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Invité
Ξ Sujet: • Winter Morn {Ange} Sam 5 Sep - 19:56 | |
| La route qui mène chez un ami n'est jamais longue. [Proverbe Danois]
On s'approchait toujours plus du mois de décembre. Enry n'aimait pas spécialement l'hiver à cause du froid et pourtant, il aime contempler la neige. Elle semblait aussi douce que le coton, alors qu'elle pouvait représenter autant de bonheur que de danger. Le bonheur de certains enfants de courir dans la neige en laissant ses pieds s'enfoncer dans celle-ci, et le danger de tomber dans des pièges. Un trou profond qui pourrait vous engloutir sans que vous n'ayez eu le temps de crier à l'aide. Aucune main ne viendrait vous sortir de l'impasse. Le jeune aigle avait opté, pour cette fois, pour un manteau de laine en dessous de sa robe de sorcier. Ainsi équipé, il était sûr de ne pas attraper froid. Et toute manière, Madame Pomfresh était tout à fait capable de soigner un petit rhume, elle voulait toujours éviter à tout prix des épidémies dans l'école. Surtout pour éviter d'avoir trop de travail c'était d'une évidence. N'importe qui aurait craqué au bout d'un moment, mais... C'est dans ce genre de moment qu'on se rend compte qu'on a réellement besoin d'ami. Ethele l'avait aidé à penser à autre chose, même à rire et à sourire. Ce qui lui avait permis d'oublier un peu Heaven et cette nouvelle histoire d'amour qui s'était terminée. Il fallait qu'il essaye d'oublier, de prendre du bon temps, et pourquoi pas de se faire d'autres liaisons. D'accord, ce genre de chose ne l'intéressait pas plus que ça. L'amitié c'était peut être complexe, mais l'amour ça l'était encore plus. Fallait-il qu'il mette carrément de coté ses sentiments ? Il y avait songé à plusieurs reprises. Il avait même penser, pendant un court instant, de changer d'école, voire même de retourner à sa vie de moldue. C'était tellement plus tranquille, mais... tellement moins passionnant. La vie d'un sorcier était toujours plus pétillante, mais parfois, un peu trop. Comme si les étincelles d'un feu d'artifice parvenait à vous tomber sur la tête rien que pour vous faire souffrir. Enry avait toujours le pressentiment que rester dans le monde des sorciers, c'était risquer sa vie chaque jours, chaque heures, et chaque minutes. Dans beaucoup de cours, on apprenait des sorts plutôt dangereux, ou l'existence de plantes ou d'animaux magiques plus ou moins extravagant. Chaque moment passer à Poudlard permettait à l'aigle de s'épanouir. Pourtant, dans les moments les plus sombres, il éprouvait le besoin de quitter la région et d'aller dans son pays natale. En Irlande, il pleuvait toujours, il faisait aussi froid qu'en Angleterre, mais les paysages y étaient plus beau. Enry ferma les yeux tout en marchant sur un sentier. S'il allait vers le parc ? Ou s'il se dirigeait droit vers le lac ? Il s'en fichait, comme toujours. Il se laissait guider par ses jambes, il se laissait guider par ses envies tout simplement. En espérant que ses sens ne le dirigent pas droit vers un arbre. L'aigle n'avait aucune envi de se faire mal quelque part... Et puis, rentrer à Poudlard avec un nez rouge, c'était sûrement pas la nouvelle mode de l'école. Depuis quand il suivait la mode d'ailleurs ? Il ne savait même pas quelle couleur tendance il fallait porter en hiver, et il en avait rien à faire... Au bout de quelques minutes, il ouvrit lentement les yeux. À quelques mètres se trouvaient le terrain de quidditch, depuis combien de temps n'était-il pas venu seul ici ? Depuis la fois où il avait trouver Juliet en train de hurler sa rage à qui voulait bien l'entendre. Cet endroit n'était pas son lieu favoris, au contraire... Parce qu'il avait eu l'expérience de jouer en tant que remplaçant une fois pour l'équipe des aigles, et que cela avait très mal marcher pour lui. Il avait appris la leçon désormais : il n'était vraiment pas fait pour les sports physiques. Il était né pour les sports psychologiques. La réflexion entre autre. Un vent frais le fit frissonner, malgré la couche de vêtement qu'il avait mis. Puis, alors qu'il s'approcha de l'immense façade, il y trouva quelqu'un en train de songer, de rêvasser. La personne était, sans aucune doute, une jeune fille, ses longs cheveux