Une conduite inqualifiable [PV Elena Middleton]

Qu'avait-il bien pu faire à la Destinée pour mériter pareille correction ? Qu'est-ce qui avait motivé le début d'une telle journée, sous un si mauvais signe, allant de mal en pis et semblant un peu plus s'éterniser dans les ennuis...
Il avait beau chercher, il ne trouvait tout simplement rien ! Il n'avait pas manqué de respect ni à Britanny ni à aucune des autres filles qu'il avait cotoyé dernièrement. Il n'avait rien fait ni dit quoique ce soit d'injurieux envers un élève. Il prenait chaque jour les mixtures infâmes que lui concoctaient Heegor... Non, rien dans sa conduite n'avait laissé entrevoir un tel retour de bâton.

Et pourtant, c'est ce qui s'était produit ! En plusieurs semaines de tranquilité et de paix au sein de Taliesin, il avait fallu qu'une confrontation éclate directement au coeur d'un même dortoir et que deux jeunes filles se crèpent le chignon si fort qu'il avait dû intervenir pour les séparer. Elles en étaient venues aux mains, si bien qu'un petit elfe de maison venu pour les mener en cours avait courru droit jusqu'à son bureau pour le prévenir... "Maître Sykes, maître Sykes...", et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire il était au courant de tout et déjà engagé dans les couloirs en direction du drame.

Elena Middleton était apparemment tombée sur l'une de ses camarades de chambrée qui, poussant certainement le bouchon un peu trop loin, était allée jusqu'à déclencher sa colère. Cette jeune demoiselle, prénommée Maria Stevens, était connue pour son tempérament virulant mais aussi particulièrement acide et dédaigneux dès qu'il fallait se frotter à quelqu'un qui ne lui revenait tout simplement pas, et ce qu'il soit pauvre ou riche. Aujourd'hui, sa victime n'était autre que cette petite brunette qu'Apophis avait entraperçu plus d'une fois et qui semblait aussi calme et sage que lui-même était fait pour être ballerine.

Mais il n'avait pas eu à aller bien loin pour quérir ces deux demoiselles. La discussion s'était envenimée jusque dans le couloir, devant la porte de leur dortoir, tandis que les deux gamines se tapant presque dessus étaient entourées par une foule d'élèves qui menaient déjà les paris. Sykes eut à peine le temps de fendre la petite assemblée que déjà Stevens se jetait à nouveau sur sa rivale avant d'être brusquement stoppée par la main de son directeur se refermant sur son bras. Il était parvenu à les séparer puis les avait trainées jusqu'à son bureau. Préférant les convoquer séparément, il avait laissé Maria Stevens avec l'elfe de maison et avait commencé par Elena Middleton...

Tous deux étaient rentrés dans l'immense pièce qui, à vrai dire, ressemblait davantage à un petit salon qu'à un bureau de directeur. Une bibliothèque de livres divers et variés tapissaient les murs alors qu'un large bureau d'ébène mangeait toute la largeur du fond de la salle. Des fauteuils avaient été disposés juste devant, bien plus petits et bien moins imposants que le sien propre. Un secrétaire de grande valeur ainsi qu'une armoire aussi haute qu'imposante ornaient la pièce, sans oublier d'autres meubles et objets magiques dont la plupart pouvaient apparaître comme étant bien curieux... Un sablier situé à droite notamment égrainait chaque seconde sous forme de billes de verre alors qu'un peu plus haut dans les airs une petite maquette d'un système proche de celui du système solaire pivotait sur lui-même. Le temps semblait maître dans l'antre du directeur de Taliesin...

Apophis passa tout près de son bureau mais n'y prit pas place. Il resta ainsi, immobile, tournant le dos à Elena, les épaules voûtées et gardant le silence. C'est alors qu'il fit brusquement volte-face, braquant ses yeux froids sur elle :

"Assieds-toi".

Et il lui désigna l'un des fauteuils, lui laissa le temps de s'y installer avant de commencer d'un ton calme et mesuré.

