Un week end ensemble [PV]

Victoria marchait le long de la route qui menait au Manoir Montgomery, accompagnée de son frère adoré et de... l'autre. Pourquoi fallait-il supporter la présence de Maera dans un moment qui se devait être familiale? Car, pour Victoria, il était là le hic, Maera ne faisait pas partit de sa famille. C'était un parasite qui gravitait autour de son cocon familiale dans le seul but de semer la zizanie...

Elle écoutait d'une oreille Christian qui décrivait les environs à sa petite-amie chérie puiqu'elle était trop occupée à broyer du noir. Les trois étudiants arrivèrent enfin à la porte du manoir. La porte s'ouvrit quelques instants plus tard.

- Ma nièce ! s'écria sa mère, qu'est ce que tu trouves à mon bourru de fils, franchement?

*A qui le dis-tu chère mère... ou plutôt devrais-tu retourner la question à Christian. Qu'est ce que tu trouves à cette décolorée d'hypocrite?*

Victoria embrassa froidement sa mère. Une colère grandissait dans les entrailles de la jeune fille. Un enfant de plus ... quand allait-elle s'arrêter de se reproduire comme un lapin ? Quand allait-elle prendre conscience qu'elle n'était plus toute jeune et qu'il fallait qu'elle grandisse enfin? Quand allait-elle arrêter d'utiliser les hommes comme des tiroires caisses et de se servir de ses enfants comme des instruments pour obtenir plus, toujours plus d'argent?

Essayant de faire bonne figure pour la présentation de leur nouvelle petite soeur, Victoria afficha un sourir aimable (du moins le plus aimbale qu'elle puisse faire en ce début de week end qui commençait plutôt mal.

- Maman, je vais me changer je reviens ...

Claire ne l'avait pas écouté car Opaline réclamait son biberon. Victoria soupira puis se dirigea vers sa chambre. Montant l'escalier de marbre, elle arriva dans le couloir des chambres des enfants. Christian et Maera s'y trouvaient. La jeune fille leva le yeux au ciel et faillit déglutir en entendant les horreures qu'ils se suçurraient à l'oreille. Les deux amoureux ne remarquèrent pas la présence de Victoria qui fit une grimace visant à imiter Maera quand elle les dépassa.

Victoria entra dans sa chambre. Elle était spacieuse et lumineuse. Les murs étaient blanc sauf le plus grand qui était marron-chocolat. Le sol était tapissé de jonc de mer et divers pouffes y étaient entassés. Vickie traversa rapidement la chambre et ouvrit sa penderie. Elle passa un index sur ses lèvres pour savoir quelle tenue serait la mieux appropriée pour cette journée qui s'annonçait franchement palpitante... Elle en tira un pantalon pattes d'éléphant, une chemise blanche et un gilet d'homme noir. Elle enfila le tout et se regarda dans le miroire ... elle attrape un kéfié blanc et noir. Voilà, c'était parfait. Elle passa une main dans ses cheveux et se fit une beauté, assise à sa coiffeuse.

Quelques minutes plus tard, Victoria entendit sa mère réclamer leur présence pour le déjeuner. Elle se faisait déjà une joie de se retrouver à table coincée entre sa mère et sa ... enfin "ça", à jacasser de tout et de rien. Et elle n'y loupa pas. Comme elle l'avait prédit, Maera faisait son numéro de jeune fille à mariée idéale, propre sur elle, essayant de faire "ami-ami". Sa mère en rajoutait des tonnes, faisant des louanges à sa nièce.
Une fois les assiettes vides et les ventres pleins, Claire et Christian partirent en cuisine, faire la vesselle, laissant la brune et la blonde dans une atmosphère où la tension était palpable. Victoria retenait sa colère depuis trop longtemps. Il fallait que ça sorte.