tombaient en cascade dans son dos et elle fixait un point fixe en haut de la façade. Après, il n'avait pas vraiment envi de savoir ce qu'elle observait avec tant d'attention. Peut être qu'elle ne regardait absolument rien après tout, qu'elle se remémorait, elle-aussi, des épisodes de son passé. Alors qu'il s'avançait lentement pour la contourner et faire surtout, comme s'il ne l'avait pas vu. Il crut vraiment la connaître. Le profil lui suffit pour écarquiller les yeux. Ange. Il se souvenait clairement de leur fâcheuse rencontre dans les ruelles sombres du chemin de traverse. Depuis, il avait discuté avec elle une seule fois. Les autres fois, ils n'avaient fait que se croiser. Enry ne la qualifiait pas tellement comme ami, surtout que depuis quelques mois, il faisait tout pour éviter les serpentards comme la peste. N'allez pas chercher la réponse trop loin... Vous savez parfaitement pourquoi il évite ces gens. Pourtant, il aurait bien pu poursuivre son chemin en cet instant, faisant mine de ne pas l'avoir reconnu. Il avait agis tout à fait autrement. Aussi, il aurait pu la saluer, il demandait comment elle allait depuis tout ce temps. Une conversation brève et rapide avant qu'il aille se poser dans les tribunes, seul. Mais... " Qu'est-ce que tu observes comme ça ... ? "La curiosité, on ne la perd jamais. Et puis, ce qui était inutile, c'était de se perdre dans les salut ça va ? Il avait horreur de ce genre d'approche, même s'il fallait avoué que parfois, ces propos pouvaient venir mécaniquement, quand on ne savait pas réellement quoi dire. Il était dans un état de trouble, pour la simple et bonne raison qu'il était surpris de la trouver ici. Alors que dans les couloirs, ils n'avaient jamais l'occasion de parler, la distance s'était finalement creusé entre eux, pour en faire un gouffre. Enry n'en avait pas réellement souffert, Ange et lui n'étaient pas réellement bons amis. Lui, il l'appréciait, mais chacun pouvait vivre sans l'autre... Après, peut être que la conversation se clôturerait assez vite parce qu'ils n'auraient rien à se dire ? Au fond, il avait des centaines de chose à lui dire, mais... La question c'était, par où commencer ? [1050 mots][ 1058 mots ]GUIRLANDE |
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Ξ Sujet: Re: • Winter Morn {Ange} Sam 19 Sep - 19:29 | |
| Noël. Une période de festivités, de réunion de famille, de cadeaux, de bonheur... Oui, Noël, pour beaucoup, était synonyme de joie et bonne humeur, d'amour et échanges, d'amitié et chaleur... On oublie tous les tracas routiniers, les disputes, l'intolérance. On rit, on mange autour d'une grande table où retentissent les tintements joyeux et agréables des verres et des couverts, on savoure autant la nourriture que la présence des gens qu'on aime, on se souvient... Les souvenirs de moments identiques au présent passés ensemble l'année passée, les souvenirs de notre évolution au cours de notre de vie, les souvenirs comiques d'une enfance en commun, les souvenirs d'une adolescence difficile où l'on s'est entraidé, soutenu... On en a jamais assez des souvenirs, on en a jamais trop. Au contraire. On finit toujours par les épuiser autant dans nos moments de solitude que quand nous sommes entourés. La solitude. Certains la supportent, la tolèrent, la chérissent, l'aiment et en font une amie fidèle ; d'autres la repoussent, la chassent, la détestent, la méprisent tant et finalement, cette fois-ci, en font un ennemi redoutable. Mais ces derniers ne se rendent pas compte qu'elle ne les trahira jamais, au grand jamais ! On peut lui faire confiance, elle sera toujours là, à nos côtés lorsque nous seront dans le besoin de l'avoir près de nous. Elle sera certes silencieuse mais n'est-ce pas son rôle ? Silencieuse et rassurante, elle nous écoutera sans s'en harasser. Présente et immatérielle à la fois, comme le vent, on ne peut pas la voir, elle nous est invisible, ni la toucher, cependant nous pouvons la sentir. Elle peut se trouver n'importe où n'importe quand. Partout. Fidèle, loyale, bien que parfois ils nous arrive de la rejeter, elle ne sera pas rancunière, oubliera et reviendra quand nous serons dans la détresse. Aussi, elle était la seule compagnie qu'Ange se permettait d'avoir durant cette période de fêtes et d'allégresse. Oui, elle était toujours aussi solitaire, toujours aussi indifférente aux autres, toujours aussi froide et distante, toujours aussi agacée par le monde qui l'entoure, mais au fond, toujours aussi blessée et fragile. La raison en était toujours la même bien sûr : son père, enfin... géniteur est un terme qui conviendrait mieux à cette crapule ^.