Après tout ... [Libre]

Sophie avait fait un long voyage mais elle était enfin arrivée à Poudlard. Elle avait un peu mal dans les jambes car le chemin qui venait de Pré-au-Lard était en pente, et montante bien entendu, pour ne pas simplifier les choses.
* Bah, ça me fait du bien un peu de sport. Je m'encroûtais au manoir.*
Le voyage ne lui avait pas semblé durer très longtemps. Il y avait eu tellement de belles choses à regarder durant le voyage. Pourtant, elle ne se rendait pas bien compte qu'elle était enfin à Poudlard. Elle avait l'impression que c'était hier qu'elle s'était rendue au Chemin de Traverse pour acheter toutes ses affaires et pour récupérer la baguette que son père avait demandé à Ollivander de faire à partir du crin de son amie la licorne.
*Je me demande s'il y a des licornes à Poudlard. Je suis persuadée que oui, mais je ne pense pas qu'elles me laisseraient les voir. Je dois me souvenir que ce n'est pas chez moi, ici. Les créatures de la Forêt Interdite ne me connaissent pas.*
Elle se mit à rire en pensant qu'elle se mettait à avoir envie de se rendre dans la Forêt Interdite. Elle était une Poufsouffle et, en général, c'était plutôt les Gryffondor qui avaient l'habitude de ne pas respecter le règlement. Elle haussa les épaules, elle ferait ce que bon lui semblerait, après tout. Tout ce qui comptait, c'était de ne pas se faire prendre. C'était ainsi qu'elle avait toujours fonctionné quand elle était au manoir. Penser au manoir lui faisait penser à sa petite sœur. Elle se souvenait de la petite fille qui ne voulait plus la lâcher sur le quai 9 3/4.
*Pauvre Alicia, elle va se sentir bien seule, maintenant que je ne suis plus là pour jouer avec elle.*
Sophie adorait sa petite sœur. Vive, enjouée, innocente, spontanée, c'était sa petite brise de printemps. Sophie serra dans sa main le médaillon qui était autour de son cou et qui contenait les photos de ses parents et de sa sœur.
*Ils me manquent déjà tous. Dire que je ne les reverrai pas avant plusieurs semaines. Je suis vraiment trop sentimentale. Je sis sûre que je vais me faire plein de copines ici.*
Sophie remarqua soudain une jeune fille assise sur les marches de l'escalier. Cette jeune fille était en train de pleurer. Sophie sentit son cœur se serrer à la vue de cette jeune fille qui semblait complètement déprimée. Un coup d'œil à ses vêtements lui apprit que la jeune fille était une élève de Poufsouffle, tout comme elle. D'un autre coup d'œil en direction de l'escalier, elle remarqua que l'escalier avait un trou.
*Elle a du se fouler la cheville en se prenant le pied dans le trou. La pauvre, ça doit faire mal. Et malheureusement, papa ne m'a pas appris un seul sort de soin. Je vais quand même essayer de voir ce que je peux faire pour cette jeune fille.*
Elle s'approcha de la jeune inconnue en larmes et s'agenouilla devant elle pour être à sa hauteur.
"Bonjour, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu t'es blessée à la cheville ?"
Elle sourit amicalement à la jeune personne pour que celle-ci comprenne que Sophie n'était pas là pour se moquer d'elle ou l'ennuyer mais pour l'aider. Elle espérait qu'elle pourrait apporter un peu de réconfort à cette jeune fille car elle n'aimait pas voir les gens souffrir.

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Emy avait presque oublié où elle se trouvait. Décidément, son moral n’était vraiment pas au beau fixe ces jours-ci, et cela n’allait pas en s’améliorant. Mais après tout, elle devait se ressaisir, bien qu’elle ne se sentait pas du tout capable d‘un tel exploit. Elle n’en avait pas non plus la volonté, finalement. À ce moment précis, elle n’avait qu’une seule envie : oublier. Pourquoi cela lui était impossible ? Pourquoi n’était-ce pas aussi simple qu’effacer une faute sur une feuille de papier ? Ses doigts se serrèrent sur sa cheville et la légère douleur qui remonta dans son mollet la ramena à la réalité.

Elle n’avait toujours pas bougé, et c’était comme enfoncée dans la marche où elle était assise, ainsi que dans sa chute de moral. Elle passa sa main sur ses yeux qui la piquaient et se rendit compte que des larmes s’étaient échappées de ceux-ci. Cela la blessa encore davantage mais elle ne put penser à sa situation un instant de plus car une voix l’interpella. Elle releva lentement la tête vers la jeune fille qui venait de lui adresser la parole. Elle semblait s’inquiéter de son état, et de sa cheville.

