Premier trajet

Oh,Louise n'avait pas vraiment réfléchit à l'age que pouvait bien avoir Lockart... Mais il était vrai qu’en y pensait, il paraissait avoir au moins la trentaine...
Et lui, qui, dans tout ses ouvrages, parlait exclusivement de lui, de ses goût et couleurs favoris, n’avait pas vraiment « précisé » son age... Dans « Moi le magicien » , son dernier ouvrage, il dit qu’il n’a que 29 ans...
Alors que dans un ouvrage qu’il a publié environ deux ans plus tôt, il en avait aussi 29... Alors? Mais peut-être que les sorciers vieillissaient moins vite...

[A y regarder de plus près, lorsqu’on parle un peu anglais, on pouvait deviner qu’il n’y avait pas grand chose à trouver si l’on grattait un peu derrière cette façade de héros aux dents éclatantes. Le nom LOCKHART peut être ainsi interprété : LOCK + HART (à lire HEART). LOCK veut dire mèche, et HEART (ou HART ), coeur. Nous sommes donc en présence d’un être au sourire éternel, un blond idiot dont le nom de famille veut dire ACCROCHE-COEUR (c’est comme ça qu’on appelle "une mèche de cheveux en croc, collée sur la tempe" - Le Petit Robert). Avec son sourire à la présentateur de télé, ses cheveux blonds à frisettes et sa mèche en accroche-coeur, il est le prototype du bellâtre, du "beau-fils idéal", du tombeur de ces dames, une sorte de boy’s band à lui tout seul, un dandy surfait, un charmeur de pacotille, qui mise tout sur l’apparence, un frimeur de seconde zone. Mais son prénom est encore plus parlant : GILDEROY. L’or, en anglais, se dit GOLD ; tout ce qui ressemble à l’or mais n’en est pas, est qualifié non pas de golden (qui brille comme l’or parce que c’est de l’or...), mais de GILDED (qui brille comme l’or mais qui n’est pas de l’or...) Nous avons donc un personnage dont la première partie du prénom veut dire "doré, qui ressemble à l’or, mais pas pur" : soit... du TOC. Il a l’apparence de l’or, mais c’est du faux, du toc, comme le strass est du faux par rapport au diamant. La seconde partie du prénom est ROY : l’ancien mot français pour ROI, restons modestes... Nous sommes ainsi en présence d’un ROI (roy) en TOC (gilded). Celui qui se fait passer pour le roi de ces dames est en fait un souverain en toc, un faux roi, un faussaire de bout en bout, un bouffon de cour chez qui tout est faux, même les exploits !
(c’est pas de moi... Mais j’ai trouvé ça éclatant de génie...)]

Louise se pencha sur les dents de leur futur professeur: - « Vous avez des appareils dentaires chez les sorciers? Ou alors... C’est vrai que c’est vraiment louche... »

Mais en tant que groupie qui se respecte, elle ne se devait pas de critiquer le professeur.

- « Peut-être qu’il a trouvé une méthode pour avoir des dents saines, fortes, et droites... Ou peut-être qu’il a eu de la chance... Et qu’il est né comme ça! »

Elle posa le livre sur la banquette a coté d’elle.

Susan ne s'était jamais vraiment penchée sur les problèmes de dentition chez les sorciers. Ses dents étaient droites sans qu'elle ait eu besoin de passer par un quelconque appareil, une potion ou autre. A nouveau, elle saisit une mèche de cheveux qu'elle tortilla entre son index droit. Martyriser une pauvre mèche avait-il jamais aidé à la réflexion ? Certes non, mais le tic était solidement ancré dans les manières de Susan et au vue de ce qu'était déjà son brusching, un peu de tortillage de plus ou de moins.

