- { Dans un autre univers ... [ Edward ]

Début Août … Certes c’était les vacances mais pour d’autres comme Natacha, c’était la période du boulot à temps plein et autant vous dire que la demoiselle ne perdait pas une minute de ses journées. Quand je vous dis que la blonde abuse un peu sur le côté « travail », il faut savoir se détendre, et surtout depuis qu’elle était en France le mot « distraction » n’existait plus. Elle était plongée dans le travail, ses études et sa passion, le reste elle ne voulait pas y penser, cela faisait trop mal. Oublier ?? Ca personne ne le peut, on apprend à vivre avec le passé, avec l’habitude et le temps, mais on ne peut certainement pas oublier. Et malgré les jours qui s’écoulaient petit à petit, l’ancienne verte et argent n’avait elle aussi pas encore tourner la page. Les souvenirs se ranimaient souvent, et pourtant la demoiselle s’évadait aussitôt dans le travail dès leurs diverses apparitions. Au moins quand elle bossait ou qu’elle étudiait, l’aînée des Wilson était sûre de ne pas divaguer et de s’envoler dans ce qui rester de sa vie passée : des sentiments qui selon elle la rendait beaucoup plus vulnérable qu’autre chose …

A oui je ne vous ai pas dit, en dehors de ses entraînements quotidiens et des cours que la cavalière donne à des cavaliers de concours, la demoiselle suit aussi des cours de droit, au moins l’ancienne poursuiveuse avait de quoi occuper ses journées. Et quand on parle d’occupation, pour le moment la jeune femme avait un cours à donner, regardant la fine cavalière qui montait en face d’elle, Natacha eut une brève pensée pour Emily, elle lui ressemblait tellement. D’ailleurs pendant quelques secondes l’ancienne brune se demanda comment aller son amie depuis la mort de son fiancé, et ce qu’elle faisait à présent, mais ne voulant pas penser à cela, la jolie blonde se gifla intérieurement pour reposer son attention sur sa jeune apprentie. En l’observant d’assez loin, la jeune britannique et non pas encore française xD *paf* fronça instinctivement les sourcils en demandant à son élève : « Tu as perdu un billet de 500 euros ? ». Un peu perdu la jeune adolescente lui répondit que non, Natacha lui lança alors : « Bah arrête de regarder par terre, et fait avancer ta jument elle s’endort tout comme moi ! ». Qui a dit que la Wilson était méchante ?? Personne, elle est juste réaliste, pis après tout elle était là pour aider les autres à s’améliorer alors hum si les autres ne sont pas contents autant qu’ils aillent voir ailleurs. Certes Natacha était en apparence un peu stricte et trop perfectionniste, mais elle faisait quand même preuve de bons conseils, en même temps si ce n’était pas le cas, elle ne serait sans doute pas là. Pas plus logique …

Bref, alors que l’élève de la jeune Wilson se donnait enfin la peine de se bouger un peu les fesses, ce qui n’était pas trop tôt, la deuxième élève de la blonde arriva avec une vingtaine de minute de retard. Alors là c’était pas bon, mais alors pas bon du tout … Lorsque Ana (deuxième élève aux cheveux noirs) entra dans la carrière, elle commença à faire marcher son cheval et là elle mit enfin le pied à l’étrier. Là la brune mit ensuite son cheval au pas et elle demanda à Nat’ : « Je commence par quoi ?? ». Captant la question, la blonde soupira et lui balança froidement : « Commence d’abord par la fermer ! Et maintenant débarrasse le plancher, la prochaine fois ne soit pas en retard ! ». Et c’est elle qui dit ça, la bonne blague de l’année, quand on retourne à l’époque de Poudlard et même aujourd’hui, la jeune femme était toujours autant en retard à certain moment. Mais en un an, la demoiselle avait appris à prendre les choses plus au sérieux, ça se voit quand même un peu non ? Lorsque la cavalière décrypta les paroles de l’ancienne vipère, celle-ci ne broncha pas et Ana ramena alors aussitôt son cheval à l’écurie.