- C’est bien, vas-y, embobine-la avec tes belles paroles... Avait-elle lancée.
- Je n'embobine personne, de quoi tu parles ? avait répliqué Maera.
* Bah voyons ... c'est ça, fout de moi, sous mon toit en plus ...* Victoria fulminait, puis essaya de se calmer et relença :
- Tu sais que pour le baptême d'Opaline j'ai invité Bobby, n'est ce pas ?
Bobby était le meilleur ami de Christian, ou plutôt Christian était le meilleur ami de Bobby. Il était également à Serpentard et Victoria et lui avaient une passion commune : leur haine irreverssible pour Maera.
- Si tu n’as que ce petit branleur à amener, laisse-moi rire. Je te pensais plus populaire et plus regardante sur la qualité... Tu me déçois.
C'en était trop. Elle commençait à critiquer ses amis, que dirais Christian s'il apprenait qu'elle avait insulté son ami Bobby. C'était comme si de la fumée sortait des narines de Victoria. Elle fixait la Gryffondor avait un tel regard de haine qu'elle aurait voulu avoir le pouvoir du Basilic. Elle ouvrit la bouche mais Victoria sentit les doigts fin de sa mère se refermer sur son épaule, lui indiquant de se taire. Opaline s'était mise à pleurer, la jeune fille ne s'en était pas rendu compte. Elle s'en voulut aussitôt car Maera avait réussit à la mettre hors d'elle. Quelle humiliation! La guerre n'allait pas s'arrêter là mais elle entendit :

- Amusez vous bien les enfants ! Victoria et Opaline vont venir avec moi au marché chercher des produits frais pour le repas de ce soir.

Claire venait d'enfoncer sa fille devant son frère et sa petite-amie. Victoria se tourna vers sa mère, la bouche entre-ouverte, les yeux ronds. Une expression qui voulait dire :"Maman, mais qu'est ce que t'es en train de me faire?!". Victoria grommela quelque chose d'inaudible pour les autres et prit la petite Opaline dans ses bras.

*Esperons que toi, tu ne me feras pas regretter d'être gentille avec toi...*

Elle déposa un baiser sur le front de sa soeur, rejetta ses cheveux en arrière et sortit de la pièce. Elle déposa Opaline dans sa poussette et l'emmitoufla d'une petite veste d'été. Les deux femmes et l'enfant partirent donc au marché. Claire ne cessait de faire des louanges de Maeara et Victoria explosa.

- Mais enfin maman ! Tu vois pas ce qu'elle manigance ?! Elle essaye de s'immisser dans la famille ! Elle manipule Christian mais bien sur lui, il ne voit pas plus loin que le bout de son nez ! Il est trop aveuglé par les éclats que provoquent les cheveux de la décolorée ! Elle m'a ouvertement attaqué pendant que vous étiez dans la cuisine et elle a critiqué Bobby ! Non non non , ça ne se passera pas comme ça, crois moi!

Claire écoutait d'une oreille, elle semblait plus exaspérée qu'autre chose. Elle laissa donc Victoria vider son sac, car elle savait que c'était le meilleur moyen pour qu'elle se calme. La suite des courses se passa comme une marche vers l'abattoir pour Victoria ...

Les filles étaient toutes les mêmes quand elles étaient contentes. Du moins c'est ce qui traversa l'esprit de Christian devant l'enthousiasme de sa petite amie à lui jouer un morceau. L'expression de son visage lui rappelait fortement Victoria quand elle lui montre ses nouvelles fringues ou Megan quand elle veut lui faire danser du hip hop (pas gagner, il n'aime pas ça). Toutefois, il était plutôt content de connaître une facette de sa petite amie qu'il n'avait jamais vu auparavant. Elle ne lui en semblait que plus belle... Evidemment, Christian trouvait Maera très belle, on le sait, mais ne croyait pas que cela soit aussi objectif que cela semble l'être. Il déteste cordialement Megara qui ressemble en tout point à sa petite amie et la trouve beaucoup moins belle. Les sentiments passionnés qu'il éprouvait envers la jolie blonde l'entourait d'un voile de lumière qu'elle seule possédait et qui la rendait tout simplement unique. Il savait qu'il ne pouvait pas dire une telle chose à Maera, n'importe quel fille aurait été ravie d'apprendre qu'elle était la seule et l'unique pour son chéri mais pas Maera, être unique cela voulait dire être différente de sa soeur, et c'était bien tout le problème de leur relation n'est ce pas ?

Lorsqu'elle commença à jouer, il lui sourit sans rien dire, l'écoutant sagement. Elle semblait vraiment aimer jouer, un peu comme lui lorsqu'il écrivait. Il lui sourit et quand elle termina son morceau, il lança le nom du compositeur, enfin, il lui semblait que c'était ça. Ses cours de musiques étaient anciens... ils dataient de l'époque de primaire.

"C'est du Prokofiev, non ?" Lui demanda-t-il sans cesser de sourire. Il ne savait pas si elle jouerait encore ou non donc il ne l'approcha pas pour un câlin au cas où mais il changea de sujet, on sait jamais, s'il s'est planté, le mieux c'est de noyer le poisson discrètement.