Finalement, ne parvenant pas à trouver d'exemple concret de petit sorcier portant bagues, elle haussa les épaules et avoua son ignorance d'un air contrit :

- Je ne sais pas, en tout cas, pas à Poudlard. Je suppose qu'on soigne ça par des sorts ou des potions. Après tout, ce n'est pas parce que tu es sorcier que tu naîs avec une dentition parfaite, n'est ce pas ?

C'était un sujet de thèse fort intéressant : "De la dentition chez les sorciers ou existe-t-il des inégalités dentairement parlant entre moldus et sorciers ?" Une problématique un peu tordue mais néanmoins passionnante. Enfin, pour les aspirants médicomages.
Laissant de côté cet épineux problème - non sans se promettre d'aller faire un tour à la bibliothèque pour piocher quelques ouvrages sur la question, car ouvrages il y avait forcément, n'est ce pas ? - Susan reprit d'un ton pensif :

- Oui, tu dois avoir raison : il doit avoir de la chance, tout simplement. Après tout, il ne peut pas être refait de partout, ça se verrait trop.

Pour la deuxième fois en l'espace de cinq minutes, elle lorgna la photo. Merlin ! Qu'il était prétentieux ce garçon, même son portrait paraissait imbuvable. Une année de cours avec lui risquait de se révéler difficile à supporte. "Moi, moi et re-moi aussi".
Essayant tacitement de changer de sujet de conversation, elle demanda d'un air ingénu :

- Et à part les livres de DCFM, tu as lu autre chose pendant les vacances ?

Dans le monde des moldus, comme dans celui des sorciers, il y avait apparemment des problèmes au niveau dentaires, bien que les sorciers avaient plus de temps pour s'en occuper, étant donné que leurs années passaient moins vite que celle des non sorciers. (Si on en croyait, du moins, les ouvrages de Lockhart...)
De toutes manières, elles n’allaient pas se pencher durant tout le trajet sur les problèmes physiques sorciers... non que le sujet ne soit des plus passionnants, mais il n’offrait que peu de place aux conversations habituellement employée par deux personnes se rencontrant dans en train... Non qu'il n'y avait vraiment de sujet type...
Il était vrai qu'il était beaucoup plus logique de parler d'un livre et d'un auteur qu'elles avaient au programme, plutôt que de disserter sur la métempsycose... Sujet qui aurait été assez cocasse à aborder, surtout pour deux jeunes filles de onze et douze ans. En effet, si la conversation aurait commencé par un "Est ce que tu crois en la métempsycose?", l'une d'entre elle aurait regardé l'autre un sourcil levé et l'autre en train de se demander si elle pourrait sauter par la fenêtre sans se trouver sur les rails et ainsi fuir cette conversation qui n'avait pas lieu d'être dans un wagon qui ne contenait que des jeunes filles dont le centre d'intérêt majeur qui occupait sa courte vie était(je parle surtout pour l'une d'entre elles) « est ce que je vais me faire des amies cette années? » et « Est ce que Lockhart porte ou a porté un appareil dentaire? »
Mais imaginons que toutes deux aient été des génies dignes de passer leur diplôme de médicomage à l’age de 12 ans... l’autre aurait alors répondu « Bien sûr que j’y croit! Peut être que Lockhart était un poisson rouge dans une vie antérieure, ce qui expliquerait le niveau de ses ouvrages. »

Mais quittons ces élucubrations sans intérêt pour le déroulement de notre histoire.

Au lieu de répondre qu’elle avait lu « Du coté de chez Swann », ce qu’elle n’avait évidemment pas fait, malgré que ce livre ne traite pas de métempsycose, elle répondit plutôt, d’un ton enthousiaste.

- « Hé bien oui, vois tu, je me suis penchée sur Mathilda, de Roald Dahl, je crois bien que c’est mon livre préféré, j’adore quand la méchante directrice est tombée évanouie lorsque Mathilda a utilisé ses pouvoirs devant toute sa classe! »

Bon, c’était peut-être plus de son niveau, et il ne fallait pas s’attendre à grand chose de la part d’une fille qui adulait Gilderoy Lockhart.