Reportant son attention sur son autre élève, Natacha la détailla avec soin mais perfection. S’apercevant que l’allure de la jument était à présent beaucoup plus cadencée et régulière, la jeune Wilson lança ses premières instructions. « Je veux que tu me fasses un cercle au galop à main gauche en faisant attention à l’impulsion et l’incurvation de ton cheval ! Il ne faut pas surtout pas que ses hanches dérapent sinon ton cercle n’en sera pas un, alors fait attention à ta jambe extérieure ! » Jusqu’ici les consignes de la jeune femme n’était encore pas trop compliqué à comprendre, mais après niveau pratique c’était autre chose. Lorsque la jeune apprentie demanda son départ au galop, tout se passa bien, pourtant plus les secondes passées et plus le cercle ressemblait à une patate, il était temps pour Nat’ d’intervenir. « Tu appelles ça un cercle ?? Ta jument est complètement couchée il faut que tu la reprennes ! Jambe intérieure à la sangle et rêne extérieure … » Le mouvement de la jument se décomposa alors et là la jument commença à s’arrondir tout en reprenant sa place sur le cercle. « C’est beaucoup un peu mieux, maintenant il faut que tu continues d’entretenir l’impulsion de ton cheval ! » S’aidant de ses aides intérieures comme extérieures, la cavalière parvint rapidement à ce que l’ancienne Serpentard attendait d’elle. La jeune cavalière se détendit alors enfin, quand je vous dis que la blonde fait un peu peur xD, tout en continuant d’exercer son œil de professionnel, Natacha continua son inspection. « Ta jument est un peu raide, donne lui un peu plus de pli sans pour autant détendre ta rêne extérieure et fait attention à ta jambe extérieure ! » Oui peut-être que la cavalière répète toujours les mêmes choses et pourtant il n’y a rien de mieux pour que ça rentre enfin dans la tête de ces petits moldus.

Examinant le couple à la loupe, la jeune sombracane (ouhhhh la vilaine xD) trouva que la cavalière avait du potentiel, tout comme le cheval. M’enfin si la jeune apprentie savait ça, elle ferait sans doute encore moins d’effort, m’enfin du moins c’est ce que Natacha pensait. Rahlalala je vous le dis, celle-là aussi à des problèmes, mais bon c’était autre chose … Enfin la belle jument grise repassa au pas toute transpirante, il faisait chaud et ce n’était pas l’aînée des Wilson qui dirait le contraire, et après une heure de travail il était temps de dire que le cours était terminé pour aujourd’hui. A l’intention de son apprenti, Nat’ lança : « Bon ça suffira pour aujourd’hui ! N’oublie pas de bien t’occuper de ta jument et de la doucher, elle le mérite ! ». Un compliment ?? Oui en quelques sortes, enfin du moins de la part de l’ancienne verte et argent il s’agissait bien d’un compliment, après chacun sa façon de dire ce qu’il pense. Et pour l’ancienne joueuse de quidditch, il fallait faire passer les sentiments d’une façon dérivée dans ses paroles plutôt que de le dire clairement, sans doute trop de fierté pour l’avouer. M’enfin que voulez-vous, la jeune femme est sans doute un peu très bornée pour ça …

Quittant la carrière « assez » contente, la jeune britannique se dirigea alors vers les écuries pour faire un contrôle de routine sur l'emploi du temps qui lui avait été donné le matin même pour le reste de la journée. Ouai en général, les emplois du temps étaient affichés sur le panneau d'affichage de l'écurie pour cause de pratique. Bah en même temps dans un haras les gens passent le plus de temps dans les écuries alors autant les mettre à l'endroit le mieux adapter. Consultant à nouveau le sien elle contempla la suite du programme :

11 heures - Natacha Wilson : Séance de saut pour Cobalt.

