Almost Easy. Aaron }} Millers' House

Cet homme qu'elle observait du coin de l'oeil, un tendre sourire aux bords des lèvres. C'était pourtant parti de si peu... un baiser volé, un jeu.. et les voilà époux, parents du petit bout de choux que la Brune berçait doucement.. Elle ne savait pas si Aaron avait senti son doux regard peser sur lui, ou si cette passivité était voulu, mais une chose était certaine, c'est qu'elle, elle avait remarqué cette mine tendu qui lui donnait envie que d'une seule chose : le détendre.

La Belle avança enfin, déposant délicatement Gabriel dans son berceau, non loin de son cher et tendre, l'enfant s'éveilla dans un gazouillis, mais il s'endormit aussi sec. Leandrà lui caressa la joue, le regard brillant, et elle se retourna, les yeux pétillants, vers Aaron.

« Qu'est-ce qui ne va pas? »

Question rhétorique. Rien n'allait à part leur couple. C'était le bordel au Ministère avec cette Ombrage et sa traque des sangs impurs. Quelle connerie. Ce monde instable ne prêtait guère au bonheur. Mais n'étant pas encore revenu au boulot, la jeune femme n'avait pas encore été confronté à tout ces chamboulements. Ça n'allait pas tarder, un peu plus tôt dans la journée, un hiboux grand duc lui avait été adressé par Dame Crapaud elle même.

« Une nouvelle mère, c'est bien. Une nouvelle mère au travail, c'est encore mieux.
Madame Millers, dès demain, vous allez vous y remettre.

Dolores Jane Ombrage.

PS : Vous êtes prié de venir vous recenser vous et votre rejeton. Venez dans mon bureau demain midi, votre sang me parait incertain. Dois-je préciser que vous n'avez pas le choix? »

Elle vint s'asseoir auprès de son mari, sur l'accoudoir du fauteuil, et lui déplia le parchemin sous les yeux.

« Si j'pouvez lui crever les yeux... »

A peine le problème Sykes était-il résolu, que le problème Face de Serpent et son pote crapaud avait trouvé sa place. Autant dire que la vie n'était pas facile. Mais ils n'étaient plus seuls à présent, ils allaient s'en sortir, garder la tête hors de l'eau.
Mais elle savait parfaitement qu'elle allait être emmerdé, fille adoptive d'une sang de bourbe, parents biologiques de sang inconnu... oui, ça s'annonçait mal... Soupir.

« Je crois que... ça va être dur, mais elle ne peut rien faire sans connaître mes vrais parents... »

La voix s'était peu à peu éteinte. Bien sûr qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait, c'était Ombrage. Elle plongea son visage dans ses mains, désemparée. Cela n'allait donc jamais s'arrêter? Ne seraient-ils donc jamais tranquil?

« Il faut laisser Gabriel en dehors de tout ça. »

Fils de sangs-mêlés, un père emmerdé pour des soi-disant faux papiers, et une mère qui n'allait pas tarder à en avoir, des emmerdes. Pour la tranquillité de leur enfant, c'était raté. Mais elle comptait bien se battre. Elle imita grossièrement Ombrage.

« " Votre sang me parait incertain" ... Si elle t'as cherché des petites bêtes, qu'est-ce que ça va être pour moi! Je suis ta femme, et j'ai très certainement un père Sang de Bourbe. Et j'suis pas sur que Kingsley soit derrière moi pour me sortir de cette merde. »

La lumière du soleil déclinait lentement, les derniers rayons lui caressaient son visage tendu.

Aaron Millers soupira pour la douzième fois de la soirée. Oh, il n'était pas fatigué, il ne s'ennuyait pas vraiment et il n'était pas totalement contrarié, mais il semblait que les soucis, toujours les soucis, ne voulaient pas se séparer aussi facilement de lui. Il aurait aimé le comprendre plus tôt.

Ce qui était drôle - ahah on se marre - c'est que pour une fois, le plan sentimental ne penchait pas. Aaron finissait par oublier Amanda, ce dont il se croyait juste incapable à peine quelques semaines plus tôt. En même temps, avec une femme comme la sienne chez lui, c'était relativement facile... Bref, il avait une femme et un fils incroyables, et sa vie de famille, bien qu'écartelée d'une part, était paisible de l'autre. Amanda avait même accepté qu'il prenne Melissa pour le week-end.

