Après-midi ensoleillée [PV Nina Moreau] TERMINE

Sophie était à présent en Troisième Année et elle sentait qu'elle avait le besoin d'aider les autres. Sophie était quelqu'un de très protecteur et c'était la raison pour laquelle elle avait été très contente lors de sa septième année d'avoir une petite sœur. Celle-ci s'appelait Alicia et elle avait actuellement six ans. Sophie éprouvait beaucoup d'affection pour sa chère petite sœur. Celle-ci était vraiment adorable et lui vouait une véritable vénération qui faisait toujours beaucoup rire sa grande sœur. Il fallait avouer que Alicia avait quelque chose de craquant qui ferait fondre n'importe qui. L'ennui, c'était qu'Alicia était également la fille cadette d'un couple de sorciers officiellement opposés à la Magie Noire. Aussi, jusqu'à ce que Lord Voldemort, le plus terrible mage noir de tous les temps, soit vaincu par Harry Potter, Sophie savait que sa sœur pouvait représenter une victime extrêmement intéressante pour les Mangemorts. Heureusement, elle n'avait à présent plus rien à craindre pour Alicia, car la Lord Noir était mort et bien mort.

Néanmoins, Sophie était toujours aussi protectrice et attentive, même si le danger n'était plus omniprésent. Il fallait bien avouer qu'elle avait une tendance à prendre soin des autres, surtout quand ils étaient d'innocentes victimes de personnes malintentionnées. Elle était quelqu'un qui détestait toute forme d'injustice ou de violence gratuite. Il fallait dire que l'époque était mauvaise pour les personnes comme Sophie, du moins jusqu'à il y avait quelques années. Mais Sophie n'était pas fragile et savait se défendre. Elle avait toujours résisté aux gens brutaux ou méchants et ce n'était pas maintenant qu'elle allait commencer à plier face à l'injustice et la violence gratuite. Il n'en était absolument pas question. Sophie commença donc, assise à l'ombre d'un arbre, en train de broder un mouchoir pour sa sœur, à observer le parc pour s'assurer que personne n'avait besoin qu'on lui vienne en aide.

- La la la laï laï !

C’était Nina Moreau, une encore toute jeune première année, qui chantait ainsi en cette journée de fin d’automne, mais néanmoins ensoleillée. Le froid qui s’installait de plus en plus sur l’Ecosse ne chassait pas l’astre de feu qui continuait à prodiguer sa lumière aux élèves de Poudlard qui, pour la plupart, en étaient bien contents. Après deux heures de cours dans les cachots du collège pour un cours de potion, il était agréable de pouvoir sortir sous dans un espace illuminé pour un cours de botanique ou de soins aux créatures magiques. Sachant que ça ne durerait sans doute plus très longtemps – ils avaient déjà subis plusieurs jours de pluie, la Gryffondor était sortie emmitouflée sous plusieurs piles de vêtements. Ce n’était pas le moment de tomber malade : elle était à Poudlard, l’école des sorciers, et Noël approchait.

Nina, qui n’avait pour le moment aucun motif de se plaindre, chantonnait donc. Quoi exactement ? Pas grand-chose en fait, juste un petit air qui lui passait par la tête et qu’elle avait du entendre quelque part. Elle ne se souvenait même plus du titre de la chanson en question ou des paroles qu’elle contenait, c’est dire. La jeune fille ne s’intéressant en même temps pas particulièrement à la musique, et même s’il arrivait que certaines chansons la touchent particulièrement, elle finissait toujours par les oublier, occupée par quelque autre sujet qui devait être objet de son attention. Il faut dire qu’à défaut de toucher à tout, la première année aimait faire plein de choses différents, il est donc aisément compréhensible qu’elle devait laisser certaines choses de côté, et la musique faisait partie de ces choses.