^ Puis plus important encore, l'absence de son frère. Elle n'arrivait pas à réfréner son sentiment de culpabilité. Tout, tout était de sa faute. Ce souvenir là, elle aurait voulu l'effacer, elle aurait voulu qu'il cesse de la hanter, de sembler aussi vrai, de lui faire revivre ce jour désastreux. Chaque détail était là, la place des objets, les paroles de son père, sa violence, sa mesquinerie, son choc à elle, une larme, une unique larme, unique manifestation de son humanité à compter de ce jour et dont personne n'avait été témoin. Puis sa torpeur constante, l'absence de vie dans son regard vide, perdu, son géniteur et sa femme ignorant royalement ce légume qui à leurs yeux n'était plus que contraintes. Ce légume sans importance dans lequel James Davis avait placé tant d'espoirs jadis. Mais il méprisait ses enfants et était méprisé en retour. Dès l'instant où Sean avait disparu, tout intérêt qu'Ange trouvait encore à la vie s'était envolé jusqu'alors s'était envolé avec lui. Plus rien ne comptait. Elle avait un corps mais était fantôme. Elle vivait parce qu'elle y était obligée, et aussi parce que James serait bien trop heureux d'être débarrassé de sa fille qui n'était finalement plus qu'une étrangère. Elle ne lui donnerait pas cette satisfaction, elle lui pourrirait la vie jusqu'à ce qu'il pousse son dernier soupire. En attendant, le souvenir de ce soir tragique ne voulait pas sortir de son esprit.
Son géniteur qui commençait à abuser de l'alcool, qui s'était fait violent, qui cette fois avait osé lever la main sur elle, une vie infernale, la lettre qu'elle avait envoyée par l'intermédiaire de son hibou... Puis l'accident. Non, elle n'y avait pas assisté, mais elle se l'imaginait que très bien, trop bien. Sean fou de rage oubliant qu'il pouvait transplaner et décidant donc de prendre la voiture, roulant vite, de plus en plus vite, aveuglé par la colère, aveuglé par une voiture venant d'en face, ne voyant alors pas le panneau auquel il aurait dû s'arrêter, auquel il se serait arrêté s'il n'y avait pas eu ce voile de fureur obstruant sa vue, si elle ne lui avait tout simplement pas envoyé cette missive... Un coup de klaxon violent qui retentit, pas même assez de temps pour être surpris que Sean était déjà parti tandis que les deux voitures s'écrasaient l'une contre l'autre. Un cœur qui cesse battre, un dernier souffle, une dernière pensée. La sonnette de l'entrée qui se fait entendre, James Davis qui va ouvrir la porte, une adolescente enfermée dans sa chambre, indifférente à cette visite soudaine en milieu de soirée, attendant toujours une réponse, attendant toujours la manifestation de son soleil, de son unique étoile sur la toile sombre de son ciel noir d'encre. Ensuite, les pas lourds de son père dans les escaliers, des coups frappés contre le panneau de la porte de la jeune fille, une altercation, puis l'annonce brutale d'une nouvelle surprenante, impossible, terrible, horrible, inimaginable... Le choc, cette unique larme perlant doucement sur une joue d'albâtre et enfin plus rien, le vide, la nuit éternelle, la léthargie. La jeune Serpentard finit par ouvrir ses yeux caramels sur son dortoir désert, ses camarades s'étant sans aucun doute déjà levées, habillées, maquillées et parfumées pour enfin descendre et aller piailler avec les autres afin de savoir à qui revenait le prix de celle qui avait le plus beau cavalier pour le bal qui se faisait proche. Elle passa une main tremblante dans ses cheveux châtaignes et réalisa, en ayant effleuré son front au passage, qu'elle était littéralement trempée, en sueur. La cause en était bien évidemment l'agitation due à ses songes sinistres revenus à la surface, due au manque de sa drogue personnelle : l'affection de la personne qui avait été la plus importante à ses yeux. Un manque qui persistait depuis la mort de son cher frère. Sean, Sean, Sean... Reviens.
