"On ne tombe pas forcément mal" [PV]

Emilly se baladait depuis déjà un petit moment dans les couloirs, son sac sur son épaule. Pourquoi avait elle pris son sac, elle ne le savait pas. Pourquoi elle trainait dans le château alors qu'elle aurait pu rester dans sa salle commune ? Elle ne voulait pas avoir à subir une nouvelle fois la honte d'être perdue dans un des endroits du château, seule au milieu d'une marée d'élèves bien plus âgés. C'est donc pour ça qu'après sa discussion avec Fiora Naltaar elle avait pris l'initiative de visiter entièrement le château en attendant le diner. Enfin, si elle réussissait à retrouver la grande salle à temps ... Enfin, maintenant elle savait où se trouvait la cuisine et comment en revenir, c'était déjà un bon point. La petite Emilly se trouvait désormais dans un couloir du septième étage, elle en était sure. Elle se débrouillerait bien pour redescendre dans la grande salle, de toute façon, elle trouverait bien un petit groupe à suivre. La petite fille se sentait finalement bien, parmi ces dizaines d'enfants sorciers, quand elle savait où elle était.

La jeune rouge et or redescendit au sixième étage en empruntant un des nombreux escaliers mouvants. Elle se rendit compte que finalement, elle aimait bien ces escaliers, il suffisait juste de garder la tête froide et de ne pas se laisser impressionner par les hauts murs gris et les longs couloirs aux multiples tableaux animés. Elle s'arrêta un petit moment pour deviser avec le tableau de "La Dame aux Fruits", une très belle peinture qui ressemblait plus à une nature morte qu'à autre chose. Elle reprit ensuite sa route, mais ne regardant pas où elle allait, elle percuta quelqu'un, et ses affaires s'éparpillèrent dans le couloir, a l'identique que celle de l'élève qu'elle avait percuté. Elle releva les yeux sur lui en se répandent en excuses. C'était un élève, visiblement en première année, un Poufsouffle, au vu de l'écusson jaune brodé sur sa robe.

"- Désolée, je ... Je ne regardais pas où j'allais, vraiment désolée ..."

Emilly ramassa hâtivement ses quelques livres et ses trois plumes et les remit pèle-mêle dans sa besace en cuir de dragon, en essayant de masquer son visage rougissant.

Non mais franchement, quels imbéciles ! Pourquoi vouloir aller au lac alors qu'il n'y a personne ! C'est mieux que l'endroit est animé, on sent au moins qu'il y a de la vie. Qui plus est, le jeune garçon avait remarqué que les gens évitaient d'aller dehors. On sentait l'hiver approcher à grand pas, et le mieux était de rester à l'intérieur ! Encore, s'il y avait de la neige, il aurait immédiatement suivit son groupe d'amis. Mais, ce n'était pas le cas. L'herbe était juste assez humide pour mouiller ses fesses, et il n'avait pas envi de se taper une honte monumentale... Hm ~ Finalement, c'était assez tentant de se balader le cul mouiller, les dernières années auraient l'occasion de se détendre et de rire un bon coup. Après tout, le jeune italien était fait pour amuser la galerie, même si les moqueries lui étaient adressés. Il s'en foutait. Tant qu'on ne touchait pas à sa propriété, comme ses amis par exemple. L'élève emprunta donc le couloir après les escaliers, il était immense, et il mourait d'envi de s'y perdre.

Comme ça au moins, il croiserait Rusard, qui le réprimanderait, le pauvre première année lui raconterait une connerie du genre : je suis un pauvre petite première année, je n'ai aucun sans de l'orientation voyez vous... Et puis, j'ai vraiment besoin de vous pour retrouver mon chemin. Une bonne occasion de passer du temps sans ses amis. Il voulait rencontrer quelqu'un, et il croisait les doigts pour que cela ne soit pas réellement Rusard.