Nina revenait cependant à ce moment vers le château, toute rafraîchie qu’elle était par l’air de l’automne. Le fait qu’il ne pleuve pas et que le soleil brille favorisait la baisse de la température. On ne pouvait tout avoir en même temps, et la jeune fille ne s’en plaignait pas. Après tout, s’il avait plu, elle n’aurait pas pu sortir. Et donc ne serait pas en train de retourner vers les hautes tours du château dans le but de s’enfoncer dans l’un des fauteuils de la salle commune, en face de la cheminée. Il n’y avait rien de tel, après une petite ballade. Mais la lionne aperçut non loin d’elle, seule sous un arbre, une autre fille qu’a priori elle ne connaissait pas (rien d’étonnant là dedans, cela dit, Nina n’était à Poudlard que depuis quelques mois). Se demandant ce qu’elle pouvait bien faire par terre par ce temps – oui, il y avait du soleil, mais quand même – le sol devait être assez froid, du moins c’est ce qu’en pensait la rouge et or.

En s’approchant, Nina remarqua que la fille était une Poufsouffle. Ca ne changeait rien outre mesure, mais c’était toujours bon à savoir, si jamais elle devait avoir à citer le nom d’une personne de cette maison. Enfin bref, pourquoi se préoccuper de telles choses ? Elle était venue pour discuter, non ?

- Salut ! Ca va ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’as pas froid ?

Et oui, Nina était vraiment une grande bavarde ! Ceux qui allaient passer du temps avec elle finiraient bien par l’apprendre et à s’y habituer. Ses deux frères adoptifs l’avaient bien fait.

Sophie vit une fillette, probablement une Première Année, habillée aux couleurs de Gryffondor, qui arrivait en sautillant et en chantonnant dans sa direction. L'attitude de la Gryffondor fit sourire la jeune Poufsouffle qui arrêta un instant sa broderie pour l'observer avec beaucoup d'attention. La nouvelle venue était une petite brunette, munie de jolis yeux chocolats un peu malicieux et qui semblait particulièrement heureuse de se trouver à ce moment là, à cet endroit là. Comme la situation n'avait absolument rien de particulier, Sophie supposa que la fillette avait probablement un tempérament positif. Elle avait une petite bouille qui rappelait à Sophie son Alicia avec quelques années en plus. C'était une jeune fille qui avait encore l'air d'une enfant et qui était, du point de vue de Sophie, complètement adorable.

L'adorable fillette sembla désireuse de faire connaissance avec la jeune Poufsouffle puisqu'elle s'avança soudain dans la direction de Sophie avec la visible intention de lui adresser la parole. Sophie se remit à sa broderie pour laisser à l'inconnue le bénéfice de choisir si elle voulait lui parler ou pas. Elle ne se montra pas le moins du monde surprise quand la fillette s'approcha et la salua. Puis, elle lui demanda ce qu'elle était en train de faire et si elle n'avait pas froid. Il était vrai que le temps, quoiqu'au beau fixe, n'était pas particulièrement chaud, mais la jeune Poufsouffle était chaudement vêtue. Elle adressa un sourire chaleureux à l'adorable Gryffondor qui lui manifestait son souci, puis leva dans sa direction son ouvrage, le petit mouchoir qu'elle brodait pour Alicia en espérant lui en faire cadeau à son prochain retour à la maison. Elle était certaine que sa sœur l'adorerait.

"Bonjour ! Je brode, tu vois ! Il s'agit d'un mouchoir que j'ai l'intention d'offrir à ma petite sœur. C'est vrai qu'il fait un peu froid, mais je suis bien couverte et je déteste rester enfermée. Je préfère de beaucoup broder au soleil et puis, l'ombre de cet arbre me protège un peu du froid. Je m'appelle Sophie Kirte, et toi quel est ton nom ?"