Relisant avec attention l'emploi du temps, la blonde acquiesça légèrement, prenant la direction du box de l'étalon, là elle vit qu'il n'y avait personne. Le cheval n'était pas là, décidément ... Attrapant un lad sur le chemin, Natacha lui demanda alors où se trouvait le fameux Cobalt, le jeune homme lui rappela alors qu'il était au paddock. Se munissant d'un licol et d'une longe, la jeune femme se dirigea à l'endroit indiqué, où elle trouva le magnifique cheval noir galopé avec fougue, mais lorsqu'elle hurla son nom, le jeune équidé vint alors la rejoindre au galop face à l'appel de son nom. Lorsqu'il s'arrêta prêt d'elle, la sombracane lui flatta l'encolure, et de là elle lui passa délicatement le licol au-dessus des oreilles. Une fois cela elle passa la lanière dans la boucle à environs trois trous, pour éviter qu'il ne soit trop lâche, et pour terminer elle attacha la longe à l'extrémité du licol. A la suite de quoi, cavalière et monture rejoignirent rapidement l'écurie où la blonde attacha le jeune cheval à un anneau afin de s'occuper de son pansage.

Laissant le cheval sous la surveillance d'un lad pendant quelques minutes, là blonde se dirigea vers la sellerie où elle trouva rapidement la selle et le filet du bel étalon. Une fois ses recherches terminées, matériel en main, la belle cavalière se hâta alors en direction de la sortie de la pièce, mais là elle se figea comme si le passé venait d'empiéter violemment sur son présent ...

Les mots résonnèrent plus comme un « Adieu » que comme un simple au revoir, comme s'ils se reverraient le lendemain ou même la semaine prochaine. Ils ne se reverraient pas avant des mois, peut-être plus, des années ? Edward ne le savait pas vraiment, mais ne parvenait pas à en être triste, tout avait été dit, même si cela avait été dur autant pour l'un que pour l'autre, et l'évidence était là : Ils n’étaient pas fait pour être de véritables frères et sœurs, il n'y avait pas de haine, mais pas d'amour non plus. Juste de la transparence et une indifférence certaine. Longtemps, il lui avait fait du mal sans le voir ; longtemps, elle n'avait pas été là quand il souffrait. C'était tout, après leur discussion, tout s'était évaporé, épuré, mais aucuns des deux ne voulaient reprendre à zéro. Pas assez de temps, ou alors trop, la distance trop importante et après les différentes passes et les mauvaises choses qu'ils avaient passées, ils voulaient refaire leurs vies, elle à New York, lui à Paris, après à Londres. Et chacun faisait partie du passé de l'autre, alors ils devaient en être rayé à jamais. Ca ne leur fit aucun mal, à l'un comme à l'autre.

Edward remonta dans cet appareil si bizarre, l'avion, assis à côté d'un rustre qui prenait sa place plus celle du photographe additionnées, ce qui avait le don d'exaspérer celui-ci. Néanmoins, de Bruxelles, le trajet pris à peine une demi-heure où l'ex-serpentard réussit à acculer son exaspération loin dans sa tête et à rester calme à côté de son voisin. L'ancien vert et argent finit pas descendre, sa valises réduite -discrètement- dans la poche de sa veste, et se prit une grande claque dans la figure. Bien, et maintenant, que faisait-il ? Certes, il savait que Natacha exerçait sur Paris, mais il ne savait pas grand chose d'autre. Il décida d'aller se renseigner auprès d'une hôtesse fixée sur Paris, lui demandant si elle connaissait le meilleur haras sur la capitale. Il connaissait bien la blonde pour savoir qu'elle choisissait ce qu'il y avait de mieux et même si elle était aussi partie pour recommencer sa vie, comme beaucoup d'entre eux ces derniers temps, elle ne serait pas partie pour de la pacotie. Une Wilson restait une Wilson jusqu'au bout.

L'hôtesse lui donna une adresse d'un haras très connu de la population, qu'apparemment tout le monde connaissait, ce qui lui valu un regard légèrement interloqué, qu'il ignora néanmoins. La femme lui donna l'adresse et il s'éloigna à longue jambes, pour arriver le long de la rue. Il attendit longtemps, ne sachant pas vraiment comment se rendre à cette fameuse adresse, se voyant mal demander son chemin et partir à pieds dans cette si grande ville. Néanmoins, après un temps d'observation assez long -on peut pas être beau et intelligent à la fois *paf*-, il réussit à comprendre le système de taxis et voir un peu comment cela fonctionnait. Il se dirigea donc vers une automobile vide et, en donnant l'adresse, se retrouva vite fait devant le bâtiment. Grand, impressionnant, il y résonnait les bruits des cavaliers donnant leurs instructions et des hennissements de chevaux. Le cœur d'Edward battit plus vite d'un coup, se sentant plus proche que jamais de la fille qu'elle aimait ; alors voilà, il avait tout laissé tomber pour venir ici, pour une fille qui allait s'en doute l'envoyer paitre. Il se glissa dans les écuries et il la vit, sans doute un coup de bol. Ses cheveux pendant dans son dos, ses courbes ; rien n'avait changé. Sauf elle. Et lui. Il avait cherché des centaines de piques à lui dire et, pourtant, lorsqu'elle se retourna vers lui, tout s'évapora et il ne put que souffler, en s'approchant d'elle.