"Tout d'abord, raconte-moi exactement ce qui s'est passé sans éclats et sans effusions de colère...
La moindre parole qui détimbrera du reste de ton discours ou que je jugerai déplacée te fera quitter mon bureau scéance tenante, c'est compris ?".

Il laissa planer quelques instants de silence, de quoi la laisser réagir.

"Maintenant vas-y, raconte-moi...".

Oui, cette fois-là, Elena en avait bel et bien eut marre. Marre qu'on l'embête, marre de tout. Auparavant, Maria, la jeune fille avait qui elle s'était battue, l'avait déjà un peu cherchée. En fait, elle lui avait lancé ici et là quelques piques, qu'Elena Maxim avait prit plutôt à la légère. Ces fois-là, contrairement à celle-ci, elle s'était contentée de l'envoyer promener, au grand dépit de l'autre sorcière. Mais cette fois-là, oui cette fois-là, Elena n'en pouvait plu. L'autre élève l'avait cherchée ... Et elle l'avait trouvée ... Le poing dans la figure de l'autre fillette en témoignait d'ailleurs très bien. En fait, Maria s'en était prit à la famille d'Elena, ce que cette dernière n'avait guère apprécié. (Bon, d'accord, la famille de la jeune fille était peût-être un peu spéciale, mais ce n'était pas une raison ça !...) À vrai dire, la petite sorcière ignorait comment son ennemie jurée avait fait pour savoir des choses sur sa propre famille. Elle ne lui en avait pourtant jamais parlée ... La seule chose qu'à-peu-près tout le monde à Taliesin savait (oui, dans une école, les rumeurs se répandent assez vite...), c'était qu'Elena était orpheline de mère. Mais mis à part cela ... La jeune fille ne voyait vraiment pas ...

Lorsque le directeur de Taliesin était arrivé sur les lieux ou la bataille avait dégénérée, Elena avait déjà eut le temps d'arracher quelques (bon, d'accord, beaucoup) cheveux à Maria, de lui coller son poing dans la figure, sans parler des quelques sortilèges qu'elle lui avaient balancé à plusieurs reprises ... Ce que le directeur ne savait évidemment pas ... Et la fillette n'avait aucunement l'intention de le lui dire ... Tout ce qu'Elena Maxim avait pu constater à ce moment-là était que le professeur Sykes ne semblait vraiment (et là je dis "vraiment" en ne parvenant pas à trouver un mot existant pour l'expliquer) pas de bonne humeur. À vrai dire, la jeune élève de Taliesin ne se souvenait même pas de l'avoir déjà vue aussi furieux auparavant. Mais elle n'était pas au courant de tout ce qui se passait dans l'école ...

En entrant dans le bureau du directeur, ce dernier lui ordonna de s'avoir, en la regardant froidement, ce qui fit glacer le sang dans les veines de la fillette. Elle connaissait bien ce regard-là. C'était exactement le même que sa demie-soeur Kelly-Jane lui lançait lorsqu'elle était vraiment furieuse contre elle, et qu'elle avait vraisemblablement l'intention de se venger. Mais là, il ne s'agissait pas de Kelly-Jane. Mais vraiment pas. Elle s'assit donc dans le fauteuil désigné par son supérieur sans dire mot. Puis ce dernier ajouta de lui raconter calmement ce qui s'était passé, sans s'énerver.

Mais sachant qu'elle n'allait pas y parvenir, Elena préféra garder le silence, bien qu'elle savait que cette option ne plairait sans doute pas non plus au directeur de l'école ...

Spoiler:

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Il était évident voire manifeste qu'Apophis ne se contentrait jamais d'un silence... D'ailleurs, s'en était-il seulement contenté durant ses années d'interrogatoires sur interrogatoires durant lesquels il cuisinait ses suspects ? La situation était approchante à cette différence près qu'il n'avait plus à faire à des criminels, mais à des élèves... et pour la plupart très jeunes et aisément impressionnables.
Apophis songea à l'éventualité d'être proclamé "monstre de l'école" aussi bien par les parents que par les enfants et reconsidéra aussi avec quelle facilité on les avait mis d'entrée sur la scelette lui et son école... Tout n'était pas encore acquis pour lui encore moins gagné d'avance, et il aurait encore beaucoup à prouver avant qu'on puisse vraiment fermer les yeux sur lui et ses agissements.