Mais s'il n'y avait que ça, Aaron ne serait pas là, à ruminer sur son fauteuil face à la fenêtre pour regarder choir les derniers rayons du soleil. Depuis qu'il était rentré du Ministère, il réfléchissait à tous ses autres problèmes du moment.

Quelque chose que Leandrà semblait avoir oublié, ou du moins, ne voulait plus en parler... Apophis. Il était maintenant en prison, et sa fille en sécurité, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être très mal à l'aise quand il y repensait. Il lui semblait toujours qu'un danger persister à planer au-dessus de lui et de Leandrà, sous la forme d'Apophis. Et parfois, parfois, quand vraiment il sentait la colère l'envahir, Aaron regrettait d'avoir prononcé Endoloris ce qu'il aurait voulu être un Avada Kedavra. De plus, comme il y pensait souvent avec un profond désespoir, cet homme était son meilleur ami avant de laisser libre court à sa névrose hystérique, et désormais, il n'avait plus personne. Et s'il était libéré? Et s'il s'échappait? C'était probable, en fait... Et il était certain que la prochaine fois qu'Aaron et Apophis se verraient en dehors d'Azkaban, il y aurait au résultat un mort. Avec une grimace, Aaron se massa l'épaule, là où deux blessures par balles achevaient de se cicatriser.

Un autre point, encore plus grave si c'était possible: la crise au Ministère. Quelques temps plus tôt, Ombrage avait déjà essayé de le faire plonger à cause d'une histoire de faux papiers, et le pousser à s'avouer Né-Moldu. Né-Moldu, lui! Fallait quand même pas déconner! Il avait fait tous les tests possibles et imaginables pour que le crapaud rose lui foute la paix, mais ça ne suffisait pas, il y avait toujours un "doute", une manoeuvre "mal réalisée" dans ses examens, ou des résultats égarés. Ce qui faisait penser à Aaron qu'Ombrage cherchait juste à lâcher du lest au niveau des Aurors... Perdre son emploi n'était pas la fin du monde pour Aaron. En fait, il avait espéré le lisenciement pendant très longtemps, mais il pensait surtout au danger qu'encourerait ensuite sa famille s'il était déclaré Sang-de-Bourbe devant le Ministère. Et puis il n'était pas dupe, et d'ailleurs, n'avait jamais cru ce torchon qu'était la Gazette, sachant pertinemment que Voldemort et son emprise était derrière tout ça. Bientôt, Poudlard tomberait très certainement... Le ministère s'écroulerait dans peu de temps... Les Sang-Mêlés seraient simplement les deuxièmes à mourir...

Aaron avait l'impression de revivre l'époque des années 70, début 80. Oh lala, pas pour la marie-jeanne, les hippies et le rock branché, mais bien pour l'ambiance sinistre et angoissante qu'avait instauré Voldemort sur l'Angleterre. Il se souvenait de cette peur que tout le monde ressentait, la terreur de ne pas revenir du travail ou de retrouver des cadavres dans sa maison saccagée en y revenant... Oh, il avait une vingtaine d'années à l'époque, et n'avait pas été au coeur de tous ces soucis, mais aujourd'hui, il avait une famille... Bref, il avait comme l'impression qu'ils ne s'attarderaient pas au Ministère, Leandrà et lui, et qu'ils devraient peut-être quitter le Royaume-Uni pour être tranquilles.

« Qu'est-ce qui ne va pas? »

Aaron détourna la tête pour regarder Leandrà et lui offrit un sourire machinal. Sortir de ses pensées aussi vite le laissa hagard quelques secondes, puis il fit la moue en étouffant un baillement.

- " Mais tout va bien, Mrs Millers!"

Il s'étira consciencieusement. Il n'avait pas besoin de longs discours pour que sa femme voit ce qui n'allait pas, de toute façon, et il savait que si elle cherchait vraiment à comprendre ce qui se tramait dans sa tête, elle ne s'arrêterait pas là.

Quand Leandrà s'installa sur le bras du fauteuil, il passa sa main sur sa taille pour l'attirer à lui et profiter d'une légère étreinte avant qu'elle ne déplie sa lettre. Sans se départir de cette position, il lut l'écriture fine et pointue, tracée à l'encre rose, avec une mine de plus en plus stupéfaite. Stupéfaite et dégoûtée.

- " Si tu pouvais, je t'aiderais..." soupira-t-il en attrapant le parchemin décoré de chatons fushias qui minaudaient, et en le chiffonnant. "T'inquiète pas, tout ira bien. Et si jamais elle commence à faire la mariole, on écrasera son chat."

