Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Mer 3 Fév - 23:18
Vulgaire? La fille? Du point de vue d'Heaven, sans doute. Du sien, c'était moins sûr quand même. Enfin, il n'allait pas se risquer à lui expliquer sa façon de voir les choses. Ce n'était vraiment pas le moment. Et puis sérieux, de la serveuse, il s'en foutait royalement. Qu'elle aille au diable! Mais enfin Gibs, pourquoi tu t'énerves? Je ne m'énerve pas. Je constate qu'on perd du temps avec cette nana qui ne vaudra jamais Heaven, Dawn ou encore Daphné. Il était agacé intérieurement, mais comme à son interminable habitude, il restait stoïque. Qu'est-ce que papa Gibson serait content de son fiston! +sbaff+ Bon...peut-être pas tout à fait. Parce que Papa Gibs avait peut-être une multitude de défauts, mais il n'en était pas moins un homme fidèle. Ouais, ça en bouche un coin! Alors il n'aurait pas du tout approuvé de savoir son fils avec sa... « maîtresse » -quoi que techniquement, ce n'était pas tout à fait ça- plutôt qu'avec sa véritable compagne. Oui, mais voilà, Papa Gibs' n'étant pas là, Raphaël faisait ce que bon lui semblait. Il aurait pu être marié avec une Sang-de-bourbe -beurk- et avoir une dizaine de maîtresses, ça ne changerait rien au fait qu'il était maître de son destin et que Monsieur Julian Gibson pouvait rester à la tête de son Ministère, il n'avait pas besoin de lui.
En tout cas, rien à voir, mais Raphaël était soulagé qu'Heaven n'ait pas fait d'esclandre. Peut-être qu'elle murissait enfin de compte. Ouais...enfin il restait sur ses gardes. Elle n'avait que 15 ans. Il le savait pourtant son âge, mais cette pensée l'horrifia. M*rde, mais à quoi il pensait? Heaven...15 ans...mineure...! Mais où avait-il la tête? La seule chose dont il avait envie? Dire à son ex-protégée qu'il avait une répétition avec le groupe pour leur prochain concert et qu'il était déjà en retard. Ou bien qu'il avait des copies à corriger -pfff, l'excuse de m*rde-...ou bien qu'il était attendu à un mariage. Pas le sien, hein. Mais être ailleurs plutôt qu'en face d'Heaven. Cette dernière n'étant pas née de la dernière pluie non plus, elle laissait entendre que lui aussi savait pourquoi ils étaient là tout les deux. Il n'en resta pas moins silencieux, ne préférant rien dire pour le moment. Bon...il était conscient du problème qui les liait. Mais qui sait si elle n'avait pas tout simplement voulu avoir de ses nouvelles? Ou de lui parler de quelques incidents personnels. Ou bien recherchait-elle des conseils, une aide de quelqu'un en qui elle avait confiance? Ouais...enfin confiance...Après ce qu'il s'était passé en février dernier, il doutait encore qu'elle lui fasse si confiance que ça.
Il est vrai qu'il n'était pas passé par quatre chemins pour s'adresser à elle. Dans un sens, ça ne lui ressemblait pas trop de tergiverser cent-sept ans et puis c'était mieux ainsi. Mais oui, il savait pourquoi il était là au fond. Il l'avait su au moment où il avait eu la lettre de la jeune Clarks entre les mains. Et rien à voir avec ses dons. C'était juste son intuition. Son instinct qui lui disait que si Heaven tenait à le revoir, c'était parce qu'ils devaient tout les deux parler. Et de quoi pouvaient-ils parler alors qu'ils ne s'étaient pas vu depuis des mois? De ce qu'il s'était passé entre eux le 14 février dernier bien sûr. Non mais ça Raphaël le savait parfaitement. Ce qui l'agaçait c'était plutôt parce qu'il ne savait pas comment réagir. A quelle situation ferait-il face? A une Heaven prête à oublier cet incident ou bien à...se lancer dans une aventure que tout deux ne contrôlerait pas. Cri d'effroi dans sa tête. Horreur! Le contrôle! Ne pas perdre le contrôle! C'est pas possible...en fait il le savait, il n'y arriverait pas, il ne pouvait pas. Qu'est-ce qu'il aurait été heureux à cet instant s'il ne devait s'occuper que des prochains accords à apprendre pour accompagner le groupe de sa basse. Il n'aurait pas à se prendre autant la tête. En réalité, l'héritier Gibson était prêt à affronter une dizaine de Nate et de Keira en même temps -quelle bravoure!- plutôt que d'affronter Heaven, dans ce café. C'est là qu'on voit que les hommes ont un courage sans nom, hein!? Toujours prêt à tout affronter!
Et pourtant le fils Gibson, bien que Serpentard, n'avait jamais été un de ces poltrons qui se cachaient derrière leur nom ou leur maison. Il n'avait jamais craint l'adversité. La Bataille finale de Poudlard ne l'avait pas effrayée. Bien au contraire. Une adrénaline salvatrice l'avait accompagné à chacun de ses pas. Alors pourquoi était-il capable de combattre des mangemorts sans ciller et préférait battre en retraite lorsque ça devenait trop sérieux avec la jolie brune? Il n'assumait pas, voilà tout. Depuis février, il n'avait plus voulu repenser à cet épisode de sa vie. Il avait gardé ses distances envers elle. Il ne l'avait pas contacté et elle non plus. Par contre, il s'était tenu au courant. Il avait toujours une ou deux sources prêt à le rencarder sur les faits et gestes d'Heaven Clarks. Il n'avait pas voulu la perdre totalement de vu, même s'il sentait mieux quand elle n'était pas là. Pourquoi? Parce sa présence était comme...c'était comme si Heaven était un aimant et qu'il avait du mal à résister à la gravitation qu'elle exerçait. Alors pour son propre bien, il préférait se tenir à l'écart d'elle. Il pensait que c'était la meilleure solution et à ce jour, cette décision s'était révélée la bonne.
Raphaël, néanmoins, avait bien du mal à garder ses distances. A se dire qu'il s'agissait d'une adolescente. Qu'ils avaient beau se côtoyer, se frôler, ils n'arriveraient jamais à être plus que...que quoi? Des amis?! Lui-même avait du mal à s'accrocher à ses propres mensonges. Parfois il était sûr de lui, de ses choix et jurait qu'il ne reviendrait pas en arrière. Et l'instant d'après, il doutait, se trouvait risible de se torturer ainsi pour une fille. S'il seulement il avait écouté son père. Ça sert bien un père parfois. Au lieu de n'en faire qu'à sa tête, il aurait au moins dû appliquer sa façon de voir les choses. Ne pas s'attacher sentimentalement à une femme. Certes, ça paraissait simple comme ça, mais l'héritier Gibson n'avait rien prévu ou calculé. Ca lui était tombé dessus comme une masse et il ne cessait de se débattre pour s'en dépatouiller. Et quand il pensait avoir réussi à se dégager, elle tentait de la rattraper. Et même si parfois ça semblait perdu d'avance, il ne baissait pas les bras. Il avait toujours été fort de nature. Que ça soit physiquement ou mentalement. Alors pourquoi Heaven prenait-elle un malin plaisir à le perturber ainsi?
Fixant les yeux vairons de son ancienne camarade, il percevait son stress mais ne fit rien pour l'apaiser. Ce n'était pas vraiment le moment. Il ne laissa rien paraître lorsqu'elle prit la parole pour aborder le sujet qui les concernait. Il avait l'impression que ce n'était pas réel. C'était étrange. Dans tous les sens du terme en plus. Qu'elle ose enfin parler! Qu'elle sous-entende ce qu'elle avait sur le cœur. Mais surtout qu'elle s'ouvre à lui. Ces derniers temps, elle avait eu bien du mal à le faire. Excepté ce fameux été où il l'avait invité après la bataille de Poudlard. En même temps, le fait de ne pas se voir ne favorisait pas les confidences. Le début de sa remarque le laissa impassible. Le milieu lui permit d'appréhender la suite...et ses derniers propos lui firent avoir un infarctus. Ou presque! Avait-il bien entendu? Jusqu'à preuve du contraire, il avait une très bonne ouïe et il comprenait parfaitement sa langue maternelle.