Il prit ainsi une profonde inspiration, tâchant de tamiser sa colère, et poursuivit d'une voix toute aussi calme et articulée, limpide et claire :

"Mademoiselle Middleton... vous croyez certainement que l'incident qui a eu lieu ne vaut pas la peine d'être expliqué ni même justifié auprès d'un professeur ou du directeur lui-même, qu'il ne s'agit là que d'une bagarre entre "copines" et rien de plus. Cependant, et je n'aimerais pas vous alarmer outre mesure mais... la loi punit elle-même sévèrement pour coups et blessures".

Oui, il l'avait vouvoyée, et ce afin que les barrières propre aux relations entre adulte et enfant se mettent en place d'elle-même et qu'il oublie un peu qu'il n'était pas devant un détenu potentiel mais une petite fille. Ainsi peut-être serait-elle moins secouée et interloquée qu'elle n'y paraissait dès son arrivée... et lui plus à même de gérer la situation.

Ses iris bleues s'attardèrent sur elle en un instant, du moins le temps d'un silence. Il se râcla la gorge, laissa glisser un faible sourire et reprit tout aussitôt :

"La moindre violence physique est considérée déjà comme un acte criminel... ce qui est normal si l'on y réfléchit bien. En effet, quand on sait que lorsqu'elle n'est pas maîtrisée elle peut entraîner la mort, involontaire ou non...

Seulement avec votre force de mouche, je doute que vous ayez été en mesure de tuer qui que ce soit, fort heureusement d'ailleurs !".

Il marqua une nouvelle pause puis alla prendre place dans son fauteuil afin de rester à même hauteur qu'elle, écourtant la distance professeur/élève qu'il avait volontairement marquée.

"C'est très mal de vouloir s'en prendre à quelqu'un par la force, qu'elle soit physique, mentale ou magique. Vous ne réalisez certainement pas à quel point, et c'est assez compréhensible. On ne pense pas à ça quand on a à peine 12 ans, c'est un coup de colère de plus...

Le jour où vous grandirez et où ces "coups de colère" vous dépasseront, vous comprendrez alors toute la portée dramatique de votre geste. Mais encore faudra-t-il savoir si vous vous en rendez compte à temps ou pas, avant que vous ne commettiez une bêtise irréparable...".

Son sourire s'élargit tandis qu'il contemplait l'enfant, certain de la gêne qu'il lui occassionnait. Il ne cilla pas pour autant et ajouta :

"J'aime autant vous le dire, jeune fille. Celui qui subit l'attaque et n'est pas capable d'y mettre un terme ne vaut sans doute pas mieux que son agresseur. Bien sûr qu'il faut se défendre mais mieux vaut tâcher de faire cesser la querelle par la suite. Cependant, ce n'est pas ce qui s'est passé puisque c'est moi qui suis intervenu...
A mes yeux vous ne valez pas mieux l'une que l'autre. Cependant...

Celui ou celle qui sait être honnête sur ce qui s'est passé et, en plus, sait reconnaître ses fautes fait un bien meilleur accusé à mon goût !".

Et il se renfonça dans son siège, signe qu'il se mettait plus à l'aise et qu'il avait tout son temps. Une jambe repliée sur le genoux, il attendait que la jeune fille daigne bien s'expliquer, et surtout lui laissait le temps de rassembler convenablement toutes ses idées. Serein et immobile, il demeurait attentif à la moindre manifestation de la part d'Elena, lui assurant alors qu'elle n'avait absolument rien à craindre de confesser quoique ce soit...

