Tombée à pic ! [Judy Adams]

Planté devant la fenêtre, Jared attendait que le ciel s’éclaircisse. Il avait envie de jouer du violon. Forcément, ce genre d’envies ne se manifestait jamais au bon moment. En plein hiver, comment voulez vous qu’il puisse jouer dehors ? Et dedans, c’était totalement exclu. Il devait donc renoncer à cette idée. Et pourtant, la musique lui raisonnait dans la tête. Et pam, vas-y qu’un do fuse par si, un ré par là. Il fila vers son sac, prit un calepin qu’il fourra dans la poche arrière de son pantalon, et il coinça un stylo sur son oreille, comme à son habitude.

Le pas légèrement trainant, il parcourut les couloirs en se fredonnant la mélodie qui germait dans sa tête, de manière suffisamment discrète toutefois pour ne pas être entendu. Il avait envie de sortir, il attendrait donc d’être dans le parc pour mettre sur papier cette mélodie. Une musique enjouée à vrai dire. Ca faisait longtemps qu’il n’avait plus rien composé présentant un semblant d’allégresse, et il commençait à s’inquiéter. Mais ça n’avait rien d’étonnant après tout, vu les temps qui courraient. Irrité, Jared secoua la tête, mais conserva tout de même la mélodie dans son esprit. Il ne la laisserait pas fuir ! Haha ! Supériorité de l’homme sur l’esprit !

Il se sentait euphorique. Il alla donc s’installer dans le parc, dans un coin calme, entre deux bosquets, et il s’assit en tailleur sur le sol après avoir sortit son calepin de sa poche. Là, stylo en main, il commença à écrire les notes, silencieusement, en intense concentration. Il ne savait pas vraiment quelle heure il était. Il se rendait simplement compte que l’après-midi passait doucement, et le froid lui engourdit les mains. Et oui ! S’il avait pensé à enfiler une écharpe aux couleurs de sa maison et qu’il avait emporté des gants, il avait tout de même les mains à découvert puisqu’il n’arrivait pas à écrire, même avec ses gants en cuir.

Lorsqu’il vit que sa peau prenait une teinte bleutée, il décida à regret de remettre ses gants, observant le travail de plusieurs heures. Il relit une ou deux fois, tentant de refaire la musique intérieurement, puis il se releva et remit le calepin dans sa poche. Ce qu’il n’avait pas prévu par contre, ce fut de se retrouver de nouveau par terre. Prit de violent tremblement parfaitement incontrôlables, il resta un moment au sol, les yeux révulsés, l’écume au bord des lèvres. Puis peu à peu, il se calma. Il remarqua alors une présence près de lui. Il ne s’était pas rendu compte qu’on s’était approché, et il ne savait pas depuis quand la personne était là, mais en tout cas, il n’était plus seul.

Reprenant difficilement son souffle, il garda les yeux clos pour tenter de se calmer. Puis finalement, quand il sentit qu’il se détendait, il ouvrit les yeux et son regard se posa sur la jeune fille à côté de lui. Il avait du mal à retrouver ses esprits, et mais il lui semblait qu’elle était de sa maison. Son visage lui était vaguement familier, mais il n’arrivait pas à mettre de l’ordre dans ses idées. Ce qu’il eut moins de mal à réaliser, c’est que son calepin avait peut-être été abîmé, et il le retira immédiatement de sa poche pour vérifier qu’il n’avait rien, ignorant presque la jeune fille à ses côtés.

562 mots by word
Souaffle

[508 mots]

