[Terminé] Petit-déjeuner philosophique (PV-Sophie)

Le petit déjeuner est un moment très important de la journée. Tous les bons nutritionnistes vous le diront. A Poudlard, comme bien d’autre chose, ce simple repas prend une dimension toute différente. C’est en effet quelque chose que d’enduire sa tartine de pain grillé sous un plafond pouvant changer à tout moment, au milieu de fantômes, de robes noires et de chapeaux pointus. Pourtant, il y avait bien peu de personnes qui s’en étonnaient : pour les élèves du collège écossais, tout cela était normal. Pour les plus anciens d’entre eux et pour les professeurs, c’était même devenu une routine. Ainsi va la vie : les habitudes s’installent et ce qui devrait nous étonner nous paraît commun On finit par ne plus remarquer ces choses si simples, mais en fin de compte incroyables pour le commun des mortels.

C’était à ces aspects philosophiques que réfléchissait Eva-Rose, ce jour-là, dans la Grande Salle de Poudlard, le collège de magie qu’elle fréquentait depuis deux ans, dans la maison Poufsouffle, la maison des travailleurs, la maison au blaireau jaune et noir. La maison des MacMillian et de tant d’autres noms illustres de la sorcellerie. Les yeux de la jeune fille étaient levés au plafond. Elle admirait le ciel changeant qu’elle avait en fin de compte tant vu, et se souvenait de l’émerveillement qu’elle avait ressenti deux ans plus tôt à la vue de la magie qui animait chaque parcelle de Poudlard, de la façon du mobilier à la façon dont étaient servis les repas.

*Si les copines savaient ça *, ce disait-elle souvent avec un sourire. Bien entendu, elle savait parfaitement qu’elle n’avait pas le droit de parler de la magie avec ceux qui ne possédaient pas de pouvoirs, les moldus. Néanmoins, Eva-Rose trouvait stupide le secret dont tenaient les sorciers à s’entourer. Le monde avait changé, bien qu’à Poudlard le temps se soit arrêté. On ne pouvait plus craindre aujourd’hui d’être brûlés vifs sur un bûcher. En fait, c’étaient plutôt les moldus qui auraient du craindre les sorciers, qui étaient de plus en plus souvent sujets à la folie, ou peut être simplement à la haine. La récente guerre et l’action de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom en étaient la preuve. Heureusement, tout était désormais terminé.

- Tu sais, je pense qu’on devrait en finir avec le secret magique.

Eva-Rose avait lâché cette phrase tout naturellement à sa voisine d’en face, avant de se rendre compte qu’en fait, elle ne la connaissait pas. Une légère rougeur vint teinter la face blême de la petite Poufsouffle, rougeur qui rappelait vaguement la roux foncé de ses cheveux. Elle parlait en fait à une petite blonde, visiblement plus jeune qu’elle. Bon, certes, elle n’était pas bien vieille ni grande, mais quand même ! Elle savait encore reconnaître quelqu’un qui avait un ou deux ans deux moins.

- Oups, excuse-moi. Je suis Eva-Rose Watters, en troisième année. Et toi ? Je ne me rappelle pas t’avoir déjà vue, mais bon, il y a tellement de monde ici.

C’était vrai. Malgré les tragiques évènements de l’année passée, Poudlard ne désemplissait pas, et seuls le nombre de morts du à la guerre avait fait baissé le nombre d’élèves.

Sophie s'était réveillée en très bonne forme ce matin-là, prête à entamer sa journée de cours avec un optimisme et une humeur de battante. L'idée d'aller prendre son premier petit-déjeuner dans la Grande-Salle de la semaine était vraiment palpitante car la jeune Poufsouffle espérait beaucoup y faire de nouvelles connaissances, et donc se faire de nouveaux amis. Elle se leva donc, pleine de bonne humeur, se doucha en chantonnant une chanson de moldus et revêtit son uniforme pour se rendre dans la Grande Salle et y prendre son petit-déjeuner. Elle s'assit à une place libre et se servit à manger, attendant de voir si quelqu'un allait lui adresser la parole. Et sa patience fut récompensée. La fillette se vit apostrophée par sa voisine d'en face qui lui parla du secret magique, avant de s'interrompre, de s'excuser et de se présenter. Sophie fut très amusée car elle avait l'impression que cette jeune fille était un sacré numéro. Elle lui sourit très sincèrement et répondit avec beaucoup de chaleur dans la voix, heureuse que quelqu'un lui ait adressé la parole.