Emy sursauta, c’est vrai qu’elle venait de se blesser, mais cela lui paraissait maintenant si lointain. Elle ravala ses larmes pour faire bonne figure et rabaissa son regard sur son pied. Il ne présentait aucune importante blessure mais elle devait avouer qu’une douleur persistait tout de même. Elle ouvrit la bouche afin de répondre à la jeune fille mais le son n’eut pas le temps de sortir de sa gorge. Une deuxième personne venait d’apparaître.

Trois poufsouffles, on aurait pu croire à un rendez-vous. Emy regarda alternativement les deux personnes. Elles semblaient toutes deux être elles aussi en première année, mais elle avait beau essayer de réfléchir, elle ne pensait pas les connaitre. Peut-être les avait-elle croisées un jour ou l’autre, dans tous les cas sa mémoire n’en avait gardé aucun souvenirs. Bien qu’elle trouvait leur geste gentil et appréciable, elle n’aimait pas trop être ainsi entourée et se retrouver en tant que centre des attentions. Elle balbutia :

« Ah heu, oui, le bruit …, je me suis fait avoir par la marche … Mais … L’infirmerie ? Oh, non ce n’est pas la peine, c’est … Ce n’est qu’une petite écorchure ! Rien de grave, c’est vrai, ne vous inquiétez pas pour moi … »

Je ne le mérite pas, pensa-t-elle. Elle posa ses yeux sur le sol. Elle ressentait toujours ce goût amer dans la bouche. Pourquoi cette pensée ne la lâchait-elle pas ? Elle aurait tellement voulu être capable de revenir sur le passé, d’agir autrement que ce qu’elle avait fait. La vie était tellement compliquée parfois. Pourquoi devait-on toujours commettre des erreurs et les regretter sans pourtant avoir la capacité de les réparer ? Cela procurait une sensation si frustrante. Elle se souvint alors qu’elle n’était plus toute seule et rapporta alors son attention sur ses deux camarades. Elle soupira et tenta de leur adresser un sourire rassurant. Ce n’était rien. Absolument rien.


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Sophie regarda la jeune fille qui venait d'arrêter de pleurer et qui s'efforçait de retenir ses larmes. Elle regarda à son tour l'autre jeune fille qui venait d'arriver. Elles étaient toutes les trois Poufsouffle.
*Et sûrement toutes les trois en Première Année aussi.*
La seconde fille qui venait de proposer son aide avait l'air adorable. Sophie se souvenait néanmoins que la veille, elle avait été très nerveuse jusqu'à ce qu'elle les ait rejoint à Poufsouffle. Sophie était persuadée que la jeune fille avait un secret, mais elle ne voulait pas forcer la jeune fille à le lui dire. Après tout, cela ne la concernait pas directement et elle respectait la vie privée de la jeune fille. Si ces souvenirs étaient exacts, elle s'appelait Amelia. Amelia Rushlaig. Elle lui sourit gentiment.
*Se faire du souci pour les autres doit être une caractéristique Poufsouffle.*
Quant à la jeune personne qu'elle essayait d'aider, elle ne se rappelait plus son nom mais se souvenait l'avoir vue à la cérémonie de la Répartition. En même, elle avait été répartie avant elles et à ce moment là, Sophie était terrifiée à l'idée d'atterrir à Serpentard. Déjà, elle avait peur des serpents qui étaient l'emblème de Serpentard. Et puis, là-bas, il y avait des personnes dont son père disait que les parents étaient des Mangemorts. Rien que d'apercevoir les regards froids qui émanaient de cette table l'avait faite frissonner et elle n'avait vraiment pas fait attention à la Répartition jusqu'à ce que son nom soit prononcé. Après, elle avait été soulagée et avait pu s'intéresser aux nouveaux qui restaient. En particulier, à cette Amelia qui avait eu l'air aussi terrifiée qu'elle, peut-être même plus. Elle se demandait si la jeune fille avait eu peur pour les mêmes raisons qu'elle.
*Mais ce n'est pas le moment de penser à elle. Il faut que je sache si cette fille a la cheville foulée. Je me demande si…*
Elle se tourna vers la jeune fille encore assise sur la marche et dont les yeux étaient maintenant complètement secs. Lorsqu'elle lui avait demandé si elle avait mal, elle avait remarqué une grimace contrôlée sur le visage de la jeune fille. Elle lui rappelait une amie Moldue qui ne voulait absolument pas montrer qu'elle souffrait ou qu'elle pouvait être sensible. En général, il fallait être proche de ce type de personne pour qu'elle vous fasse confiance et vous dévoile ce qu'elle ressente vraiment.
*Il va falloir que je fasse comprendre à cette fille, quelque soit son nom, que j'ai envie d'être son amie. Je n'ai pas envie de profiter de son état pour lui faire de la peine, d'ailleurs j'ai horreur des gens qui font ça. Bon, ce n'est pas tout ça, mais il faut se mettre en route.*
Sophie pointa sa baguette sur la marche.
"Reparo !"
La marche retrouva un semblant de bon état, mais Sophie était sûre qu'elle ne résisterait pas à une journée de dévalage par les élèves de Poudlard. Elle haussa les épaules et se tourna vers la jeune Poufsouffle qu'elle tenait à aider.
"Dis-moi, est-ce que tu m'autoriserais à… ausculter ta cheville ?"