Les paroles du directeur qui suivirent laissèrent Elena perplexe. Une bagarre entre "copines" ? Mais n'avait-il donc rien comprit ? À vrai dire, Maria était très loin (très très très très très loin, même) d'être une copine d'Elena. En fait, elle ne pouvait pas être plus à l'opposé de cela ... Pour ce qui était des coups et blessures, elle se retint pour ne pas rire. Même si la loi punissait supposément pour des actes comme ceux que la jeune fille venait tout juste de poser, restait qu'elle n'était appliquée que très peu souvent ... Sinon, sa cousine Kelly-Jane serait en prison depuis très très longtemps ...
"Premièrement, cette peste n'est absolument pas ma copine, comme vous dites, répliqua froidement Elena Maxim. Je ne sais pas si vous étiez au courant mais je ne me bats que très rarement avec mes amis ... Et deuxièmement, pour ce qui est de la loi, comme vous le dites si bien, il y en a plein d'autres (des élèves je veux dire) qui se sont déjà battus et qui ne sont pas allés à Azkaban pour autant ... Il faut croire que ceux qui appliquent la loi la remettent en question eux-mêmes ..."
La première année savait très bien que cette dernière réplique n'allait en rien contribuer à la bonne humeur de son directeur, apparemment déjà d'assez mauvaise humeur ... Mais elle s'en fichait éperduement ... Pour l'instant ...

Puis il poursuivit son discours sur le fait que les coups et violences pouvaient conduire à la mort, et bla bla bla et bla bla bla ... À ce moment-là du discours, Elena ne l'écoutait que d'une oreille. Avait-il bientôt finit son discours ennuyeux ? Apparemment, non ... Comme réponse, la fillette se contenta d'ajouter :
"Je n'ai tué personne. Et puis même si c'était arrivé, elle l'aurait très bien mérité."
Oui, le problème avec Elena, c'est qu'elle disait tout ce qu'elle pensait. Absolument tout ce qu'elle pensait, et cela, sans aucune exception...

Mais la dernières phrase de l'homme piqua au vif Elena Maxim Isabell-Ann, qui détestait qu'on la traite de faible.
"ET JE N'AI PAS UNE FORCE DE MOUCHE, COMME VOUS DITES !!! s'écria-t-elle, laissant la colère l'emporter. Habituellement, quand on réussit à briser le nez à quelqu'un, ce n'est pas parce qu'on est particulièrement faible, pour votre information."

Mais son interlocuteur n'avait apparemment pas terminé son discours. Il poursuivit son discours en racontant qu'il était très mal d'utiliser la force pour en venir à ses fins. Mais la dernière phrase en suspent qu'il ajouta rappela fort à la jeune étudiante son propre père. Un jour, alors qu'Elena et son père étaient sortis de leur demeure, ils avaient retrouvés un peu plus loin la mère de la fillette ... Morte. Visiblement assassinée par le sortilège de la mort. À ce moment-là, Elena Maxim n'avait que cinq ans. Mais, tout de même, elle s'était jurée (et à voix haute) qu'elle vengerait un jour sa mère de celui qui avait commis une telle abomination. Depuis ce temps, le père d'Elena la tenait à l'oeil, de peur qu'elle ne commette une erreur qu'elle ne pourrait par la suite réparer ... En rapport à ce souvenir, la fillette ajouta :
"Si jamais je commettais l'"irréparable", comme vous dites, ce serait pour une très bonne raison, croyez-moi."
Mais elle doutait bien que cette réponse conviendrait bien au directeur de Taliesin ...

Puis, face à la toute dernière réplique de l'homme, elle dit :
"Si vous voulez savoir, elle a bien eut ce qu'elle méritait. Elle n'avait absolument aucun droit de se permettre d'insulter ma famille de cette manière. D'accord, je reconnais que ma famille est un peu ... Spéciale, mais ce n'est pas une raison pour se donner le droit de la critiquer. Surtout quand on ne la connaît même pas !"

Il n'avait pas cillé une seule fois. Même lorsque la jeune fille avait commencé à lui répondre d'une façon aussi crue et brutale, même quand elle s'était récriée, même lorsqu'elle s'était emportée comme une furie... il n'avait pas bougé ni laissé la moindre émotion entamer son visage.
A part une seule, une vraie, celle de la satisfaction.
Certes il ne devait pas le montrer... prouver à cette enfant qu'il venait là d'atteindre un but des plus plaisants aurait été quelque peu troublant, pour ne pas dire dégoûtant. Mais la joie était là si forte qu'il avait encore du mal à se contenir. Revenir à ces années perdues où on lui donnait plus de fil à retordre qu'on ne coopérait était un véritable bain de jouvence, en plus d'être une réelle jouissance.

