Pensées ennivrées.

"Hic"

*Je crois que j'ai trop bu... une fois de plus*

Léo se tenait assis sur une chaise, à moitié affalé sur la table, son verre de vodka contre sa joue.
C'était une fin d'après-midi comme les autres, ou presque... Les élèves de Poudlard allaient bientôt rentrer au château.
Le jeune Slide était saoul, comme d'habitude. Il essayait d'ouvrir les yeux et de regarder autour de lui. Il était toujours dans le pub. Des sorciers parlaient de tout et de rien et il entendit la conversation de deux jeunes sorcières.

"Non mais c'est pitoyable de se mettre dans un état pareil. Regarde le, il arrive à peine à rester éveillé!"

La seconde sorcière se mit à rire, comme si Léo était un spectacle désolant, faisant tellement pitié qu'il offrait de l'ironie.

"Ze vous zemmerde tout autant que vous zetes!"

Les deux sorcières semblèrent profondement choquées et préférèrent quitter le pub.

*Bientôt on aura plus le droit de se prendre une murge! J'ai eu une journée catastrophique, j'ai bien le droit de me faire du bien un peu, non?
Mais oui bien sûr que j'ai le droit. Et si je tombais par terre pour attirer l'attention? Hum... non j'vais me faire mal*

On entendit alors un "boom" et les sorciers présents dans la bar purent apercevoir Léo affalé sur le sol.

"Ca va monsieur?" , intervint une voix inconnue.

C'était plus fort qu'elle, Luna ne pouvait s'empêcher de toujours secourir les personnes en difficulté, et visiblement ce monsieur n'allait pas bien. Il paraissait avoir perdu l'équilibre. Un problème d'oreille interne peut-être? Ou... une attaque de joncheruines! S'ils étaient suffisamment nombreux à entrer en même temps dans le cerveau de quelqu'un, ça devait donner un résultat de ce genre-là.

"Ne vous inquiétez pas, monsieur", dit Luna poliment, "ce sont seulement des joncheruines; il faut les chasser et je sais comment on s'y prend."
Elle aida le monsieur à s'appuyer sur son épaule pour regagner une place autour d'une petite table ronde, puis quand il fut tant bien que mal assis; Luna entonna une petite mélopée en agitant les mains tout autour de la tête de Léo Slide, surtout vers les oreilles, pour faire fuir les joncheruines.

Elle y mettait beaucoup de conviction, et elle espéra qu'il la croirait, car ceux qui niaient l'existence de ces créatures avaient beaucoup plus de mal à s'en débarrasser que les autres. Visiblement, son sortilège ne suffisait pas, car le monsieur continuait à avoir des gestes gauches, sa tête oscillant étrangement: on aurait dit un peu un sortilège de confusion mais en pire. Luna farfouilla dans ses poches et en sortit une petite fiole: du jus de citron concentré mélangé avec du piment fort.

Elle agita la fiole, l'ouvrit, puis d'un geste vif elle envoya le liquide dans les yeux du monsieur. Ca devrait faire fuir les joncheruines...

Luna, paniquée, s'agenouilla à côté du monsieur qui se débattait.

"Oh, lala, oh lala!", fit-elle en agitant les bras et en sentant son propre coeur battre violemment dans sa poitrine. Elle avait du faire une mauvaise manipulation magique; elle était responsable de ce malaise. Ou bien il était haler-gik, un truc qui n'arrivait normalement qu'aux moldus, mais peut-être en était-ce un, ou un cracmol. "Oh, lala, oh lala". C'est ça! Elle avait du prononcer une formule à laquelle ce pauvre moldu était haler-gik.

Luna fronça les sourcils et se creusa la tête pour essayer de se rappeler ce que le professeur avait raconté en études des moldus. Il faut avouer que la vie de ceux-ci était si fantasque et invraisemblable, un peu comme un conte de fée, que Luna et les autres écoutaient d'une oreille seulement, haussant parfois les épaules, ne croyant pas toujours tout-à-fait leur professeur, suspectant celui-ci d'en rajouter.

Luna se rappela une histoire de "premiers gestes de secours". Ceux-ci n'étaient pas les mêmes pour les moldus, il fallait... ah oui, c'est ça, appuyer sur le coeur si un moldu avait un malaise. Luna regarda autour d'elle, attrapa un parapluie nonchalamment appuyé sur une chaise, et en donna un grand coup sur le coeur de l'homme, puis un autre, avec frénésie, ne voulant pas qu'il lui arrive malheur.

Hélas, le monsieur ne semblait pas allait mieux au contraire; il couinait maintenant... Luna de plus en plus affolée, ne comprenait pas pourquoi autour d'elle, les clients ne réagissaient pas et au contraire rigolaient.
Dans sa panique, et craignant que l'homme meure par sa faute, elle attrapa le bras de celui-ci, tentant follement un transplanage d'escorte vers Sainte-Mangouste, elle qui ne savait pas transplaner du tout...

Fut-ce l'énergie du désespoir? Ils transplanèrent en effet, mais la détermination de Luna n'avait pas réussi à compenser son manque d'expérience... ils venaient d'apparaître tout deux, après une sensation très inconfortable, dans un lieu qui ne ressemblait ni de près ni de loin à Sainte-Mangouste...

Luna lâcha le bras de l'homme et regarda autour d'elle... des rochers, quelques arbres à demi morts... un endroit désert et inquiétant... où pouvaient-ils bien être? Luna sentit qu'elle serait tout-à-fait incapable de recommencer son exploit de transplanage qui était davantage une erreur ou un miracle qu'autre chose; oui, c'était sûr, même seule elle ne saurait pas re-transplaner avant au moins quelques années. Quant à ce pauvre moldu, même si jamais il n'en était pas un, il n'était visiblement pas en état de transplaner ou quoi que ce soit.

Ils allaient devoir retrouver leur chemin à pieds, pas le choix. "Allons, relevez-vous", dit Luna en se penchant vers le monsieur. Comme elle s'approchait, il eut un mouvement de recul involontaire, se rappelant peut-être le piment dans les yeux et les coups de parapluie...