Il était là ... Devant elle, à seulement quelques mètres, il était si proche et pourtant ses yeux exprimaient tellement de choses. A cet instant, les sentiments de la jolie blonde se mélangèrent entre eux, et très vite Natacha se laissa dépasser par les évènements, et à ce moment la situation lui échappa. Sur le coup de la surprise, la jeune Wilson dût alors poser le matériel qu'elle avait dans les mains sur un porte-selle. Elle croyait rêver, et pourtant non ... c'est d'ailleurs ce qui la déstabilisait encore plus. Elle n'avait pas prévue ça à son programme d'aujourd'hui, et encore moins à ce que cela arrive, et pourtant le jeune Of Curty était là ... Elle qui pensait que tout cela n'était qu'un jeu pour lui elle c'était bien tromper, deuxième erreur aussi de sa part : il n'avait pas tourné la page, contrairement à ce qu'avait pensé l'ancienne poursuiveuse. Et pourtant ce n'était pas ça qui l'avait poussé à partir loin de là, son indépendance pour lui étant surtout responsable.

Prise au dépourvu, tellement plus encore lorsqu'Edward commença à s'approcher, là Natacha recula sans réfléchir au reste. Il ne fallait pas qu'il s'approche, c'était trop dur pour elle, déjà que le voir lui faisait un choc, mais alors si il était trop près, son parfum la ferait sans aucun doute craquer. Complètement déboussolée, et prise d'un vertige, la blonde se rattrapa légèrement à un des portes-selles qui se trouvait à côté d'elle. Non non je vous rassure c'est juste sur le coup, manquerait plus qu'elle nous fasse un malaise la pauvre petite. N'empêche comment est-ce qu'il avait osé lui faire ça ?? Elle était partie, parce qu'il fallait qu'elle parte ... Pendant tout ce temps, elle avait cru qu'il avait tourné la page mais apparemment non ! Dans ce cas-là pourquoi maintenant et pas avant ?? Tant de questions qui traînaient dans l'esprit de la blonde, et pourtant il fallait avouer que tout était de sa faute, à elle. C'est elle qui était partie sans rien dire, elle qui avait commencé « une nouvelle vie », elle qui ne donnait pas de nouvelles, mais lui il était là. Et c'est sans doute ça qui lui faisait mal, tellement de souffrance derrière ce qu'elle avait fait, et pourtant aucune envie de le faire partager, et le fait qu'il soit là devant elle la faisait réfléchir. Si seulement il était passé à autre chose, cela aurait été plus facile pour tout le monde, enfin surtout pour Natacha.

Lorsque la blonde croisa le regard de celui qui avait été son meilleur ami pendant de nombreuses années, ce fut alors pour elle le début de sa propre sentence. Elle ressentait tellement de choses à la fois que ça en devenait lamentable, tirailler entre son vouloir de fuir et celui d’affronter Edward, la décision semblait loin d’être facile. Ainsi un vent de haine se mêla au souffle sentimental de la belle ... Que faire ?? Que choisir ?? Lui mettre une baffe phénoménale dont il se souviendrait toute sa vie et s’embrouiller avec lui pour rien, ou alors le plaquer violemment contre le mur et l’embrasser sans réfléchir ?? Dans les deux cas, il y avait signe de violence xD … Ou alors aucun des deux et réagir passivement quitte à ce qu’il devienne impatient. En tout cas là Nat’ n’avait pas d’autre choix que de négocier, sinon ça partirait encore en free-style et de toute façon il ne la laisserait pas s’en tirer comme ça alors analysons les choses … Et pourquoi pas faire les deux ?? Mouahahah dans le genre impulsif on ne peut pas faire pire. Quoi que …