Un soupire s'échappa d'entre les lèvres de la demoiselle encore allongée et incapable de faire le moindre mouvement pour le moment, écrasée par le poids de la culpabilité, écrasée par le poids de la nostalgie, écrasée par le poids de la peur à l'idée que la moitié de l'année était déjà passée. Les vacances lui semblèrent subitement trop proches. Elle ne voulait pas quitter Poudlard, pas pour retourner en enfer... Bien qu'Ange ne soit pas du genre à se laisser faire sans rien dire ni sans rien tenter, elle restait une adolescente d'une quinzaine d'années qui était plutôt petite et chétive contrairement à James Davis qui arrivait toujours, coûte que coûte, à lui mettre la main dessus, quitte à détruire la porte de sa chambre si ça lui chantait. Il n'avait jamais battu sa femme une seule fois. Pas une seule. Et celle-ci ne lui avait jamais dit d'arrêté de faire subir ce sort à la jeune sorcière. Elle restait là, à regarder froidement son mari taper sur sa fille qui n'était rien à ses yeux. Rien que la cause de la mort de son fils... Rien que la cause de tous ses ennuis... Rien que celle sur qui James pouvait se défouler à sa guise... Rien. Ici non plus, c'est vrai, elle n'était rien. Les autres ne la voyait pas, ne la connaissait pas et n'avait jamais réellement cherché à la connaître. Mais si elle était dans cette situation, c'était parce qu'elle l'avait voulu. Tout ça tenait uniquement de sa propre volonté. Ce n'était pas un rejet, juste une cohabitation qui plaisait à tout le monde. Elle n'était pas attractive et ne voulait pas l'être. Tant mieux si on la fuyait, tant mieux si on ne l'intégrait pas, tant mieux tant qu'on la laissait en paix. Silence. Tranquillité. C'est tout ce qu'elle désirait. Être transparente, être inexistante. Finalement, elle avait beau avoir grandi, elle restait ce petit ange déchu qui s'était un jour assise sur un tabouret dans la Grande Salle et qui, aux yeux de tous, s'était faite répartir à Serpentard. Elle restait cette petite fille qui ne savait pas ce qu'était la gentillesse et la générosité. Elle restait Ange Davis, une poupée de glace inaccessible, certainement pas encline à fréquenter son prochain, encore moins à l'aider. Parce qu'après tout, qui lui venait en aide à elle ? Qui empêchait son père de la frapper ? Qui arrêtait la main qui s'abattait chaque jour sur elle durant les vacances où empoignait ses cheveux jusqu'à lui en arracher ? Qui ? Personne. Et de toutes manières, elle ne voulait pas qu'on la sauve de cette situation, elle s'en sortirait toute seule, comme toujours. Elle n'en parlerait à personne, jamais... Puis après tout, n'était-elle pas invisible ? Les marques sur sa peau l'étaient donc elles aussi n'est-ce pas ?