Ah Proust ! Tout un univers décrié du grand public qui se rend compte, finalement, que la Recherche du temps perdu, c'est long, c'est sinueux mais qu'est ce que c'est bien ! Merci Marcel pour ces instants de bonheur, merci à Deleuze pour ses explications salvatrices et merci aux professeurs de français qui n'ont pas peur de se lancer dans la douloureuse étude de l'Oeuvre. Tout cela serait parfait si seulement...

... Si seulement Susan n'était pas une petite anglaise de douze ans à peine, qui ne connaissait Proust que ne nom (et encore, rien ne peut nous assurer à l'heure actuelle qu'elle ne le prend pas pour un joueur de quidditch de l'équipe de Chibouzi-la-colline-rigolote) et n'avait jamais, ô grand jamais plongé son petit nez en trompette dans un livre aussi épais que celui-dont-on-n'ose-écrire-le-titre.

Si les poissons rouges n'avaient pas un QI de crevette congelée et une mémoire de cactus nain, peut-être seraient-ils en mesure d'être, eux aussi, de grands artistes. Mais le poisson rouge se doit de porter se dure condition de vertébré maritime, condition dont il n'a d'ailleurs pas conscience puisque poisson et philosophie n'ont en commun que quelques lettres.

Susan aurait pu se pencher sur la fantastique question de la Venus d'Ille si elle n'avait pas été bien plus enchantée de parler Roald Dahl. Ses prunelles noisettes s'illuminèrent d'un coup (genre "coup de foudre") et elle s'agita sur son siège avant de renchérir d'un ton ravi :

- Oh oui ! J'adore cet auteur ! Mathilda est un de mes livres de chevets en fait... Mais j'ai un faible pour Sacrées sorcières... L'accent italien de la Grande Sorcière me fait toujours rire.

Elle se tut une courte seconde, le temps de se remémorer (vachement rapide, la Susan !) le "Oune bonbon et Oune chocolat" du livre. Finalement, elle reprit :

- Les Lewis aussi sont biens, Les chroniques de Narnia j'entends. Très chrétien mais vraiment bien !

D'après de nombreux scientifiques, les poissons rouges ont une mémoire de 3 secondes. Mais la question qu'il faut se poser est? Comment l'ont ils découvert? En effet, cette affirmation n'est-elle pas tout bonnement un propos discriminatoire contre cette espèce aquatique, sous prétexte qu'elle à ses écailles d'un plus beau rouge (ou d'un plus beau or, car n'oublions pas qu'en anglais, on les appelle "goldfish") qu’eux même n’en trouverons jamais dans les meilleures boutiques de pulls en cachemire (faits main, tout de même...)
Car celui qui a dit que le poisson rouge avait une mémoire vive de trois secondes a t-il passé des heures, que dis-je, des jours, des mois, des années, posté devant un bocal avec deux chronomètres? Et il lui a fait quoi, hein, des tests de QI? Si le poisson rouge avait une mémoire de trois secondes, alors pourquoi ne cherche t-il pas de la nourriture après avoir fini celle tombée dans son bocal?? Alors, mes amies, je vous dit: révoltons nous, et fondons la [b]LPPPRIJ (Association de Protection Pour les Poissons Rouges Injustement jugés!) et révoltons nous! Pour que les poissons rouges aient les mêmes droits et la même adoration que leurs confrères surgelés les poissons Panés!

Mais ne nous laissons pas aller à la propagande...
Entendant la réponse de Susan, Lou su qu’elles étaient faites l’une pour l’autre: cette fille deviendrait sa nouvelle meilleure amie. Elle laissa échapper un sourire de pure extase juvénile en entendant la réponse de Susan.