Il sentit sa main droite se serrer pour former un poing. Mais nulle envie de cogner qui que se soit. C'était juste un moyen de contrôle imperceptible pour le commun des mortels. Mais peut-être pas pour Heaven. Une partie de lui-même avait attendu qu'elle lui déclare enfin qu'il était indispensable dans sa vie et de l'autre...il aurait souhaité qu'Heaven lui dise qu'elle avait marre de l'avoir sur le dos et qu'elle passait à autre chose. Face à la déclaration de la jeune fille, il avait su se montrer impassible, mais son regard s'était allumé d'un éclat qu'il n'avait pas réussi à contrôler. Il avait même senti son estomac se contracter. Ennuyé, cette petite étincelle ne semblait pas vouloir quitter son regard. Après quelques courtes secondes, il reprit le dessus et continua de fixer Heaven. Il ne l'avait pas lâché des yeux. Que pouvait-il faire? A un moment, il avait eu l'envie de se rapprocher d'elle et de la prendre dans ses bras comme pour la réconforter, mais évidement, il s'en était abstenu. Que pouvait-il dire? Qu'elle était importante pour lui et qu'il se sentait perdre le contrôle quand elle était là? Gibson n'était pas un sentimental. Il avait fait des efforts avec Daphné pour lui montrer qu'il l'aimait par des mots et des gestes tendres. Mais au fond, il savait que cette facette de sa personnalité était tout simplement brimée par deux raisons: son éducation et le fait qu'il soit un homme. La première trouvait sa source chez son père. La deuxième en lui-même parce qu'il était censé être celui qui restait de marbre. Pas celui qui criait sur tous les toits qu'il aimait telle personne. Pas très démonstratif en fait.
Le pire? Il devait parler. Bah oui, c'était à son tour de dire quelque chose. Le problème...c'était qu'il ne savait quoi dire. Enfin, techniquement, il savait. Mais il ne se voyait pas le lui dire de vive voix. Il cherchait ses mots, tentant de formuler des propos cohérents mais nuancés. Un peu comme s'il entamait une guerre et qu'il n'en connaissait pas la cause. Enfin...à peu de choses près. Il craignait plus les blessures en cours de route et donc les conséquences de cet affront. Lui aussi avait tenté d'oublier. Et d'ailleurs, à certains moments, il y était parvenu sans problème parce que son quotidien était bien rempli. Et puis tout à coup, elle se rappelait à lui par des détails plus ou moins flagrant. Déjà, rien que de voir Nathanael en cours ou aux répétitions lui rappelait Heaven. Ils étaient de la même « famille » à présent. Ou parfois, lorsqu'il croisait dans la rue une fille menue et brune, vêtue d'une jupe courte, il pensait à la Serpentard. Et comme ça l'agaçait, il faisait tout pour zapper.
Il poussa un soupir, se triturant les méninges.
« C'est pour ça que tu as autant maigri? »suggéra-t-il, avant de reprendre la parole pour ne pas lui laisser le temps de répondre. « Non, ce n'est pas un reproche. Je sais que tu ne vas pas bien. »précisa-t-il, ne voulant aucunement que leur discussion prenne cette mauvaise voie.
Il ne faisait que constater. Ce n'était pas un blâme. Il changea aussitôt de sujet pour lui prouver qu'au final, même s'il l'avait remarqué, il préférait reprendre le vrai sujet là où il l'avait laissé.
« J'aurai pensé que tu avais oublié. Ou du moins voulu tourner la page vu que nous sommes respectivement pris...et que nous ne nous étions pas contactés depuis. »dit-il d'une voix posée, neutre.
Il marqua un temps d'arrêt. Il en avait besoin en fait. Pour ordonner ses propos, pour trouver le courage d'en dire un peu plus. Pour se donner la force de ne pas faire machine arrière même si sa conscience lui hurlait de renoncer, de ne pas en dire davantage.
« Je n'ai pas oublié non plus.*Silence*J'ai tenté d'oublier moi aussi, avec plus ou moins de succès...»
Car à chaque fois qu'il ouvrait la bouche pour laisser filtrer un mot, il avait cette horrible culpabilité qui le tenaillait vicieusement. Cette impression -à juste titre d'ailleurs- de trahir un peu plus celle qui partageait sa vie. De plus, à qui pouvait-il se confier? Sam lui donnerait que des conseils pourris. Quentin crierait « à l'horreur », pas d'une grande aide. Myrielle l'assommerait peut-être pour lui remettre les idées en place. Dawn aurait peut-être été la plus apte à lui donner un conseil. En gros, il était seul dans ce bourbier. Il devait donc prendre ses responsabilités.
« ... »
Facile à dire de prendre ses responsabilités! En même temps, Heaven avait eu du courage de se dévoiler ainsi. Possédait-il le même courage? Combien de temps encore allait-il fuir?
« Je voudrais pouvoir trouver une solution à tout ça, mais j'ai...j'ai toujours cette désagréable impression que quoi que je fasse, il n'y en a pas. »avoua-t-il en finissant sa phrase par un bref soupir avant de reprendre.« Ta lettre...ça m'a peut-être surpris sur le coup, mais au fond je savais depuis le début que le temps des explications viendrait. »
Il marqua encore un nouveau temps d'arrêt. Il est doué pour ça lui.
« Écoutes Heaven, j'aimerai avoir la solution. Celle qui tombe soudainement du ciel et rend la vie bien plus facile. Tu exerces... »
*silence*
Non, mais il n'allait pas bien ou quoi? Il était prêt à lui déclarer qu'elle avait une certaine emprise sur lui. Et bien que ça soit vrai, il avait bien trop d'ego pour le dire à voix haute.
« Je ne peux nier que notre relation a pris une toute autre tournure en peu de temps. J'ai essayé de remédier à cela. Vraiment. Jusqu'à me demander si te fuir ne serait pas mieux pour nous deux. Et puis...je me suis rendu compte que tu avais pris une place bien trop importante dans ma vie pour que je t'en évince. »déclara-t-il enfin, sentant sa main se crisper de nouveau devant l'effort qu'il faisait pour laisser parler un peu plus ses sentiments et moins sa raison.
Ca faisait beaucoup pour lui d'un coup. Les aveux d'Heaven et sa propre « déclaration ». Ses propos n'étaient pas des plus explicites, mais la Serpentard et lui se connaissaient bien pour qu'elle les interprète à bon escient.
Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Dim 7 Fév - 23:31
Heaven n’avait pas manqué la lueur qui était née dans le regard gris-vert de son compagnon, mais dans ses yeux tout pouvait avoir tellement de nuance qu’elle n’avait pas su comment interpréter cet éclat. Et elle n’avait pas non plus répondu à la remarque de l’anglais sur sa perte de poids. Il l’avait remarqué, bien évidement… Comme toujours, elle en avait presque l’habitude. Elle ne pouvait rien lui cacher, et en soit cela pouvait s’avérer… excitant. Cependant, tout était bien compliqué entre eux deux… Pourquoi l’amour ne pouvait-il pas être simple, plutôt que source aux prises de tête ?! Non mais c’était vrai quoi ! C’était un tueur doux et silencieux ! Et bizarrement, tout le monde semblait l’adorer… Tout le monde était donc maso ! CQFD ! « Je n’ai pas la science infuse, et trouver une solution simplement en claquant des doigts m’est impossible… Mais je ne veux pas laisser tomber… Quitte m’amocher sérieusement… » Elle se battrait jusqu’à la mort s’il le fallait ! Si elle ne trouvait aucune solution valable pour qu’ils puissent vivre tranquillement (et ensemble de préférence), elle pourrait aller jusqu’au bout du monde… Peut-être était-ce un petit peu abusé, et un peu utopique, mais bon… Rêver un peu ne faisait pas de mal ! Et puis pour lui, elle avait quand même grandement changé ! Elle s’était assagit, s’était calmé, et ne faisait plus de crise de jalousie pour un oui ou pour un non… Elle s’énervait moins vite également, c’est pourquoi elle pouvait affirmer que Raphaël pouvait être un calment très puissant !