"Pour le baptême d'Opaline, il y aura Megan mais tu sais qu'elle veut venir avec un ami ? Je crois qu'elle a peur que tu ne sois jalouse et qu'elle se retrouve toute seule, je pensais pourtant qu'elle avait compris que c'était réglé..."

Mais non, c'était pourtant lui qui manquait d'empathie d'habitude. Mais tant pis, il roula sur le lit et attrapa son appareil photo dans un tiroir de sa table de chevet. Il visa Maera et lui lança "Souris chérie !" et clic, une photo dans la boîte. Elle était si mignonne avec son violon !

Victoria, Opaline et Claire déhambulaient dans les allées du marché, cette dernière saluant quelques personnes, surtout des hommes. Victoria regardait d'un bien mauvais oeil l'attitude de sa mère. Peut être l'un deux était le père de la petite fille que Victoria transportait en poussette. Non ! Bien sur que non ! Sa mère savait choisir ses "proies" pour ne pas se rabaisser aux gens du peuple. Certaines femmes, par contre, chuchauttaient sur leur passage, d'autres se retournaient pour mieux les observer. Victoria imaginait bien ce que ces femmes pouvaient dire : "Regardez la, la mère Montgomery, sept enfants et septs pères différents ... les pauvres !" La jeune fille avait honte.

- Maman, s'il te plaît, arrête de ce numéro ...
- Mais enfin Vickie, je suis polit avec le voisinage, c'est tout ...
- Polit ? Et puis quoi encore ?! Tu n'as pas vu ces femmes qui nous jugeaient ouvertement tout à l'heure ?
- Mais qu'elles parlent ... Je me fiche de leur opinion, l'essentiel c'est ce que moi je pense.

Victoria ne broncha pas. Elle se retenait de balancer à la figure de sa mère une de ses répliques cinglantes dont elle avait le secret. Fidèle à elle même, elle avait toujours détester être l'objet des ragots et des sarcasmes des autres. Elle n'avait pas envie qu'on la plaigne.
Tout d'un coup un homme les frola, fixa Claire avec un regard qui en disait long sur leur relation. Un clin d'oeil furtif et il disparut au loin.

- Et ça ? C'est quoi ça ? De la "politesse avec le voisinage" ?!
- Victoria ça suffit ! Ce n'est qu'un ami rien de plus, il m'offre toute sorte de chose pour essayer de séduire ta pauvre mère, sans succés tu d'en doutes ... Etre jugée ainsi par ses enfants ... c'est intolérable.
- Intolérable ?! Maman tu ne te rends pas compte des efforts que je fais pour ne pas que je déblatte des heures sur ton irrespect vis à vis de nous, de moi, d'Opaline ...
- Victoria j'ai dit : ça suffit !

Victoria avait beau ne pas apprécier le comportement et le style de vie de sa mère, elle éprouvait néanmoins pour elle du respect. Après tout, c'était sa mère, celle qui l'avait mise au monde. Elle avait au moins ce mérite, avoir accouché d'une merveille comme Victoria (mouaha!) et de Christian, il ne fallait pas l'oublier celui là.
Elles arrivèrent devant le rayon du primeur. Apparemment, Claire et ce dernier se connaissaient car ils s'appellaient par leurs prénoms.

- Claire! On ne vous voit plus trés souvent par ici ...et ça commençait à me manquer de te matter, avait-il ajouter pour lui même, assez fort pour que Victoria l'entende. Vous êtes toujours aussi élégante.
- John, voyons ! Arrêtez, je vais finir par être aussi rouge que vos tomates !
- Qu'est ce que je sers à la plus ravissante des femmes?
- Je prendrai juste une salade avec ...
Victoria avait envie de vomir. Quitte à choisir, elle aurait préférer passer un après-midi entier coincée avec Maera plutôt que d'entendre sa mère se faire draguer par un vulgaire paysans. Sa mère gloussait, battait des cils ... ce que Victoria appellait "son numéro".
- Voilà pour vous, dit le primeur en tendant divers paquets à Claire.
- Vous êtes trop aimable, John!
Le primeur se pencha en avant pour l'aider à la réception des paquets et en profita pour glisser quelques mots à son oreille.
- Je ne vous ai pas compté les fraises, cadeau de la maison !
- Vous êtes si gentil John ... et bien au revoir ! dit-elle en affichant un sourir.