Ah ben tient ! Elle avait bien choisis, Nina, pas de doute : la chance jouait pour elle et elle n’était pas tombée sur une de ces filles qui ne veulent répondre aux autres qu’avec réticence et qui ne sont rien de mieux que seules. Tant mieux, parce que celles là n’avaient que des raisons de détester la petite blonde, dont le passe-temps favoris consistait à bavarder, parler et discuter avec tous ceux qu’elle pouvait croiser. A ce moment, c’était tombé sur cette rouquine de Poufsouffle qui s’appelait comment déjà ? Ah oui, Sophie Kirte, elle venait de le dire. Et elle faisait…de la broderie ? Bon, chacun ses goûts, c’est vrai. Si elle aimait ça, Nina n’avait aucune raison de critiquer son activité. C’est vrai, quoi, si Camille lui signifiait qu’elle n’aimait pas qu’elle fasse ceci ou cela ; ou qui que ce soit d’autre, d’ailleurs ; ils n’auraient jamais finis. La blonde ne comprenait pas ce que la Poufsouffle pouvait trouver à la broderie, puisqu’elle-même ne pouvait pas rester assise concentrée sur une activité très longtemps, mais si ça se trouve, c’était très…passionnant ?

- C’est gentil pour ta sœur. Elle est à Poudlard ? Comment elle s’appelle ? Oh excuse-moi, j’ai pas répondu à ta question. Je m’appelle Nina Moreau, enchantée. J’suis en première année, à Gryffondor, mais ça tu l’auras remarqué je pense. Je peux m’asseoir avec toi ? C’est vrai qu’il ne fait pas si froid que ça, après tout.

Sans attendre de réponse, Nina s’exécuta et posa ses fesses en face de Sophie, sous l’ombre de l’arbre. Elle serait ainsi plus à l’aise pour discuter, si elle n’embêtait pas l’autre fille, parce que dans ce cas, bien entendu, elle partirait…peut être. Rester risquait d’être dangereux : même si la Poufsouffle avait l’air super gentille, elle connaissait sans doute déjà beaucoup de sorts. Quoi que, si elle était en première année – ce qui était possible, elle pouvait n’être que très grande – elles avaient le même niveau. Mais dans tous les cas, la lionne n’était pas venue pour se fâcher avec cette Sophie Kirte, mais pour discuter à l’ombre d’un arbre en plein milieu de l’automne et sur un sol gelé. La rouquine avait eu raison sur un point : la cape d’hiver protégeait amplement les fesses de la blonde du froid de la terre. Tant mieux, parce qu’outre le vert, la sœur de Camille Moreau détestait également le froid quand il était vraiment trop fort, mais comme la plupart des gens, je suppose. Sur ce, après cette fantastique digression, je passe à autre chose.

- C’est pas trop dur ? J’avoue que j’ai jamais essayé, il faut bien trop de concentration à mon goût, mais ça doit quand même pas être évident. Enfin euh…d’ailleurs je vais peut être pas trop t’embêter, parce que je parle, je parle, mais faudrait pas que je te déconcentre. D’ailleurs, moi non plus je n’aime pas beaucoup rester enfermée, mais il faut dire qu’avec ce temps on a pas non plus franchement envie de sortir.

Et elle parlait, elle parlait, sans s’arrêter, oubliant la présence de Sophie. Quand elle s’en fut rendue compte, elle s’arrêta tout net, pour la laisser réponse, sans manifester la moindre gêne.

Sophie éclata de rire en entendant la question posée à-propos de sa sœur, un rire pas méchant, mais amusé. Sophie avaitt vaguement l’impression que Nina n’aurait, elle, pas forcément trouvé intéressant l’art de la broderie. Elle n’avait rien contre le fait que Sophie la pratique mais, à première vue, elle ne pensait pas être suffisamment capable de se concentrer pour faire ce que Sophie faisait. Sophie sourit à Nina. Elle savait très bien que, pour broder, il fallait non seulement beaucoup de concentration mais également un tempérament calme et tranquille qui aspirait à faire des activités qui demandaient du temps, mais qui n’étaient pas très sportive. Sophie était capable d’être alerte et vive dans de nombreux cas, par exemple en cas de danger, et c’était pour cela qu’elle faisait régulièrement du Quidditch, mais elle était aussi capable de rester assise pendant des heures à lire ou a broder sans jamais se fatiguer. Sophie était comme ça. Elle se souvenait d’une fois où elle avait passé énormément de temps à lire à haute voix pour Alicia qui avait adoré ça. Nina demanda à Sophie si ça la dérangeait qu’elle s’assoit près d’elle, mais Sophie n’eut pas le temps de répondre que Nina était déjà assise. Souriant, elle lui répondit tout-de-même.