"Mon nom est Sophie Kirte, je suis en Deuxième Année. Nous avons du participer à des cours en commun l'an dernier mais il y avait beaucoup de monde et je peux comprendre que tu ne te rappelles pas m'avoir vue. Moi-même, ton visage ne m'est pas familier, mais en même temps je ne suis pas très physionomiste."

Elle croqua un morceau de tartine et l'avala avant de poursuivre.

"Pour répondre à ta remarque, je pense que le secret magique est plus là pour protéger les Moldus que les Sorciers."

Spoiler:

Eva-Rose sourit à sa camarade, contente qu’elle n’ai pas été blessée par sa question posée au petit bonheur la chance, et contente également qu’elle se soit décidée à continuer la conversation sans tenir compte de la bête erreur de la troisième année. Sophie Kirte de deuxième année donc, la blairelle saurait s’en souvenir. Elle n’oubliait en effet que rarement un prénom ou un visage, ce qui lui permettait de ne pas commettre d’impair et donc de facilement se rapprocher des gens, malgré sa timidité. Ce dernier aspect de son caractère avait cependant tendance à s’estomper. En tout cas, ce petit-déjeuner s’annonçait bien.

- Contente de te connaître, Sophie.

Eva-Rose ne continua pas tout de suite et mordit dans un toast. Discussion intéressante ou pas, elle était tout de même là pour se restaurer convenablement avant les cours. Si elle voulait supporter sa journée, elle ne devait pas se laisser emballer trop vite et ne pas oublier la raison qui l’avait poussée à descendre dans la grande salle. Un gobelet de jus de citrouille plus tard, tout était en ordre et la discussion pouvait reprendre. La troisième année hésita un instant, avant de donner son propre point de vue, et la raison pour laquelle elle était contre le secret magique :

- Oui, mais tout est terminé à présent, non ? Je veux dire, Tu Sais Qui est mort et il n’y a plus de danger pour les moldus. D’ailleurs, vu le nombre de nés-moldus qu’il y a ici, il doit aussi y avoir pas mal de parents déjà au courant, tu ne crois pas ?

Ce point intriguait en effet Eva-Rose. Comment pouvoir garder un secret déjà connu par un nombre assez important de personnes ? C’était là une contradiction même dans l’idée de secret. Et puis, si c’était réellement pour protéger les moldus, c’est plutôt les sorciers qui devraient ne pas connaître ces derniers, ne pas les approcher. La troisième année savait pertinemment que nombreux étaient les moldus tués par les Mangemorts sans jamais avoir entendu parler de sorcellerie. Elle chassa cependant bien vite ces idées morbides de sa tête, et préféra se concentrer sur sa camarade et sur la tranquillité relative de la grande salle à cette heure matinale.

La Grande Salle, Poudlard…c’était la troisième année qu’elle entamait dans l’école de sorcellerie, mais Eva-Rose était toujours surprise, toujours émerveillée. C’était un lieu comme nul autre, parfois sinistre – c’était un château hanté, après tout – mais surtout magnifique et plein de merveilles qu’on ne pouvait trouver qu’ici. Elle eut une pensée de compassion pour tous ces jeunes moldus qui ne connaîtraient jamais Poudlard, qui n’auraient jamais le bonheur de pouvoir contempler le plafond magique de la grande salle, de voir voler les fantômes ou d’échapper à Rusard sur l’un de ces innombrables escaliers mouvants. Que la vie devait être triste dans tous ces collèges sans magie.

Sophie fut enchantée que la jeune fille qui se trouvait en face d'elle se soit décidée à entamer la conversation avec elle. C'était vraiment une chose qu'elle adorait par-dessus tout que de converser des choses de la vie tout en mangeant un délicieux repas. Elle aimait plus que tout faire cela en compagnie d'autres guérisseuses car elle pouvait échanger des astuces relativement à des potions ou à des soins qu'elles prodiguaient. Sa mère faisait régulièrement des réunions entre guérisseuses et elle était autorisée à y participer depuis qu'elle avait sept ans et que sa mère avait commencé son apprentissage. Et elle y apprenait tant de choses que c'était un vrai bonheur d'y assister. En plus, on l'y traitait comme une grande fille et elle avait le droit de participer à la conversation, ce qui était, pour elle, un véritable honneur.

Cette fois, c'était une jeune compagne qui lui proposait un débat sur le secret magique, mais ça n'en était pas moins intéressant et Sophie prenait très à cœur cette discussion et cet échange qui lui permettait d'accéder à de nouvelles idées. On se construisait plus grâce à ses compatriotes que tout seul dans son coin, c'était quelque chose que Sophie avait toujours su. Et c'était quelque chose de capital quand on voulait apprendre des choses de la vie, il fallait toujours aller plus loin, aller de l'avant, chercher à se reconsidérer.