- « Oh, si l’on continue sur les Dahl, j’ai adoré James et la grosse pêche! Mais la fin était un peu trop simpliste à mon goût... Sacrées sorcières était pas mal, mais les souris, ça n’a jamais été mon truc... »

Lorsque Susan aborda le sujet de Narnia, l’on vit passer comme une lueur de... vide profond, dans l’esprit de Louise... Comme si un instant elle avait cessé de penser.

- « Je ne l’ai pas lu: en réalité, j’ai tous les volumes dans la bibliothèque de ma maison de campagne, située à Neitherfield... tu connais? Mais les livres étaient si gros que je n‘ai pas eu le courage d‘en commencer un...»

Il fallait noter que, si Louise Anderson avait eu la culture disons... D’une jeune fille romantique de 15 ans, elle aurait su que Neitherfield était LE lieu ou s’étaient rencontrés Darcy et Elisabeth, le couple mythique de Jane Austen... Mais ayant une culture propre à une fillette de 11 ans qui pensait il y avait à peine un an que le père noël existait, il ne fallait pas trop en demander, et pour elle, a maison familiale était juste le lieu ou elle pouvait passer ses vacances d’été au bord de la piscine...

Le poisson rouge est un gourmand. Malheureusement pour lui, sa pitance dépend de la main qui le nourrit pour la majorité de l'espèce (essayez de déviser avec des nageoires un flacon de nourriture odorante). Le poisson rouge a donc apprit à la jouer finaude. L'adorable petite bête visqueuse se lance contre sa vitre d'aquarium en agitant avec ardeur sa queue vers le réservoir à miettes de produit de la mer autrefois identifiables mais plus maintenant. Et l'humain bêta se laisse prendre aux pièges. Un habile poisson peut se faire nourrir une dizaine de fois dans la journée.

Mais le poisson rouge est avant tout un petit être avide d'aventure. Rester enfermer toute la journée dans un espace réduit au milieu d'une eau saumâtre à tournoyer entre deux plantes en plastique moisies ne fait pas son affaire. Alors il tente de fuir. Et finit inexorablement par mourir, agité de soubresauts ridicules, sur le carrelage blanc d'une cuisine, entre un réfrigérateur et un pied de table. Parfois, l'humain a le temps de le replonger dans son eau avant que l'instant fatidique mettant fin à la triste existence du poisson ne vienne mais les évasions ayant la plupart du temps lieu la nuit, c'est le cadavre de feu poisson que l'on retrouve en se levant au petit matin.

Et les enfants de pleurer à chaudes larmes le poisson bien aimé. Certains petits ont parfois l'altruisme d'abréger la vie pitoyable de la bête en ayant recous à des subterfuges divers et efficaces. Qui ne se souvient pas de la chasse d'eau tirée ? Du poisson nourrit au pop-corn ? Des pinceaux rincés dans l'eau de son bocal ? De la bouillore emplie d'eau brûlante versée dans l'aquarium (et le poisson de bouillir) ? L'altruisme conduit souvent à la cruauté.

Qu'importe, Susan n'avait pas de poisson ! Juste une chouette effraie qui n'effrayait plus grand monde tant elle commençait à se faire vieille. Le volatile avait été la fidèle amie de la cousine Alanis de Susan, laquelle cousine, à vingt ans passés aujourd'hui, s'était offert un hibou plus jeune avant de donner Clarissa à Susan qui entrait justement à Poudlard.

Clarissa... Comme Clarissa Dalloway. La chouette n'avait en commun avec l'héroïne de Woolf que le prénom. Il n'en restait pas moins que le jour où Susan plongerait son nez dans Mrs Dalloway, sa vision de la chouette changerait à tout jamais. Mais pour l'heure, l'ouvrage était bien trop compliqué pour une fillette de douze ans et, somme toute, bien trop austère.