« Hum… Mais il y a Daphné… Et tu ne peux te décider… C’est… Complexe et en même temps stressant… Je veux dire, être tiraillé entre deux personnes, cela pourrait paraître infâme pour certaines personnes… Mais paraît-il qu’on ne peut contrôler ses sentiments… »
Daphné… Rien que le fait de penser à elle et de devoir prononcer son nom donnait des nausées à la vipère. Non, elle ne l’aimait pas, et pour cause. Raphaël était trop loin d’elle à cause de cette fille, et quand on était aussi jalouse et possessive que notre petite vipère, cela pouvait être une cause majeure pour être haït… Et la brune n’avait pas fait exception à la règle ! La jeune vipère l’avait détesté du jour au lendemain, sans raison apparente… Et pourtant, il y en avait une énorme, de raison ! Aussi visible qu’un nez au milieu d’un visage ! Heaven était tout simplement amoureuse… Mais pas un petit sentiment de rien du tout, que l’on pouvait balayer d’un revers de la main… Non, c’était un sentiment qui s’était développé au fur et à mesure que le temps était passé, et leurs liens solidifiés… Peut-être n’auraient-ils jamais du se rapprocher, mais il était maintenant bien trop tard pour penser à comment cela se serait passé s’ils s’étaient ignorés depuis le début. Ce qui était fait était fait, point final…
« Raphaël… Je… » Il n’y avait que trois mots qu’elle voulait lui dire, mais le pouvait-elle seulement ? En soit, elle avait déjà trompé Siegfried avec le jeune anglais, mais lui dire « je t’aime » était peut-être pire, non ? L’avait-elle dit une fois seulement au jeune orphelin ? Non, pas qu’elle se souvienne… Mais le dire à Raphaël… Elle avait du mal. Peut-être parce qu’elle trouvait cela trop poussé pour l’instant… Elle venait à peine de lui déclarer sa flamme (bon, il y avait de cela huit mois quasiment, mais quand même !) alors bon… Cela pouvait en effrayer certains ! Et c’était bien là la dernière chose que la jeune fille voulait faire avec Raphaël ! Déjà que son cœur avait sûrement loupé un battement quand elle avait affirmé qu’elle n’avait rien oublié… Si déjà elle manquait de le tuer, mieux valait éviter de lui faire peur !
[639 mots]
CHOCO
Invité
Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Mer 24 Fév - 0:29
Lui non plus n'avait pas la science infuse même si c'est ce qu'il laissait paraître. Il avait beau savoir beaucoup plus de « choses » que la moyenne, il ne pouvait avoir réponse à tout. C'était bien dommage d'ailleurs. Il avait eu une éducation à la Gibson. Il ne devait pas oublier que son père n'était autre que Julian et ce dernier ne lui avait jamais enseigné quoi que se soit niveau sentimental. A part fuir les attachements profonds et à se méfier des femmes, il ne savait comment se comporter dans une telle situation. Raphaël avait fait tellement d'efforts au départ pour enfin avouer ses sentiments à sa compagne d'aujourd'hui. Il avait flashé sur elle dès sa première année et ne s'était déclaré qu'en quatrième année. Il était bien avec Daphné. Certes, leur vie de couple était entrecoupée d'absences plus ou moins prolongées, mais il l'aimait et ne voyait pas sa vie sans elle. Et parfois, il se demandait si leur histoire tiendrait face à tout ça. Lorsqu'il pensait à Heaven ou se retrouvait devant elle comme aujourd'hui, il se posait beaucoup de questions. Il était perdu et il n'était pas certain de vouloir donner une réponse claire maintenant. Pourtant il savait depuis des mois, encore plus depuis cette lettre, qu'il devrait s'expliquer. Mais que dire? Quoi répondre? Elle ne voulait pas laisser tomber. Elle se montrait trop extrême dans ses propos. Ne devait-elle pas un minimum les mesurer?
Bien entendu, avec un ego comme le sien, il ne montrait rien de ses tourments. Il restait distant. Ou du moins, il tentait. Niveau distance, il n'avait pas super bien joué son coup. Il aurait pu gardé encore plus ses distances en ne répondant pas à la lettre d'Heaven. Ou bien en refusant de la voir. Mais ça avait été plus fort que lui. Pourtant il avait tergiversé à plusieurs reprises avant d'accepter. Vu la tournure de la discussion, il commençait à s'en vouloir. Pourquoi? Parce qu'il mettait son couple en danger. Parce qu'il sentait qu'il n'était pas réglo envers l'une comme envers l'autre. Il ne pouvait répondre aux souhaits de la jolie brune assise en face de lui. Il ne pouvait rien lui promettre. S'il l'avait fait, il n'aurait fait que la faire espérer pour rien. Il avait l'habitude de mentir. Après tout, l'être humain est un menteur de nature, encore plus quand on vient de la maison des Vipères. Il serait si simple pour lui de mentir. Chaque mot serait choisi avec minutie, frappant là où ça fait mal. Il devrait l'éloigner pour ne pas...tout foutre en l'air. Ne rester que de bons amis, voilà ce que lui criait son bon sens.
Comment pouvait-il se foutre tout seul dans de telles situations? Il n'était pas quelqu'un de très commode en plus. Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire ou faire pour ne pas être un « repousse-tout » comme son père. Bah oui, Julian, lorsqu'il apparaissait, tout le monde se la fermait et n'osait l'approcher de crainte de se faire réfrigérer. C'était limite si la populace ne s'écartait pas pour laisser passer le roi. L'héritier des Gibson n'était pourtant pas un type avenant de nature. En y songeant, il y avait quelque chose qui ne collait pas dans tout ça. Qu'est-ce que Heaven pouvait bien lui trouver? Ou bien même pourquoi Keira, cette jolie rouquine, s'était-elle attachée à lui alors qu'il n'avait absolument rien fait pour l'y pousser? Il n'allait pas vers les autres et ne demandait pas à avoir de la compagnie. Il était très bien tout seul. De toute façon, il était de nature solitaire, alors la solitude était une compagne apaisante et et même recommandée pour son bien-être. Il aurait préféré être un véritable glaçon comme son père, mais visiblement, il ressemblait plus à son frère. Lui non plus était loin d'être un répulsif humain. Que pouvait-il dire à cette jeune fille aux yeux vairons? Qu'elle ne s'accroche pas! Voilà, c'est ça. Elle ne devait pas s'accrocher ainsi à lui. Il n'était pas fait pour elle. Il ne voulait pas qu'elle s'amoche, qu'elle se batte pour lui. Elle avait mieux à faire. Elle, ses études à Poudlard, lui, sa propre vie.
« Tu ne devrais pas dire ça... », laissa-t-il échapper dans un soupir contrarié.« Je ne suis pas fait pour toi Heav' », rajouta-t-il en secouant légèrement la tête.
Il n'allait tout de même pas l'encourager. Des deux, il était censé être le plus responsable. Elle n'avait que quinze ans, il ne fallait pas l'oublier. Elle avait encore deux ans et demi à faire chez les Serpentards. A quoi bon se prendre la tête avec un type de quatre ans son aîné? Qui sait où il en sera lui-même dans deux ans et demi? Il aura peut-être quitté l'Angleterre; ou bien Canal Spark deviendra un groupe super connu et passera sa vie sur les routes, l'obligeant à démissionner de son poste à Taliesin. Ou alors il sera marié à Daphné et père de famille. A moins qu'il ne soit six pieds sous terre pour avoir une nouvelle fois défié l'autorité de son père. Dans tous les cas, il n'y avait pas de place pour Heaven. Pour lui, la logique était une arme dont il avait besoin pour ne pas perdre pied. Il devait se raccrocher à sa raison et aux bonnes mœurs pour ne pas aller trop loin et donc enfreindre les règles. Ses propres règles. Mais ses sentiments semblaient aller contre son raisonnement.
Quant à Daphné...Lui-même n'arrivait pas à y penser à elle sans éprouver de la culpabilité. Et pour le culpabiliser, il fallait faire fort. Il le savait, il ne devrait pas être ici. C'est lui seul qui était responsable de cette situation. Heaven abordait le sujet avec hésitation mais n'avait pas « trébuché » sur le prénom de sa « rivale ». Raphaël n'était plus dupe depuis longtemps. Il n'avait peut-être pas saisi au début, mais à présent, il était conscient que les jeunes femmes ne s'aimaient pas. Et encore, c'était un euphémisme! Heaven détestait Daphné et ça, il ne l'avait jamais accepté. Il ne lui avait jamais réellement dit quoi que ce soit à ce sujet, mais il ne lui avait jamais caché qu'il désapprouvait son attitude. Les regards noirs qu'il lui avait lancé quand il l'avait surprise en train de maudire sur sa petite amie prouvaient sa réprobation. Il n'admettait pas cette méchanceté gratuite. Et même sans ses capacités, il sentait chez elle le dégoût que lui suscitait Daphné. Quant à cette dernière, il la savait jalouse et n'aimait pas voir Heaven tourner autour de lui. Jusqu'à il y a de cela un an, il aurait trouvé ça risible, aujourd'hui, il n'en était plus tout à fait sûr. Il comprendrait très bien que sa compagne n'apprécie pas sa relation avec Heav'. D'ailleurs, Raphaël ne l'avait pas prévenu du fait que l'héritière des Clarks n'était plus réellement sa protégée et il n'avait aucune envie de le lui dire de crainte de devoir en donner la raison. Raison évidement qu'il préférait taire, chose tout à fait compréhensible.
