Ma vie n'est que froideur [libre]

Il faisait froid. Il commençait, à tout le moins. Elle avait froid. Son visage était froid. Son coeur aussi. Une situation pour le moins normale, selon l'avis faussé des autres Maisons. Que de préjugés, tout de même.

La raison pour laquelle son coeur était froid était que son père avait fini par réapparaître. Il n'avait pas donné de signe de vie depuis juillet dernier. Pour être tout à fait honnête, ça ne faisait pas une grosse différence dans la vie de la jeune Sorcière, puisqu'elle ne voyait d'avance jamais son père, et qu'elle recevait à toutes les semaines de l'argent et un peu d'argent. En fait, la seule différence était qu'elle n'avait plus l'auréole de « prestige » qu'allait avec le fait d'être la fille d'un politicien d'affaire internationale. Ah, il avait aussi le fait d'être la cousine d'un Auror (alors qu'il avait plus officiellement) n'aidait pas. Aux yeux de plusieurs, donc, elle semblait être une gentille Serpentard. Ils ne la connaissaient pas. En fait, qui étaient ces idiots qui la croyaient encore gentille? Surtout pas des Poufsouffle, après son passage dans la Maison l'année dernière. Et cette année, qui la copiait odieusement, après avoir dit que ça déshonorait un Serpentard de sortir avec un Poufsouffle? Heaven Clarks elle-même, qui n'était pas très loin d'eux, en ce moment...

Elle s'éloignait de sa réputation, en ce moment, cette fille. Rosa la déclassait tranquillement dans son estime.

Mais il fallait dire qu'elle-même n'était pas en excellente vue, à cause de son désespoir vis-à-vis d'un préfet... Pourquoi on ne regardait que Drago, et ne regardait pas celui qui l'accompagnait? Au moins, cela avait l'avantage de le garder pour elle toute seule. De toute manière, personne ne pouvait lui faire compétition...

Pour en revenir à son père, son père était réapparu. Et sa mère avait fait exactement l'inverse. Bon, évidemment, à quelque part, ça ne faisait pas énormément progresser les choses. Mais elle comprenait la raison pour laquelle ce mouvement avait été fait.

Son père était impliqué politique. Au moment de l'invasion de Poudlard, de la mort de Dumbledore et tout cela, il se trouvait encore aux États-unis dans une histoire à n'en plus finir. C'était, à ce moment-là, une question de mot : lequel de deux synonymes était le meilleur dans l'article 17 alinéa 2? Il n'était disparu qu'après avoir réglé l'affaire. Peut-être que la tante de Rosa, Honoria, avait-elle décidé de faire une petite visite à son cher frère... qu'elle avait renié. Avant de se faire renier par lui. Ou l'inverse. Ou ce n'était que dans un sens. Peut importait, et la sorcière ne saurait probablement jamais exactement : c'était plein de non-dits, de sous-entendus.

Mais sa mère n'avait pas quitté son magasine. La sorcière avait vu sa garde-robe se faire changer, comme à chaque été, le jour de sa fête (OMG, mon dernier RP, c'était pour ça!). C'était encore un été ennuyeux, mais avec quelque chose qui flottait dans l'air, une sorte de tension. Un changement s'opérait tranquillement...

Son père revenait. Sa mère disparaissait. Elle était apparemment morte. Le paternel lui avait envoyé une lettre lui expliquant tout : il avait tué sa mère. Il avait compris le point de sa soeur, après avoir beaucoup réfléchi. Que d'idioties. Sa mère était encore vivante, très probablement. Mais pourquoi avoir fait ça? Elle ne le savait pas. Seulement, les Mangemort étaient au courant, car tout le courrier qui passait à Poudlard était lu.

Elle pensait à tout cela, elle marinait dans ce jus de pensée. Ce visage froid e indifférent cachait donc un esprit en ébullition. Elle n'était pas sur le point de pleurer, il fallait bien le comprendre, aussi. Rosa ne pleurait jamais, et l'idée ne lui avait pas du tout passée par l'esprit. Ce n'était que ce vent qui provenait du lac...

Elle n'était qu'un pion mal placé pour son père. Depuis sa naissance. Mais le pion, s'il traversait l'échiquier en son entier, devenait une dame.