La neige s’était arrêtée de tomber pour un moment et Nina, emmitouflée sous une pile de vêtements et couverte de sa cape d’hiver avait décidé d’en profiter pour aller faire une promenade autours du lac, histoire de se changer les idées : déjà deux heures qu’elle passait sur son devoir de potions et elle n’en pouvait plus, surtout que le lendemain se jouerait le premier matche de Quidditch pour Gryffondor, et elle jouerait, en tant que remplaçante à la place d’une poursuiveuse de l’équipe qui était tombée malade deux jours auparavant. Le capitaine, Mike Con’Rad, un grand garçon de troisième année, l’avait prévenue le soir même pendant l’entraînement. Tout de suite, la perspective du samedi n’était plus du tout la même. Si la jeune sorcière n’était d’habitude pas particulièrement stressée, l’idée de jouer pour la première fois devant toute l’école ne l’enchantait pas plus que ça, parce qu’elle était sûre qu’elle ne pourrait rien faire de bien : trois mois auparavant, elle n’avait même jamais touché un souaffle de sa vie, bien qu’elle avait déjà été voir des matches avec ses parents, mais quand on est petit on ne prête pas réellement attention aux manières de jouer.
L’air frais de fin novembre lui rafraîchit le visage et le cerveau. Dans une demi-heure, ça irait sans doute mieux. D’ailleurs, elle n’était pas la seule à avoir eu l’idée de sortir en ce vendredi après-midi. Une bonne part de ceux qui n’avaient pas cours voulait visiblement profiter des dernières heures de jour, avant que le travail scolaire ne leur détruise toute possibilité de voir la lumière du soleil, qui venait de moins en moins longtemps réchauffer la Terre à mesure que l’on s’approchait du 21 décembre et de la nuit la plus longue…et de Noël…et des vacances…et de tant d’autres choses. Sauf que pour le moment, rien d’autre n’occupait l’esprit de Nina que le matche du lendemain. Il fallait le faire, quand même : elle était toujours distraite quand elle voulait se concentrer sur quelque chose, et là que tout ce qu’elle avait en tête était d’oublier ce qu’elle allait faire le lendemain, elle ne parvenait à ne penser à rien d’autre. Quel comble ! Elle ne pouvait même pas aller embêter Camille : son frère lui avait bien signifié qu’il voulait encore travailler un peu et qu’elle devait le laisser tranquille au moins jusqu’au dîner. La jeune fille avait donc réfréné ses ardeurs pour se plonger dans son devoir.
Alors qu’elle commençait son tour du lac les mains dans les poches, Nina aperçut non loin d’elle la forme d’un autre élève qui avait visiblement eu la même idée qu’elle. Heureuse d’avoir enfin trouvé quelqu’un à qui faire partager son ennui, la jeune fille accéléra le pas pour s’en rapprocher. Elle ne savait pas ce qu’il ou elle pouvait bien faire ici, mais elle n’en avait pas besoin pour aller lui parler. S’il ou elle voulait un moment de solitude, et bien il était mal tombé. La Gryffondor, un poil égoïste parfois, venait le lui enlever en s’imposant à lui ou à elle. Et puis si jamais il ou elle n’était pas content…ce serait la même chose. Une fois que la lionne avait une idée en tête, il devenait très difficile de la lui en sortir.
- Hé ! Hé toi devant !