Et là enfin il osa articuler quelques choses, la jeune femme s’attendait à ce qu’il sorte de ses gonds en lui balançant ses quatre vérités ou des injures mais non bien au contraire. Il acceptait de la laisser partir ? Le regard de la blonde aurait donc du à ce moment changer d’expression et pourtant rien n’y faisait, elle ne savait pas quoi faire. Des explications ?? Il était marrant … si elle était partie aussi vite il y a des mois c’était évidemment pour ne pas en arriver là … Mais bon à force de toujours repousser les échéances, on se frotte forcément à nos pires démons intérieurs. Soupirant, et dégageant sa tête d’un point négatif, la cavalière se releva intérieurement, elle devait faire face : maintenant. S’approchant légèrement d’Edward, elle esquiva son regard, le coup de l’impulsion pourrait lui faire faire des choses pas très catholiques.

Passant à environs trente centimètres de lui, elle lui murmura délicatement à l'oreille : « Tu n'aurais pas dû venir ici !! Ca aurait été mieux pour chacun de nous deux ... Tu sauras ce que tu veux savoir, mais pas ici ... ». L'attrapant légèrement par le bras, elle regarda autour d'elle toutes les personnes qui les observaient d'un oeil curieux, Natacha n'était pas du genre à s'afficher en public et sa vie privée restait sa vie privée. Et pour ça elle n'avait pas besoin que toute l'écurie parle de la visite du jeune homme. Quittant les écuries de l'aile ouest, la blonde embarqua Edward dans les écuries principales, où de petits escaliers se formaient à l'entrée. Le menant alors dans le bureau situé tout en haut de l'escalier, l'ancienne Serpentard ferma alors la porte à clé et se dirigea vers la grande fenêtre vitrée qui donner sur la carrière.

Depuis l'arrivée d'Edward sur le domaine, la jeune Wilson n'avait jusqu'ici pas oser le regarder dans le blanc des yeux, sans doute un échappatoire de fuite pour elle. Enfin quoi que cela puisse être, elle ouvrit enfin la bouche en demandant comme une c**ne. « Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?? » Elle semblait tellement distante, et pourtant son envie de se retourner pour prendre celui qu'elle aimait la démanger à un point qu'elle se donnait des gifles intérieurement pour penser à autre chose ...

Dire que la veille, lui, Edward Of Curty, venait de passer une nuit en l'agréable compagnie de Keira Williams, une nuit qui, si elle n'avait été "agitée", aurait été horriblement froide. L'impression de mécanisme lorsqu'il passait ses mains sur le corps de la rouquine, lorsque ses lèvres se posaient sur les siennes, lorsqu'il l'avait emmené dans sa chambre. Elle était loin d'avoir été la première fille avec qui il avait passé la nuit depuis le départ de Natacha mais c'était la fois de trop, l'impression que c'était Natacha qui aurait dû être dans ses bras, avec qui il aurait dû passer la soirée après le boulot, même beaucoup d'autres soirées, qu'il aurait dû embrasser avec tendresse, à qui il aurait dû dire " Je t'aime ", avec qui il serait sorti pour aller voir leurs amis, pour passer de chouettes soirées, qu'il aurait porté comme une mariée dans sa chambre, qui serait peut-être devenue leur chambre, qu'il aurait soutenu pour aller au cimetière pour Chad.

Le rêve et l'espoir était là, si proche mais si loin à la fois. Une voix en lui lui dictait de tendre le bras, de l'attraper par la taille et enfouir son visage pour sentir de nouveau son parfum si enivrant, même mélangé à la légère odeur de cheval qui restait de par son métier, et poser son front contre la douceur de son cou, receler leurs lèvres comme s'ils ne s'étaient jamais quitté, jusqu'à en perdre le souffle. Et cette autre voix, impérieuse, qui lui disait de rester distant, de soit ne pas la regarder ou réussir, au contraire, à la regarder dans les yeux, impassible, en quête de réponses et de repartir, le coeur brisé mais l'égo sauf. Edward ferma les yeux l'espace d'une seconde, non, il ne pouvait pas la renier comme ça, si son excuse et/ou son explication lui suffisait, peut-être seraient-ils de nouveau ensemble, peut-être pas. Le temps le lui dirait, son coeur aussi, accessoirement Natacha peut-être. Mais pour l'instant, l'amertume était le seul sentiment qui l'habitait, tant de moments gâchés sans raisons ...