"Tu as raison, bien que je ne pense pas que tout danger soit écarté. Tu sais des fois, je me demande si ce n'est pas simplement une question de commodité. On ne dit rien pour ne pas que les Moldus viennent nous déranger avec leurs petits problèmes de tous les jours."

- Mwai, c’est une explication qui se tient.

Eva-Rose n’était pas totalement convaincue, mais finalement, ce n’étaient pas elles qui allaient changer ça. Pas pour le moment en tout cas. Peut être que ça arriverait si jamais l’un des deux Poufsouffle devenait ministre de la magie, mais ce n’était pas gagné. D’ailleurs la petite Watters n’avait vraiment pas envie de finir sa vie dans un bureau du ministère. Si elle ne savait pas encore ce qu’elle désirait faire après Poudlard (elle avait encore le temps, après tout), elle était sûre qu’il lui faudrait bouger un minimum et pas pour aller parler devant une foule en colère, ni pour aller rencontrer des futurs Mangemorts, voire déjà Mangemorts. Bref, ce sujet là ne pouvant les mener bien loin, elle but encore une gorgée de jus de citrouille et prit un toast, avant de passer à autre chose.

-Sinon Poudlard, tu trouves comment ? Ca s’est bien passé l’année dernière ? Les examens n’étaient pas trop difficiles ?

Ouh là là, elle en posait des questions tout d’un coup ! Mais qu’est ce qui t’arrives, Eva-Rose ? C’est de ne pas réussir à voir ta demi-sœur qui se met de cet état ? Ou bien tu as peur d’être seule ? Enfin bref, la jeune Poufsouffle était très intéressée par une discussion d’un tout nouveau genre avec sa camarade et entendait profiter du temps qu’il restait avant le début des cours pour faire plus ample connaissance avec une membre de sa maison, ce qui n’arrivait pas vraiment souvent, et ce dont elle se désolait. Il ne tenait qu’à elle de changer ça.

C’est vrai que depuis son arrivée à Poudlard, Eva-Rose se sentait un peu seule. Elle n’avait pas vraiment réussit à se faire d’amis dans le contexte difficile de l’année passée, et il faut dire que les cours l’absorbaient beaucoup. Elle voulait vraiment réussir ses études dans le collège de magie et tenait donc à avoir un niveau acceptable, même si elle ne pouvait, à travail égal, être aussi forte que les Serdaigle qui étaient de vraies machines à répondre aux questions quand ils s’y mettaient tous ensemble. Eva-Rose avait déjà vu le résultat de leur « entraînement » (selon ce qui disait en salle commune) pendant divers cours, comme dernièrement celui de potions.

Sophie eut l'impression que la jeune Poufsouffle, du nom d'Eva-Rose, qui lui avait adressé la parole pour philosopher avec elle sur a raison d'être ou non du secret magique, mettait en doute sa justification de sa mise en place par le monde de la sorcellerie, mais cela ne l'ennuyait aucunement. Sophie ne prétendait absolument pas posséder le savoir absolu, mais elle était tout à fait prête à discuter son opinion avec n'importe qui ayant un point de vue différent, car constater la réaction selon un point de vue différent permettait d'évoluer. Aussi le doute d'Eva-Rose ne la gênait-il pas, mais elle aurait seulement préféré qu'elle lui explique quel était le sien et qu'elle le défende afin que Sophie puisse s'ouvrir un peu plus.

Mais Eva-Rose partit sur un autre sujet. Plutôt que de poursuivre le débat, elle décida de parler de Poudlard et du ressentiment que Sophie éprouvait vis-à-vis de son année déjà passée dans l'école de magie. Sophie décida de s'adapter à Eva-Rose et de poursuivre la conversation avec simplicité. Elle commença par lui parler de ce qu'elle ressentait, puis des examens qu'elle avait passé.

"Je suis contente, parce que j'ai réussi à me faire des amis dans d'autres Maisons. Je suis contente que ça n'ait pas été une frontière infranchissable. Je me sens bien ici, dans cette école. Quant aux examens, je les trouve très intéressants."