« Bien-sûr que tu peux t’asseoir. Ca ne me pose aucun problème. Excuse-moi d’avoir ri, mais ma sœur n’a que six ans, elle est trop jeune pour Poudlard. »

Nina s’intéressa soudain au travail que fournissait Sophie pour broder le mouchoir de sa sœur. Elle lui demanda s’il ne fallait pas beaucoup de concentration pour broder. Si elle était honnête, Sophie devait bien avouer qu’elle ne se concentrait pas beaucoup pour broder. Elle était tout à fait au fait de ces choses là et elle n’avait aucune difficulté à broder et à faire d’autres choses en même temps. Ecouter Nina était l’une d’elle et pas des moins agréables. La volubilité de la fillette lui plaisait beaucoup car elle-même aimait beaucoup bavarder. Nina se mit à parler de son goût pour les promenades à l’extérieur. Sophie aimait, elle aussi, beaucoup se promener. Ce n’était pas pour rien que l’un de ses cours préférés était les Soins aux Créatures Magiques. Sophie aimait beaucoup la nature.

«Tu ne m’ennuies pas, j’adore discuter et je suis enchantée de bavarder avec toi. Je peux bien broder en même temps. »

Sophie éclata de rire, et ce rire se transmit bien vite à Nina, même s’il ne devint chez elle qu’un sourire amusé : la Gryffondor aimait rire, mais pas au point de rire pour rien, sans raison. Peut être que son interlocutrice se moquait d’elle et la demoiselle n’était pas bête au point de rire d’elle-même, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, Maurice. Donc je disais que Nina souriait de voir Sophie rire, parce qu’elle appréciait la joie chez les autres et détestait ceux qui avaient toujours n air triste, comme s’ils en avaient marre de vivre et d’être dans la meilleure école de sorcellerie de Grande Bretagne et du monde. La lionne savait que tout le monde n’avait pas cette chance, de par le parfait exemple qui lui avait donné de ses deux frères adoptifs qui, s’ils étaient à Poudlard, bien entendu, avaient perdu leurs parents très tôt. La fille Moreau ne savait pas exactement ce qu’ils pouvaient ressentir, mais s’était toujours efforcée de faire comme s’ils étaient des frères normaux, et n’avait d’ailleurs jamais eu d’efforts à faire, tant l’entente dans la famille était bonne. Il reste néanmoins que ça ne devait pas être facile tous les jours pour Hugh et Camille, voilà où je voulais en venir par cette longue digression.

En tout cas, Sophie finit par expliquer le pourquoi du comment de son rire, ce qui fit enfin rire Nina, qui comprit sa bêtise, qui n’en était pas vraiment une : elle avait juste posé une question avec sa curiosité habituelle, qui pour le coup n’était nullement gênante, bien au contraire, du moins du point de vue de la jeune Gryffondor pour qui les affaires familiales, à moins d’être vraiment graves ou différentes, ne devaient pas rester cachées : pourquoi risquer de se disputer avec le frère ou la sœur d’une amie parce qu’on ne le connaissait pas ? Mieux valait demander plutôt de commettre un impair, surtout que dans le cas présent elle ne risquait pas de faire une grosse maladresse. Sophie avait clairement parlé de sa sœur, qui aurait tout à fait pu être à Poudlard, puisque l’aînée y était et avait déjà passé trois ans dans le collège de sorcellerie. Il était difficilement concevable pour la lionne, dont l’un des frères avait son âge et l’autre était à peine plus vieux, que deux sœurs puissent avoir sept ans de différence comme c’était le cas ici.

- Ouah ! Elle est vraiment jeune, alors. T’es vraiment gentille avec elle, je sais pas si je serais capable d’en faire autant, moi, même si j’aime beaucoup mes frères.