Si Jane Austen se révélait plus légère, elle était encore inconnue du public Susan. La période "Fleur bleue" de la jeune sorcière n'était pas encore commencée et elle ne s'intéressait pas d'assez près à la société anglaise du XVIIIème/XIXème pour avoir ouvert un des romans de l'auteur... En réalité, le seul grand classique anglais qu'elle ait jamais lu était Jane Eyre . Elle avait neuf ans alors et en gardait un souvenir flou mais agréable. Néanmoins, il y avait fort à parier que le côté agréable dudit souvenir provenait essentiellement du fait que le livre avait été lu durant une chaude nuit d'été, à l'insu des parents, d'où un merveilleux sentiment de dépassement des règles établies additionné au frisson de se savoir la seule éveillée.

En attendant qu'elle ait l'âge de quitter la littérature enfantine, Susan était enchantée de la tournure que prenait la conversation et commençait à espérer sincérement que Louise se retrouverait à Poufsouffle (ou, du moins, pas à Serpentard). La fillette souriait largement et elle poursuivit :

- Oh oui ! James et la Grosse Pêche est vraiment bien mais la fin est, en effet, trop simplette... Tu savais que des livres contenant des recettes de Roald Dalh comme les glaces de W.Wonka avaient été publiés ? Cet été, j'ai essayé de faire le gâteau au chocolat de Legourdin... C'est un peu lourd à digérer mais tellement bon...

Elle revoyait de là les deux tablettes de chocolat et les six oeufs qui avaient été nécessaires à la préparation du gâteau. Et ne parlons pas de la plaquette de beurre, c'est indécent !
Elle secoua la tête pour en chasser sa rêverie culinaire avant de reprendre :

- Non, je ne connaîs pas, c'est bien ? Mes parents ont une maison du côté de Winchester, c'est le lieu de rencontre de la famille pendant les vacances.

La fillette eut une brève moue au souvenir de ses cousines Magda, Leanora et Vickie, trois pétasses blondes, grandes, aux sourires éclatants qui traitaient leur petite cousine avec un dédain moqueur douloureux pour Susan.
Préférant ne pas y penser, elle poursuivit :

- Oh ! Je pourrais te les prêter si tu veux... A part ça, j'ai commencé à lire un peu de Charles Dickens. A Christmas Carol, c'est relativement court et très agréable à lire, même si, bien entendu, ce n'est pas trop de saison...

Quoique Noël viendrait vite maintenant que l'année scolaire était à nouveau en route. Noël et sa cohorte de boule de neige, de cadeaux, de pull à col roulé et de rhumes. Une chouette période en fait.

Quand aux romans d’époque, Louise avait commencé quand à elle à lire non pas Jane Eyre, mais l’ouvrage de la soeur de l’auteur, « Les hauts de hurlevent ». Ben entendu, elle ne l’avait pas terminé, car elle n’avait pas pu admettre le fait qu’une fille aussi belle et promise à un si grand avenir, puisse tomber amoureuse d’un être sans foi ni loi tel que Heathcliff, ce type qui n’était qu’assoiffé de vengeance. Mais cette histoire, du moins le peu qu’en avait lu Louise, l’avait marquée à vie, et elle avait nommé ses deux poissons rouges Cathy et Heathcliff.
Des noms pareils étaient vraiment bien trouvés, c’était du pur génie. Il était évident que toutes les femmes de l’époque d’Emily Brontë avaient appelé leurs filles Cathy, ou du moins Catherine, car Catherine et Heathcliff, que de noms battant le romantisme à plein fouets, pétillants d’amour.
Lorsqu’on ouvrait un livre où les personnages se nommaient Heathcliff et Cathy, on ne pouvait qu’entendre un appel à une histoire d’amour tumultueuse et pleine de passion. Alors que si l’on trouvait un ouvrage avec une Denise et un Robert, le coté romantique s’envolait par la fenêtre en battant de l’aile plus vite que la pensée.

