Correspondance surveillée [Cherise-Giada]

Cela avait été sans grand espoir que Cherise avait demandé si elle pouvait écrire une lettre à ceux qui étaient restés à Poudlard. Elle se rongeait les ongles et était malade à la simple idée d'imaginer sa cousine, Giada, et puis Haven se demandant ce qu'elle était devenue, imaginant le pire, sombrant dans la tristesse...
Et c'était avec une grande surprise qu'elle constata que les Mangemorts acceptèrent sans trop de manières. Par contre, quand elle dit le nom de "Haven Clarks", ce fut niet. Elle n'insista pas, de peur qu'ils changent d'avis et lui interdisent toute correspondance, et se précipita d'écrire une lettre à sa cousine. Elle avait entièrement rédigée sa lettre en italien, faisant un mélange entre la situation de détresse dans laquelle elle se trouvait et une image améliorée de la réalité pour ne pas trop inquiéter sa cousine. Quand elle voulut la remettre aux Mangemorts, elle se rendit compte de sa bêtise : ils n'accepteraient jamais d'envoyer cette lettre. En effet, quand ils virent qu'elle était en italien, ils rigolèrent bien, et la déchirèrent.

"Ecoute, petite, fais pas l'idiote. Tu écris une lettre, mais pour dire que t'es en sécurité avec ton père, un point c'est tout." lui dit l'un d'entre eux.

Evidemment. Elle avait été bête... S'ils avaient accepté, c'était parce que ça garantissait leur couverture...
Tant pis, Cherise réécrirait quand même la lettre, même si elle y raconterait de gros mensonges. Au moins, même si elle ne s'en trouverait pas mieux lotie, voire encore plus isolée, ses proches seraient rassurés, et ça serait un poids en moins pour la petite. Sa nouvelle inquiétude venait maintenant de son père... Etait-il lui aussi aux prises des mangemorts ? S'il devait lui servir de couverture, cela voulait dire qu'il ne risquait pas de démentir la chose...
Les mains tremblantes, le visage triste, sale et pâle, la petite commença la rédaction de sa lettre.

Quand Cherise relut sa lettre, elle s'aperçut qu'elle était dénuée de toutes ses exclamations habituelles qui marquaient d'ordinaire sa joie de vivre... Elle n'arrivait pas vraiment à faire abstraction de tout le mal qu'elle ressentait en ce moment, sa lettre ne pouvait pas être joyeuse, ce n'était pas possible. Sa cousine s'en rendrait peut-être compte, mais bon, elle avait fait du mieux qu'elle pouvait. C'était tellement difficile de faire un mensonge comme ça. Surtout qu'elle mettait tout sur le dos de son père, le pauvre... Maintenant, Haven allait croire qu'il avait une dent contre lui, et Giada le trouverait trop sévère.
La petite donna sa lettre aux Mangemorts qui rigolèrent bien, encore une fois, quand ils lurent le passage où Cherise faisait sa "déclaration" à Haven. Elle ne réagit pas. Les moqueries, c'était le moindre mal, finalement...

Chère Cherise,

Tu ne peux même pas t'imaginer à quel point j'ai été heureuse de recevoir ta lettre, ma chère cousine ! Je suis tellement, tellement heureuse que tu ailles bien ! Mais enfin, comment peux-tu imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde que je ne m'inquiète pas pour toi, même après avoir reçu de tes nouvelles ? Tu n'es pas sérieuse, j'espère ? Je m'arrêterais de m'inquiéter lorsque je pourrais te revoir ! Tu es avec ton père, mais cela n'empêche pas que tu restes loin de Poudlard, et que l'on ne peut plus te voir, Haven et moi !

D'ailleurs, en parlant d'Haven, je ne peux même pas te dire combien de fois j'ai pu lui parler de toi, et lui demander si tu ne lui avais pas écris ( je sais très bien que tu ne m'aurais pas oubliée, ma chère cousine, mais une chouette peut se perdre si facilement ! Surtout si elle est comme la mienne.. Je crois que maman avait reçue sa lettre au moins deux semaines après que les vacances d'été aient commencé, l'année dernière... enfin ce n'est pas le sujet ), ou je ne sais quoi d'autre encore.

