Mutisme [PV]

Dans la vie, il y avait toujours des embûches plus ou moins grandes qui se présentait. Adrien, en jeune philosophe qu’il était, se disait depuis tout jeune que des crises de mutisme, ce n’était pas bien grave. Il y avait plein de gens qui avaient des maladies bien plus grave et bien plus handicapante. Il y avait aussi des pays où la guerre détruisait la vie de millions de gens… Lui vivait dans un pays en paix. Quoi qu’en ce moment ce ne soit pas très vrai, mais là encore, il était chanceux, il venait d’une famille qui ne risquait rien. Il était un sang pur ou du moins on le considérait comme tel. Certes, il était à Poufsouffle plutôt qu’à Serpentard mais il sentait que sa place n’avait jamais été chez les verts et argents.

« Deux jours c’est une moyenne… » Murmura-t-il pour rassurer Elizabeth (parce que c’est rassurant pour lui ça ?). Il est vrai qu’une crise de mutisme, quand elle était causée par des problèmes de la vie réel et non par ses propres déprimes, durait effectivement un petit moment. Il gérait de mieux en mieux les crises provoqués par son père mais là, il avait vraiment été pris de cours. Il avait la capacité sentimentale d’une huître, un rien le perturbait. C’était souvent le cas, surtout quand il était enfant.

Elizabeth enchaîna ensuite sur une question et sur un ordre. Elle lui tendait les mains, il hésita à les prendre.

« Je suis trop grand, je suis trop lourd pour toi et mes jambes ne vont pas me porter… »

Sentant que ses revendications ne seraient pas prises en compte, il prit la main d’Elizabeth et leva lentement son autre bras pour attraper le rebord de la cheminé. Il s’appuya sur les deux mais tenta surtout de ne pas faire tomber Elizabeth. Il prit donc appuie sur la cheminée mais ressentait un profond déséquilibre quand même. Une fois debout, il s’adossa au mur et reprit son souffle. D’habitude, il mettait beaucoup plus de temps à faire tout ça, mais il n’osait pas dire non à sa camarade. C’était déjà tellement gentil à elle de se préoccuper de lui.

« Laisse moi juste un moment… j’ai les jambes… engourdis. »

C’était peu de le dire. La force de ses bras lui revenait toujours quasi immédiatement à la sortie de la crise, mais les jambes… C’était toujours une autre histoire. C’était provoqué par la position qu’il prenait lors de la crise. Si on ne le bougeait, il restait les jambes repliés sous lui et elle fatiguait. Cela n’avait rien d’anormal mais cela restait quand même un peu génant lorsqu’il fallait marcher.

Il en profita pour répondre à la question d’Elizabeth. Cela lui donnait l’impression de ne pas faire perdre son temps à Elizabeth, que par ailleurs il tenait toujours fermement.

« L’entraînement… c’est un entraînement de danse, de breack dance. Mais… la dernière fois… Heaven… »

Il n’arrivait pas à le dire. Il ferma les yeux et serra très fort les paupières. Il n’avait pas mal physiquement mais son cœur le faisait souffrir. Il était toujours méprisé, il n’était qu’un jouet, un outil… Il ne méritait juste pas d’exister.

Il prit une profonde respiration pour se calmer et rouvrit les yeux, déserrant sa pression sur la main d’Elizabeth. Il avait peur de lui avoir fait mal. Peut être ferait-il mieux de s’aggriper à la cheminée. Son regard se posa sur la dite cheminé, il hésitait…

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Les crises de mustime durent en moyenne deux jours. *tombe de sa chaise* *réalise qu'elle est debout et pas assise* Ca voulait dire que des fois ça durait encore plus longtemps ! Mon Dieu mais c'était vraiment horrible ce genre de crise! Il n'y avait pas un traitement magique pour ça ? Ste Mangouste faisait des merveilles, c'est bien connu ! Une petite potion et hop! Ca repart ! Ou au pire un sortilège, il devait bien y avoir un dans la bibliothèque ou dans la réserve. A vérifier donc, un bouquin pareil, çà vaut de l'or! Eli ne put néanmoins se retenir « Quoi ? Ca veut dire que ça a déjà duré plus de deux jours ? Olala mon pauvre... »

Adrien émettait encore quelques signes de faiblesse et beaucoup plus de résistance. Il sous-estimait Elizabeth ou quoi ? Il doutait qu'elle puisse le porter ? Elle a fait du Quidditch la Eli hein, ça a grandemment dévellopé sa force musculaire! Et les footings répétés des week ends portaient eux aussi leur fruits. Quand vous ajoutiez à ça un garçon pas spécialement lourd et une détermination Harrissienne à toute épreuve, ben forcement, vous essuyez un lamentable refus de la part de la fille en question. « Alors là... Si tu crois que ça me fait peur... Il en faut plus pour démotiver une Harris ! »