Les deux poissons de Cathy s’étaient suicidés, tels Roméo et Juliette, ou encore Telma et Louise, si l’on plongeait dans un chapitre un peu plus moderne: se prenant tous deux par les nageoires, ils avaient faits le grand saut, et tous deux s’étaient faits croquer par Hindley, le chat de la maison, avant que Lou aie pu l’en empêcher.

Mais revenons à nos moutons. Lou, lorsqu’elle entendit parler des délices de Willy Wonka, eut les yeux brillant et l’eau à la bouche.

- « C’est vrai??? Trop génial! Tous ces délices qui fondent sous la langue, les barres de chocolats qui ont des goûts tellement variés que certains sont inconnus de la plupart des gens! Et le gâteau géant qui m‘a fait rêver pendant des semaines! Qu’est ce que j’aurais voulu être à la place du petit garçon! Même si ce qui lui arrive après est moins marrant. »

Louise avait toujours été une incorrigible gourmande...


- « Netherfield est un village paumé, mais il y des superbes maisons et puis les voisins sont très gentils... Winchester, c‘est pas l‘endroit ou il y a une équipe de foot? »

Elle ne savait pas que les sorciers ignoraient tout du monde moldu.
Elle s’exclama lorsque Susan se mit à parler du celèbre ouvrage de Dickens.

- « Moi aussi je l’ai lu! D’ailleurs, cette histoire doit être mondialement connue! Moi aussi j’aurais voulu que des fantômes me montrent mes passés, présents et futurs si je suis méchante... »

Un jour, une institutrice un peu fleur bleue de l'école primaire que Susan fréquentait avait confié à Mrs Barnes, maîtresse de Susan alors, que toute jeune fille lisant Les Hauts de Hurlevent tombait immédiatement amoureuse d'Heathcliff (notons la composition du nom : lande et falaise si mes souvenirs sont bons !) . La fillette avait trouvé l'affirmation ridicule : comment pouvait-on s'enticher d'un être de papier ? Elle n'avait pas lu le chef-d'oeuvre d'Emily Brontë, mais si ç'avait été le cas, elle aurait probablement détesté le caractére de Catherine, la mère comme la fille, d'ailleurs, et plaint Heathcliff, pauvre inconnu qui ne parviendra jamais à s'intégrer dans le monde qui le recueille, tant parce qu'il est repoussé que parce qu'il s'en isole lui-même. Vive Nelly et sa mentalité de bonne campagnarde anglaise, peu cultivée mais pleine de bonne volonté.

Plus classique, les poissons de Susan s'étaient nommés Roméo et Juliette, quoiqu'elle eusse préféré Ophélie et Hamlet ou encore Antigone et Créon et aussi Shrek et Fiona... Le problème étant qu'à l'époque, elle avait quatre ans et que Shakespeare était presque un inconnu pour elle, alors ne parlons pas de Sophocle ou d'Anouilh.
Bref, toujours est-il que Roméo avait bouffé Juliette, ce qui nous conduit à la conclusion suivante : le poisson rouge n'a qu'une conscience étroite de la notion d'Amour, la survie passe avant tout (tant de sauvagerie chez nos amies les bêtes !).

Susan avait beau avoir un appétit d'oiseau-mouche, elle était, à l'instar de Louise, une gourmande avouée. A l'évocation des délices de Dahl, elle sentit l'eau lui venir à la bouche. Il passait bientôt le charriot de friandises ?

- Je pourrais te donner les recettes si tu veux, on pourra peut-être même s'essayer à l'art culinaire selon Roald Dahl aux cuisines de l'école (HJ : Très sincérement, si tu veux ces recettes, je peux te les envoyer par MP).

Les elfes ne verraient certainement aucun inconvénient à ce qu'elle utilise une toute petite, minuscule partie de la cuisine, n'est ce pas ? Après tout, elles ne prenaient pas de place, à 11 et 12 ans.

- En attendant, tu vas pouvoir tester les bonbons sorciers, c'est sympa aussi !