Pour Victoria c'en était trop. Elle empoigna la poussette d'Opaline, qui dormait tranquillement, et s'en alla. Elle entendait sa mère courir derrière elle et l'appeler.

- Victoria ! Victoria ! Reviens ici tout de suite !
Vickie s'arrêta et fit face à sa mère, les yeux flamboyants.
- C'est finit maman, finit. Je n'en peux plus d'être humiliée de la sorte par une femme qui se fait traitée de profiteuse partout où elle met un pied ! Tu n'as aucun respect pour toi même, aucun respect pour tes enfants et aucun respect pour les hommes ! Tu es dévorée par ta cupidité qui te pousse à profiter de n'importe qui dés que tu en as l'occasion ! Alors maitenant, terminés la comédie et les sourirs hypocrites ! J'ai voulu que ça se passe bien pour le baptême d'Opaline mais tu ne fais rien pour! Alors je préfère te laisser seule à faire ta belle devant ton harem mais moi j'abandonne!

Victoria avait haussé le ton à chaque mot qu'elle prononçait et elle était maintenant toute rouge, comme si elle avait fait dix fois le tour du pré en courant.

- Tiens, je vais te débarasser des fraises, autant en faire profiter tout le monde.

Elle arracha des mains le cageot de fraises des mains de sa mère, qu'elle rangea dans un emplacement sous la poussette. Elle se redressa de toute sa taille, lança un dernier regard à sa mère débousolée et rentra en direction du manoir.

Victoria marchait énergiquement vers le Manoir Montgomery, dont elle approchait à vive allure, accompagnée d'Opaline qui se mit à pleurer. Détachant le bébé de sa poussette pour le prendre dans ses bras, la jeune fille ressentait comme une boule dans sa gorge. Elle réalisa qu'elle était allée beaucoup, mais vraiment beaucoup trop loin avec sa mère, lui manquant excessivement de respect. Mais elle refoulait ses paroles depuis tellement longtemps, il fallait bien qu'elles sortent un jour de sa bouche. Il était nécessaire pour elle de parler à Christian dans un moment aussi critique, avec ou sans Maera, au point où elle en était elle s'en fichait. C'était le seul qui pouvait la calmer, la rassurer et la conseiller dans un moment pareil. Tout en refléchissant, elle essayait de consoler le petit bout de chou qui s'agitait dans ses bras, mais en vain. Victoria avait envie de pleurer, de rester assise là, au bord du chemin, avec un enfant en bas âge qui pleurait pour elle, attendant que quelqu'un vienne la chercher. Mais non, ce n'était pas la fin du monde ! Victoria avait connu bien pire et elle le savait, il ne fallait tout dramatiser. Mais c'est vrai que c'était la première fois qu'elle se disputait autant avec sa mère... Et que dirait Christian ? Lui qui se donnait tant de mal pour que cette famille soit le plus "normale" possible, pour que tout se passe bien, pour faciliter la vie à tout le monde. Il était l'homme de la famille, celui par qui ils étaient tous reliés en quelque sorte, du moins pour Victoria car sans son frère, elle ne verrait pas beaucoup sa famille. Sortant subitement de ses reflexions, elle réalisa que le bébé pleurait encore.

- Du calme ma chérie ... On est bientôt rentré à la maison...
Le bébé pleurait de plus belles.
- Attend, j'ai peut être quelque chose qui va te calmer ...

Victoria regarda autour d'elle pour s'assurer que les deux filles étaient bien seules. Pas un moldu à l'horizon, parfait ! Elle reposa le bébé dans sa poussette, sortit sa baguette magique et fit apparaître un petit cercle d'oiseaux jaune, petits comme des poussins, qui volèrent au dessus de la tête d'Opaline en gazouillant. La fillette regarda les oiseaux avec des yeux ronds puis commença à rire avec l'agitations des volatiles. Ce son mélodieux, le rire d'un enfant innoncent, qui s'émerveillait devant des choses qui paraissaient tellement banales à Victoria, la réconforta quelque peu. Elle sourit en voyant la tête enjouée de sa petite soeur et reprirent leur chemin en direction du Manoir.
Peu après, elle n'entendit plus les rires d'Opaline. Elle s'était tranquillement endormit. Victoria fit disparâitre les oiseaux lorsqu'elles arrivèrent au Manoir. Elle entra dans le hall, prit précautieusement le bébé qu'elle déposa dans son berceau dans le salon puis revint dans le hall, en bas des escaliers.