Pourquoi pas une belle jeune fille en détresse qui réclamerait tout simplement son aide précieuse ? D'accord, il était trop jeune pour penser aux filles. Mais, il adorait les petites timides autant que celle qui avait du caractère. Tout simplement parce que cela animé sa vie sociale, et aussi sa journée. Lorenzo leva les yeux vers le plafond, puisque quelque chose venait de lui tomber sur la figure. De l'eau, quelques fines gouttelettes d'eau... Il crut d'abord à une farce de ce fantôme stupide : mais ce n'était que les jointures au plafond qui ne semblaient plus tenir. L'adolescent finit par se mettre à courir dans le couloir, en bifurquant sur la gauche, quelqu'un lui rentra joyeusement dedans. Feuilles, stylos, et cahiers volèrent dans une merveilleuse danse plus que fascinante...

Lorenzo admira calmement le spectacle, lorsqu'une voix lui rappela qu'il y avait quelqu'un. Une jeune fille qui s'excusait poliment pour le désagrément qu'elle avait causé.

" Non, c'est moi. J'ai couru trooooop vite. "

Lorenzo se pencha pour ramasser les feuilles de son coté, puis après les avoir tendu à la demoiselle, il se rendit compte que...

" Tiens, t'auras pas le cours de Botanique en commun avec moi ? Moi c'est Lorenzo ! Tu te souviens peut être de moi... ? Tu sais le gas qui a enlevé les cache oreilles à son ami lorsqu'il était en train de déterrer son pot de mandragore ? Toi c'est Emilly non ? "

Emilly releva les yeux et reconnu immédiatement son interlocuteur. Lorenzo Zedona. Il n'aurait même pas eu à se présenter, Emilly avait une mémoire visuelle exceptionnelle, et même si ça n'avait pas été le cas, Lorenzo n'était pas le genre que l'on oubliait facilement. En effet, le jeune Poufsouffle avait un style, disons, particulier. Entre ses chapeaux colorés, ses yeux d'un bleu magnifique qui contrastaient avec ses cheveux d'un noir encre. Ces derniers encadraient son visage fin et androgyne. Lui aussi semblait avoir reconnu la petite rouge et or.

"Euh, oui, en effet. Et oui, je me souviens de toi. Tu es difficile à oublier ..."

Emilly lissa sa robe du plat de la main, et essaya de calmer le rouge qui habillait ses joues. Ce garçon était spécial, très spécial, mais semblait sympathique. Elle réajusta son sac sur son épaule, gênée. Et oui, la petite Estellato était toujours gênée en compagnie des garçons de son âge. Elle n'avait pas beaucoup côtoyé l'autre sexe, et le seul garçon avec qui elle avait déjà passé beaucoup de temps, mis à part son père, évidemment, était son cousin, qui était plus âgé de 4 ans et qui était gay. Soudain, elle se rendit compte que ce n'était pas un comportement normal de se taire pendant 5 minutes. Seulement, elle ne savait pas du tout quoi dire. Avec Fiora, elle réussissait toujours à trouver un sujet de conversation, mais que dire à l'extravagant Poufsouffle ? Il fallait qu'elle engage la conversation ... Une idée de conversation, voilà tout ce qu'elle voulait, rien d'autre !

" Qu'est ce que tu fais dans ce couloir ? "

Elle avait bafouillé, elle en était persuadée. Et quel sujet de conversation pourri ! Bon, il est vrai qu'elle aurait pu parler de la météo, ce qui aurait été encore pire mais ... Il fallait absolument que le jeune jaune et noir dévie la conversation sur quelque chose d'intéressant. Et elle se rendit compte que sa question pouvait sembler étrange, du genre petite fayote. Ce qu'elle n'était pas, certes, elle était timide, et aimait les cours, mais ce n'était pas une fayote. Et si se balader dans les couloirs était interdit, elle était tout autant en tort que lui. Enfin, de toutes façons, Rusard n'était pas là, et ce n'était pas encore l'heure du diner.

"Enfin, je veux dire, au lieu d'être dehors avec tes amis ..."