Intéressants ? Elle trouvait les examens intéressants ? Cette partie de la phrase de Sophie avait fait oublier tout le reste à Eva-Rose qui ne parvenait pas à comprendre ce point de vue. Avait-elle mal entendu ? Oui, sans doute, ce devait être ça. Personne de sensé ne pouvait trouver les examens de fin d’année intéressants, puisqu’ils pouvaient décider du passage ou non en l’année supérieure. Elle-même n’avait pas eu de mal à réussir les deux premiers qu’elle avait dû passer mais elle en gardait quand même un souvenir pas très heureux, tant elle avait à chaque fois eu du mal à gérer le stress qui précédait avant les épreuves. D’ailleurs, même si écrire était pour elle toujours un plaisir, il faut avouer qu’elle avait eu par moment quelques crampes au poignet.

- On va dire que c’est une question de point de vue hein, à vrai dire, j’ai du ma à considérer des examens comme…intéressants. C’est vrai quoi, c’est des grands contrôles qu’on nous impose si on veut pas être indéfiniment recalés, même si je comprend qu’il faille vérifier qu’on est aptes à passer à l’année suivante.

Eva-Rose haussa les épaules. Il était certain que les professeurs de Poudlard ne pouvaient laisser passer tout le monde, il y avait de véritables dangers publics, de la première à la sixième année, et leur apprendre des sorts de plus en plus dangereux pouvait relever du suicide. D’ailleurs c’était un pareil manque de discernement qui avait permis à Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom d’acquérir la puissance qu’il avait eue lors de la première guerre, bien avant la naissance de la petite Poufsouffle, qui n’avait, heureusement pour elle, connu que de loin celle qui s’était terminée l’année précédente. Enfin, la jaune et noire reprit la première partie de la réponse de sa toute nouvelle connaissance.

- C’est bien que tu aies pu te faire des amis, c’est ce qui est le plus dur quand on ne connaît personne. Mais tu as raison, la barrière des maisons n’est pas infranchissable, même avec les Serpentard, quoi qu’on en dise. Il y en a de très gentil, et pas plus de méchants que dans les autres. Je pense qu’ils subissent juste beaucoup de préjugés à cause de Tu Sais Qui et de tous les Mangemorts qui en viennent, mais au final, il y a aussi eu des Résistants à Serpentard.

Le petit déjeuner s’étirait en longueur, et pour une fois Eva-Rose était contente d’être arrivée en avance. Ainsi, elle pouvait discuter avec Sophie sans être pressée par le temps, même si elle se doutait bien qu’il faudrait qu’elles aillent toutes deux à leurs cours respectifs à un moment ou à un autre. C’était une réalité comme une autre qu’il fallait accepter : elles étaient à Poudlard, dans une école de sorcellerie et non tranquilles à Pré au Lard pour déguster une bièreaubeurre aux Trois Balais. Cette boisson, qu’elle avait goûté pour la première fois le week end précédent, elle la trouvait vraiment délicieuse. Il n’était pas étonnant que la majorité des habitants du collège s’y rendent lors des week end dans le seul village uniquement sorcier de Grande Bretagne, tant le lieu était accueillant.

[532 mots]

GUIRLANDE

Sophie était vraiment heureuse de prendre son temps et de pouvoir discuter avec Eva-Rose. Cette discussion commençait à partir sur un sujet que Sophie aimait beaucoup : les relations sociales. Eva-Rose pensait, comme elle, que les Maisons n'étaient pas des barrières infranchissables et que même les Serpentard pouvaient être dignes qu'on s'intéressât à eux. Sophie ne dit rien car elle n'aimait pas les Serpentard, non par préjugé, mais elle avait toujours eu peur des serpents et, chaque fois qu'elle avait croisé un membre de cette Maison, il avait semblé les affectionner tout particulièrement. Elle était persuadée qu'elle pourrait bien s'entendre avec un de ces Serpentard s'il n'avait pas systématiquement envie de défendre cet animal si effrayant, mais elle n'en avait encore jamais rencontré.

"L'ennui, c'est que je n'ai d'amis, ni à Gryffondor, ni à Serpentard. Et toi, Eva-Rose, tu en as dans ces Maisons là ?"

Hum, la question posée par Sophie paraissait compliquée à Eva-Rose. Avait-elle des amis à Gryffondor et Serpentard, et à plus forte raison, avait-elle des amis tout court ? La jeune Poufsouffle savait bien que non. Elle n’avait jamais été très communicative et avait beaucoup de mal à parler aux gens. Faire le premier pas, ce n’était pas trop son truc. Pour cette raison, elle ne connaissait vraiment pas grand monde à Poudlard et préférait se concentrer sur ses études pour réussir ses BUSES, puis avec un peu de chance ses ASPIC. Elle avait encore le temps – deux et cinq ans – et en était consciente, mais sortir du collège de magie avec le plus de diplômes possibles était son objectif de jeune fille travailleuse et motivée.