Enfin, à suppposer qu'on ne tombe pas sur un Bertie Crochue fourré avec un TTMEPI (Truc Très Mauvais Et Pas Identifiable). Mais laissons à Louise la joie de découvrir seule les surprises - pas toujours bonnes - de Bertie.
Susan avait grandi dans un monde sorcier ouvert sur l'univers moldu. Elle n'appréciait pas particulièrement le football mais connaissait, ne serait-ce que parce qu'en primaire, pour développer ces petits corps malingres, les professeurs prenaient un malin plaisir à faire courir les gamins derrière des ballons, voire même à organiser des compétitions entre les écoles.

- Euh... Je ne m'intéresse pas trop au football, à l'école, les autres me mettaient toujours dans les buts... Par contre, il y a une très belle cathédrale et la Table Ronde du roi Arthur.

Ou l'art de vanter une bourgade. "A votre gauche, admirez le supeeeeerbe magasin de jouets dans lequel vous pouvez trouver de quoi faire le bonheur de vos enfants".
Susan ne s'attarda pas sur Winchester, toute ravie qu'elle était de découvrir que Louise partageait encore une de ses lectures :

- Oh oui ! C'est sans doute un peu effrayant mais au moins, à la fin, il mène une vie bien plus saine qu'au début du livre ! Je ne sais pas si les fantômes de Poudlard ont des pouvoirs en divination.

Louise, entendant parler du fait qu'elles aussi pourraient pratiquer la cuisine de Dahl, s'agita de bonheur sur sa chaise;

-"C'est vrai? Tu penses que l'on pourrait faire ça? Ce serait fantastique!"

[hj: J'en serais ravie! J'en ai un peu marre de faire la même recette de madeleines dès que j'ai envie de faire un gâteau...]

Bien que l'on ne pouvait pas l'affirmer à première vue en entendant la conversation des deux fillettes, le mot "Fantastique" était l'un des mots favoris de Louise, et faisait partie entière de son vocabulaire enfantin. Elle s'arrangeait toujours, même sans le vouloir, pour employer ce superlatif dans une conversation...
Entendant parler de bonbons sorciers, elle haussa un sourcil étonné:

- « Vous... Enfin, les sorciers ont des bonbons spéciaux? Heu... Je veux dire... Ce sont bien des bonbons composés de sucres non? »

Comme toute personne ne faisant pas partie du milieu sorcier, elle était pleine de préjugés, et se demandait surtout si les bonbons en questions n’étaient pas faits avec de la bave de crapaud, ou un mets tout aussi peu ragoûtant. Mais une partie d’elle même lui disait que, puisque Louise était aussi sorcière, et qu’elles venaient de parler des merveilles de Willy Wonka, et autres pâtisseries Dahliennes, elle n’avait peut-être pas à s’inquiéter...

- « Moi non plus, je n’aime pas trop le foot en réalité, mais je connais la zone rien qu’à cause de ça » sourit elle « Si c’est un lieu ou se dresse la table du roi Arthur, je suis sure qu’il vaut la peine d’être visité! »

Petite, Louise avait toujours rêvé de faire partie de la table ronde. Pourquoi? Parce que les diverses aventures que l’on lui contait enfant avaient de quoi éveiller l’imagination la moins développée... D’ailleurs, elle avait passé toute l’année de ses cinq ans à guetter le haut des rochers (depuis les épaules de son papa ) dans le but d’apercevoir enfin la célèbre Excalibur...

Les histoires moralisatrices étaient en fait courant il y a une certaine époque: Outre Dickens, l’on pouvait trouver dans les nombreux ouvrages « Pour enfants sages et moins sages » de la Comtesse de Ségur, (née Rostopshine) des leçons telles que « il faut être charitable », « voler c’est mal », « mentir à sa maman c’est encore pire » et surtout « la gourmandise est un vilain défaut.
La mère de Louise, française (bien qu’elle faisait tout pour cacher ses origines, pour une raison connue uniquement par elle même) avait longtemps lu « les malheurs de Sophie », « les petites filles modèles » et « les vacances », à sa fille, pour lui apprendre la dure réalité de la vie... D’ailleurs, ces fameuses histoires étaient encore ancrées dans l’esprit de la jeune Louise...