La jeune Serpentard se mit assise sur son lit, regardant droit devant elle, et essayant de reprendre un rythme de respiration normal. Les battements de son cœur diminuèrent en vitesse peu à peu, doucement, tandis que son souffle se fit également plus serein. Elle en écouta la musique pendant quelques minutes, tentant en vain de chasser les idées sordides qui entachaient les brumes de ses pensées. A nouveau, elle passa une main dans sa chevelure en bataille afin de la démêler quelque peu. Grimaçant légèrement lorsque ses doigts s'empêtraient dans un nœud, elle se coiffa ainsi machinalement, seulement pour ne pas paraître débraillée quand elle descendrait pour rejoindre la salle de bain. Son regard sombre était fixé sur la fenêtre qui se trouvait juste à côté de sa couche. Hmmm... Apparemment, il ne faisait pas spécialement chaud dehors. L'hiver. Il s'approchait. Formidable saison. Ange adorait sortir pour se promener dans le parc en cet période, se hasardant parfois près du lac gelé qui offrait un paysage véritablement magique. Qui plus est, personne n'avait l'idée saugrenue d'aller traîner dehors par un froid aussi glacial que celui de Londres et elle pouvait alors profiter pleinement des manifestations de cette saison qu'elle aimait tant. Les feuilles ornées de givre qui se détachaient doucement de leurs branches pour tomber gracieusement sur le sol déjà jonché de leurs congénères. Elle trouvait agréable de s'allonger sur ses merveilles de la nature quitte à finir transie. Le froid ne lui était pas insupportable, au contraire. Elle l'accueillait comme un ami, fermait les yeux pour mieux le sentir caresser son visage de ses lames de glace, et entrouvrait ses fines lèvres pour s'en abreuver avec délectation. Alors, elle soufflait pour voir son haleine tiède se transformer en volutes de vapeur qui ne tardaient jamais à s'évaporer dans l'atmosphère, ne laissant aucune trace de leur existence. Ce serait sans doute la même chose si Ange disparaissait un jour. Elle ne manquerait à personne, son absence ne se remarquerait même pas... Qui se souviendrait d'elle ? Qui la pleurerait ? Qui penserait à elle ? C'était le prix de la solitude et au fond, elle n'en avait fichtre rien à faire. Le fait de savoir qu'elle ne comptait pas pour qui que ce soit la laissait de marbre. Elle en avait pris l'habitude et ne s'attendait pas à ce que ça change.
M'enfin. Notre petite poupée de glace se leva de son lit et pris ses affaires de toilette ainsi que ses vêtements. Elle avait opté pour un pantalon noir et large ( comme d'ordinaire ) qu'elle accompagnerait d'un pull bleu pastel. Comme à son habitude, elle ferait la réfractaire et ne mettrait pas sa robe de sorcière où le blason qui y était cousu sonnait comme une accusation. Depuis la bataille, les Serpentards étaient très mal vus et donc, Ange n'avait pas franchement le droit à sa tranquillité ces derniers temps. Évidemment, elle se fichait bien de l'avis des autres mais pas du fait que parfois quelques idiots avaient la bonne idée, le culot de l'enquiquiner. Bref, la jeune fille sortit de sa chambre et se dépêcha d'aller accaparer la salle de bain où elle ne se fit pas plus attendre pour entrer dans une des cabines. L'eau chaude qui coulait sur son corps meurtri agissait comme une baume sur les hématomes qui couvraient encore ses membres. Elle aurait voulu s'éterniser sous le jet, rester là pour ne plus exister, rester là à ses laisser bercer par les clapotis que faisaient l'eau en s'écrasant sur le sol, mais son corps s'étant habitué à la température de l'eau commençait à frissonner. Aussi, Ange stoppa le flux à regrets, inspira profondément, appuyé contre le mur puis finit par sortir, sa serviette enroulée autour d'elle. Heureusement, la pièce était toujours déserte, elle ne traîna donc pas et se sécha aussi vite qu'elle s'habilla. Autrefois, elle serait sortie avec un débardeur sans plus se soucier de sa santé mais depuis que James levait la main sur elle fréquemment... Si elle mettait ce pull, ce n'était que pour cacher les tâches bleus, mauves et jaunâtres qui décoraient ses bras d'albâtre. Pas par honte, pas pour protéger son géniteur ( manquerait plus que ça o_O ), pas pour éviter les questions des autres mais pour dissimuler ces marques de faiblesse à son propre regard. Dès qu'elle les voyait, elle se sentait faible, elle se dégoûtait, se méprisait presque autant que son père. Alors, la seule solution était de se camoufler le plus possible sous ses vêtements. Ange brisé, entaillé, déchiré, elle ne pouvait pas s'envoler, toujours plaquer au sol par ses ailes lacérées et goudronnées. Trop faible pour se défendre contre ce démon. Trop faible pour échapper à ses griffes. Elle s'empêcha de frapper dans le miroir face auquel elle se trouvait, figée par l'image qu'il lui renvoyait. Elle avait maigri, encore. Elle ne pouvait être plus pâle. Un fantôme...