Être tiraillé entre deux personnes... Mais pourquoi fallait-il que ça lui tombe dessus par Merlin!? Il n'avait pas été si odieux ces dernières années. Bon certes, il n'avait pas été un modèle de tolérance, de bonté, ni d'honnêteté, encore moins de vertu, mais il y avait bien d'autres manières de le punir, non? Il y avait pire que lui. Son père par exemple! Euh non, mauvais exemple. Il avait bien assez subi avec la perte de sa fille. Pourquoi pas Sam alors? Ah non, surtout pas Monsieur l'aîné de la famille. Beau, riche à millions, célèbre, fiancé, père de famille. C'est clair que LUI, il vivait dans un vrai compte de fées. Mais Raphaël était aux portes de l'Enfer. En même temps, Sam aussi avait eu son lot de problèmes. Mais peu importe, tout ça était derrière alors que lui...bah le problème se tenait juste devant lui et ne mesurait qu'un mètre soixante-dix et des poussières. Bon, en vérité, elle mesurait un mètre soixante-seize, mais jusqu'à preuve du contraire, il ne l'avait pas mesuré personnellement.
« En effet, il y a Daphné. Et... »
Se pinçant les lèvres, il fit mine de regarder son café qui ne l'intéressait absolument plus. Elle était bien présomptueuse de croire qu'il était partagé entre elle et Daphné quand même. Il ne voyait pas comment il pourrait dire la suite sans la blesser. Elle pouvait être susceptible et il se méfiait de ses réactions. D'habitude, il la taquinait, sachant très bien qu'elle risquait de le prendre mal. Mais là, il s'agissait d'une affaire sérieuse et il devait choisir ses mots avec soin. Il releva alors la tête, plantant ses yeux gris-vert dans ceux vairons de son ex-protégée. Il aurait beau tenter d'employer tous les mots ou subterfuges possible, de toute façon, le sens resterait le même. L'impact aussi sûrement...peut-être...
« Je sais que tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire mais j'aime Daphné. Je sais que tu ne peux pas la voir en peinture et je n'ai pas tout de suite réalisé au début. Mais à présent j'en suis conscient, et je sais pourquoi. »
Il marqua un temps d'arrêt. Il devait rester calme. Oh, il l'était! Il ne fallait juste pas qu'il s'aventure sur le conflit Heaven/Daphné, sinon, il risquait de s'emporter et le résultat ne serait pas joli à voir. Gibson ne menaçait pas la jeune fille. Ça ne lui était même pas venu à l'idée. Il voulait juste lui faire comprendre qu'il n'était pas dupe. Pourquoi détester autant Daphné? Tout simplement parce qu'elle était amoureuse de lui. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Du moins, pour un mentaliste de sa trempe. Mais ça l'effrayait de ressentir de tels sentiments chez Heaven à son encontre. Il se disait que ce n'était pas possible. Que son ex-protégée devait être un peu perturbée...l'adolescence est une période charnière. Elle se croyait amoureuse de lui parce qu'il avait toujours été là pour elle, voilà tout. De plus, il voulait, ou du moins il essayait, de mettre les choses au clair. Il aimait réellement sa petite amie et ses sentiments naissants pour la jeune Clarks ne l'arrangeaient en aucune manière. Pour tout dire, il s'en serait bien passé. Et puis...quand Heavy parlait de son impuissance à se décider, elle était totalement dans le vrai puisqu'à ses yeux, il était dans l'impossibilité de faire un choix. Il n'était pas prêt pour ça. Il n'avait pas mûri la question autant qu'elle. Lui, il avait évincé Heav' longuement et à plusieurs reprises de son esprit par sa simple volonté, s'empêchant de penser à elle. Mais ce n'avait sûrement pas été le cas de l'héritière des Clarks. Oh, il ne doutait pas qu'elle avait essayé...mais elle ne possédait pas ses capacités.
Son esprit dévia vers sa petite amie. Penser à elle lui était douloureux dans le sens où il se doutait de comment elle réagirait si elle apprenait où il était, avec qui et surtout pourquoi. Il n'avait aucune envie qu'elle sache ce qui se passait (en même temps qui le voudrait?). A ce jour, il n'avait commis aucun impair. Bon, il avait peut-être dérapé en l'embrassant, mais ça n'avait jamais été plus loin.
Quant aux sentiments, paraît-il qu'on peut très bien les contrôler. Un homme qui se laissait mener par eux était un être faible. Les paroles de son père résonnaient encore dans sa tête, même après toutes ces années. Il comprenait enfin ce dont il parlait. Il percevait la nuance du conseil. Pour une fois, il reconnaissait que son père avait entièrement raison. Serrant ses doigts autour de sa tasse, il repensa à « avant ». Avant que tout ça ne commence. Remonter le temps lui serait bien bénéfique. Les paroles d'Heaven lui revinrent en tête.
« ...Je veux dire, être tiraillé entre deux personnes, cela pourrait paraître infâme pour certaines personnes... »
Lui-même n'aurait jamais cru que ça puisse l'atteindre un jour. Et oui, il trouvait ça infâme.
« Tiraillé dis-tu? »lança-t-il d'un petit sourire en coin qui n'avait rien de rassurant.« Alors que devient Siegfried dans cette histoire? Sait-il que tu es ici, avec moi? Accepterait-il de voir sa petite amie avouer à un autre homme des sentiments amoureux qui lui reviennent de droit? »fit-il d'un ton un peu plus mordant, presque provocant.
Il la cherchait un peu à vrai dire. Il voulait lui ouvrir les yeux. C'était comme une accusation et s'il tentait de la pousser un peu, c'était surtout pour qu'elle lui en veuille et qu'elle s'énerve contre lui. D'accord, il n'était pas très honnête en agissant ainsi, mais il y avait pire comme réaction, non? Il aurait très bien pu lui mentir effrontément en lui exposant le fait qu'il s'en foutait royalement d'elle, qu'elle n'avait été qu'un amusement. Ou même lui dire que de toute façon c'était trop tard, qu'il avait tiré un trait sur cette histoire. Il pouvait même lui sortir qu'il était fiancé et donc engagé. Après tout, si elle s'accrochait trop, il tenterait peut-être l'une de ces options. Il voulait lui faire réaliser qu'il n'était pas fait pour elle. En la faisant culpabiliser sur ses intentions, voire même en lui faisant mal, peut-être qu'il réussirait à l'éloigner enfin de lui, afin de la préserver. Il n'était peut-être plus officiellement son protecteur, mais au moins, il tentait de la protéger. Et en la provocant, elle le planterait comme un c*n, et lui aurait réussi son coup. Ou du moins, il l'espérait. Elle était si têtue parfois.
Heaven Gibson
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Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Dim 7 Mar - 23:28
Heaven savait que la discussion allait bientôt toucher à sa fin. Le temps passait sans leur laisser le temps de se dire tout ce dont ils avaient envie, et ils cachaient aussi de nombreuses choses à l’autre, mais elle osait avoir un peu d’espoir… Et inévitablement, elle ne pouvait accepter les mots de Raphaël, qu’elle trouvait d’ailleurs totalement faux, car quand même, lui aussi était attiré par la vipère ! Alors il disait tout simplement tout et n’importe quoi pour se dépêtrer de cette situation… Sauf qu’Heaven était plus combative qu’elle ne voulait bien le laisser paraître…
« Par pitié, veux-tu retirer cela ? Tu n’es pas un tueur aux dernières nouvelles… Et quant à savoir si tu es fait pour moi ou non, je pense pouvoir le deviner toute seule et me faire mon propre avis sur la question, et je suppose que tu sais d’ores et déjà que je pense le contraire… »
Heaven détestait cette phrase idiote qu’était « Je ne suis pas fait pour toi ». Pour elle, cela ne signifiait rien. On ne pouvait pas « ne pas être fait » pour une personne en particulier. On pouvait bien évidement être incompatible avec quelqu’un, mais dans le sens où chaque personne était différente et qu’aucune n’était un objet, on ne pouvait pas être fait ou non pour quelqu’un… Les pires couples existaient, ils pouvaient se taper dessus à longueur de journée mais s’aimer d’un amour qu’on ne pouvait briser par aucun moyen … Il y avait donc des incompatibilités, mais pas des personnes « pas faites » pour d’autres…
Quant au moment où Raphaël pensa bon de parler de Daphné, Heaven respira doucement, pour ne pas lui déverser tout ce qu’elle pensait de l’autre greluche. Elle devait rester calme, pour elle tout d’abord, et aussi pour Raphaël, car même si elle ne supportait l’autre potiche de bananier (ça lui va bien non ?), Raphaël l’aimait, et cela, Heaven le savait, même si ça l’ennuyait et l’énervait plus qu’autre chose puisqu’elle ne voyait pas ce que l’on pouvait aimer chez cette nana là, surtout depuis qu’elle s’était trouvé une ressemblance flagrante sur certaines photos… Elle en aurait rendu son repas si elle en avait eu un sur le coup !