Et voilà, ils y étaient finalement arrivés, les deux frères de Nina, Camille et Hugh. La Gryffondor y tenait beaucoup, même s’ils n’étaient que ses frères adoptifs, ou peut être bien pour cette raison, d’ailleurs. Sans doute que les meilleurs psychologues et psychanalystes se penchaient sur la question, mais pas la jeune Moreau qui savait juste qu’elle adorait ses frères et ne s’occupait pas de problèmes annexes dont elle n’avait que faire. La lionne n’aimait pas particulièrement chercher le pourquoi du comment de la vie et préférait s’amuser et apprendre pendant tout le temps dont elle disposait.

- Dis, c’est quoi tes matières préférées ? Parce que bon, les profs peuvent faire un certain effet pour les premiers cours, mais toi, c’est quoi ton avis après deux ans ici ?

Alors que Sophie riait, Nina se mit à sourire, ce qui rassura instantanément Sophie. La jeune fillette ne semblait pas ennuyée outre mesure que Sophie ait éclaté de rire. Mais Sophie trouvait que sa camarade était de fort bonne compagnie et également d'une humeur charmante. C'était la raison pour laquelle elle parla avec elle avec une complète franchise sans détour. En entendant son aveu, Nina accompagna Sophie dans son rire et cela fit du bien à la jeune fille que sa nouvelle amie rit avec elle. Nina vanta ensuite la gentillesse de Sophie envers sa petite sœur, gentillesse que Nina prétendit ne pas pouvoir imiter vis-à-vis de ses frères à elle.

"Je suis obligée de protéger mon Alicia. Elle est si petite. Si on ne veille pas sur elle, elle pourrait se blesser ou avoir des soucis. Tes frères n'ont sans doute pas six ans."

Sophie sourit, persuadée que Nina aurait agi pareil face à la petite frimousse adorable d'Ali. Mais elle ne dit pas ce qu'elle pensait pour ne pas monopoliser la conversation. Nina, elle, ne semblait avoir qu'une envie, celle de continuer la conversation. Elle se mit à parler des matières qui plaisaient à Sophie. Celle-ci devint alors rêveuse.

"Moi, j'aime les Potions et le Soin aux Créatures Magiques, puis la Botanique, l'Arithmancie, principalement. Le professeur Vector est tellement gentille, tu sais."

La réponse de Sophie étonna un peu Nina, qui n’avait pas particulièrement pensé ni parlé de protection, mais peut être que cela allait avec La troisième année voulait sans doute lui dire qu’elle sentait avoir un devoir de protection envers sa sœur, ce qu’elle pouvait facilement comprendre : la demoiselle ne savait pas quelle serait sa réaction si quelqu’un se mettait à faire du mal à Camille ou Hugh, même s’il y avait de grandes chances qu’ils se débrouillent mieux qu’elle : avec un an de plus, Hugh connaissait beaucoup plus de sorts qu’elle et savait mieux les utiliser, et puis Camille, même s’il était plus jeune de quelques mois, était bien plus sérieux que la Gryffondor qui se trouvait parfois un peu forcée de travailler ses cours et les formules que leur donnaient les professeurs Flitwick et Mordeus. Néanmoins, la petite Moreau jugea utile d’éclaircir ce point avec sa nouvelle connaissance de Poufsouffle, afin qu’elle ne la juge pas sur une incompréhension, sait-on jamais. Les gens avaient parfois d’étranges façons de penser, la demoiselle en avait fait l’expérience à l’école primaire. Bon, il faut aussi dire que Camille et elle n’étaient pas forcément banals, mais à son âge, on pense avoir toujours raison, n’est-ce pas ?

- Oui, je me suis mal exprimée. C’est sûr qu’ils n’ont pas six ans, et qu’à essayer de les protéger je les embêterais plus qu’autre chose. Mais en fait je crois que je voulais dire que je n’arriverais pas être gentille de cette façon là, comme toi. Oui, c’est bien ça.

