser à quel point c'était difficile ce que lui demandait sa cousine. En même temps, elle n'avait pas envie de la contrarier, elle l'avait déjà fait suffisamment inconsciemment quand elle ne l'avait pas reconnue, la pauvre...

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*** Tous comptés