Debout devant l'entrée de la tour de Serdaigle, Claes (Clahihi pour les intimes) attendait patiemment sa complice de toujours (1 an et deux mois) en sifflotant distraitement. Il était arrivé un peu avance, tragiquement pressé de venir à bout de la corvée qu'il s'était imposée. Erreur de calcul évidemment, puisque tout un chacun écoutant les idées reçues savait que les filles étaient toujours en retard.
Il aurait tout de même bien aimé que ce foutu préjugé se trompe (ou que Pétronille soit un garçon, parce qu'il trainait vraiment avec beaucoup trop de filles pour le bien-être de son mental) parce que le portrait qui empêchait avec classe et désinvolture l'entrée de la tour des Serdaigles le regardait avec circonspection et un air de plus en plus méfiant à mesure que les minutes passaient. Elle avait l'air de le prendre pour un satyre qui en avait après la vertu de ses jeunes protégées féminines (que les garçons se débrouillent tout seuls).
Lui-même n'était pas là de gaité de coeur. Enfin il exagérait : voir Pétronille lui faisait toujours plaisir, mais hélas leur mission était loin de l'enchanter. Il avait rechigné à demander un tel service à son amie, mais hélas sa mère n'avait pas l'air de vouloir lâcher prise. Elle avait encore et encore insisté pour qu'il intègre le "prestigieux" club de Slug (dont le nom n'avait de l'avis de Claes rien de prestigieux du tout). Claes s'était retenu de lui apprendre que le brave Slughinou, du haut de sa prestance inégalée ne se rappelait pas le moins du monde d'elle et qu'accessoirement, son club n'était rien de plus qu'une bande de gamins pompeux fayots. Aussi quand il avait appris que Pétronille y avait été intégré de force plutôt que de gré avait-il piqué un fou rire mémorable (surtout pour la pauvre Pétronille qui, en plus de se trouver prisonnière d'un vieux type sénile, avait subit une pluie de jus de citrouille -rien n'est dangereux comme un fou rire Claessien) avant de déchanter en constatant que sa croix risquait de devenir incessamment sous peu la sienne (sauf si, par un miracle inespéré il échouait).
De mauvaise grâce, il était allé voir la jeune Serdaigle pour qu'elle le fasse pénétrer dans le cercle restreint des futurs espoirs prometteurs et autres gosses de riches qu'affectionnait tant le professeur de potions (matière que par contre Claes était bien loin d'affectionner). Et, par malchance elle avait accepté. Aussi en ce jour attendait-il sous l'oeil torve du portrait de la tour des Serdaigles d'affronter son destin (n'ayons pas peur des grands mots).
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