Apophis attendit qu'elle eut fini avant de pouvoir commencer lui-même. Il goûtait au plaisir de la voir se terrer un peu plus dans ses convictions, se retrancher derrière sa certitude d'avoir fait là quelque chose de bien, sa fierté d'avoir défendu sa famille... si piètre soit-elle. Enfin ! On ne s'appelle pas tous Sykes of Woodbury... Et peu de gens pouvaient alors ressentir cette joie euphorisante qui lui chatouillait les tripes jusqu'à gonfler son coeur.
Un dernier sourire narquois. Puis une main posée sur le rebord de son bureau pour se lever. Puis un pas pour aller vers elle. Puis, après quelques foulées gargantuesques, se camper devant elle. Apophis demeura muet un long moment, juste avant d'ajouter sur un ton affecté :

"Oui mais... il me faut un coupable. Tu comprends ? Ca n'est juste pour personne si personne n'est puni.
Et tu en fais un tout à fait à la hauteur vu que tu revendiques ton délit...".

Il hocha doucement la tête.

"Et, en plus, tu serais prête à recommencer...".

Un soupir par lequel il bascula sa tête en arrière pour prendre une plus grande inspiration, et il reprit tout de go afin de ne pas lui laisser le temps de réagir :

"Je connais le tempérament de Maria et je sais que vous n'êtes pas amies... j'ai été cruellement ironique et je crois que ça a bien marché ! Ca me plaît. Pour revenir à elle, cela ne m'étonne guère que tu te sois sentie touchée par son attitude et ses propos... puisque ça a l'air d'être particulièrement son fort pour titiller les autres et les mettre hors d'eux. Ne t'en fais pas, comme je te l'ai dit, je respecterai ma promesse et elle aussi recevra le châtiment qu'elle mérite.

Cependant, et comme tu n'as pas été très coopérative, et puisque ton cas est sensiblement plus grave que le sien, je te prie de croire que ta sentence sera beaucoup plus salée que la sienne".

Ses yeux brillèrent un instant d'une lueur folle et vivante.

"Tu peux dire que je suis injuste car JE suis injuste ! C'est la vérité ! Au regard d'une petite fille, je le suis... Mais ça te collera suffisamment de plomb dans la tête pour ne pas venir t'en venter. C'est déjà ça de pris !".

Il ricana dans l'attente de sa réaction, se préparant à toute éventuelle levée de poings.

"Tous les matins pendant un mois, un elfe de maison viendra te réveiller avant les autres. Tu feras la tournée des dortoirs avec lui !".

"Si ce n'est pas terriblement... injuste", glissa-t-il sur un sourire de requin.

Revendiquer son délit ? Et alors ? Oui, Elena avait frappé Maria. Alors, pourquoi nierait-elle son "terrible délit"? Après tout, il n'était guère dans la nature de la jeune fille de ne pas assumer ses actes, et encore moins de ne pas assumer ses opinions, ce qu'elle était. Elle était fière de ce qu'elle était et elle avait une dignitée. Alors, peu importe la sentence que le directeur lui donnerait, elle s'en fichait. Mais jamais ne nierait ses convictions.
"Je m'assume, au moins, rétorqua froidement Elena Maxim. Vous avez, dans ma famille, on m'a souvent répété une chose : la dignité, quand on la perd, on ne peut pas la retrouver si facilement. Alors, oui, comme vous le dites si bien, je ''revendique mon délit'' ...''
La fillette était bel et bien consciente de son insolence. Mais ça aussi, elle s'en fichait éperduement.

Mais l'homme ne semblait pas avoir saisit tout à fait ce qu'elle avait insinué lorsqu'elle avait parlé de "tuer quelqu'un". Apparemment, ce dernier n'avait pas vraiment pensé à la même chose qu'elle... Mais c'était plutôt normal. Après tout, ce n'était pas parce qu'il était le directeur de Taliesin qu'il savait forcément tout de sa vie...