- Christian ! appella-t-elle d'une voix forte mais chevrotante.
Pas de réponse.
- Christan ... murmura-t-elle, comme pour elle même.

La photo avait surprit l’artiste en pleine période créatrice. Elle avait vu des étoiles quelques secondes à cause du flash, mais s’en remis presque aussitôt, préférant rire de la tête bizarre qu’elle devait avoir, plutôt que de s’énerver et de bouder qu’on l’ait prise en flag.
En fait, c’était même mieux, ainsi on pouvait voir que les déesses d’habitude sur un piédestal plutôt infranchissable, ainsi elle avait des preuves de son humanité, elle n’était pas aussi infaillible qu’elle voulait le faire paraître. Bref, à quoi bon se prendre la tête, elle pouvait être faible et moche, elle était la personne qui l’aimait pour ce qu’elle était, alors fard à joue ou pas, ça ne devait pas trop le déranger, lui. (Ndla : quoique elle, si.)

Une fois la mélodie finie, Maera répondit par un sourire à l’essai de devinette de Christian. « Bravo, c’est bien Prokofiev. J’espère que tu aurais pu deviner l’œuvre d’où c’est tiré » rigola-t-elle.

Pour lui donner le temps de réfléchir, elle rangea délicatement son instrument dans son étui, puis se reposa devant lui, pour l’aider un peu. Elle prit la pause devant lui, les mains jointes devant sa poitrine, et récita quelques réplique dont elle avait souvenir. « Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons rose, Par n'importe quel autre nom sentirait aussi bon.» Ca c’était pour le clin d’œil du début de leur relation. Une petite pique qu’elle ne pouvait pas ne pas lancer, l’occasion était trop bonne. Elle laissa quelques minutes passer, peut-être que lui aussi avait des lectures romantiques entre deux poèmes. Elle laissa alors tomber les bras le long de son corps et avança d’un pas vers lui, elle avait posé le pied par terre, comme un trempe un orteil pour tâter si l’eau est bonne. Ce faisant, elle continua sur sa lancée dramatique « Ce que l’amour peut faire, l’amour ose le tenter. » La fin de la phrase était presque muette, on pouvait comprendre juste avec le bruit de ses lèvres qui s’animaient.

Elle avait relu le livre et quelques passages de la pièce de théâtre il y avait quelques temps. Pour la quinzième fois au moins. Qui ne connaît pas la tragique histoire de Roméo et Juliette ? Quelle fille, aussi pimbèche soit-elle, aurait pu passer à coté d’une telle œuvre sentimentale, sans s’en vouloir toute sa vie ?

Et oui, on pouvait ne pas s’y attendre, Maera aimait beaucoup les histoires d’amour. L’eau de rose, c’est bon pour les filles, ça les rend fragiles,

Elle était maintenant à quelques centimètres de lui, ça devenait si tentant encore de jouer comme la toute première fois. Comme s’ils se détestaient encore, comme si ils n’avaient jamais été un couple. Elle aurait pu le pousser un peu plus en arrière, il serait tombé sur le lit, et elle aurait pu avoir le dessus, comme un chat avec sa souris. Ou elle aurait pu jouer les princesses en détresse et se laisser couler dans ses bras, pour ne pas changer. La première idée lui sembla plus joueuse, plus rigolote, et bien plus amusante à tenter. Ne serait-ce que par le chalenge. Elle amorça son mouvement, posant ses paumes de mains sur ses bras, et s’apprêta à y appliquer une pression suffisante pour l’obliger à s’asseoir sur son matelas…

…Mais non…

La porte avait été flanquée en bas, et il sembla à Maera qu’elle n’avait jamais détesté quelqu’un à ce point. Victoria avait appelé son frère d’une voix plus ou moins suppliante. Elle avait cassé l’ambiance en moins de temps qu’il n’en faut pour claquer des doigts.

Maera s’était crispée où c’était arrivé. Elle avait d’abord blêmi, puis avait tiré une mine boudeuse et avait fini par soupirer, en croisant les bras « Ben voyons ! » Bougonna-t-elle, visiblement très contrariée.