Après avoir jouer de l'alto durant de longues heures dans le dortoir des filles, sur son baldaquin, Judy avait décidé de prendre une douche brûlante et de sortir pendre l'air. Un air austère, une brise glaciale en ce mois de Décembre. L'herbe du parc était constamment gelée, dessinant chaque brins de petites perles blanches. L'écorce du sol cogneur était blanche elle aussi, ses branches supportant encore la dernière neige.
Judy, ainsi sortant de la douche, avait enfilé ses habits les plus chauds lui donnant l'impression d'être dans sa couette, ses vêtements de confort.. Tout en descendant les étages, elle enroula son écharpe de laine bordeaux autour de son cou, enfila son gros bonnet bleu marine, mit ses gants en cuir clair, et ferma les boutons ronds de son manteau. Elle était prête à sortir.
Traversant le hall d'une allure décidée, ses bottines à franges claquant le sol de ses pas. La porte ouverte, enfin. Le froid s'engouffra dans son cou, à travers les mailles de son écharpe. Les marches du seuil à peine descendues, le nez de Judy était déjà glacé et ses joues rougies par le froid. Ceci la fit sourire. Elle aimait ce genre de situations inutiles et normalement si désagréables. Pour elle, c'était seulement merveilleux. Sortir d'une douche brûlante, sortir dehors par un froid glacial... Une unique poésie s'échappait de ces actes et lui faisait dire qu'une belle journée était comme celle ci..
Enfonçant un peu plus le bout de son nez dans son épaisse écharpe, elle croisa les bras sur sa poitrine. Elle marcha dans le parc, quelques minutes. Au bout d'un certain temps, elle aperçut au loin un jeune homme se tortillait par terre. Elle accourut pour voir ce qu'il se passait, mais lorsqu'elle arriva à une correcte distance, l'élève s'était relevé, titubant. Judy risqua quelques pas vers ce dernier. Il sembla reprendre son calme. Leur regard se croisèrent mais il semblait encore engourdit. Il tourna la tête et sortit un carnet de sa poche.
Judy ne savait pas où se mettre, ni quoi faire. Le parc étant presque désert et le jeune homme ayant éveillé sa curiosité, elle s'approcha finalement. Elle décida de faire comme si elle n'avait rien vu et s'approcha encore. Il la regarda, étonné. Judy, après avoir jeté un vif coup d'oeil au carnet du jeune homme, lui dit simplement:
_Qu'est ce que tu fais?
Un nuage blanc sortit de ses lèvres et s'évapora bien vite. Le jeune homme la dépassait d'une dizaine de centimètre. Elle savait qu'il était dans sa maison, du moins, elle le présumait. Il devait être en 6ème ou 7ème année. Judy n'était, certes, pas bien grande, mais son visage et sa silhouette en disait pourtant long sur son âge. C'était, en tout cas, ce que lui disaient les personnes qu'elle rencontrait: qu'elle faisait son âge..
Elle plongea son regard noisette dans les yeux si verts du garçon. Elle se sentait bien. Il n'y avait pas de vent, seulement le froid. Leurs visages étaient rosies, surtout le nez. Les lèvres violettes... Un drôle de mélange.

Souaffle

Ce qu’il faisait ? La jeune fille qui faisait face à Jared eut d’abord droit à un regard éberlué, mais finalement, il esquissa un sourire. C’était plutôt amusant comme situation. Usuellement, quand il venait de faire une crise d’épilepsie sous le nez de quelqu’un, il avait droit à des « Ca va ?? Tu tiens debout ? Tu veux que j’aille voir l’infirmerie ? T’as eu quoi ? Tu vas t’en remettre ? Non mais t’es vraiment sûr que ça va hein ? ». Mais là, on lui demandait simplement ce qu’il faisait. Il avait presque envie d’éclater de rire, mais son attention avait été accaparée par le nuage blanc qui s’était échapper des lèvres de la Serdaigle.

Là était un superbe sujet d’étude. Il n’avait jamais essayé de savoir pourquoi de la vapeur s’échappait de la bouche des gens quand ils parlaient. Enfin, ce n’était peut-être pas de la vapeur, mais de la condensation… ou bien quelque chose d’autre. De l’eau ? Du gaz ? Une réaction chimique qu’il aurait étudiée s’il avait étudié dans un lycée moldu ? Il n’en avait aucune idée, et il commençait à y réfléchir lorsqu’il se rendit compte qu’il faisait attendre son interlocutrice à qui il n’avait toujours pas donné de réponse. Il planta donc son regard vert dans celui de la bleu et bronze avant de prendre la parole.

- En fait je suis venu labourer le sol du parc, et comme tu peux le remarquer, je ne suis pas très doué dans cet art-ci !

Son ton s’était fait légèrement railleur, mais il n’avait pas pu résister. En fait, il ne savait pas vraiment si la question se reportait à sa crise, ou si elle faisait simplement référence à ce qu’il faisait avant de se retrouver par terre. Il reprit donc rapidement la parole afin de ne pas se montrer trop grossier.

- Non, plus sérieusement, j’étais juste en train de composer. J’ai besoin de calme pour garder une mélodie en tête, alors je viens souvent m’installer par ici. Il n’y a jamais personne… enfin presque.

Cette fois, un sourire enjoué vint se dessiner sur son visage, et il laissa ses yeux se promener sur la jeune fille. Elle devait sûrement avoir la quinzaine. Une cinquième année sans doute, sauf si elle faisait plus vieille que son âge. Il détailla chacun de ses traits, remarquant qu’elle subissait elle aussi les dommages du froid hivernal. Vive le mois de décembre ! D’ailleurs, un léger frisson le parcourut et il réajusta son écharpe correctement autour de son cou, avant de reprendre la parole.

- Je m’appelle Jared. Je suis en 6ème année chez les aigles, annonça-t-il en lui tendant chaleureusement la main.