- « Il y a des fantômes a Poudlard??? Ils sont méchants? » S’exclama Louise, un air horrifié sur le visage.

Susan a-do-rait les histoires basées sur la table ronde. Elle pouvait passer des heures devant ladite table, d'ailleurs, quand elle était en vacances à Winchester. Chaque année, elle tânait le reste de la famille pour y aller presque tous les jours. A sa plus grande joie, ses parents, lassés de devoir se coltiner pour la énième fois la visite de la chapelle et surtout, la sympathique montée qui conduisait à ladite chapelle, l'avait autorisée à s'y rendre seule l'été dernier. Autant dire que la jeune sorcière avait passé des heures entières à rêver devant la table.

Il y avait quelques années, son père lui avait lui la série des Dames du Lac, de Marion Zimmer-Bradley. Un ouvrage un peu complexe pour une fillette de sept ans alors mais Mr Bones estimait qu'il était de son devoir d'ouvrir sa fille le plus tôt possible à la plus grande légende de la littérature anglaise. Et grand bien lui en prit. Susan avait été littéralement emballée par l'histoire et pendant longtemps, son grand jeu avait été de s'imaginer qu'elle était Morgane. Encore aujourd'hui, elle ne désespérait pas de trouver l'entrée d'Avalon. Si les sorciers existaient, pourquoi pas les fées ? Et puis, toute légende part d'une vérité, non ?

- Oh oui, a priori, les elfes de maison adorent servir tout le monde, ils ne s'opposent jamais aux désirs des sorciers... Et je ne pense pas que la direction y voit un inconvénient, après tout, ce n'est pas comme si on préparait une potion dans les toilettes !

Elle se tut une courte minute et tendit inconsciemment l'oreille dans l'espoir de percevoir le bruit de la clochette qui lui annoncerait que le charriot de bonbons était en passe de venir visiter leur compartiment. Mais le bruit qui régnait dans le couloir, où beaucoup d'élèves semblaient mener une réunion tupperware, ne permettait pas de discerner ladite clochette.

- Oh, les friandises sorcières sont délicieuses, assura-t-elle avec enthousiasme, à part un ou deux parfums originaux...

Elle préféra ne pas s'étaler sur la question et prit saisit la balle au vol quand Louise parla de la table ronde. Tentant de modérer son enthousiasme, elle s'exclama avec animation :

- Oh, c'est tellement beau ! Et les jardins de la reine Eleonore, derrière la chapelle, sont superbes... Tu t'intéresses à la légende du roi Arthur ?

Non, ça serait trop beau ! Elle ne pouvait pas être aussi fantastique que cela, si ? Susan n'osait pas trop l'espérer. Sa première année à Poudlard s'était déroulée sans heurt mais elle n'y avait pas vraiment construit d'amitié solide. Certes, elle avait rencontré des élèves avec qui elles avaient des affinités mais en général, c'était resté de la bonne camaraderie. Le fait ne la gênait pas outre mesure mais elle se prenait parfois à souhaiter avoir quelqu'un avec qui elle avait plus points communs, ou plutôt, avec qui elle avait un réel plaisir à discuter et ce quelle que soit son humeur.

- Oh, les fantômes sont vraiment gentils tu sais, il faut juste éviter d'en traverser un, c'est assez désagréable. Il y a un fantôme pas maison... Et puis il y a Peeves, l'esprit frappeur, lui, il est vraiment insupportable, il adore enquiquiner les élèves. Le seul qu'il respecte, c'est le professeur Dumbledore. Sans ça, il y a Mimi Geignarde, elle hante les toilettes des filles et crée souvent des inondations.