Ne faisant ni une, ni deux ni trois d'ailleurs. Il faut vraiment arrêter cette vanne, elle est lourde à la fin ! Eli attrapa Adrien sous le bras pour l'aider à se relever. Oh Hiss !!! C'est bon, levé le petit Poufsouffle! Enfin petit, façon de parler hein ! Une fois bien redressé, Adrien voulait patienter un peu pour se dégourdir les jambes. Rester aussi longtemps dans la même position devrait vraiment être horrible, Eli ne préférait même pas imaginer comment elle l'aurait vécu. Par chance, elle n'avait jamais été prise d'une quelconque crise d'aucune certes, merci Seigneur.

Une fois qu'Elizabeth et Adrien eurent passé plusieurs minutes debout, ils se mirent en marche. Ady lui avoua qu'il s'entrainait pour faire de la break danse ? Kesako ça ? En tout cas il dit un autre mot qu'Eli compris très facilement. Heaven. Cette Serpentard était bien connue à Poudlard, et pas seulement pour le Quidditch. Son tempérament peur orthodoxe devait surement être à l'origine d'une quelconque déception, c'était obligé. Et Eli était prête à parier qu'Adrien en avait fait les frais. « Heaven ? Qu'est-ce qu'elle a encore fait celle là ? Oups... pardon... »

Ca avait fusé comme on dit. Loin d'Eli l'envie d'être méchante avec la jeune fille mais bon, la 3ème année n'approuvait pas du tout son comportement. Loin de là ! Vu la tête que tirait Adrien, cette fille avait du lui faire quelques chose, c'était évident et Eli était prête à parier que le garçon s'en rapellait encore. Elle était peut être même à l'origine de la crise d'Adrien, qui sait. Mais ça on ne le saurait pas tant que Adrien n'en disait pas plus. Eli était persuadée que ça n'allait pas durer, s'il avait déjà commencer à dire ça, c'était qu'il comptait en dire plus, question de logique ! Le principal était qu'il ne soit pas deçu par cette fille, sinon là, la Serpentard dessendrait dans l'estime d'Elizabeth (oui oui on peut passer en négatif sur une échelle !).

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La réaction très franche de sa camarade de classe fit sourire Adrien. Il est vrai qu’Heaven avait assez mauvaise réputation dans leurs années. Elle était réputé pour jouer avec les garçons, c’est bien pour ça qu’il savait que le baiser qu’elle lui avait donné n’était que du vent. Il était une victime de plus… Il s’en remettrait, les crises de mutisme, pour douloureuse qu’elles soient, avait toujours un effet salvateur. Lorsqu’il revenait à lui, il décidait toujours de prendre les choses avec philosophie.

« Non, tu as raison… »

Il soupira, s’accrochant un peu plus à Elizabeth. Il était vraiment stupide quand il s’y mettait. Heureusement, c’était comme presque tout, ça se soignait.

« Elle a interrompu mon entraînement… et m’a embrassé… »

Rien que de le dire, il se sentait déjà mieux. Cela n’expliquait pas forcément la crise de mutisme mais on pouvait concevoir que c’était choquant. Un nouveau soupir plus tard, il continua son récit. Son flot de parole était plus naturel. Plus il parlait, plus son débit devenait normal. La crise l’avait fatigué, mais il retrouvait ses moyens. Il aurait besoin de repos mais ça irait vite mieux. Il se connaissait, il savait qu’il récupérerait et que lundi il serait sur pied pour aller en cours.

« Elle sait qu’elle est jolie, alors elle en joue. Le problème… c’est que moi… Je ne voulais pas que mon premier baiser soit… donné sans sentiment. Je la trouve vraiment belle tu sais, mais je n’ai jamais voulu qu’elle m’embrasse. D’ailleurs, dés l’instant où elle m’a parlé, j’ai voulu qu’elle s’en aille. Surtout qu’elle se moquait de moi parce que je dansais. »

Ils arrivèrent aux escaliers et Adrien s’assit sur les premières marches pour reprendre son souffle avant de partir. Ils étaient bientôt arrivé, mais il voulait terminer son histoire. En parler dédramatiserais sûrement les choses. Un premier baiser pour un garçon ce n’était pas grand chose… Et pourtant, ça avait semblé si important à Adrien !