Christian n'avait jamais autant détesté sa soeur qu'à cet instant précis. Maera semblait toute prête à jouer avec lui, et nous savons comme il aime jouer, et cela promettait un flirt passionné mais Vickie avait choisie cet instant pour l'appeler d'une voix plaintive. Cela refroidit la superbe blonde et fit l'effet d'une douche glacée à Christian. Entre sa soeur et sa copine, il lui était dur de choisir. Il avait toujours eu un complexe vis à vis de sa soeur et s'il était tombé amoureux de Maera c'était en partie parce qu'elles avaient toutes les deux un caractère assez difficile qui se ressemblait. Pendant seize ans de sa vie, avant qu'il ne rencontre Megan à Poudlard, Victoria avait été le centre de l'univers de Chris', il avait beaucoup de mal à se faire à l'idée que là, maintenant, il y avait un conflit d'intérêt et qu'il était au milieu. Il fallait qu'il choisisse... Mais le Serpentard avait le sens de l'honneur et de la famille, au risque de déplaire à sa petite amie, il allait devoir répondre à sa soeur. Il embrassa Maera et lui murmura un "Désolé, c'est ma soeur tu comprends..." Une excuse qu'elle aurait pu lui donner elle aussi et qu'elle avait utilisé de nombreuses fois lorsque Megara ne supportait pas de les voir ensemble. Mais là que c'était lui qui devait faire face à ce genre de choix, il se sentait profondément désemparé. Est ce que Maera se sentait coupable elle aussi lorsqu'elle devait le laisser pour s'occuper de Shawn ou de Megara ? Un jour il lui demanderait, là, il n'en avait pas la possibilité.

Il descendit les marches et vit l'état de Vickie avec inquiétude. Des deux aînés, Victoria était la plus frivole, on ne lui confiait jamais aucune tâche dans la maison parce qu'elle était bien trop occupé à prendre soin d'elle. Cette attitude, un peu peste il est vrai, faisait cependant qu'elle était celle qui vivait le mieux dans cette famille bizarre car elle ne se souciait pas du lendemain. Du moins c'était comme ça jusqu'à aujourd'hui.

Il s'approcha d'elle, voyant que Maera les regardait du haut des escaliers.

"Vickie ? Qu'est ce qui se passe ? Il s'est passé quelque chose au marché ?"

Une réponse positive semblait évidente mais Christian aimait poser les problèmes avant de les résoudre. Certes, son week end en amoureux venait de prendre un sacré coup mais maintenant qu'il avait sa grande soeur en face de lui, son caractère de chef de meute avait repris le dessus sur tout le reste. Il y avait Victoria et un problème à résoudre, or chaque problème a sa solution. On peut mettre longtemps à la trouver mais elle finit toujours par venir. Levant la tête vers Maera, il lui fit signe d'approcher. Quelque soit le problème de Victoria, ce ne devait pas rester un secret pour Maera parce qu'elle faisait partie de la famille, pas parce qu'elle était sa demi-cousine mais parce qu'elle était celle qu'il avait choisie.

"Venez les filles, on va s'asseoir sur le canapé, je vais faire du thé et toi Vickie tu vas me raconter ce qui se passe."

Aussitôt dit, aussitôt fait, il ne fallut que quelques minutes pour que les trois Montgomery (plus ou moins pur souche) ne s'installe avec un thé vert sur la table du salon accompagné d'un assortiment de petits gâteaux.

Après quelques instants, Chritian était venu rejoindre Victoria en dévalant les escaliers. Maera, elle, était restée en haut des marches en la regardant avec une aversion clairement affichée. Tiens tiens, Victoria aurait-elle, par mégarde, déranger le couple de l'année ? L'idée d'avoir gâcher encore plus le week-end de Maera réconforta quelque peu la jeune Montgomery. Elle reporta son attention sur son frère qui paraissait inquiet. Qui ne l'aurait pas été ? Laisser Victoria et Claire dans la même pièce et il était certain qu'il se passerait quelque chose, bon ou mauvais !

- Vickie ? Qu'est ce qui se passe ? Il s'est passé quelque chose au marché ?

Victoria leva les yeux vers son frère, enfin, leva la tête ! Elle était tellement petite la pauvre ! Elle paraissait pour une fois totalement vulnérable, telle une petite chose perdue qu'on aurait envie de prendre dans ses bras. C'était cela. Victoria ne voulait rien dire, elle voulait simplement que son frère la prenne dans ses bras et qu'ils restent là, en bas de cet escalier froid, dans leur maison, pour un long moment, attachés l'un à l'autre, elle contre son frère si rassurant, et lui contre sa soeur si ... Victoria ! Mais justement, fidèle à ses habitudes, elle ne voulait pas trop en montrer, elle préférait se servir de sa carapace plutôt que de débaler ses sentiments, surtout devant l'autre chipie qui la regardait du haut de son escalier ! Grrr ... !

