-[ Réception chez un Lord ]- -[PV]-

Nous étions en Juillet. Juillet de l’année 1997. Erwan avait 16 ans. Il venait d’achever sa 5ème année à Poudlard et était rentré chez son père, à Londres. Au fil des années, le jeune homme avait perdu contact avec sa mère, qui vivait toujours en Roumanie. Il avait beau lui envoyé de nombreuses lettres, elle ne lui répondait que très peu, et ses écrits étaient plutôt courts. Il savait qu’elle travaillait beaucoup et voulait venir l’aider les étés, mais la femme refusait que son fils retourne en Roumanie. Dans sa dernière lettre, elle lui avait écrit qu’elle souhaitait qu’il se concentre sur ses études et que lorsqu’il serait médicomage, elle viendrait le voir en Angleterre, mais en attendant, elle ne voulait pas qu’il se préoccupe d’elle. Le jeune homme n’avait pu oublier sa mère, évidemment, mais il travaillait avec ardeur, plus motivé que jamais pour toucher son rêve qui lui semblait bien plus accessible qu’un an auparavant. Il avait retrouvé la vue et aurait plus de facilités à atteindre ce métier qui le faisait rêvait depuis qu’il était âgé de sept petites années.

Ce soir là, le manoir su père du jeune homme était plus qu’agité. En effet, une réception avait eu lieu et il y avait du monde. Beaucoup de monde. Erwan avait passé la première partie de la soirée avec son ami Shiro, un jeune japonais qu’il avait connu grâce à Keira. Il s’entendait très bien avec le jeune homme, bien qu’il soit moldu. La soirée n’était pas réservée aux sorciers, aussi la pratique de la magie y était-elle formellement interdite. Erwan était sorti un instant dehors avec Shiro, les deux jeunes hommes y prenant l’air. Shiro avait un an de plus qu’Erwan. Sa sœur aînée, Mayuko était une très bonne amie de Keira. Shiro n’avait pas aimé Keira au début. La relation avait été tendue, puis, l’hiver dernier, il avait fini par accepter la jeune fille hyperactive, et le trio avait pu s’amusé en cœur. Shiro était un garçon qui ne manquait pas d’assurance ni même de volonté. Il était tout à fait capable de tenir tête à Keira, y compris quand cette dernière devenait une furie. Erwan quant à lui avait trouvé un lui un jeune homme qui pensait comme lui, et ce fut une très agréable découverte.

Les deux garçons se trouvaient loin de l’agitation, sur une terrasse. Tous deux portaient un costume fait par un de ces couturiers tant demandés. Erwan se moquait de tout cet argent. Il trouvait ça pathétique et inutile. Il avait toujours été simple et ne demandait qu’à vivre comme il l’entendait. Son père, lui envisageait les choses différemment. Il n’avait pas amé son fils aveugle, partit vivre avec sa mère, pauvre. Mais depuis qu’Erwan avait retrouvé la vue, Charles prenait un malin plaisir à exposer son fils à une multitude de réceptions toutes plus ennuyeuses les unes que les autres. Ce soir là, Erwan savait que ce serait mieux que d’ordinaire. Il y avait Shiro, et il était chez lui… Au balcon, loin des regards indiscrets, il prit la cigarette que lui tendait Shiro. Il ne fumait pas vraiment en général, mais bon pour ce soir il faisait une exception. Il le faisait pour Shiro, juste comme ça. Ecoeuré par le goût, il rendi néanmoins rapidement l’objet à son propriétaire qui la finit en riant.

« Keira est moins difficile que toi. »

« Laisses la tranquille. Elle a assez de problèmes comme ça. »

« Hum, tu parles, elle l’a choisie cette voix. Tout le monde connaît les risques du Show Busines… Et puis, manque de chance, je vais la voir tout à l’heure… Tu sais qu’elle est invitée ? »

« Quoi ? »

Shiro sourit à nouveau et reprit avec ce calme et cette nonchalance qui savait énerver Erwan :

« Ouai, ton père invite son père… et elle par la même occasion… Elle commence à avoir un nom dans la mode, tu sais. Mayu m’a di que l’agence posait pas mal d’espoirs sur elle. »

« C’est pathétique. »

« C’est la mode. »