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Milie, bizarrement, éprouvait soudain un agrément qui lui semblait un peu déplacé dans ce genre de situation. Elle se sentait pleine d'assurance, voir d'audace, comme quelqu'un qui offre à des gens affamés la nourriture dont ils ont besoin, ou un parent attentionné qui apporte à son enfant trépignant d'impatience la réponse à la question qu'il attend depuis longtemps. C'était très agréable, comme sentiment. Comme un nectar qui coule à l'intérieur du corps et colmate les plaies, comme un corps las et courbatu qui se glisse dans un bain chaud. Un sentiment...régénérant. Rassurant. Mais sans pour autant que Milie se sente complètement à l'aise. Elle avait l'impression d'ainsi faire du malheur des autres sa joie. En effet, elle se sentait heureuse et pleine de vie, et pourquoi ? A cause de l'aide qu'elle pourrait apporter à une personne qui semblait désemparée...Mais elle chassa cette pensée. Son semblant de gêne l'assurait que ses intentions n'étaient pas mesquines...

Elle descendit quelques marches, tout en examinant consciencieusement chacune des lattes de bois qui formaient les escaliers. On ne sait jamais, un faux pas sur une marche traîtresse n'était jamais exclu, surtout quand on est une première année qui ne sait encore rien de Poudlard et de ses secrets...Quoi que. La tapisserie qui ornait le mur où Milie s'était adossée tout à l'heure lui semblait légèrement louche. Une intuition, un instinct, peut-être l'impression fugace que l'un des personnages qui la décoraient lui avait fait un clin d'œil...Toujours est-il qu'elle avait décidé de retourner l'examiner, un peu plus tard, dès que l'occasion se présenterait. Elle en aurait tout le temps désormais. Il lui faudrait s'occuper pendant ces longs mois qu'elle allait passer à Poudlard... Bien qu'elle se doutait qu'elle n'aurait pas du temps libre à volonté. Enfin, Milie sourit intérieurement. Elle se sentait l'âme d'une étudiante espiègle qui voulait découvrir tous les secrets de l'école, marauder la nuit dans les couloirs et se glisser en catimini aux cuisines. Tout ceci était très excitant. Mais pour l'instant, elle avait d'autres chats à fouetter.

En effet, la jeune fille qui semblait retenir à grand peine de douloureux sanglots, refusait qu'on lui apporte de l'aide. Milie se doutait pourtant, à voir sa mâchoire crispée et l'étrange angle un peu inquiétant que formait son pied par rapport à sa cheville, qu'elle n'était pas en état de marcher normalement, sans soutien. D'autant plus que son humeur ne semblait pas au beau fixe : les larmes dans ses yeux et les mots qui avaient du mal à sortir de sa gorge révélaient sûrement un quelconque malaise sous-jacent. Milie, en épaule toujours prête, lui aurait volonté prêté la sienne, mais elle ne connaissait aucune des deux jeunes filles et ne voulait pas lui forcer la main. Alors avant d'obtenir des aveux, quels qu'ils soient, il fallait d'abord s'assurer de l'intégrité de la cheville de la Poufsouffle.

Milie s'assit posément en tailleur, au côté de ses deux camarades. De loin, on les aurait prises facilement pour trois filles se donnant rendez-vous en plein milieu des escaliers, afin de papoter loin du tumulte des couloirs. Elle prit la parole.

- Ca, c'est plus qu'une écorchure. Ta cheville tremble et je suis sûre que tu ne voudrais pas que je l'empoigne...dit-elle fermement. Tu as besoin de soins. Comment tu t'appelles ?, demanda-t-elle en joignant un geste pour montrer que la question était également destinée à la seconde jeune fille.Moi, c'est Milie Rushlaig.

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