Cent ans plus tard *Crème solaire même si c'est optimiste, ok, trousse de secours parce que Quentin est un boulet, ok, shampooing le plus important, quand même, ok...*Une plume dans une main, un parchemin dans l'autre, Susan passait une dernière fois en revue la liste des "choses et autres machins à emporter", rayant au fur et à mesure les articles qu'elle avait d'ores et déjà mis dans sa valise. Cette manière de fonctionner avait certainement un petit côté "Mamie part en vacances", mais au moins, elle était assurée de ne rien oublier. Sans compter que son sac était impeccablement rangé
oui être au service du Maître pendant un an donne un sens aigu de l'organisation, ce qui lui évitait d'avoir à se ridiculiser en s'asseyant dessus pour tenter de le fermer. De toute façon, la toute jeune femme n'avait pas eu grand chose à faire : arrivée chez Quentin la veille au soir, elle n'avait pas réellement eu besoin de défaire sa valise avant le départ.
Parce que c'est bien connu, Susan ne se lave pas, dort habillée et ne se brosse jamais les dents, ce n'est pas hygiénique, le dentifrice.Pensive, la rouquine se gratouilla machinalement le menton du bout de sa plume, sans s'apercevoir qu'elle se traçait une petite ligne d'encre noire sur la peau. Elle avait beau avoir bien
ou mal, c'est selon évolué au cours de l'année passée, sa maladresse semblait la poursuivre comme la peste. Elle ne manqua d'ailleurs pas de le prouver une nouvelle fois en sursautant de surprise lorsque Quentin s'adressa à elle.
Hiiii ! Un homme dans la pièce ! Le jeune homme l'avait visiblement tirée de ses pensées au moment où elle s'y attendait le moins et elle laissa tomber son parchemin au sol avec un petit cri étranglé.
- Pardon ? Ah... Oui... Oui... Je suis prête..., assura-t-elle d'une voix étouffée car elle était à présent à quatre pattes sur le sol pour récupérer sa précieuse liste,
Aïe-euh ! protesta-t-elle vivement lorsque, en se redressant, le sommet de son crâne vint heurter le coin d'un meuble qui avait la mauvaise idée de se trouver là.
Quentin, c'est très mal agencé, chez toi.Avec une grimace de douleur, Susan se frotta vigoureusement la tête dans l'espoir de diminuer un peu la taille de la bosse qu'elle sentait pousser sous son épaisse chevelure. En vain, bien entendu. Mais l'effort ne fut pas totalement perdu : si l'hématome n'en tint pas compte, sa tresse, elle rendit les armes sans même combattre et, Susan ne tarda pas à se retrouver totalement échevelée. Parfait. En deux minutes, elle était parvenue à se salir le bout du menton, à jouer les souris effarouchées, à se mutiler (si, si, mutiler, c'est le mot !)
et à se décoiffer. Notez, maintenant qu'elle avait perdu toute dignité avant même le début officiel des vacances, elle n'avait plus à se soucier de donner le change pendant leur séjour au Cottage. A supposer, bien entendu, que Quentin n'avait pas
déjà compris depuis longtemps que la dignité de Susan n'était pas bien épaisse.
Ce fut donc une Susan tout sauf glamour (Quentin :
"Euh... Finalement je ne pars plus..." ) qui traîna sa valise jusqu'au hall d'entrée pour rejoindre Montgomery-Tout-Court-Mon-Amour :
- J'ai sauvé le parchemin, j'ai essayé de détruire un meuble mais il a été le plus fort... déclara-t-elle simplement en enfilant son pull (paaaaf, électrisé, le cheveu),
Je crois que cette tablette sera à jamais dépositaire d'un morceau de moi... Classe, non ? rajouta-t-elle avec un sourire amusé.
*Bon à noter : Quentin possède des meubles visiblement hostiles... Une chance qu'on ne passe pas les vacances ici dites donc !*Elle attrapa ensuite fermement la main de Quentin puisque, en toute logique, c'était à elle de se charger de la partie "transplanage" du voyage... Sauf, bien entendu, si elle voulait finir avec les globes oculaires collés au cerveau, un bras à Londres et l'autre en Ecosse, étant donné que le Serpentard ne connaissait pas du tout le Cottage où ils devaient passer la semaine à venir. Notez, ça pouvait également être une manière originale de démarrer les vacances, mais Susan n'y tenait pas réellement. Sainte Mangouste, elle connaissait et en plus, elle venait de faire don d'une partie de sa tête à un meuble. Trop de bonté tue la bonté.
Sa valise dans une main, Quentin dans l'autre
on se comprend, c'est le principal, Susan adressa au jeune homme un coup d'oeil moqueur :
- Parfaits, hein ? Rien que cela ? Tu as pris des cours de divination accélérés avant de partir ou bien c'est juste une idée ? Non parce que techniquement, on ne sait pas ! Si ça se trouve, mes cousins ont truffé la maison de pièges à loup, ils n'ont plus d'eau chaude, des termites grignotent les poutres, une mouette crevée a atterri dans la cheminée, un... D'accord, d'accord, on y va !Dans un "pop" sonore, tous deux disparurent pour réapparaître, presque instantanément, à des centaines de kilomètres de Londres, sur la côte écossaise, juste devant un cottage aux allures cossues d'où il était possible d'apercevoir la mer. La marée montante avait apporté son lot de nuages avec elle, comme c'était souvent le cas, et une petite bruine pénétrante tombait sur la lande. Frissonnant un peu
paf, un rhube la rouquine se rapprocha de Quentin
rhâ, chaleur humaine et s'empressa de le guider à travers une petite allée de galets polis
ils disent bonjour et tout jusqu'à l'entrée de la maison.
- Pfffiiiou, soupira-t-elle, une fois à l'intérieur,
j'espère que le temps va se lever ! C'est généralement le cas quand la marée redescend, mais on ne sait jamais... J'espère que tu as un parapluie... Sinon mon cousin doit avoir des chapeaux de pluie du meilleur goût qui t'iront certainement à ravir, précisa-t-elle avec amusement.
Oui, parce qu'en matière de chapeaux, le Cousin Edgar avait un goût au moins aussi sûr que Gran' pour le tricot. Demandez à Alban, un peu, pour voir !
Les deux jeunes gens se tenaient dans une salle à manger plutôt petite mais néanmoins chaleureuse et confortable. Edgar et son épouse Magda vivaient en effet seuls dans ce Cottage, aussi n'était-il pas très grand. Mais pour des vacances au calme, c'était l'endroit rêvé ! Or, après neuf mois passés à Poudlard, Susan avait bien besoin d'un peu de tranquillité. Et puis, la faute à la distance et aux nouveaux modes de vie, Quentin et elle s'étaient, au final, plus croisés que réellement vus au cours de l'année écoulée (c'était du moins le sentiment de la rouquine) : une semaine tous les deux ne pouvaient pas leur faire de mal, n'est-ce pas ?
Susan attrapa un bout de parchemin (encore un !) posé sur une étagère croulant sous les livres et parcourut en diagonale la liste des "instructions" qu'Edgar y avait noté de son écriture soignée. On y découvrait, notamment, que les chapeaux de pluie étaient rangés avec les chaussettes, détail qui fit sourire Susan.
- Bon alors la chambre c'est à l'étage... Avec la bruine, on ferait mieux de défaire nos affaires maintenant... En espérant une éclaircie pour la suite ! suggéra-t-elle, en désignant un escalier de bois, situé à l'autre bout de la pièce.