Je crois bien que je n'ai jamais eu aussi peur que la fois où il m'a dit que tu n'étais pas revenue du bureau de Miss Carrow ( D'ailleurs, en parlant d'elle, je n'arrive absolument pas à aimer ses cours... Enfin il y a de bons et de mauvais professeurs dans toutes les écoles... ). J'attendais que tu reviennes pour te parler de je ne sais plus trop quoi ( si je me souviens bien, c'était pour le cadeau de Noël de Zeno... j'hésitais sur la couleur d'un pull et je voulais qu'il s'accorde le mieux possible avec son l'écharpe que je lui ai tricotée... avec mes maigres talents de tricoteuse, comme tu t'en doute bien ), mais les minutes défilaient et je ne te voyais pas. J'étais dans la salle commune lorsqu'Haven m'a annoncé ça... J'ai essayé de ne pas paniquer en m'efforçant du mieux que je le pouvais de ne pas penser au pire ( et je ne te cache pas que c'était très dur ), mais je crois que, même si j'essayais de penser que tu étais heureuse et en sécurité, je n'y arrivais pas ( et je n'y parviens pas entièrement maintenant non plus, même si je dois admettre que ta lettre me rassure tout de même beaucoup ). Et puis je voulais t'envoyer des lettres. J'y pensais tous les jours et même plusieurs fois pendant la journée, mais je ne savais pas où l'envoyer... Alors j'ai laissé tomber cette idée qui, comme je le savais, ne pourrait pas être réalisable.

Mais ce n'était pas pour autant que j'avais cessé de penser à toi, bien au contraire, ma chère Cherise ! En fait, j'essayais tant bien que mal d'imaginer que tu étais en sécurité là où tu te trouvais, et que tu l'étais et en tout cas bien plus que nous à Poudlard, quoi qu'en fait, du moment que l'on se tient tranquille, on n'a pas vraiment à se plaindre, surtout comparé aux quelques nés-moldus qui ont tout de même décidé de continuer leurs études ici... Ils sont très courageux, je trouve, et ils ont plus de mérite que nous tous, à Poudlard, car leur vie n'est rose du tout, selon les jours... et selon les professeurs, évidemment. Enfin, tu dois bien te douter que je ne parle pas du professeur McGonagall, du professeur Flitwick, ou encore du professeur Slughorn, mais bien des Carrow et des Rogue...

Tu sais, quand je suis rentrée en Italie pour les fêtes de Noël, je ne te cache pas que le coeur n'y était absolument pas, bien au contraire. Pour tout te dire, je n'avais même pas l'impression que c'était Noël... Je repensais à l'année passée, tu sais, quand on avait fait cette bataille de boule de neige, et où Zeno avait même attrapé un gros rhume ( Je lui avais bien dis de se couvrir plus ), et puis quand on avait mangé une buche au chocolat aussi, comme tous les ans... Ce sont de bons souvenir et j'essaye d'y penser le plus que je le peux... J'ai aussi très hâte de te revoir ma chère Cherise ! Et ne t'en fais pas, je te ramènerais toutes tes affaires à la fin de l'année, mais cela ne sera pas nécéssaire, car je sais que l'on se revera très vite. En tout cas, je l'espère du plus profond de mon coeur.

Tu me manques énormément toi aussi, ma cousine,
Je t'embrasse également très très fort et te dis à bientôt.

Giada

Quand Cherise avait reçu la lettre de sa cousine, elle avait pleuré. Pleuré de joie, parce qu'enfin elle recevait des nouvelles du monde extérieur, des gens qu'elle aimait, et pleuré de tristesse parce qu'elle se rendait compte que ça n'était pas facile pour sa cousine, et que pour elle ça l'était encore moins car elle était coincée, elle ne pouvait rien lui dire ! Comment faire ? Il fallait absolument trouver une solution ! Cherise n'avait aucune idée de comment se finirait cette abominable affaire, elle se demandait ce qu'on lui voulait, si elle allait pouvoir sortir vivante de cette situation... Chaque jour elle se demandait si ce n'était pas LE jour. Le jour de quoi, elle ne savait pas, mais le jour où il arriverait quelque chose. Elle avait tellement envie que des gens soient partis à sa recherche, et la trouvent...
Mais pour ça, il fallait qu'elle les aide ! Qu'elle fasse comprendre sa situation ! Qu'elle fasse passer une sorte de "code" à sa cousine... Pour cela, elle entama sa réponse.

Ce fut le coeur battant que la petite acheva sa lettre. Elle espérait que son stratagème allait marcher. Les Mangemorts n'étaient pas forcément obligés de savoir qu'elle était amnésique et qu'elle ne se rappelait pas de toute une partie de son enfance... Ils n'étaient pas obligés de savoir que l'histoire de ce trou dans lequel elle était soi disant tombée était une histoire complètement inventée pour mettre la puce à l'oreille de sa cousine. Elle espérait qu'ils penseraient que Cherise se remémorait juste de bons souvenirs histoire de pas trop déprimer. En réalité, Cherise n'avait jamais vécu cette histoire, et elle espérait que sa cousine comprendrait le message. Le "au secours, je suis tombée chez les méchants" n'était certes pas arrivé là par hasard... Le problème, c'était que si elle comprenait le message (et qu'il ne fallait surtout pas en parler à Zeno, le méchant, autrement dit, ne pas le dire aux Mangemorts qui liraient sa réponse !), il faudrait encore un autre moyen pour qu'elle le fasse signifier à Cherise.
C'était risqué, mais la petite n'en pouvait plus, elle était prête à tout pour partir de cet endroit...