Lorsqu'il ajouta qu'elle aurait une punition beaucoup plus grande que Maria, Elena en fut fort septique. C'était sans doute le genre de monologue qu'il faisait à tous ses élèves délinquants simplement pour qu'ils coopèrent ... Mais la jeune sorcière n'était pas dupe. Peu importe ce qu'il dirait ou ferait, elle ne changerait jamais d'idée. Elle était évidemment convaincue de ne pas avoir de tord, et puis, même si elle avait eut tord et qu'elle l'eut sût, elle ne l'aurait jamais admit. Pour rien au monde ...
"Non, se contenta de répliquer la petite fille. Loin de moi était l'intention d'affirmer que vous étiez injuste. Pour être honnête, vous pouvez bien me donner la punition que vous voulez, je m'en fiche complètement. Je sais que ce n'est pas moi qui a tord dans cette histoire et cela me suffit amplement."
Mais lorsque le directeur lui annonca sa "sentence", ce fut au tour d'Elena de ricaner. La fillette se doutait bien que cela n'allait guère plaire à l'homme mais comme mentionné plus tôt, elle s'en fichait complètement. Elle ne riait pas parce qu'elle trouvait cela drôle, mais bien parce qu'elle trouvait cette punition banale. De toute façon, qu'est-ce que cela changerait à sa vie ? Elle était levée, tous les matins, et sans aucune exception, à 4, 5 ou 6 heures du matin. Tout ce qu'elle aurait à faire de plus, c'était d'aller énerver ses compagnons pour qu'ils se lèvent à temps pour leurs cours. À y penser comme il faut, c'était même plutôt drôle comme punition ... Ainsi, elle aurait la chance de prendre sa revanche avec Maria ... (En espérant pour elle que cette dernière aimait bien se lever tôt ...)

Il fallait s'attendre à ce qu'on lui résiste. Cependant, là où il fut surpris, c'était de s'être ainsi trompé. Sa punition n'était-elle pas assez sévère pour que l'enfant se mette à en ricaner et la prenne avec sarcasme et dédain ? Ce n'était certainement pas pour cacher une gêne ! Elena savait gérer la tension ambiante et ne s'en montrait pas démolie pour autant... son jugement à son juget n'avait ainsi pas été exact à cent pour cent. Qu'à cela ne tienne, la prochaine fois, il s'efforçerait d'être meilleur !
Le moment n'était pas aux sentences séches ni même aux vengeances basses et senties. L'école était encore trop fragile et trop facilement dans le colimateur de Poudlard et des médias pour faire la moindre vague. Il marchait sur des oeufs à l'instant, ainsi valait-il mieux être prudent afin de ne pas faire le moindre faux pas par orgueil ou par frustration... La punition n'était pas sévère mais au moins était-elle juste. Peut-être pas pour les autres, mais pour Elena elle convenait. Après si elle s'avisait de recommencer, il ne la raterait pas... Ce qu'il n'hésita pas à dire au moment où elle se mit à ricaner comme une bécasse :

"Au fait, Elena, lança-t-il un doigt pointé sur elle et très sérieux, si jamais je te retrouve dans la moindre bagarre, si tu fais encore le moindre faux pas dans mon école, je ne te louperai pas ! Est-ce que c'est bien clair ? Je serais intransigeant ! Ainsi je préfère te prévenir. Tu es sur la scellette et tu joues aussi bien ta place que ta tête ! Aussi si tu es attachée à notre enseignement, à ce que Taliesin peut t'offrir, je te conseille de vraiment te tenir à carreau !".

Il se renfonça dans son siège, plus calme mais toujours aussi froid.

"De plus, chacun de mes pensionnaires bénéficient en toute circonstance et en tout temps de ma protection. Même lorsque vous serez diplômés ! Je garderai toujours un oeil sur vous. Toujours.
Cependant, celui ou celle qui s'amuse à bafouer ma confiance peut s'attendre à subir le traitement contraire... et à se retrouver maudit sur sept générations ! Ne crois pas que je ne sois pas tenace ni rancunier, Elena".