« Un démon, c'est un Ange qui a eu des malheurs. » [ Rivarol ]
Agacée, elle pris ses affaires et retourna dans sa chambre pour les déposer négligemment sur son lit. Elle ne prit pas même la peine d'enfiler un gilet. Les gifles de la brise glaciale n'étaient rien en comparaison des coups que lui infligés son géniteur. Oh grand James Davis, charmant, courtois, séduisant quand il ne boit pas et qu'il se trouve en bonne compagnie autre que celle de sa fille. Un frisson parcourut son échine tandis qu'elle sortait dehors sans hésiter. Les rares élèves qui étaient dans le parc la regardèrent comme si elle sortait de Sainte Mangouste avec écrit « folle » sur le front. Ignorer. Oublier. Et marcher. Marcher. Marcher sans s'arrêter. Le vent la fouettait et lui faisait l'effet d'une larme qui l'écorchait sans cérémonie. Cependant, la sensation lui était agréable, familière ( non elle n'était pas masochiste xD ). Ses yeux caramels étaient levés vers le ciel tapissé de nuages où volait une nuée de corneilles qui de temps à autre allaient se poser sur les plus hautes branches des arbres majestueux emplissant le parc de leur omniprésence morbide en cette période car dénudés de leur feuillage. Intriguée, elle vit une des corneilles s'éloigner de son petit groupe pour partir seule vers un endroit non pollué par ses semblables. Alors Ange la suivit, traînant des pieds mais marchant assez rapidement tout de même afin de ne pas la semer. Elle ne savait pas où cet oiseau sombre l'emmenait, et qu'importe après tout ? Obnubilée, la corneille aurait pu entraîner cette jeune sorcière dans les ténèbres de la Forêt Interdite sans qu'elle s'en rende compte. Elle aurait voulu voler comme ce petit point noir qui se déplaçait lentement vers une destination inconnue. Liberté. Ce n'est pas le vent qui s'engouffrait dans ses ailes mais la douce liberté. Finalement, l'oiseau poussa un cri strident et alla se poser... sur la façade du stade de Quidditch. Puis plus rien. Il lui était invisible à présent ou bien était-ce elle qui était devenue aveugle ? Aveuglée par quoi ? Ces temps-ci... Par son besoin de vengeance qui s'était fait colocataire, nécessaire. Un besoin plus qu'une envie. Secouant légèrement la tête, elle essaya de vider son esprit et s'obstina à regarder vers le haut de la façade. Que cherchait-elle ? Que voulait-elle ? Pour une fois depuis la mort de Sean, elle était déterminée, elle avait un dessein. Juste suivre encore cette corneille solitaire. Encore un peu... Ou alors... Peut-être désirait-elle fuir. Fuir ce monde qui l'écœurait. Non. Elle n'avait jamais fui et ne fuirait jamais. Seulement, qui sait. Elle se faisait fragile, elle ne pouvait indéfiniment se laisser dépérir, s'autodétruire à travers sa propre haine et celle de son père. Pourtant, la vengeance l'enchaînait à cet univers dont elle ne voulait plus. A la fois perdue dans les toiles de ses songes et attentive au moindre mouvement provenant de la façade, elle n'entendit pas Enry arriver.
« Qu'est-ce que tu observes comme ça ... ? » Surprise, elle ne reconnut pas tout de suite la jeune Serdaigle. Puis ce fut le choc comme à chaque fois qu'elle le croisait. Il lui ressemblait de plus en plus. Trop... Et s'ils s'étaient si peu parler c'était en partie parce qu'Ange ne le désirait pas. Sa présence était comme un poignard qui s'enfonçait dans sa poitrine à chaque minute qui s'égrenait passer avec lui. Elle ne le haïssait pas non. Elle ne l'aimait pas non plus. Elle ne se rendait pas compte qu'elle avait simplement peur. Peur de sombrer dans le mirage et de l'appeler un jour « Sean ». Peur d'avoir mal. Il était comme un démon tout droit sorti de son enfer personnel. Aussi, la surprise laissa place à une expression froide sur son visage de porcelaine. Elle ouvrit la bouche pour lui lancer une réponse des plus cinglantes, être méprisant et distante, fidèle à son comportement habituel, cependant aucun son ne sortit d'entre ses lèvres légèrement mauves. Sean, Sean, Sean... Non, elle avait Enry face à elle, rien qu'Enry Stanley. La jeune Serpentard dirigea à nouveau son regard sombre vers la façade, espérant revoir la corneille. Un silence pesant s'installa. Que répondre ? Que regardait-elle ? Que s'évertuait-elle à chercher de ses yeux dénués de vie ?
« La liberté... »
Un souffle. Elle ne savait plus faire la différence entre le son de la brise et celui de sa voix qu'elle ne reconnaissait plus. |
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