De ce côté-là, Shiro et Erwan s’était toujours entendu. Ils n’aimaient pas le milieu dans lequel s’investissaient Mayuko, la sœur de Shiro, et Keira, la meilleure amie d’Erwan. Les deux jeunes hommes finirent par quitter le balcon, une fois la cigarette de Shiro jetée. Ce dernier adressa un sourire à une jeune femme au loin, et Erwan reconnut difficilement sa meilleure amie. Keira était vêtue d’une longue robe bleue moulant son corps maigre. Ses longs cheveux roux d’ordinaire emmêlés étaient relevés en un chignon doré. Son visage plus maigre qu’avant était maquillé de telle sorte qu’elle semblait presque être normale… Tout en étant d’une beauté étonnante étant donné l’état dans lequel elle se trouvait. Son regard opalin étincelait. Elle adressa un large sourire à Shiro, puis à Erwan, et les rejoignit en de longues enjambées souples et élégantes. Elle avait tout d’un mannequin… Tout ce qu’Erwan aurait aimé ne jamais voir en elle.

« Salut vous deux ! Vous allez bien ?? »

« Bonjour beauté… Dis donc, t’es sacrément élégante ce soir… »

« Merci ! »

Erwan se contenta de froncer les sourcils.

« T’as encore perdu du poids ? »

Le regard de la rousse vint affronter le sien, dur.

« Ça te regarde pas. »

« Keira… »

« Tu m’énerves à la fin ! Laisses moi respirer. »

La jeune fille saisit le bras de Shiro et s’éloigna d’un pas toujours aussi assuré, sentant le regard désolé d’Erwan dans son dos, elle lui échappa en filant plus loin, hors de la vue du jeune homme.

Seul, à présent ; Erwan soupira. Il n’arrivait plus à dialoguer avec la jeune fille… c’était frustrant, agaçant… désolant. Le jeune homme se dirigea vers le buffet où il se servit un verre et il commença à observer la salle. Il aperçut plusieurs personnes de son âge qu’il ne connaissait pas. Son regard acheva sa ronde sur un visage qui lui était vaguement familier… Comme s’il l’avait déjà vu quelque part sans savoir où exactement. Pourtant, côté vision il était assez limité. Avait-il croisé la jeune femme en boîte de nuit ? A Poudlard… ? Il n’en savait rien, mais il continuait à la fixer, perplexe…

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XXX

Tic tac tic tac tic tac tic tac... Dans un manoir isolé, loin de la ville, regnait une rare agitation. Sir Charles Of Curty donnait une récéption en ce début de vacances. Les tintements des verres en cristal, la détonation d'un bouchon de champagne, les rires hypocrites, tout cela se mélangeait à une musique d'ambiance, résultant une quincophonie insupportable pour la jeune Faith Of Curty, fille adoptive du maître de maison. Ce dernier était accompagné de la mère de Faith, Marianne, qui s'exhibaient mutuellement à leurs convives. Ce genre de frasques n'était pas du gout de la jeune fille qui préfèrait les choses simples mais c'était surtout l'ambiance de ces fêtes qu'elle n'aimait pas : aucun naturel, personnes hypocrites, parents sur les nerfs... Car il faut dire que Marianne et Faith s'étaient disputées au sujet de la tenue de cette dernière. Déjà, Faith voulait rester dans sa chambre à regarder la télévision moldue et écouter la radio mais Marianne exigeait la présence de sa fille. Elle avait commandé exprès pour l'occasion à un couturier français une robe de cocktail opale, pour faire ressortir ses boucles cuivres mais quenini, Faith ne voulait rien entendre, les autres amateurs de cancans pouvaient très bien se passer d'elle ce soir ! Au bout d'une heure de menaces et de vociférations de sa mère, Faith avait cédé et avait commencé à se préparer.

La récéption battait son plein lorsque Faith finit par pointer le bout de son nez. Elle se dirigea vers le buffet et attrapa une coupe de champagne à moitié-pleine puis se regarda dans le grand mirroir. C'est vrai qu'elle était belle dans cette robe, coiffée et maquillée. Le côté superficiel de sa mère n'avait pas que du mauvais...

De nature timide et supportant difficilement la foule, elle décida de s'exiler sur la terrasse lorsqu'elle le vit. Erwan, son demi-frère (bien qu'ils n'aient aucun lien de sang), se tenait avec un autre garçon, accoudés aux rebords de la terrasse, fumant une cigarette. Avant d'être vu elle se plaqua discrètement contre un mur, passant le bout de son nez pour vérifier qu'elle n'était pas vu. Erwan ...