Puis quand le brun lui parla de Siegfried, Heaven pensa rapidement à ce dernier. Bah, il devait être en train de s’entraîner à ses potions, comme d’habitude depuis que les cours avaient repris, en compagnie de Frédérique, la nouvelle copine d’Heaven… C’était peut-être avec elle en fait qu’il devait sortir, plutôt qu’Heaven… Mouais, ou pas…
« Si Siegfried le sait ? Mon dieu non, je ne suis pas suicidaire Raphaël… Quoi que… Mais non, il n’accepterait pas… Il reste un homme et je reste quelque chose comme sa propriété, ou une idiotie dans ce genre… Mais si tu cherches à me faire culpabiliser d’être là, je tiens à te mettre au courant… Nous ne nous parlons plus depuis la rentrée, à quelques jours près… Alors ce que je fais, ne le regarde pas vraiment… »
Elle avait opté pour la franchise. Et loin de son esprit le fait d’être un objet, mais il était vrai qu’elle ne savait pas trop comment se définir par rapport à Siegfried. Petite amie ? Objet ? Esclave ? Non, ça, sûrement pas, c’était plutôt elle qui le menait par le bout du nez, mais voilà, les définir en tant que couple était bizarre et étrange… Cependant c’était ce qu’ils étaient, ou plutôt ce qu’ils revendiquaient être… Sur la forme, ils s’entendaient, mais sur le fond… Cela était bien différent de la définition de couple… Enfin bref.
Ce qu’elle cherchait à faire comprendre à Raphaël ? Qu’elle était plus ou moins aussi libre que l’air, même si il était vrai que Siegfried était toujours dans les parages d’une manière ou d’une autre. Oh, peut-être plus pour bien longtemps, mais Heaven ne pouvait pas tout arrêter avec l’un sans avoir discuter avec l’autre, même si cela était très peu aimable pour le jeune orphelin… Bah, il ne le saurait jamais de toute manière… Et puis Heaven devait aussi parler à Marie… Elle en avait trop sur la conscience, mais allez trouver Marie sans Tobias a moins de cinq centimètres, c’était plutôt compliqué ces derniers temps, même si les deux demoiselles occupaient la même maison et les mêmes dortoirs (ou presque !)
« De plus, c’est de Siegfried dont nous parlons… Celui qui n’a ni cœur ni sentiments… Alors de là à ce qu’il se souci des miens… » La vipère n’allait pas se faire avoir. Les tactiques de Raphaël, elle les connaissait presque par cœur, mais qu’il n’espère pas de trop, elle ne s’en irait pas en courant après lui avoir décollé une gifle… Non, elle lui tiendrait tête, jusqu’à ce qu’il capitule, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’elle n’était plus une petite fille et qu’elle savait de quoi elle parlait, ce qu’elle ressentait et ce qu’elle voulait. Agir comme le faisait Raphaël, c’était bas, mais la vipère n’allait en aucun point s’énerver. Elle avait appris à se calmer et allait mettre à profit cet apprentissage… Que cela plaise ou non à Raphaël d’ailleurs, car elle comptait bien aller jusqu’au bout de cette discussion et de ces retrouvailles…
[875]
SAPIN
Invité
Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Lun 19 Avr - 0:13
« Si je l'étais, ça changerait sûrement la donne... »dit-il plus pour lui-même que pour Heaven.
Certes, il n'était pas un tueur, mais ça changeait quoi? Bon d'accord, ça ferait sûrement fuir Heaven. Un bonne chose si on allait par-là, mais totalement faux. Jusqu'à présent, il n'avait pas encore commis de crime répréhensible. Son père se serait occupé de le faire passer de vie à trépas de toute façon. Pas de procès! Pas de cadavre! Pas de preuve! Pas de coupable! Bref...la totale! Et d'ailleurs, rien que pour se venger, Julian aurait tout foutu sur le dos de Sykes. Comme ça, il aurait tout gagné. Pas bête le paternel! En même temps, on ne devient pas Ministre de la Justice en ayant le cerveau d'un poisson rouge. Élémentaire mon cher Gibson!
Raphaël avait bien fait de se méfier. Heaven était vraiment têtue. Quand elle voulait quelque chose ou bien quelqu'un dans le cas présent, elle ne lâchait pas l'affaire si facilement. D'ailleurs, il ne se souvenait pas l'avoir vu abandonner une seule fois depuis qu'il la connaissait. Pas très rassurant tout ça. Certes, en employant de tels termes, ça montrait la jeune Serpentard sous un jour un peu bizarre. Genre Clarks est une nympho obsédée! Mais il n'en était rien. Encore heureux vous m'direz. Il y avait de quoi s'arracher quand même les cheveux face à une telle situation. Elle semblait si sûre d'elle, de ce qu'elle voulait. De ce qui était bon pour elle ou pas. Lui se demandait juste si elle avait un minimum réfléchit à tout ça.
Que se passerait-il s'ils se mettaient vraiment ensemble? Ça allait jaser à tort et à travers. Il avait horreur de la publicité inutile. L'héritier des Gibson était quelque peu...reconnu si on peut depuis quelques temps. Rien à voir avoir la notoriété mondiale de son aîné, mais on le reconnaissait dans la rue. Alors déjà qu'il ne passait pas inaperçu en temps normal, aujourd'hui, il avait encore du mal à ce qu'on l'arrête dans la rue. Dès qu'il serait avec Heaven, ça ferait le tour de tout Poudlard et ça se diffuserait par la suite un peu partout. Certains penseraient qu'il profitent d'elle. D'autres seraient content pour lui. Et les derniers seraient contre cette histoire. Son père serait sûrement dans cette dernière catégorie. Pourquoi? Tout simplement parce que Julian s'était habitué à Daphné et qu'il la considérait comme sa future belle-fille. Belle, Sang-Pur, ancienne Serpentard...jusque là, aucune différence entre Daphné et Heaven. Là où ça risquait de se corser, c'était par rapport aux anciennes activités parentales. Mais Raphaël ne pouvait pas se douter de ça. Non, en fait, il savait que son père n'accepterait pas sa relation avec Heaven tout simplement parce qu'il ne la verrait que comme une briseuse de couple. Julian avait beau être comme il était, il accordait une grande importance à la fidélité. Si Raphaël quittait Daphné pour Heaven, Julian n'en tiendrait pas rigueur à son fils, mais à la jeune Clarks. Et Raphaël ne voulait pas que son ancienne protégée subisse les harcèlements du patriarche de la famille. Il était capable de la menacer, de lui mener la vie dure juste pour que «la méchante briseuse de couple » quitte son cher fils. Et à vrai dire, le cadet des Gibson n'avait aucune envie d'affronter son père. Il tenait à son indépendance et à sa tranquillité. S'il le revoyait, ça risquait de mal se passer.
Il sentait qu'Heaven voulait en entendre plus. Qu'elle espérait qu'il cède enfin. Mais Raphaël n'était pas un Gibson pour rien. Il ne cédait jamais sauf pour de bonnes raisons. Heaven était-elle une bonne raison? Question piège! Parce que quoi qu'il puisse prétendre, Heaven en valait la peine. En fait, pour faire cours, Raph' était dans la m*rde. Il ne voulait pas s'éloigner d'elle, mais il y était obligé. La première cause étant Daphné bien évidement (son père n'étant qu'un obstacle en plus). Il avait apprécié qu'elle ne monte pas sur ses grands chevaux quand il avait parlé de sa compagne. Certes, il avait senti ses émotions changer, il ne pouvait pas dire le contraire. Elle s'était contrôlée et c'était une nouvelle preuve de sa récente mais perturbante maturité. Il ne lui avait jamais caché qu'il aimait l'ancienne Serpentard. Mais il n'avait jamais été aussi franc qu'aujourd'hui. Pourquoi maintenant? A ses yeux, la situation en elle-même était la raison. Mais peut-être qu'au fond, il se raccrochait à ses principes pour ne pas flancher.
