[Le 4 mai]
Myrielle se sentait nerveuse, allez savoir pourquoi. Elle attendait Shinku, elle savait qu’il viendrait… elle n’avait aucun doute là dessus ! Elle lui avait envoyé une lettre, cette fois signé de sa main, et lui disant en des termes peu tendre qu’elle voulait le voir (sous entendu pour le tabasser), et elle se demandait si elle aurait dû être plus subtile.
Elle resta adossée à l’arbre, à l’ombre de la forêt interdite… endroit angoissant pour certain mais pas pour Myrielle qui dialoguait avec son frère dans cet endroit, à la limite entre le parc et la forêt, une sorte de no man’s land…
Soudain IL arriva, toujours sûr de lui, toujours fier, il était tout ce que Myrielle détestait, un sang mélé, une immondice, un étranger… le petit fils de celui qui avait fait volé en éclat sa vie ! Souvent elle s’était dit que tout serait différent si son frère avait eu moins de charges et de problèmes, si il n’avait pas vu ses parents mourir devant lui…
Souvent aussi, elle remerciait le ciel d’être… elle ne savait comment l’exprimer, innocente ? Pure ? non ce n’était pas ça… amnésique serait plus juste… elle était trop petite à l’époque pour se rappeler ce massacre. Pourtant elle en avait souffert elle aussi, et elle en souffrait encore.
Ils se regardèrent longtemps en silence, lui le condamné, et elle la victime, il manquait le bourreau.
- Bonjour Symphonie…
- Bonjour Shinku, tes blessures sont guéris ?
- Oui, mais je suppose que je ne vais pas tarder à avoir de nouveau quelques blessures à panser.
- C’est possible Shinku… mais tu sais bien pourquoi je le fais…
Sa voix était presque enchanteresse… douce… musicale… Aucune agressivité de semblait y pointer… Pourtant c’était la pire des menaces. Le petit blondinet de Serdaigle en avait fait les frais, c’était quand elle frappait sans haine qu’elle faisait le plus mal.
Elle le savait maintenant, son amnésie était volontaire, de la volonté du plus fort et le plus fort c’était Nathan. Elle ne savait plus trop ce que provoquait Shinku en elle, elle le détestait toujours, mais elle n’arrivait plus à se persuader que c’était pour les mêmes raisons… et, troublée, elle perdait le fil de ses propres sentiments.
- Tu obéis toujours comme un gentil canidé n’est ce pas ?
Elle eu un sourire ironique, il y avait des choses qui elle en revanche ne changeait pas.
- Prononcer un mot bas et rustre comme « chien » t’écorcherai – t - il la bouche monsieur le-fils-à-sa-maman-chérie ?
- Toujours aussi spirituelle ma chère…
- Toujours, je suis une Symphonie. Je suis même Myrielle Symphonie… et la colère de dieu s’abattra sur toi comme un chant inévitable. C’est ton « destin ».
- Je sais, et le tien, c’est de me tuer, bien, bien, je t’en prie fais donc, je n’ai même pas envie de me défendre.
Elle ne comprit d’abord pas, puis elle vit qu’il était abattu, triste même, mais elle passa par dessus un zeste de compassion et lui attrapa le bars et le tordit.
- De toute manière que tu te défende ou non, le résultat sera le même.
Elle lui sera le bras de toute la force de ses poignets et le lui tordit dans le dos.
- C’est mon métier, toi ou un autre ce serait pareil.
- C’est pour ça que tu t’en est pris à un serdaigle sans défense ?
- J’avais des ordres !
- Et à onze ans tu crois que tu es en âge de recevoir des ordres d’un enfant de riche qui ne connaît rien du travail ! Ce combat n’est pas le tien !
- Tu n’as pas à me dire ce que je dois faire…
Le son de sa voix n’était plus qu’un murmure, elle serra encore, forçant sur les os du bras, les sentant se dessouder les uns aux autres et les tendons résister tant bien que mal… Pourtant des larmes amère coulait sur ses joues…
Lui, il serrait les dents, il avait mal mais ne criait pas, , il se mordait les lèvres à en saigner… pour l’honneur.
Elle, elle finit par le lâcher, elle lui avait cassé le bras, sa mission était accompli…
Lui, il tomba à genoux sous le poids d’une pression invisible dû à la douleur qui lui traversait tout le corps.
Elle, elle le regardait immobile, les larmes coulant dans ses yeux glacés, et son regard embué n’exprimait rien. Elle semblait pour le moment totalement en dehors d’elle même.
Lui, il passa son bras valide sur ses lèvres, essuyant le sang… il tourna la tête vers la fille et soupira tristement…
Elle, finalement « elle », elle tomba à ses côtés, sanglotant encore et encore et encore…
Il passa son bras autour de ses épaules, il ne pouvait rien faire face à cette douleur silencieuse. Il revoyait la scène quasi identique d’un passé déjà si loin, il en aurait pleuré lui aussi, mais il ne pleurait jamais. Elle ne réagit même pas au début, puis quand la crise fut passé, elle dit d’une voix entrecoupé ces quelques mots :
- Je… je… suis la seule… à ne rien savoir, à ne pas me souvenir, tout a été violé… même… mon esprit…
Il ne dit rien, même pas quand elle se leva après avoir séché ses larmes et qu’elle s’éloigna… alors elle se retourna une dernière fois et lui dit d’une voix à nouveau froide et neutre :
- Tu ferais mieux d’aller à l’infirmerie Shinku.
Mais l’agressivité n’y étais pas, elle reprend alors le chemin qui la conduit vers la salle commune des Serpentard et peut être – qui sait ? – à son cher Isaac…
Accueil 