« Je ne sais pas pourquoi, je me suis senti mal après ça. Alors je me suis assis là, comme je le fais toujours… et puis, je me suis déconnecté et mon esprit s’est fermé. C’est idiot, je suis un homme, je ne devrais pas y porter autant d’importance mais tu vois… mon premier baiser j’aurais voulu le donner à ma première petite amie. »

Il se releva et attrapa Elizabeth (ou se fit attraper, il ne savait pas trop) et ils montèrent les escaliers.

« Mais je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça, tu dois sûrement me trouver ridicule… »

Ils ne tardèrent pas à arriver devant la porte du dortoir d’Adrien, mais il fit une nouvelle pause, il était vraiment fatigué… tant d’émotions ne lui réussissaient vraiment pas. Il ne savait même pas pourquoi il s’était autant confié. Peut être parce qu’Elizabeth était gentille avec lui. Elle lui inspirait naturellement confiance. D’ailleurs, si il ne lui avait jamais beaucoup parlé (à part pour les cours ou pour la soutenir au Quidditch) c’était seulement par timidité. Eli et Wendy étaient deux filles très populaire, pour le petit Adrien, il était impensable qu’elles lui adressent la parole ou même prennent conscience de son existence ! Après tout, il n’était qu’Adrien Sallers… Poufsouffle de base, voir même inférieur à la moyenne. Il n’avait que la danse pour lui, et comme Heaven le lui avait fait comprendre, ce n’était pas grand chose.

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Comme on pouvait s'y attendre, Clarks avait fait des ravages, mais pas dans le bon sens du therme. C'était plutôt un ravage de type ouragan destructif qu'autre chose. Elle avait en fait embrassé Adrien, ne lui promettant bien sur rien de plus que ce fameux baiser, brisant sans aucun doute le coeur du pauvre innocent blaireau. Cette fille était un fléaut ambulant, déjà si jeune et si dévergondée, c'était à la limite du pathétique (nous tairons les pensées du narrateur bien entendu). Eli ne pouvait en plus de celà pas s'empêcher de penser que son comportement puéril pouvait faire du mal au gens, ce qui était de loin encore pire. Certes elle pouvait faire ce qu'elle voulait de son corps (dis comme ça on croit vraiment autre chose) mais tant qu'elle ne faisait de mal à personne ! Là on aurait dit qu'elle prenait volontairement plaisir à rendre les garçons tristes, ce qui était completement idiot.

« Surtout, oublie cette fille ! Déjà qu'on soit clair, c'est elle qui t'a embrassé, pas toi, ainsi tu n'as jamais donné de baisers à personne. Tu donneras donc ton premier baiser à une fille qui en vaut la peine, une fille dont tu es amoureux, sinon tu auras affaire à moi Adrien Sallers, tu m'entends ?! Pour ce qui est de sa beauté, hein, ben je préfère rien dire, ça vaut mieux... Juste te dire que tu trouveras nécessairement mieux qu'elle. Mais fait ce que je te dis, oublie cette fille, elle ne peut que t'attirer du malheur. » Eli ne voulait pas être méchante, elle n'y gagnerait rien, et surtout ce n'était pas son genre. Mais quand on s'en prenait à ses amis (car oui, bien que pas forcement proche, Adrien était un ami) Eli pouvait s'énerver rapidemment, la preuve, là, elle était énervée.

Mieux vallait chasser cette chose de seconde année à Serpentard de sa tête sous peine de devenir très négatif, Adrien n'aurait jamais du lui parler de ça, à présent, elle ne pourrait plus rester neutre devant cette fille là, elle lui en voudrait toujours. Adrien se demanda ensuite pourquoi il lui disait ça, en ajoutant qu'il devait surement être ridicule. S'il voulait encore plus énerver Elizabeth, il n'aurait pas pu dire pire sotises.

« En effet, je trouve ridicule l'idée que tu puisses penser un seul instant que ce que tu dis m'importe peu. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas les meilleurs amis du monde que tu n'es pas un ami pour moi, sache le... Rien de ce que tu diras ne me fera m'éloigner de toi. Sauf si bien sur ma présence t'es insupportable, là dans ce cas, je me verrai dans l'obligation de partir. » Non sans une pointe d'humour, Eli parlait encore... beaucoup... trop. C'était un moulin à parole cette petite, ces amis devaient le savoir à présent, et peut être bien qu'au fond, ils en avaient marre. En tout cas personne ne lui avait jamais dit qu'elle parlait trop, même pas Wendy. En même temps ça aurait été assez drole que sa meilleure lui dise un truc pareil. S'il y avait bien une fille au monde qui parlait plus qu'Elizabeth, c'était Wendy Scotts.