Il tentait de ne pas trop la regarder. Ou du moins, de ne pas trop la détailler. Elle avait changé. Il se répétait peut-être, mais il avait encore du mal à l'assimiler. Son regard s'égarait malgré lui sur ses lèvres ou sur la finesse de son cou, sur la pâleur de sa peau. C'était plus fort que lui. Elle avait la fâcheuse tendance à l'attirer tel un aimant. Elle faisait moins gamine. Plus jeune femme. Jeune fille n'étant plus réellement le terme approprié. Cette simple pensée provoqua une violente réaction en lui. Après une douleur sournoise, la colère avait pris très vite le dessus. Ça l'énervait vraiment que cet « incident » puisse avoir un tel impact sur lui. Si seulement...
Siegfried ne savait même pas qu'elle était ici, en sa compagnie. Que devait-il en penser? Pfff...il était fatigué de réfléchir. Fatigué de chercher ses mots. Fatigué de tenter de se sortir de cette situation. Fatigué de ne pas pouvoir céder. Si elle ne lui avait rien dit, c'était sûrement pour se protéger. Pour ne pas provoquer de scène, ce qu'il comprenait. De toute façon, il serait mal venu de sa part de lui jeter la pierre lorsqu'on savait qu'il n'avait rien dit de cet entrevue à Daphné. Alors il pouvait se la fermer. Néanmoins, une idée germa en lui. Certes, elle pourrait le traiter de salaud par la suite, mais au moins, il aurait réussi son coup. La faire fuir! Et d'ailleurs, il ne pourrait pas lui en vouloir. Il ne pourrait s'en prendre qu'à lui-même. Il l'aurait poussé à bout. A moins que ça ne marche pas. Elle est si obstinée!
La suite des propos d'Heaven le fit hésiter. Devait-il vraiment enfoncer le clou? Il comprenait le message, il n'était pas tout à fait perdu. Raphaël avait tiqué sur le terme « sa propriété ». Pour lui, Heaven n'était la propriété de personne. Que Siegfried puisse penser ainsi le faisait passer à ses yeux pour un vrai c*nnard. Et d'un autre côté, il aurait voulu que la jolie Serpentard lui « appartienne » à lui, si on peut dire. Pour vous dire à quel point ce type est un paradoxe à lui tout seul. En même temps, c'était compréhensible. Il avait des sentiments pour Heaven. Il avait déjà du mal à admettre l'épisode « moineau déplumé », alors bon...que Siegfried se comporte comme un c*n avec Heav' ne lui permettait pas de garder son calme.
« Certains n'ont ni coeur, ni sentiments et se plient à jouer un rôle pour paraître moins...étrange. »dit-il d'une voix neutre.
En gros, il lui balançait qu'elle n'avait été qu'une couverture, une marionnette. Peu importe que ça soit vrai ou pas, mais il semblait vouloir tomber dans un engrenage qui n'était pas des plus sains. La jeune femme aux yeux vairons avait été franche avec lui, il le savait. Mais il allait retourner sa sincérité contre elle-même. Peut-être que ça marcherait...peut-être que non. Ça ferait peut-être plus de mal qu'autre chose.
« Si vous ne vous parlez plus depuis tout ce temps, pourquoi le lui cacher alors? S'il ne te montre plus le même intérêt qu'avant, c'est juste un abruti. Ou bien toi qui a changé...? »
Il marqua un temps d'arrêt. Et au moment où il formulait ses mots, il savait qu'il les regretterait.
« Si,en appuyant bien sur le « si » en question,nous étions ensemble, en couple, et que nous traversions une mauvaise passe...est-ce que tu te tournerais vers le premier venu tout simplement parce que nous ne nous parlons plus? Est-ce que tu irais le rejoindre dans mon dos, sans aucun remord? Me trahirais-tu? »demanda-t-il d'une voix dure, son regard dévoilant des étincelles métalliques.
Une chose à dire: oui! Oui, il regrettait ses propos. Il le savait d'avance. Raphaël savait qu'il allait la blesser. Ou la rendre furieuse. Dans tous les cas, pas quelque chose dont il pouvait être fier. Parce qu'il savait que ses questions étaient inutiles. Les sentiments d'Heaven à son égard étaient sincères. Et puis elle avait évolué, mûrie. Elle avait tenu à le voir pour mettre toute cette histoire à plat. C'est elle qui se comportait comme une adulte responsable et lui qui fuyait ses responsabilités. S'il avait été aussi dur dans ses propos comme dans son ton, c'était parce que d'abord, il voulait se montrer intransigeant. Presque cruel. Et puis...parce qu'il avait imaginé. Dans sa tête, il avait imaginé Heaven rejoindre un autre homme alors qu'elle était censée être « à lui ». Et bien évidement, il l'avait très mal pris. L'esprit peut jouer des tours. En tout cas, il savait que si ça arrivait, il ne le supporterait pas. Et un Gibson en colère, c'est pas joli à voir.
Raphaël avait cessé de tenir sa tasse car il aurait bien été capable de la briser. Il guettait la réaction de son ancienne protégée. L'héritier des Gibson portait toujours ce masque impénétrable. Seuls ses yeux trahissaient sa colère. Le pire, c'est que cette colère n'était pas tournée vers Heaven, mais contre lui-même. Il s'en voulait. Il ressemblait tellement à son père à cet instant que pour la première fois de sa vie, il se dégoûtait. Mais il restait impassible, ne baissant pas le regard, fixant de son regard métallique les yeux vairons de celle qui risquait de disparaître totalement de sa vie. Car il se rendait compte que ce ne serait pas une victoire comme il l'aurait cru...mais une défaite. Parce que faire fuir Heaven, c'était la perdre. Et même si c'est ce qu'il recherchait, ça ne l'empêchait pas d'en souffrir. On avait beau croire qu'on faisait les bons choix, il y avait de quoi se poser les questions. Les plus durs sont souvent les plus judicieux.
Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Lun 19 Avr - 12:02
Si Raphaël était un tueur ? Oh, et bien dans ce cas, la seule chose qui changerait serait le fait qu’Heaven serait probablement morte depuis un bon moment maintenant… Mais elle était toujours vivante, ce qui signifiait donc que non, Raphaël n’était pas un tueur ! Et même si il l’était… Et qu’elle était toujours vivante… Et bien… En fait elle n’en savait rien… Peut-être qu’elle n’aurait jamais eu l’occasion de le rencontrer, car il aurait directement été à Azkaban ? Mais après, on pouvait refaire le monde avec des « si », alors mieux valait éviter d’en mettre à tout bout de champ !
Quand à Siegfried… Et bien il était comme il était… Même lorsqu’ils avaient commencé à être « ensemble » pour de bon, ils avaient d’abord du rester un couple secret… Tout cela parce que Siegfried refusait de se montrer au grand jour, en compagnie de la brune. Elle l’avait mal pris, et elle lui avait clairement fait comprendre, et peut-être était-ce ce comportement qui avait tant déplu à la demoiselle pour qu’elle se détache aussi facilement de celui qu’elle avait aimé, ou qu’elle avait cru aimé pendant deux ans… Il n’en fallait que peu, certes, mais elle connaissait son caractère, et ce cache-cache permanent l’avait… refroidie. Surtout que Siegfried n’en n’était pas plus romantique pour autant, loin de là…
« Siegfried n’a jamais eu de cœur, je ne me suis jamais persuadée du contraire… Et peut-être me suis-je mise avec lui par… dépit ? Je ne sais pas, ou plutôt… Je ne sais plus… »
Pourquoi s’était-elle mise avec Siegfried ? Parce qu’il l’avait charmée ? Non, sûrement pas, ce n’était pas son genre de draguer les filles… Peut-ête tout simplement parce qu’ils s’étaient cherchés, et qu’ils avaient eu l’occasion de se trouver… Mais tout avait rapidement pris une tournure différente de ce que la vipère avait pu imaginer. Siegfried restait Siegfried, même s’il avait tenté de faire des efforts… Des efforts fait un peu trop tard d’ailleurs, car après six mois avec la brune, il avait enfin daigné exposé leur couple… Alors qu’ils ne faisaient pourtant rien de mal… Elle s’était lassée rapidement, et voilà où on en arrivait désormais…
« Raphaël, tu n’as pas l’air de le connaître… Crois-tu vraiment qu’il est du genre à laisser vagabonder celle qui est censée être sienne sans rien dire ? Il ne cesse de venir… Mais peut-être cela sera-t-il plus facile pour lui et moi s’il en vient à me détester… Que je sois… Une garce à ses yeux… »
Car si Heaven elle tentait de couper les ponts, Siegfried lui la relançait en permanence. A croire qu’il avait compris qu’il allait finir par la perdre. Bien sûr, au bout d’un certain moment il arrêterait, il commençait déjà à se faire moins présent… Il devait avoir compris que tout allait se finir, incessamment sous peu. Mais pour tout arrêter, Heaven devait avoir une certaine certitude. Certitude que seul Raphaël pourrait lui apporter. Et bien qu’Heaven redoutait d’annoncer à Siegfried que tout était fini, parce que pour elle cela l’était déjà plus ou moins, elle ne pouvait pas faire tout simplement comme si de rien n’était et l’ignorer. Les choses devaient aussi claires que de l’eau de roche, pour tous les deux (ou pour tous les trois ?!)