Sophie sembla vouloir ajouter quelque chose, mais finalement s’en abstint, autre chose qui étonna Nina. Pour elle, qui parlait tout le temps, il était essentiel de dire ce que l’on avait en tête. Les non-dits ne pouvaient apporter que des problèmes ou des incompréhensions qui nécessitaient de nouvelles explications. Et puis de toute façon, la Gryffondor considérait que parler était un tel plaisir qu’on n’avait pas besoin de justifier qu’on le fasse. Après tout, justifiait-on le fiat que l’on se nourrisse trois fois par jour ? Mais en fin de compte, la troisième année rebondit sur sa question à propos des cours. Nina hocha la tête au premier qu’elle cita, mais s’arrêta quand elle se rendit compte que la Poufsouffle continuait. Elle n’aimait pas un cours particulièrement, mais deux…trois…quatre ! Jamais la jeune lionne n’aurait pu imaginer qu’autant de cours seraient intéressants quand on voyait la pile de devoirs qu’ils leur donnaient à chaque fois. Par contre, pour l’arithmancie, l’argument de Sophie était bon : un professeur gentil voilà qui était un bon point, même si ça ne faisait pas tout.

- Je vois, tu ne dois pas t’ennuyer, hein. De toute façon, si les profs vous donnent autant, et sûrement plus de devoirs qu’à nous, vous devez pas vraiment en avoir le temps. Et sinon, ya quoi de vraiment bien qu’il faut savoir à Poudlard ? Dis-moi tout, je veux savoir ce que mon frère ne m’a pas dit. Et puis comme t’es plus vieille, je suis sûre que tu sais plein de chose.

Nina était tout de même une gentille petite fille et même si elle affirmait qu'elle n'avait pas la patience et la gentillesse de Sophie, celle-ci se remit à penser à sa jeune sœur et demeura persuadée que personne ne pouvait lui résister, surtout quand elle demandait quelque chose en faisant un grand sourire, laissant apparaître ses jolies dents blanches. Il fallait bien le dire, Alicia était positivement craquante. Mais Sophie se dit qu'elle n'était peut-être pas objective car elle avait beaucoup de tendres sentiments pour sa sœur. Sophie sourit lorsque Nina prétendit que, si elle cherchait à aider ses frères, ce serait plus négatif que positif et qu'elle leur causerait plutôt des problèmes qu'elle ne les aiderait. Sophie se dit que les frères de Nina étaient sans aucun doute suffisamment âgés pour se débrouiller, mais que Nina devait tout de même beaucoup les apprécier à l'évidence et cela lui fit plaisir. Sophie ne pourrait pas manquer de s'entendre avec une fillette aussi expansive et adorable que Nina. Elle la remercia pour le compliment que lui faisait la jeune Gryffondor. Puis, elle se remit à broder en écoutant la réponse de Nina à ce qu'elle-même avait dit.

Nina se mit à parler de la quantité de devoirs donnés par les professeurs en Première Année et déclara qu'à son avis, étant en Troisième Année, Sophie devait en avoir beaucoup plus qu'elle. Elle ajouta que Sophie ne devait donc certainement pas s'ennuyer. Sophie ne s'ennuyait jamais en effet. Dès qu'elle avait fini son travail scolaire, elle se précipitait à la bibliothèque pour parfaire son travail de guérisseuse ou elle se promenait dans le parc de Poudlard, et parfois, comme aujourd'hui, elle brodait tranquillement pour sa petite sœur. Une fois, elle avait même été aux abords de la Forêt Interdite pour penser à son amie licorne dans le forêt de son lointain manoir d'Ecosse et une licorne était même venue la voir. Mais son professeur de Soins aux Créatures Magiques lui avait déconseillé de recommencer, la Forêt Interdite, même à ses alors, recelant énormément de dangers de toutes sortes. Nina l'interrogea sur les distractions de Poudlard. Sophie se tourna vers elle, se détachant un instant de son ouvrage, pour lui répondre.