- Non…je…je ne pense pas avoir d’amis tout court, tu sais.

Malgré ses efforts et ce que je viens d’évoquer, Eva-Rose ne put empêcher de laisser pointer de la tristesse dans sa voix. Il arrivait parfois, de plus en plus souvent, qu’elle se sente seule. Elle grandissait, et avait de plus en plus besoin de compagnie. Au fur et à mesure du temps ce besoin se faisait de plus en plus pressant, et elle ne le comprenait pas vraiment encore. Pourquoi, alors qu’elle s’en était toujours sortie, avait-elle maintenant autant de mal à supporter sa relative solitude ? Et pourrait-elle encore tenir longtemps son rythme ainsi ? C’étaient là des questions qui l’assaillaient et que cette discussion, qui avait pourtant bien commencé, avait réveillé.

Voilà, maintenant que j’ai bien radoté et résumé les précédents posts, on va pouvoir avancer. Cependant, ce loisir n’était pas laissé aux deux jeunes Poufsouffle : la sonnerie annonçant le début prochain des cours ponctua la fin de la phrase d’Eva-Rose. Comme un seul sorcier, les élèves qui traînaient encore dans la grande salle se levèrent tous, qui a boire un dernier verre de jus de citrouille, qui embarquait un toast pour le manger dans le couloir. En tout cas, ce fut avec un triste sourire que la troisième année se leva. Il ne fallait pas arriver en retard, car c’était là quelque chose que les professeurs détestaient.

- Bon ben…à la prochaine. Ca a été super de parler avec toi, donc si jamais t’as besoin d’aide pour quelque chose, n’hésites pas hein. J’suis dans le dortoir des troisièmes années généralement.

Puis elle fit un signe de la main à Sophie et se détourna, son sac sur le dos pour aller en direction des cachots et du cours de potions du professeur Slughorn. Eva-Rose appréciait le gros sorcier, qui était à son avis un très bon enseignant, même s’il se complaisait un peu trop dans ses actions passées et avec son réseau de relations à travers le monde des sorciers, un réseau qui était, avouons-le, proprement impressionnant. Il ne fallait toutefois pas oublier qu’il y avait dans ce groupe bien plus de connaissances lointaines que d’amis, comme pour elle-même d’ailleurs : elle avait déjà parlé à plusieurs élèves de Poudlard, mais n’avait jamais réussit à construire une relation sur le long terme. Sauf avec sa sœur, mais c’était bien entendu très différent.

[521 mots]

LOVE

Sophie était très heureuse de cette conversation avec Eva-Rose, mais elle sentit, lorsqu'elle se mit à parler de l'amitié, que Eva-Rose n'avait pas tellement envie de parler de cela. Elle se dit que la jeune fille ne se sentait peut-être pas très ouverte aux autres et elle ne pouvait le lui reprocher, mais cela voulait dire que Sophie avait probablement abordé un thème difficile et cela la peinait. Elle n'aimait pas mettre les autres en difficulté, principalement ceux avec qui elle pouvait devenir amie, mais elle ne pouvait savoir avant de lui poser cette question que la jeune personne serait aussi mal-à- l'aise avec cette question. Elle ne s'en formalisa donc pas et écouta sa réponse. Celle-ci vint confirmer le ressenti de la fillette qui aurait pourtant souhaité s'être trompée cette fois. Eva-Rose était persuadée de n'avoir aucun ami. La réaction de Sophie ne se fit pas attendre, vu la conversation qu'elles venaient d'avoir, elle osa lui déclarer avec beaucoup de véhémence :

"Eh bien, je ne comprends pas pourquoi parce que moi, je serais ravie d'être ton amie, Eva-Rose."

Elle se demanda si ce qu'elle avait dit avait pu mettre du baume au cœur de la jeune fille. Celle-ci semblait néanmoins remplie d'une tristesse qui n'avait absolument rien à voir avec Sophie, mais qui ressemblait davantage à de la peine contenue depuis un certain temps. Sophie, pour la réconforter, voulut lui sourire et lui parler, mais la cloche annonçant que les cours allaient bientôt commencer sonna et la fillette ne pouvait se permettre d'être en retard, au risque de faire perdre des points à sa Maison. Eva-Rose, avant de partir, la remercia pour la discussion qu'elles venaient d'avoir ensemble. Puis, elle lui affirma qu'elle serait toujours disponible si la fillette avait besoin d'aide. La fillette trouva cette offre très généreuse et sourit à sa camarade.

"Merci, je m'en souviendrai. A bientôt, Eva-Rose."

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