« Si nous étions ensemble, comme tu le dit si bien… Raphaël… Je crois que tu n’as pas compris ce que je te dis depuis le début… Je n’irais jamais voir quelqu’un d’autre… Je n’en serais pas capable, et tu sais pourquoi… »
Son regard vairon avait pour habitude d’être froid, mais il se réchauffait parfois au contact des personnes qu’elle aimait et appréciait. Il se remplissait alors de paillettes. Et il était clair qu’on pouvait y lire tout ce qu’elle pensait. Raphaël arriverait-il à lire dans son regard qu’elle l’aimait bien trop pour aller voir ailleurs ? Elle n’aimait pas, ou plutôt elle n’aimait plus Siegfried, et elle s’était longtemps voilée la face pour Raphaël… Alors s’il mettait les sentiments de la vipère en doute… Et bien il avait le droit. Après tout, elle avait été une véritable peste avec les garçons quand elle était un peu plus jeune… Enry Stanley, Seth Griffins, Adrien Sallers… Autant de garçons qu’elle avait plus ou moins… martyrisés ?! Mais maintenant son cœur ne battait que pour une seule personne… Celle qui se trouvait en face d’elle, une tasse de café entre les mains.
Et alors que la vipère allait reprendre la parole, parce que si elle ne voulait pas dire clairement trois mots à Raphaël, elle pouvait toujours les lui faire comprendre, le signal du retour à Poudlard retentit. Heaven releva la tête, la tournant vers l’extérieur. Le château n’était que peu visible là où ils étaient, mais elle devait rentrer… Ca ne l’enchantait pas, et elle savait qu’après cela, elle ne verrait peut-être plus Raphaël avant des mois, si ce n’était pas là la dernière fois qu’elle croisait son regard, mais elle ne pouvait se permettre d’arriver après tout le monde…
« Oh… Je suis désolée, je dois y aller… Rusard est d’une humeur massacrante aujourd’hui, si je suis en retard, je vais sûrement écoper d’une ou deux journées de nettoyage… Je suis désolée… A bientôt, j’espère… »
La vipère était triste de partir, surtout parce qu’elle ne savait pas comment cela finirait. Car si aujourd’hui ils avaient parlé, et que Raphaël avait testé une certaine tactique pour la faire partir, elle était restée. Elle ne lâchait pas, et généralement, quand elle voulait quelque chose, elle l’obtenait… Pourquoi cela devrait-il faire exception des êtres humains ?! Une fois sa veste sur le dos, la vipère se leva de son siège, prête à rentrer à l’école de Magie… Elle allait le quitter, pour quelques temps ou pour toujours… Et cela scellerait sûrement son avenir…
Invité
Ξ Sujet: Re: Où cela va-t-il nous mener? [PV] Lun 19 Avr - 23:34
Comment se mettre avec quelqu'un qui n'a pas de coeur? Lorsqu'il était gamin, il se demandait comment sa mère, si aimante et si tendre avait pu se marier avec un homme aussi froid et dur que Julian Gibson. Il l'avait compris quelques années plus tard en voyant sa mère changer du jour au lendemain en s'éloignant de lui. Il n'avait rien pigé sur le coup. Pourquoi sa mère qui l'avait toujours protégé, qui n'avait de cesse de l'encourager dans chaque projet entrepris avait tout à coup viré de bord? Pourquoi s'était-elle rangée du côté de Julian en un claquement de doigt? Jeune encore à cette époque, il l'avait très mal vécu et en avait conclu qu'elle était juste comme lui. Aussi glaciale que son pays d'origine (la Russie). A partir de ce moment-là, le fils cadet des Gibson avait établi un véritable mur blindé entre ses parents en lui, creusant davantage un fossé qui ne faisait que s'agrandir depuis des années. Seul Samuel avait gardé un contact plus ou moins rapproché avec leur parents. Après tout, son aîné était père de famille, avec de nouvelles responsabilités. Et il ne souhaitait pas couper ses enfants de leurs grands-parents. Et même si Raphaël imaginait mal Julian porter dans ses bras ses petits-enfants, il avait préféré se la fermer plutôt que de provoquer encore des conflits. Et pourtant, s'il arrivait quoi que se soit à ses parents, en particulier à sa mère, il se prendrait une véritable enclume en pleine face.
En fin de compte, il était bien content que ça n'aille plus si bien entre Heaven et Siegfried. Elle-même le qualifiait de sans-coeur. Et Raphaël ne voulait certainement pas qu'elle souffre. Mais il ne voulait pas non plus qu'elle devienne comme sa mère. Plus Raphaël avançait dans la vie, plus il se rendait compte qu'il ressemblait à son paternel. Chaque jour il tentait de lutter contre ses travers, mais c'était d'autant plus difficile quand il faut lutter contre sa véritable nature. Lutter contre son perfectionniste, son besoin de tout contrôler, de tout maîtriser, lutter contre son propre esprit... Et aujourd'hui, à quoi devait-il faire face? A lui-même! Encore et toujours, à croire que c'était une bataille qu'il devrait mener jusqu'à la fin de ses jours. Parce que lutter contre ses sentiments était une première pour lui. Il pensait que ses dons pourraient tout faire. Que son esprit pourrait bloquer ces émotions indésirables et lui permettre de vivre. Mais visiblement, retrouver Heaven en face de lui alors qu'il ne l'avait pas vu depuis des mois était...perturbant. Contrôler sa colère, sa haine, son mépris, sa joie, il savait le faire depuis des lustres. Il avait été élevé en ce sens. Mais il y a toujours une part d'inattendue...de visages inopinés, d'incertitude. Et cette incertitude était brune aux yeux vairons. Ce qui n'aide pas, il faut bien le reconnaître.
Lorsqu'on arrivait à ne plus se souvenir du pourquoi du comment on était avec telle personne, c'est là qu'il fallait se poser des questions. Parce que très souvent, ça voulait dire que le/la concerné(e) n'avait plus rien à faire avec lui/elle. Si Heaven ne se souvenait plus de la raison, alors elle devait le quitter. Même devant une telle situation, il était impartial. Il aurait été gay, il aurait pensé la même chose. Ce n'était pas ses sentiments qui gouvernaient sa pensée, mais sa logique. Lorsqu'il était troublé, il s'y raccrochait comme à une bouée de sauvetage, parce que la logique, la raison, c'était ce qui lui permettait de ne pas se laisser aveugler.
Quant à Siegfried, à cet instant précis, il s'en foutait royalement. Il avait eu le temps de parcourir son esprit...torturé et vil. Et encore, torturé n'était peut-être pas le terme approprié. Si Heaven était sienne, jamais Raphaël n'aurait permis qu'elle s'éloigne ainsi de lui. Peu importe les raisons. A moins que...était-il l'une de ses raisons? Si c'était le cas, ça le laissait...sur le c**. Il n'était pas du genre briseur de ménage. Ça ne lui ressemblait absolument pas. Bon, c'est vrai que ça pouvait être flatteur, mais il y avait mieux comme exploit. Comme réussir à mener à bien une répétition avec Keira et Nate, ses deux zigotos de collègues. Des vrais boulets quand ils s'y mettaient. Encore heureux, Michaël ne bronchait pas trop. Roze était...adorable aurait été le terme approprié, sauf que Raphaël n'utilisait jamais le mot « adorable », même pour un chien. Roze était pro, même si sa pause thé l'exaspérait parfois au plus haut point. Mais comme il n'avait le droit de ne rien dire par rapport à cette « habitude » totalement inutile à ses yeux, il se montrait...courtois. Depuis peu, il était même devenu plus tolérant. Quel changement!
