Piégée par une Serpentarde [LIBRE]

Luna venait de s'entraîner avec ses camarades de Serdaigle pour essayer d'améliorer leurs performances d'ici le prochain match. Le dernier, contre les Serpentards, avait été si catastrophique qu'il fallait mettre les bouchées doubles maintenant pour remonter ça. Mais ce n'était pas facile, le moral de l'équipe des Bleus avait prit un sacré coup, car les Verts ne s'étaient pas contenté de gagner le match, ils les avaient littéralement aplatis.

Les Serdaigles, après l'entraînement, s'étaient douchés et changés dans les vestiaires; puis ils étaient partis regagner leur salle commune. Luna seule s'était attardée, parce que préoccupée, elle avait commis l'étourderie de se doucher toute habillée (Ben quoi, ça arrive!). Le temps de les sécher à la baguette, de reprendre une douche en tenue d'Eve et de se rhabiller, elle avait perdu du temps.

Elle était presque prête et finissait d'attacher ses cheveux à la va-vite, quand la porte s'ouvrit: une Serpentarde entra. Luna se mordit la lèvre: à tous les coups, la verte venait se moquer d'elle et la tourmenter concernant les piètres résultats de l'équipe. Ou pire encore, lui jouer un mauvais tour? Les Serpentards ne se privaient pas, ces temps-ci... En plus Luna était seule, coincée dans ce vestiaire... *et zut, où j'ai mis ma baguette...?*

Pourquoi était-elle sur le terrain de Quidditch? Elle n'avait pas du tout de raison pour s'y trouver. Il n'avait pas de match. Et elle se tenait le plus loin possible de tout ce qui ressemblait de proche ou de loin à un ballon de ce sport à cause de cet imbécile de frère qui aurait bien fait de disparaître, lui. Mais elle n'avait pas eu cette chance, et... bon, c'était un secret de polichinelle, n'est-ce pas? Alors, pas besoin de l'expliquer. De plus de cela, la dernière fois qu'elle avait joué, c'était l'année dernière dans un match contre les Serdaigles, si elle se rappelait bien. Ou les Poufsouffle. Enfin, une de ces Maisons neutres et sans importance...

Donc, comment expliquer sa présence ici? Rosa n'avait absolument rien à faire. Peut-être que parce qu'elle avait laissé son esprit divagué? Ses pieds avaient suivi le même chemin. Et là où elle était, elle ne pouvait se retourner. Surtout que celle qui était devant elle était une cible facile : Luna Loufoca. Pas original, par contre. Mais lorsqu'on n'avait absolument rien sous la main, on faisait avec ce que l'on avait...

-- Bonjour, Loufoca... Perdue?

Non, c'était elle qui l'était. Mais pourquoi s'étendre sur ce sujet. Sur le même ton agressant qu'elle avait commencé, elle enchaîna :

-- Veux-tu que je t'aide à t'orienter? C'est certain qu'avec tes souliers, ça irait déjà mieux...

Rosa avait sa baguette à la main. Il lui semblait qu'elle n'avait jamais été la chercher, mais peu importait. Un tout petit sort, et la paire fut dans ses mains. Elles sentaient... étrange. Avec celle qui lui faisait face, il ne fallait pas être surprits. Elle ne s'était pas attaquée à une partie très originale de son être... Peut-être que dans quelques secondes, elle allait avoir une idée?

*Mes chaussuuuuuures !* Et Luna qui les avait justement cirées ce matin avec de la cire d'abeille parce que ça fait fuir le bourdon!
Impuissante, elle resta là à regarder ce que Rosalyne allait en faire. Sans sa baguette, elle ne pouvait rien tenter, c'était frustrant.

En chaussettes trouées et tirebouchonnées, immobile, car tenue en joue par la baguette de Rosanna, Luna essaya de la prendre par les sentiments: "Allons, Rosamba, je suis sûre que tu n'es pas si bête et méchante que tu en as l'air. Il doit y avoir au fin fond de toi, bien cachée, une Rosamcha plus sympa qui ne demande qu'à s'exprimer. Laisse-la se dégourdir les jambes et sortir de sa prison! Laisse-la s'exprimer et chanter sa joie de vivre et d'aimer les gens!"

"D'ailleurs, reprit-elle d'un ton docte, quel avantage y a t'il à tirer de la haine pour celui-là même qui l'exprime? La haine abîme le haineux lorsqu'elle sort de lui, elle l'avilit même à ses propres yeux, en le montrant sous un jour hideux. Et puis, bien sûr, ajouta-t'elle après un instant de réflexion, elle déteriore ses relations avec son entourage.

Ainsi, toi et moi, quel avantage y a t'il à ce que nous soyons ennemies? Bon, pour moi, il va sans dire que j'ai plus intérêt à m'entendre avec une personne qui me menace de sa baguette qu'à la provoquer. Mais toi-même, Roselda, qu'as-tu à gagner de notre inimitié? Un maigre amusement à me taquiner (Luna frissonna en regardant la baguette. "Taquiner" n'était peut-être pas le mot adéquat) et c'est tout.

Tandis que mon amitié est peut-être plus précieuse que tu ne le crois. Par exemple, savais-tu que j'ai des informations confidentielles sur le ronflak cornu? Des choses qui n'ont même jamais été publiées." Luna eut le même air ravi en prononçant ces derniers mots que quelqu'un qui offre un cadeau fabuleux et qui se réjouit de la joie qu'il fait.