- Venez les filles, on va s'asseoir sur le canapé, je vais faire du thé et toi Vickie tu vas me raconter ce qui se passe.

*Bah bien-sur ! Et pourquoi ne pas inviter les gens du village ?! Je crois que ça ne leur a pas suffit tout à l'heure !* Victoria soupira et se dirigea avec les deux amoureux vers le salon. Bien evidemment, Maera s'installa dans le canapé avec Christian, laissant un fauteuil à Victoria de l'autre côté de la table basse. Ce fut comme si elle allait être jugée pour mauvaise conduite. Elle regarda la blonde avec tant de mépris qu'elle en aurait fait pâlir un détraqueur !

- T'en loupes vraiment pas une toi ... marmonna Victoria qui s'était empêchée de rajouter un "sale punaise" à la fin de sa phrase.

Sans autre préambule, Victoria s'installa dans le fauteuil, jambes croisées et raconta sa mésaventure avec sa tendre maman. Elle essayait d'être la plus objective possible, même si elle exagérait sur certains points l'attitude de sa mère. Mais elle n'arrivait pas à cacher son malaise, sa tristesse et même une pointe de remord sur ce qui s'était passé. Plus elle avançait dans son récit, plus sa voix devenait chevrottante.

- Je n'en peux plus Christian... Je n'en peux plus... ce baptême tombe vraiment mal... ce n'est pas que je ne suis pas contente, loin de là ! Mais je la trouve complétement irresponsable ! Un septième enfant à l'aube de ses quarante ans ? Déjà que je pensais que savoir qu'elle allait avoir quarante ans l'aurait tué - je rigole Christian - ... Mais je n'ose même plus la regarder en face ... Je sais que j'ai été trop loin mais je ne veux pas être la seule à présenter mes excuses ! Elle sait très bien que cette situation n'est pas facile pour moi et qu'il y a certains ... "facteurs" dont je me serai bien passée ...

Elle regardait Maera, lui faisant comprendre que, si ça n'avait pas déjà été assez clair, qu'elle n'était pas la bienvenue sous son toit.

Victoria semblait vraiment mal, dans le genre, comme une fille qui a fondu sa durite en public et vient se réfugier dans un endroit connu et sûr pour se rassurer et se dire qu'elle n'a pas eu de minute de honte en vain. Elle a cherché une personne pour se réconforter, quelqu'un pour lui dire qu'elle n'avait pas eut tord, et bien entendu, c'était tombé sur Chris.
Maera savait bien qu'elle aurait beau soupirer, taper du pied ou hurler tant qu'elle l'aurait voulu, Chris n'aurait pas changé son comportement vis-à-vis de sa sœur. Non pas que Maera ne comprenne pas qu'il se sente impliqué, mais plutôt, elle était vexée qu'il se comporte avec elle comme d'habitude, alors que Vickie se faisait un plaisir d'ennuyer la blonde Gryffondor.

Chris avait proposé aux filles d'aller s'installer dans le salon, pendant qu'il ferait du thé. Maera se serait bien permise de commencer une commande digne d'un salon de thé, avec un petit sucre mauvais pour ses hanches et du lait meilleur pour le goût, et surtout un thé light, mais oublia l'idée dès qu'elle lui arriva à l'esprit. Et puis regarder Vickie jeter des éclairs par les yeux et cracher son feu invisible par les naseaux, ça avait quelque chose de jouissif en soi. Pas besoin d'excitant, Victoria Montgomery savait comment faire monter l'adrénaline de la jumelle sans se forcer. Mais ça semblait réciproque alors tout allait bien, non?

Chris arriva, et questionna sa soeur sur ce qui la turlupinait. Et Vickie vida son sac. En tournant ses phrases, bien entendu, pour que son frère soit d'accord avec elle. Quelle tarentule, cette fille, à tisser ses toiles dans tous les sens, pour tourner les gens dans sa direction. Pour un peu, Maera en aurait vomi la gorgée de thé qu'elle venait d'avaler. Mais bon, ce n'était pas à elle d'intervenir. Puis le regard assassin que Victoria lui envoya lui fit ravaler ses paroles, et arborer un charmant sourire heureux et fier. Fière de lui pourir la vie, comme elle lui pourrissait la sienne.