Eli et Adrien arrivèrent enfin devant le dortoir du garçon. Il fallait qu'Adrien se repose, c'était primordial, il en avait réellement besoin. D'ailleur Eli comptait rester à proximité pour que personne ne vienne le déranger. Si elle devait s'installer au sol pour écrire une lettre tout en le surveillant ça ne la dérangeait pas du tout, bien au contraire. En attendant, il fallait bien faire comprendre à Adrien qu'il allait devoir ce séparer de la fille bavarde de troisième année, histoire de passer une vraie nuit (plus ou moins longue) de repos bien mérité. Oui je sais c'est dur. « Maintenant tu vas te reposer, et je ne veux pas te voir debout avant demain matin. Si tu ne viens pas en cours, ne te tracasses pas, j'expliquerai la situation aux professeurs et je te prendrais tes devoirs. Allez, bonne nuit Mister Sallers, reposez vous bien ! » Elle colla un baiser sur la joue du jeune homme en lui donnant un sourire et celui ci disparut dans sa chambre, pour une bonne nuit de sommeil, du moins on l'espérait.

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C’est que ce n’était pas si facile d’oublier Heaven Clarks. Elle était belle, populaire et on la voyait partout même quand on ne le souhaitait pas. Déjà, il suffisait de penser au Quidditch, comment ne pas la voir lors des matchs de Serpentard alors qu’elle était si jolie sur son balai. On l’aura compris, Adrien Sallers était totalement obnubilé par Heaven. Le point positif dans toute cette histoire de baiser c’est qu’au moins il en était tout de même un peu dégoûté. Il n’avait jamais rien espéré d’elle, il préférait sincèrement que la jeune fille le laisse tranquille, ce qu’elle n’avait visiblement pas fait. Pour le reste du discours d’Elizabeth (qui parlait beaucoup, c’était la première fois qu’Adrien le remarquait), il était encore plus sceptique.

« Cela m’étonnerait beaucoup que j’arrive à trouver une petite amie… » Murmura-t-il plus pour lui que pour elle. Il était vraiment fatigué, il avait besoin de sommeil. Tout son corps, y compris son cerveau, marchait au ralenti. Heureusement, les dortoirs n’étaient pas loin. Ils ne tardèrent pas à arriver devant la porte de sa chambre. Son lit lui tendait des bras imaginaire… il avait vraiment envie de s’y blottir pour se réveiller en forme le lendemain. Il avait quand même un peu honte, quoi qu’en dise Elizabeth, de se montrer aussi faible devant elle. Il avait un orgueil masculin très devellopé pour quelqu’un d’aussi complexé et il avait vraiment l’impression de passer pour un looser devant sa camarade. Il n’en était pas à une flagellation psychologique près, mais tout de même…

« Non, tu es une amie, je t’assures, mais je n’aime pas qu’on me voit dans cet état. »

Son lit, sa chambre ! Oui, il y serait bientôt ! Il tenait bon dans l’espoir de retrouver un peu de force et surtout, il ne voulait pas faiblir à nouveau devant Elizabeth. Lorsqu’elle lui ordonna de se reposer jusqu’au lendemain, il hocha la tête lentement en signe d’acceptation (que pouvait il faire d’autre ?) et posa la main sur la poignée.

« Merci Eli’, on se voit demain. » Car oui, il ne sécherait pas un jour de plus. Il était plus costaud que ça non mais ! Il entra dans sa chambre et ferma lentement la porte derrière lui. Il alla se déshabiller et se coucha toujours avec des gestes lents et mesurés. L’engourdissement se faisait de moins en moins présent mais il ne devait quand même pas abuser, ses muscles auraient besoin d’être travaillé demain. La danse l’aidait beaucoup dans ces moments là. Faire du sport permettait à son corps d’avoir une capacité de récupération plus que correct après une immobilisation tel que celle ci. Deux jours, il avait fait une crise de deux jours… pour une fille. Il fallait croire que c’était ça l’adolescence. Et le pire (ou le meilleur) dans tout ça, c’est que c’était loin d’être terminé.

Il ferma les yeux une fois dans son lit, la tête sur l’oreiller, savourant le confort du moment. Demain tout irait mieux et puis… ce n’était pas comme si il était seul. Il avait des amis… il avait Elizabeth. Finalement, peut être qu’elle n’était pas si inaccessible que ça…

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[Terminé]

MMM : 528