"Eh bien, je doute que mes distractions personnelles t'amusent étant donné que beaucoup d'entre eux sont liés à mon apprentissage de guérisseuse. Mais je sais qu'à Poudlard, outre le Quidditch, il y a quelques clubs. Il y a l'éternel club de Bavboules, bien-sûr, le Hibou Bavard, notre journal. Mais il y a également un club de musique je crois. Dis-moi, qu'est-ce que tu aimes faire ?"

Plus Sophie parlait, et plus Nina avait envie de l’écouter, ce qui était très rare chez la jeune Gryffondor, qui avait été habituée depuis assez longtemps à parler plus en quelques minutes qu’elle ne pourrait en entendre en plusieurs jours Sa nature curieuse et bavarde avait été grandement satisfaite du fait qu’elle avait grandi avec Camille et de la complicité qui s’était très vite nouée entre la fille Moreau et le plus jeune des Taillebourg. La lionne ne s’était d’ailleurs jamais préoccupée du fait qu’elle et son frère adoptif n’étaient pas liés par le sang : aussi longtemps qu’elle se souvenait, elle avait toujours vécu avec lui et ne s’interrogeait pas à propos de ses origines, même si elle avait su prêter une oreille attentive à ce que Camille pouvait avoir à lui dire sur ce sujet, dans les rares moments où il lui arrivait de l’aborder avec elle. Il était de toute façon plus que logique que le garçon préfère s’adresser à ses parents adoptifs qui savaient bien mieux lui répondre et l’aider que la blonde, même si cette dernière faisait toujours ce qu’elle pouvait. Mais en l’occurrence, elle était tombée sur quelqu’un qui, semblait-il, aimait bien parler, et tout cela intéressait Nina, qui prêtait donc une attention toute particulière aux propos de la Poufsouffle.

- Tu veux devenir guérisseuse ? Et tu travailles déjà pour ça ? Mais il me semblait que c’était bien plus tard qu’on devait choisir son futur métier. Et c’est dur ? Et ça consiste en quoi, exactement ?

Chassez le naturel, il revient au galop. Même si Nina avait réussit à s’arrêter dans l’enchaînement des questions pour laisser la Poufsouffle répondre, elle en avait déjà posées beaucoup, et presque sans prendre le temps de respirer, mais Sophie devait commencer à avoir l’habitude : dix minutes seulement – voire moins – que la Gryffondor était arrivée, et elle avait déjà énormément parlé. Les réponses laconiques qui enterraient la conversation, ça n’était pas son truc. Quel intérêt, en effet, de dire quelque chose si l’autre ne peut plus rien ajouter après ? Malgré sa conception toute particulière du dialogue, la demoiselle avait quand même conscience que pour discuter, il faut être deux et que ne pas relancer l’autre menait souvent au silence gêné de ceux qui n’ont plus rien à dire. Certes, la blonde avait toujours quelque chose à dire, mais passer d’un sujet à l’autre sans lien aucun entre les deux la gênait quand on parlait de quelque chose qu’elle appréciait ou qui l’intéressait.

- Alors…ce que j’aime faire…plein de choses, mais surtout discuter avec mes amies ou avec Camille, ou même avec n’importe qui. Puis voler sur un balais aussi, j’ai déjà essayé à la maison, et c’est marrant. Faudra que j’essaye le Quidditch un de ces jours, j’irais voir à l’entraînement de Gryffondor. Je suis sûre que c’est super marrant, même si prendre un cognard dans la figure ou dans le bras ne doit pas faire que du bien, mais si c’est autorisé, c’est que ce n’est pas si dangereux que ça, et on dit que Mrs Pomfresh est l’une des meilleures infirmières du pays.

Tout en parlant, Nina prit un élastique dans sa poche afin de se faire une queue de cheval : le vent qui se levait de temps en temps faisait voleter sa crinière blonde dont quelques mèches finissaient dans sa bouche ou dans ses cheveux, ce qui n’était pas forcément des plus agréables. En tout cas, la jeune fille n’eut pas besoin cette fois-ci de faire un effort pour marquer une pause dans sa diatribe, captivée qu’elle était par son interlocutrice toute jaune.

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SAPIN

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