Maera leva son verre discrètement à la santé de Victoria et avala une grande gorgée de thé chaud. Aaaah, qu'est-ce que c'était euphorisant, les moments pareils. Même lorsqu'ils gâchait des moments bien plus attrayant qui auraient pu éventuellement avoir lieu...

[Excusez le micro-poste avec tant de temps, mais je ne pense pas que ce soit à Maera d'intervenir ^^; ]

Christian posa sur sa sœur un regard sévère. Il avait bien compris que Maera faisait partie des « facteurs » et ça ne lui plaisait pas. Il respectait sa sœur mais il ne la laisserait pas entraîner sa petite amie dans ses histoires. Maera n’y était pour rien si ils vivaient tous dans une famille de dingue, tout ça, c’était la faute de leur grand père ! Quand il prit la parole, sa voix était dure.

« Tu devrais peut être faire abstraction de ces « facteurs » et te concentrer sur tes propres projets futurs. Maman est grande, elle fait ce qu’elle veut. Opaline n’est pas différente d’Anabelle ou d’Isabelle et notre mère est en bonne santé. Tu t’y habitueras, si non, tu es majeur, tu peux très bien déménager. »

Christian se leva et tendit la main à sa petite amie. Il fixa ensuite sa sœur aînée.

« Je ne suis pas le mieux placé pour te dire ça Vickie… Et ne doute pas une seule seconde que je t’adore, mais il faut que tu apprennes, comme moi je l’ai fait, à penser un peu plus à maman. Si elle a eu Opaline c’est qu’elle a une bonne raison. Si tu te braques, elle ne te le dira pas. »

Laissant totalement Vickie à son sort, il sourit à Maera comme s’il ne s’était rien passé. La tirant contre lui, il la serra puis l’embrassa.

« On va aller se promener ma chérie, ça ne peut que nous faire du bien. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il ne savait pas s’il avait fait le bon choix mais il ne pouvait pas non plus trahir le secret de sa mère. Mieux valait s’en aller avant de trop en dire. Claire lui avait demandé de ne rien dire aux autres… Et il gardait encore clairement le souvenir de sa mère pleurant la mort de son amant. Elle n’avait jamais été que la maîtresse mais elle avait porté son fils puis sa fille. Pour Claire, c’était important. Découvrir que sa mère n’était pas aussi forte qu’il l’imaginait avait beaucoup permis à Christian de se calmer et d’accepter sa famille comme elle était. Evidemment, ce n’était pas simple. Il sortait avec sa cousine, il avait une fratrie assez compliqué et teigneuse et sa mère avait encore le teint frais de ses vingt ans… Mais il ne se sentait plus aussi seul dans cette galère et c’était maintenant à Victoria de comprendre par elle même que Claire est capable de sentiments amoureux.

Il avait toute confiance en sa sœur chérie, elle saurait gérer.

Sur cette pensée positive, il prit Maera dans ses bras pendant qu’ils marchaient.

« Ma sœur n’a pas l’air de beaucoup t’aimer… mais t’inquiète pas, je ne suis pas du tout influençable. » Et pour le prouver il embrassa sa superbe amie avec fougue.

***
Le week end se passa très bien, Christian eu une maîtrise de lui formidable et il se contenta de regarder Maera dormir sans rien tenter. Il s’impressionnait lui même ! Cela dit, il avait longuement réfléchi à la question des rapports intimes et au problème de la consanguinité. Si le second avait été rapidement résolu d’un point de vu scientifique, il restait que Christian ne se sentait pas près. Si, si, c’est possible. Il était certes un gentil pervers notoire, il fantasmait à fond sur sa petite amie, mais il ne la toucherait pas avant d’être en paix avec tout le monde, sa sœur, ses frères, son autre sœur pendant qu’on y est et surtout Megara. Sous ses airs de dur à cuire il était un grand romantique… Il voulait que tout soit absolument parfait entre lui et Maera.

Ceci dit, alors qu’ils prenaient le chemin du retour, il remercia le ciel que Maera s’endorme si facilement.

[632 mots]
[Et c’est là qu’on voit que j’ai ton poste dans les dortoirs Mae’ XD]
[Terminé pour moi]
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