Après un rapide baiser sur la joue, pour la rassurer, Aaron se tourna vers la poubelle grise qui attendait avidement de recevoir sa nourriture du jour. Il lança la lettre roulée en boule dans la fente prévue à cette effet, et la poubelle émit un rot digne des plus grands.

- " Oh, merci!" chanta-t-elle joyeusement.

Mais Aaron n'avait pas écouté Poubelle, car il s'était retourné vers Leandrà qui paraissait réellement soucieuse. Il l'écouta, et quand elle eut finit, il lui frotta vivement les hanches, comme pour dire "hé ben, hey ho, non hein, bouge toi ouais!".

- " Alleeeez, t'inquiète pas! Elle les retrouvera pas..." - petite pause - "Mais toi, tu devrais peut-être essayer de chercher, tu crois pas?" demanda-t-il prudemment. "Imagine qu'ils soient de Sang-Purs? On serait tranquilles! Et ça éviterait qu'Ombrage engage des acteurs qui se feraient passer pour des Moldus qui t'auraient abandonné à cause de tes pouvoirs..."

L'atmosphère fascite du Ministère, et la peur grandissante que lui inspirait Voldemort faisaient tournoyer les méninges d'Aaron un peu plus vite qu'à l'ordinaire. De plus en plus, il imaginait les pires scénarios concernant ce qu'était capable de faire Ombrage et son équipe de léches-cul, et il tenait à être prêt quand la première offensive, qui ne manquerait pas, leur sauterait vraiment à la gueule...

- " Gabriel ne sere jamais mêlé à ça." l'interrompit brutalement Aaron en la regardant droit dans les yeux. "A la minute même où nous avons un minuscule mauvais pressentiment, on se barre. Je laisserais jamais cette grosse vache frustrée vous mettre en danger, ok?"

Il passa la main sur son visage et dégagea ses cheveux pour l'observer attentivement. Ses doigts s'arrêtent un instant sur ses joues avant de relever un peu plus haut son menton.

Quand elle imita Ombrage, Aaron ne put s'empêcher de ricaner - c'est qu'il y avait un réel talent de comique derrière tout ça. Mais presque automatiquement, il se crut obligé de rassurer sa femme... Du moins d'essayer.

- " Arrête de réagir comme ça. Elle est pas du genre à commettre une bavure au su et au vu de tout le monde. Allez, tiens, j'irais avec toi. Je crois qu'elle me trouve parfaitement irrésistible et qu'elle voudrait bien que je lui fasse une petite gâterie, tu me suis? Elle est juste jalouse en fin de compte, et je la comprends..." se moqua-t-il dans un fou-rire.

Leandrà pourrait facilement le traiter d'hypocrite, à vouloir la rassurer et à lui dire que tout allait bien, pendant qu'il balisait non-stop en croyant qu'un Mangemort était caché dans sa bouteille de whisky... Enfin, il essayait juste de faire ce qu'il fallait...

- "Et, tu sais, pour Kingsley... Enfin bon, il m'a aidé, mais j'ai vraiment trouvé ça bizarre. Il est très à la botte des supérieurs et du dirlo, alors bon... Ca m'a paru louche..." confia-t-il d'une voix pensive.

C'est vrai quoi... Kingsley avait toujours été le meilleur Auror de leur division, destiné à être nommé chef du département puis ensuite Ministre de la Magie, et il n'avait jamais fait quelque chose qui aurait laissé des doutes dans l'esprit creux d'Ombrage. On disait même qu'il traitait les Né-Moldus et les traîtres à leur sang d'une façon discutable...

Son regard s'était perdu une nouvelle fois sur la fenêtre, avant de se reporter dans les beaux yeux de Leandrà. Après un temps de silence, il lâcha:

- " Je crois qu'il fait partie de l'Ordre du Phénix. Et je crois qu'on devrait y entrer nous aussi."

Bam. Bah ça, c'était être direct. Prévoyant déjà une réaction un peu trop vive de sa femme, Aaron ne lui laissa pas le temps de répondre et embraya directement:

- " Ils nous aideraient à protéger Gabriel et ma fille. Et puis soyons francs, on veut bien que Tu-Sais-Qui retourne d'où il vient, et l'inactivité, ça nous va pas. Il faut qu'on se batte, et il faut qu'on se batte rapidement. On est Aurors, c'est à nous de le faire et j'en ai marre de jouer l'hypocrite au Ministère..."