Durant ses anciennes années à Poudlard, elle avait eu l'habitude de le suivre et de l'espionner lorsqu'il était aveugle. Elle avait appris de ce fait que le jeune homme jouait du violon, comme elle. Suivre Erwan dans tout le château était devenu un passe-temps, une occupation quotidienne. Elle avait déjà l'impression de le connaître, bien qu'ils ne se soient jamais parler et qu'il ne sache même pas qu'elle existe. Et il se trouvait là, dans la même maison qu'elle, surement en vacances chez son père. Il fallait qu'elle remonte dans sa chambre le plus vite possible pour ne pas se retrouver nez à nez avec Erwan, auquel cas elle ne saurait pas quoi dire et deviendrait surement rouge comme une tomate. Elle traversa rapidement la salle de danse quand un vieil ami de sa mère nommé Arthure l'attrapa au vol.

- Faith ! Aurais-tu l'obligeance de m'accorder cette danse ?
- Je ... commença-t-à dire la jeune fille.
- C'est parfait ! dit le vieille homme en l'entrainant sur la piste.

Et voilà, elle était prise au piège avec Papi Tuture à danser une valse alors qu'Erwan pouvait débouler à tout moment. Malgré tout, Arthure la faisait rire car il avait une façon de danser la valse très particulière. Elle riait et dansait lorsqu'elle vit ce regard, autrefois vide alors qu'il était brillant cette fois. Elle soutint ce regard, essayant de ne pas trop rougir malgrè elle.
La musique s'arrêtant, Faith salua rapidement Arthure et se dirigea vers le buffet. Elle était essouflée et prit un verre d'eau.

La jeune fille qu’il avait remarqué dansait à présent avec Monsieur de quelque chose, un homme bourré de frics, dont le seul intérêt était certainement les affaires, et donc plus directement, l’argent. Bref, c’était passionnant… Pour les ahuris présents ici. Erwan but une gorgée du cocktail alcoolisé qui se trouvait dans son verre. La jeune femme portait une robe qui lui allait fort bien, mettant en valeur sa physionomie. Il l’observait avec intérêt, se demandant toujours où il avait pu la voir. Lorsque la jeune demoiselle cessa de danser, elle rejoignit le buffet en quelques enjambées plutôt élégantes. Elle s’arrêta à quelques mètres du roumain qui l’observait toujours. Il aperçut du coin de l’œil, les silhouettes de Shiro et de Keira passait dans la salle pour sortir. Il était prêt à parier que Shiro allait encore donner il ne savait trop quelle herbe à la rouquine. Erwan était fatigué de la maternait. Il l’aimait énormément, mais elle l’épuisait. A présent, il l’énervait de toute façon, alors s’il allait la voir, il ne ferait que l’énerver un peu plus. Il lui parlerait, oui. Mais pas ce soir. Son verre à la main, il traversa la petite foule qui le séparait de la belle inconnue, puis une fois arrivé à sa hauteur, il lui adressa un sourire :

« Bonsoir. Puis-je vous servir ? »

Lui adressant la parole d’un ton conciliant, son visage éclairé par un sourire plutôt bienveillant, il restait poli et courtois. Il était peut-être le tombeur de ses dames depuis quelques temps, il savait néanmoins ce qu’étaient la politesse et les bonnes manières. S’il agissait ainsi, ce n’était pas pour faire plaisir à son fichu père biologique. Non, il s’en moquait complètement de l’avis de cet… homme. Erwan avait envie de connaître la fille qui se trouvait avec lui en ce moment, et il ne comptait pas la lâcher. Evidemment, il ignorait que Marianne, la nouvelle femme de son ‘père’ souhaitait éviter pareille conversation. Et s’il l’avait su, il aurait sûrement pris trois fois plus de plaisir en abordant la jeune femme.

« Vous êtes de la région ? »

La question était assez… comique d’un point de vue extérieur. Puisque beaucoup savaient que Faith était la fille de la nouvelle (plus si nouvelle que ça d’ailleurs maintenant) femme de Charles, le père d’Erwan. Par définition, Faith vivait donc dans le manoir familial… Mais ça, il fallait ne pas être aveugle pour le remarquer… Erwan ne l’avait vue au manoir. De tous les passages qu’il avait fait, son premier depuis qu’il avait retrouvé la vue avait été l’été passé. Il avait alors passé l’essentiel de son temps avec Shiro et Keira. Quelques visites à Dawn, mais rien de plus.

Les fois où Faith était passée devant lui, il n’avait été apte à la voir. Il l’avait bien croisée à Poudlard, mais elle n’était pas ainsi vêtue et coiffée. Là, elle avait l’air d’être une autre… mais ce n’était en rien péjoratif. Tout en servant la jeune demoiselle, il l’observait avec un intérêt plus ou moins dissimulé, par soucis de bienséance. Inutile de mettre la jeune fille mal à l’aise…