Il la suivit du regard lorsqu'elle passa près de lui, retenant presque sa respiration et ses yeux fixement posé sur son visage, complètement inexpressifs, ne voulant pas être trop sentimental, au moins pour l'instant. Edward suivit sa petite-amie, ou ex petite-amie il ne savait pas trop, leurs pas résonnant comme ceux de condamnés allant à la pénitence, remplis d'amertume, de non-dits, d'amour malgré tout, de rancoeur, de tristesse, comme si leurs coeurs lourds de ne s'être rien dits depuis si longtemps se faisaient entendre par leurs pieds marchant jusqu'à la sentence. Enfin. La sentence était le mot adéquat surtout pour le photographe, qui allait sûrement s'en prendre pas mal, mais avec Faith qu'il avait croisé à l'aéroport, il s'était fait une carapace assez grosse pour contenir une armée de rhinocéros. Après tout, si elle ne lui lâchait que des injures, que pourrait-il dire ? Il ne comprendrait ni le comment et encore moins le pourquoi, mais qui pourrait-il lui dire ? La forcer à l'aimer ? Impossible. La frapper ? Peut-être l'envie serait-elle forte, mais il ne pouvait pas la frapper, elle, déjà parce que c'était une fille, ensuite parce que c'était la seule et sans doute à jamais l'unique fille qu'il aimait. Et aimer, avec le grand " A ". Qui aurait donc cru que Don Juan Edward Of Curty serait un jour attaché comme à une laisse à son ancienne meilleure amie ?

Il y avait de la rancoeur dans sa voix, beaucoup de rancoeur. Ce qu'il avait ressenti lorsque c'était Faith qui lui avait annoncé le départ de Natacha ? De la tristesse, immense, comme un pieu qu'on lui enfonçait dans le coeur, mais face au regard peiné et compatissant, plein de ce sentiment de pitié qu'il avait toujours haï comme jamais, il n'avait ressenti qu'une rancoeur immense envers Natacha, des regrets, légers, mais une rancoeur sans noms face à l'inhumanité dont avait fait preuve la cavalière en partant sans un mot, comme une lâche après un crime horrible, dire que quelques heures avant, elle l'embrassait encore. Et pis, c'avait été de la colère, immense, contre elle, contre tout son être, contre lui-même, contre Chad qui était parti, mais surtout contre lui, pour l'avoir laissé mourir sans lui avoir dit au revoir, pour l'avoir laissée partir. Ca avait été plus fort face au regard amusé d'Erwan. Il avait moins rit lorsque son demi-frère avait passé une nuit avec la fille qu'il aimait, même sans le savoir ; c'en était découlé une sale bagarre que seule Faith avait su stopper.

Edward la regarda fermer la porte à clef, ce qui aurait été terriblement séduisant et sexy si le contexte n'avait pas été celui d'aujourd'hui, le regard difficilement impassible toujours fixé sur la belle jeune femme. Elle avait beau être en tenue de cavalière, tenue qu'il n'avait jamais vraiment aimé, elle restait toujours aussi belle et ne pas la serrer dans ses bras et laisser ses mains parcourir son corps et se réhabituer à elle. Tellement dur. Néanmoins, Natacha l'exaspérait maintenant, à ne pas tenir compte de ses actes. En deux grandes enjambées, il ne fut même pas à deux centimètres d'elle, il lui attrapa le menton sans violence mais assez solidement pour qu'elle ne s'échappe, l'obligeant à le regarder dans les yeux. Nouveau déchirement au coeur, il ne s'en formalisa pas, c'était trop tard. Il répondit donc à sa question, qu'il trouvait si stupide :