« Je ne pense pas que devenir une garce à ses yeux soit une bonne idée. Idem en ce qui concerne le fait de te détester. »lança-t-il d'une voix...étrange.
Son ton n'était pas définissable. En fait, en disant ces propos, il pensait surtout à lui. Il n'aimerait pas devenir un salaud aux yeux d'Heaven. Encore moins être détesté. Par contre, ce qui l'agaçait, c'était que Siegfried s'accroche encore. D'accord, l'instant d'avant il le méprisait pour ne pas avoir fait d'effort pour la retenir et la seconde suivante, il était irrité que Léthé tente encore sa chance. Cherchez l'erreur! De toute façon, depuis son plus jeune âge, encore plus aujourd'hui, Raphaël était un vrai paradoxe à lui tout seul.
Le regard d'Heaven attira le sien. L'espace d'un instant, il crut qu'il allait se lever, contourner la table et prendre la jeune femme dans ses bras pour l'embrasser. Il avait vu la scène se jouer sous ses yeux aussi clairement qu'il voyait la Serpentard. Il avait été l'acteur et le spectateur. Et pourtant il n'avait pas bougé d'un iota. Il était visé sur sa chaise, comme s'il espérait ainsi que ses jambes ne rentreraient pas en rébellion. L'esprit contrôle la matière! L'esprit contrôle la matière! L'esprit contrôle la matière! Ça marche! Ça marchera! Paraît que ça marche! Un mentaliste ne peut pas croire le contraire, sinon, ça serait renier ses dons. Le regard de son ancienne protégée voulait tout dire. Dans un autre contexte, il aurait pu lui dévoiler le fond de sa pensée. Mais il était comme qui dirait « pieds et poings liés ». Et même si les propos d'Heaven ne disaient pas tout, il savait lire entre les lignes. Elle ne le lui avait pas dit, mais elle le pensait si fortement que s'en était déstabilisant. Elle était sincère. Maintenant, oui. Mais plus tard...?
« ...et tu sais pourquoi... »
Oui, il s'en doutait. En même temps, il avait une irrépressible envie de la secouer (gentiment hein!) pour qu'elle avoue! « Mais dis-le p*tain! Dis-le qu'tu m'aimes!!! » Ok, on se calme le Gibson! Ça ne sert à rien de s'énerver. Alors qu'il s'apprêtait à répondre...ne sachant pas par où commencer d'ailleurs, une sonnerie qu'il reconnaîtrait entre mille le fit revenir à la réalité. Il jeta un œil à sa montre. Ça ne faisait même pas une heure qu'ils étaient ensemble. C'était passé très vite. Il n'avait pas vu le temps passer. Du coup, il se sentait couper dans son élan. Frustré le Gibson! Mais ce signal de retour lui rappelait aussi de bons souvenirs. L'époque pourtant pas si lointaine où il ne devait s'occuper que d'arriver à l'heure en cours et de faire ses devoirs. L'époque où il pouvait être en compagnie d'Heaven sans éprouver d'attirance. Où il voyait ses amis quotidiennement. Où il n'avait pas autant de responsabilités qu'aujourd'hui. Bon, il était bien content de ne plus être un simple élève de Poudlard. Il avait une vie bien à lui maintenant.
Ce qui était frustrant aussi, c'était de rendre compte que c'est Rusard qui gagnait. Bah oui! Il avait tenté de la faire fuir à plusieurs reprises, mais c'est ce satané concierge qui avait gagné la partie en quelque sorte. C'était ridicule de penser ainsi. Pas son genre en plus. Bon, ce n'était plus la peine de tergiverser. S'il ne se bougeait pas, elle allait partir et il ne la reverrait sans doute plus jamais. Avant qu'elle ne puisse protester, il avait déjà payé les consommations. Lorsqu'il la vit se lever et passer devant lui, il eut un moment de panique. Il le savait, il ne devait pas la laisser espérer. Il devait la laisser partir. Mais, il n'y arrivait pas. La voir partir sans savoir s'il la reverrait, c'était au-dessus de ses forces. C'était un peu risible pour lui de penser ainsi. Il n'allait tout de même pas la laisser filer sans rien dire? Et pourtant il n'avait fait aucun geste à son encontre lorsqu'elle était passée à côté de lui pour sortir du café. Il l'avait senti hésiter devant la porte, puis elle l'avait ouverte et elle s'était refermée derrière elle. Peut-être était-ce le signal qu'il attendait? En tout cas, il ne lui en fallut pas plus pour se lever, attraper sa veste et se retrouver dehors, dans la ruelle. Heaven n'était même pas à cent mètres. Elle se dirigeait vers la rue principale de Pré-au-Lard pour ensuite remonter jusqu'à Poudlard. Combien de fois avait-il pris ce même chemin? Un nombre incalculable de fois. De toute façon, là n'était pas la question. En la voyant s'éloigner, il hésita de nouveau. Il s'emballait peut-être un peu vite, non? Il prit donc sur lui et prit le temps de remettre sa veste. Raphaël restait devant le café, indécis, pendant qu'Heaven poursuivait sa route. Allait-il vraiment la laisser regagner Poudlard comme ça? Sans avoir été un minimum honnête avec elle? Saisit d'un soudain élan, il envoya aux diables ses principes et rattrapa en quelques enjambées son ancienne protégée. Il était plus grand qu'elle, plus rapide aussi.
« Heaven, attend! »
L'attrapant par le bras, la Serpentard lui fit de nouveau face, ses yeux vairons le scrutant comme s'il pouvait lui donner toutes les réponses qu'elle attendait. Il marqua un temps d'arrêt, surpris par l'intensité de son regard.
« Je sais que tu dois y aller, mais Rusard peut attendre un peu. Je sais que ce que je vais te dire ne répondra pas aux questions que tu te poses. Ou du moins, pas à la plus importante. Mais je ne veux pas que tu sortes de ma vie ainsi. Je ne veux pas que tu sortes de ma vie tout court. Tu es importante pour moi...et même si je ne suis pas très démonstratif... »
Il marque un nouveau temps d'arrêt, cherchant ses mots. Fait très rare chez le fils Gibson. Il ne voulait pas trop en dire, mais en même temps, il avait peur que s'il se montrait trop « flou », il ne la perde définitivement. C'était égoïste de sa part, il le savait. Vouloir la garder près de lui sans rien pouvoir lui offrir. Ou du moins, pas ce qu'elle voulait.
« Je ne peux rien t'offrir. Je ne peux pas te dire ce que tu voudrais entendre. »
Il avait insisté sur le verbe qu'il employait. Il ne pouvait pas. Ça ne voulait pas dire qu'il ne voulait pas. Il espérait que malgré ses propos, elle comprendrait le sous-entendu. Lui l'aurait perçu. Mais Heaven? Perturbée émotionnellement, elle risquait peut-être de ne pas saisir. Alors comme pour lui faire comprendre, il laissa pour une fois sa raison de côté -mazette, c'est la fin du monde- et l'a pris dans ses bras. Il avait préféré ce rapprochement physique qu'il s'était refusé depuis leurs « retrouvailles » plutôt que ce qui lui trottait dans la tête. Le regard d'Heaven le troublait bien plus que de raison et il avait voulu l'embrasser à plusieurs reprises. Alors pour ne pas céder à la tentation, il préférait l'enlacer dans ses bras et la serrer contre lui. Pas à l'en étouffer, il la savait fragile. Mais assez pour la sentir contre lui et lui faire comprendre par ce simple geste que ses propos étaient sincères. Ce n'était peut-être pas judicieux. Son parfum sucré et entêtant, mélange de saveurs fruités et de gourmandises l'attisait un peu plus encore.
Alors il la relâcha enfin pour qu'elle puisse rejoindre Poudlard.
« Prend soin de toi! »murmura-t-il en déposant un baiser sur son front, se retenant de ne pas descendre plus bas.
Enfin, il la laissa partir, ayant la désagréable impression qu'il ne la verrait pas de sitôt. Et il ne croyait pas si bien dire. Il faudrait encore plusieurs mois d'affilés avant que leur route ne se recroise de nouveau.