Amber's life

9 octobre 1998

Cher Journal,

Voilà des jours, des semaines et même des mois durant que je te cherche; j'ai toujours trouvé idiot d'écrire dans un stupide bouquin qui un jour serait oublié, jetté, brûlé ou perdu, c'est sans doute pour cela que tu n'as qu'une seule et unique page sur laquelle j'ai pu écrire. Mais voilà près d'un mois entier que je te cherche désespérément comme la seule bouée de sauvetage qu'il me reste... Se raccrocher désespérément à des pages blanches, je me trouve pitoyable, mais tu es sans doute la seule chose qu'il me reste pour te raconter ces vacances d'été misérables. Cristal n'est plus là. Enfin, si, son corps est toujours auprès de nous, dans le lit juste à côté du mien, mais à cause de cette saleté de Dawson, elle n'est plus la même, je ne sais pas exactement ce qu'il lui est arrivé, mais ma meilleure amie a changé de sa faute, je le sais. Elle est devenue pire qu'une Poufsouffle, je suis presque étonnée de ne pas la voir un joint entre deux doigts, habillée d'une façon où je ne la regarderais plus, avec les cheveux gras, ni lavés, ni coiffés. Elle est devenue complètement gaga et ne fait que proférer des « je t'aime » un peu partout, c'est répugnant. Bref, pour une fois dans toute ma vie, ma meilleure amie n'est pas là pour moi comme moi j'ai pu être là pour elle. On ne se comprend plus et je jure que dès que je croise cette pourriture d'Enelya, je lui fais vivre les pires minutes de sa courte existence !
Je ne peux pas non plus compter sur Daniel qui, depuis qu'il est venu à la maison, me fuit comme la peste; pourquoi ? C'est sans doute la question qui me tourne le plus dans la tête, pourquoi donc ne veut-il plus me parler ? Lui fais-je peur tout d'un coup ? Je passe plusieurs heures devant le miroir en me demandant si j'ai un bouton ou une autre horreur qui ne lui donne plus envie de s'approcher. Peut-être est-ce simplement ces deux baisers échangés... Mais je me suis souvent fait la réflexion que Daniel était plus intelligent et plus réfléchis que ça plutôt que de me fuir pour ne pas en parler; ce n'était pas comme si j'allais lui sauter dessus ! L'hypothèse la plus plausible est sans doute l'intervention de mon père peu après le baiser; certes, il n'a rien su ( Par Merlin, je n'ose imaginé ce qu'il aurait fait si tel avait été le cas ! ), mais il avait une fois de plus bu un verre de trop, sans doute plus qu'un verre d'ailleurs et j'ai ressenti une honte sans pareille ont je n'arrive d'ailleurs toujours pas à me séparer... Enfin la honte n'est plus la même. Je dois avouer que je ne sais plus trop vers qui me tourner, Alan n'est pas plus envisageable que si j'allais voir mon propre père; je sais qu'il est au courant de tout ce qu'il m'a fait, il a vu les bleus, les coups, les bouteilles de Wisky Pur Feu traînant, vides et par dizaines dans le salon et que, si je ne voulais pas avoir une trempe de plus, je devais ramasser et jeter le plus vite possible. Il me regardait faire, le regard tranchant et froid, ramasser les bouteilles et cet air hautain que je déteste tant chez lui... J'ai cette envie tellement irrésistible d'encore le défigurer un peu plus avec mes ongles ou mes dents, une seule petite cicatrice, sur la joue peut-être pour s'accorder avec l'autre, au sourcil, que je lui ai fait il y a quelques années. Ce type, un vrai salop... Les claques, il les avait vu, caché derrière la porte, il avait vu aussi père, buvant beaucoup trop, levant la main sur moi, un bras cassé, puis une jambe, une entaille au sourcil, mais il ne faisait que réparer les dégâts les plus graves avec sa baguette puis s'en allait l'air de rien; il avait vu l'état de ma chambre, de mon lit ce soir-là, il m'avait même vu en larmes alors que cela, oh oui, je le jure, j'en ai horreur, me porter ainsi en victime, aux yeux des autres, surtout le sien. Il n'a rien fait. Il préférait aller voir son petit ami... Pfff, moi, j'ai bien compris qu'il n'aimait pas les filles, mais je suis trop gentille, je n'ai rien dit à papa, car je savais très bien ce que cette information deviendrait; je ne serais plus la seule James à me faire rouer de coups ! Et j'ai pensé à lui et, en regardant mon père dans les yeux, je n'ai rien dit. De toute façon, voir Alan avec des bleus, pareil à moi, ne m'aurait pas réellement soulagée, vu que j'aurais été sans doute dans le même, ou plutôt pire état que lui...
Bref, je n'ai plus rien ni personne vers qui me tourner, à part ces stupides feuilles blanches qui ont l'air de me regarder avec un air niais que je ne puis vraiment supporter, c'est pour cela qu'au fil des pages ou au fil des dessins, je tourne le papier désespérément noir ou fait d'encre coulé par mes larmes avec la volonté de ne plus jamais le remettre à son ancienne place : Tournées vers moi, l'air morne et me disant que je me morfonds pour un rien, qui me rendent complètement folles. Est-ce que je me plains vraiment pour un rien ? Je ne sais plus, je n'ai jamais vraiment su non plus... Tous les pères frappent-ils leurs enfants ? Après tout, chez Cristal, la seule fille chez laquelle j'ai été, il n'y a plus de père pour remplir ce rôle, alors je ne sais pas. C'est peut-être simplement ma faute, après tout, je suis loin d'être facile à vivre, même si c'est Eban qui m'a amenée à être ainsi en réalité et pourquoi est-ce que je ne me défends pas ? Il est plus fort que moi, et mes petits poings tout frêles ne feraient qu'augmenter sa colère encore plus, et pis, pourquoi ne pas utiliser un sort, comme défense, peut-être Poudlard accepterait-il de me garder néanmoins ? Sans doute parce que dans ce domaine là aussi, il est plus fort: les coups sont déjà assez durs à supporter comme cela, mais de la magie noire, je ne pourrais pas. Noël passé, ç'avait été trop dur et je ne veux pas recommencer. Je suis un peu perdue là maintenant, seule et perdue, blessée et triste. Que faire à part écrire et dessiner maintenant que c'est la seule chose que je sais encore faire ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.