Le visage du directeur se fit plus sombre encore, puis il garda le silence. Après quelques minutes écoulées dans le mutisme le plus total, confrontant son regard au sien, il brisa cet effet de lourde pesanteur et annonça sur un large sourire :

"Mais nous savons tous deux que tu n'es pas une fille idiote qui mettrait sa vie aussi bien que ses études en péril sous prétexte qu'elle veut avoir raison, je me trompe ? Peut-être puis-je mettre cela sur ton jeune âge ? Cela doit être ça...

Quoiqu'il en soit, ne sois pas déçevante au point de rendre coup pour coup... car il y a tant d'autres façons de se faire voir et entendre !".

Il lui glissa un clin d'oeil juste avant de se lever.

"Et si tu n'as pas d'autres questions et remarques, tu me permettras bien de te raccompagner jusqu'à ma porte ?".

Décidément, Elena n'arriverait jamais à se départir de la mauvaise habitude qu'elle avait de dire absolument tout ce qu'elle pensait ... Même au directeur de son école ... Mais malgré les menaces de l'homme, la jeune fille ne changerait toujours pas d'opinion. Elle se fichait bien de ce qu'il pouvait lui dire, après tout, cela ne changerait absolument rien à sa vie. Mais la pire erreur de son interlocuteur fut sans aucun doute de la menacer de l'expulser de Taliesin au moindre faux pas qu'elle oserait faire prochainement. Il ne savait visiblement pas ce qui se passait dans la tête d'Elena Middleton, ce qui était un avantage très particulier pour elle. Car en vérité, la petite fille hésitait sur le fait qu'elle resterait à cette école l'année prochaine, puisqu'elle doitait de la place qu'elle y avait. Elle se demandait depuis le tout premier jour si elle ne ferait pas mieux d'aller à Poudlard l'année prochaine. Aussi, si elle était renvoyée, elle n'aurait pas le choix d'y aller... Le seul problème resterait l'humeur particulièrement massacrante de son cher père ...

Aux paroles du directeur, la fillette se contenta d'hausser les épaules.
"Peu importe..., marmonna-t-elle. Une école restera toujours ... Une école..."
Puis, comme réponse aux dernières paroles de l'homme, elle se leva et se dirigea vers la porte du bureau.
"Et sachez que je ne fais pas cela pour me faire remarquer, ajouta-t-elle. Je n'ai nul besoin d'attention."

TERMINE POUR ELENA

A peine la jeune fille s'était-elle levée qu'il fut enclin à l'imiter, l'accompagnant ainsi jusqu'à la porte. Il l'ouvrit et s'effaça pour la laisser passer au moment où l'enfant se crut bon d'ajouter qu'elle ne cherchait pas à faire l'intéressante.

"Je sais, rétorqua Sykes, tu cherches juste à exister, ce qui est déjà pas mal. Ton tempérament de feu fait de toi une élève accomplie...
Mais gaffe à ce que cela ne te pète pas en pleine figure !".

Il laissa planer un silence :

"Si je dis cela c'est uniquement dans ton intérêt, non dans le mien. N'oublie pas qu'il y a encore des tas d'élèves aspirant à nous rejoindre et à qui nous pourrions donner une chance...
Je serais toi, je me sentirais privilégiée !".

Oui, ça avait été plus fort que lui ! Il n'avait pu s'empêcher de lui faire la morale une fois de plus...
Il lui fit signe de la tête dans l'attente qu'elle passe le seuil et s'apprêta à refermer la porte au moment où il aperçut dans le couloir une jeune fille blonde, aux cheveux emmêlés et au visage bouffi de larmes. Cette dernière leva un regard furibond vers sa petite camarade, croisant ensuite celui du directeur qui entrebailla davantage afin de la laisser passer. La petite Maria le salua timidement juste avant de jeter un nouveau coup d'oeil assassin à Elena Middleton... intention qui fut immédiatement arrêtée par un geste :

"Pas de ça...", glissa le directeur une main posée sur son épaule.

Et il la laissa pénétrer dans les lieux, refermant préalablement derrière eux.
Quelle journée allait-il passer encore ?...

[Fini pour moi ^^. Désolée d'avoir autant tardé pour ma réponse Une conduite inqualifiable [PV Elena Middleton] Icon_redface

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