Cette fille lui plaisait bien, et il avait donc décidé de se présenter en bonne et due forme. Après tout, elle ne pouvait pas être méchante, c’était une Serdaigle. Jared se montrait toujours très optimiste lorsqu’il s’agissait des élèves appartenant à sa maison. Une espèce de patriotisme et de totale dévotion à la maison bleu et bronze l’avait pris dès son arrivée, et il avait donc tendance à toujours bien juger ces camarades de maison. Il n’en condamnait pas pour autant ceux des autres maisons, même les Serpentards.

- Et toi alors jeune fille, qu’est-ce que tu fais ici, par ce froid irrécupérable qui n’a pas l’air de plaire à ton corps ?

Formulation étrange, mais après tout, Jared n’avait que ça, des formulations étranges, et il se sentait à l’aise avec cette jeune fille, ce qui le poussait donc à se montrer un peu plus naturel que d’habitude. Pauvre Judy… (xD)

[600...]

Judy avait demandé au jeune garçon de sa maison ce qu'il était en train de faire, préférant fermer les yeux sur la crise qu'il venait d'avoir. En effet il avait l'air d'aller mieux et elle préférait ne pas être indiscrète.. Elle réfléchit un moment à cette histoire d'indiscrétion et en conclue que c'était stupide. Lui demander ce qu'il était en train de faire, devenait alors, d'un point de vue objectif, une question indiscrète! Ne pas lui parler de ce qu'il venait d'arriver était plus par préférance de ne pas se mettre mal à l'aise elle même que par discrétion. C'était une excuse de mettre ses actes sur le dos de la politesse. C'était idiot mais bien trop tard. Alors qu'importe.. Le jeune Serdaigle semblait justement surpris de sa question, et lui répondit ironiquement:
_En fait, je suis venu labourer le sol du parc, et comme tu peux le remarquer, je ne suis pas très doué dans cet art-ci !
A ces mots, Judy éclata d'un rire clair et le regarda de ses yeux espiègles et malicieux. Il ajouta, d'une voix amusée:
_Non, plus sérieusement, j’étais juste en train de composer. J’ai besoin de calme pour garder une mélodie en tête, alors je viens souvent m’installer par ici. Il n’y a jamais personne… enfin presque.
Judy rougit supposant qu'il parlait d'elle. Grâce au ciel, ses joues étant déjà rougies par le froid, elle n'avait pas besoin d'appréender le regard du garçon. Elle dit quand même:
_Désolé, je t'ai vu et.. J'avais envie de m'approcher!
Mais les mots "composer" et "mélodie" avaient retenu son attention et, intéressée, elle lui demanda:
_Tu composes? Et sinon.. tu joues d'un instrument, de la musique? Ou tu écris juste..?
Elle était intriguée et avait hâte d'en savoir plus, évidement.. Ses yeux étaient avides et le garçon qui parut le remarquer, lui sourit. Tout deux discutèrent musique puis, le jeune Serdaigle se présenta en lui tendant la main.
_Je m’appelle Jared. Je suis en 6ème année chez les aigles.
Elle sourit car ses supposition s'étaient révélées justes. Elle lui serra chaleureusement la main qu'il lui tendait. Sa fine main crayeuse aux longs doigts semblait, dans celle du jeune homme, ridicule. En effet, ses mains à lui étaient plutôt grandes. Des mains de garçon... Pendant qu'elle les observait, elle se rappela que c'était à son tour de se présenter. Elle releva donc la tête vers lui et lui sourit:
_Moi c'est Judy! Enchantée! Elle enchaîna, Ah! Oui et je suis en 5ème année, à Serdaigle également.
Puis, il lui demanda à son tour ce qu'elle était venue faire au parc par un tel froid:
_Et toi alors jeune fille, qu’est-ce que tu fais ici, par ce froid irrécupérable qui n’a pas l’air de plaire à ton corps ?
Judy haussa les sourcils, son visage restant pourtant neutre. Elle lui dit, comme pour elle même, comme une question que l'on vient de se poser et que l'on répond par hypothèse.. Souvent, les premières hypothèses étaient les bonnes et Judy en faisait ses références. Ses références du froid ou autres sujets.. Comme des futures réponses toutes prêtes qu'il fallait d'abbord élucider:
_Je crois que j'aime le froid et ce qu'il fait à mon visage. C'est singulier, ces nez rouges, ces lèvres violettes, ces cheveux qui, lorsqu'on rentre au chaud, donnent l'impression de dégeler... Les yeux qui pleurent.. C'est singulier. Elle ajouta, comme pour être sûre que l'hypothèse était plausible, ne s'attendant pas forcément à une réponse, Tu ne trouves pas?

[580 mots]