Salle commune des Poufsouffle – Dortoir des filles
Samedi 7 septembre 1999
22h15
Cher journal,
Je n'arrive pas à dormir, donc j'en profite pour t'écrire. Ça me fait du bien d'écrire, quand je me relis j'ai l'impression d'y voir plus clair dans ma tête, et des fois voir les questions que j'ai écrites m'aide à trouver les réponses...
L'année commence bien mal. J'ai toujours aimé avoir des responsabilités, depuis que je suis toute petite, et là, il faut dire que depuis que je suis à Poudlard je suis servie. J'ai d'abord été intégrée dans l'équipe de Quidditch. Puis je suis devenue capitaine. Et me voici à présent préfète. Je tiens aussi une rubrique dans le journal de l'école (je ne sais vraiment pas si je vais encore la tenir d'ailleurs, ou si c'était juste un simple remplacement), et cette année, j'ai pris la charge d'un Fan Club. Gérer un Fan club, mine de rien, ça demande du travail. Mais j'aime tout gérer, vraiment ça me fait très plaisir d'avoir autant de responsabilités, de voir qu'on croit en moi et qu'on voit que j'en suis capable ! Et je veux en être capable !
Mais il n'y a pas que ça. Le professeur Chourave m'a aussi demandé de devenir une sorte d'assistance, une troisième main qui devra l'aider dans et en dehors des cours. M'occuper du Voltiflor lui a semble t-il prouvé que je m'intéressais beaucoup à sa matière – ce qui est le cas ! - et elle m'a donc proposé ça, pour cette année. J'espère aussi être à la hauteur, elle veut donner un coup de jeune dans ses cours (que je trouve déjà géniaux !), et j'espère être l'élément qui l'aidera.
Mais ce n'est pas tout. Non, avec tout ça déjà, je pense que j'ai tout ce que je voulais niveau responsabilités. J'aime ça, bien entendu, mais j'ai juste peur de ne pas être à la hauteur. Être à la hauteur dans chaque domaine, mais surtout, être à la hauteur avec Daniel...
Il hante mes nuits, chaque nuit je me réveille en sursaut en pensant à lui. Quand bien sûr j'arrive à m'endormir... ce qui n'est pas le cas ce soir, puisqu'une nouvelle fois, je pense à lui. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais PAS quoi faire ! Il ne veut pas me dire quoi, alors, que dois-je faire ?! Que suis-je censée agir ? Comment veux-tu que j'ai la réponse si tout le monde m'en une donne une différente ? Certains me disent de m'accrocher, de lui poser des questions, encore et encore, jusqu'à ce qu'il réponde. D'autres me disent d'y aller en douceur, d'essayer de le comprendre et de jouer la manière douce... Mais j'ai beau essayer, je ne comprends pas... je ne PEUX pas comprendre ! Je donnerai tout pour être dans sa tête ! Vraiment ! Et d'autres enfin me disent de laisser tomber, de ne pas y penser et de faire comme lui, veut. User de lacheté, en fait. Et ça je ne peux pas. Je ne peux pas laisser un ami qui a besoin de moi et même s'il dit le contraire ! Je ne veux pas le perdre, et je ne le laisserait PAS ! Quitte à devenir complètement dingue – ce qui est en bonne voie – je ne le lâcherai pas ! D'ailleurs s'il en est là c'est en partie parce que je l'ai lâché. Je l'ai trop souvent lâché, et ça ne se reproduira pas. Non...
Alors oui, d'accord, écrire à un journal ne me fera pas trouver la réponse, mais au moins ça libère. Ça libère de pas grand chose au fond, parce que demain quand je relirai ses lignes, je sais que je n'aurai pas de réponse. N'y a t-il pas un psychologue à Poudlard ? Il serait le bienvenu, lui !
Je crois que j'irai voir Mme Pomfresh demain, pour avoir des médicaments pour dormir. Là à ce rythme là, il est clair que je ne vais pas finir l'année... le trimestre, même !
Hormis ça, j'essaie de positiver. J'ai de merveilleux amis sur qui compter, j'ai une grande famille formidable et ... je ne suis pas morte... comme Dennis, par exemple. J'ai la chance de vivre, et même si pour l'instant je vis mon petit enfer, je pense que ça s'arrangera. Ça finit toujours par s'arranger non ? Regarde Luc, maintenant il est heureux et moi aussi, de mon côté (vision relative du bonheur, je te l'accorde). Heureusement que je n'ai pas à me tracasser d'un petit copain, en ce moment ! Je crois que là je finirai à Ste Mangouste pour surmenage ! Pas dépression non, évitons ce mot, il me tracasse assez. Franchement je me plaint, mais il y'a pire que moi. Il y'a toujours pire. Mais on a beau se dire que certains vive ntun vrai calvaire, quelque part, là bas où on ne le soupçonnerait pas, mais ça ne rend pas moins nos soucis plus faciles à porter. Ils sont là, et il faut faire avec. Certains ont des fardeaux plus gros que les autres ! Moi, je me construit mon propre fardeau, avec Daniel, si seulement je l'écoutait, il n'y aurait pas de problème. En apparence du moins. Parce que se voiler la face et laisser tomber quelqu'un dans le besoin même s'il le demande, pour moi ce n'est pas une solution. Je ne serai pas digne d'être l'amie de Daniel Sallers si je le laissais croupir dans ses cachoteries. Je découvrirai la vérité, tôt ou tard, mais je saurai...
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