Théophile marcha droit sur le mémorial les yeux fixés au sol. Il s'arrêta un instant et ferma les yeux pour mieux apprécier les sons environnants. Mais apparemment personne ne vagabondait dans les environs. Il s'assit donc pesamment dans l'herbe et laissa son chat sortir de sa veste. Le matou noir renifla avec méfiance l'herbe, sans un regard d'excuse pour son maître dont il avait généreusement labouré la poitrine. Théophile soupira et s'allongea à l'ombre du bâtiment, les mains derrière la nuque. Il se sentait vidé. Vidé de toute l'énergie qui l'habitait depuis son enfance. C'était la première fois que ça lui arrivait. Malgré le soleil resplendissant et le feuillage bruissant au vent, il ne pouvait s'empêcher de repenser à la bataille. La nuit, l'obscurité, le feu des baguettes, les cris, les corps qui tombaient. Plus jamais, jamais...
Son chat traquait une sauterelle. Il sauta au dessus de sa jambe droite, de sa jambe gauche atterrit sur son ventre et bondit vigoureusement dans les airs, prenant bien soin de sortir les griffes au passage. Théophile le gronda pour la forme mais le coeur n'y était pas.
Bon sang, mais je suis Théophile Mandrake, dit le Magnifique ! Je ne peux pas me réduire à une larve comme ça...
Le lion passa une mains dans sa tignasse blonde ébouriffée. Dans un froissement d'herbe le chat détala. Théophile redressa la tête et parcourut les alentours du regard.
"Rek ? Rekhyt revient ! Saleté de chat, ramène tes poils ici !"
Mais l'ignorant superbement, le chaton noir gambadait vers le parc. Ebloui par le soleil, Théophile plissa des yeux, mais distngua tout de même une silouhette à contre jour.