Laura - Mike

Laura Thinkingen, 13 Pulverteich, Hambourg
le 5 septembre 1999.




Tout d’abord, excuse moi de ne pas t’avoir écris pendant les vacances comme je te l’avais promis. Des évènements indépendants de ma volonté m’en ont empêché, tu les apprendras plus loin dans cette lettre. J’avais à cœur de m’excuser et j’espère que tu ne t’es pas inquiété parce que je n’ai même pas pris le temps de répondre aux lettres que tu m’as envoyées. Je ne t’ai pas oublié, et comme je te l’ai dit, si tu reçois de mes nouvelles seulement maintenant, c’est que je n’ai pas vraiment eu le choix. Au moins, je sais moi que toi tu vas bien et que tu ne t’es pas fait trop de soucis à mon propos, et d’ailleurs que tu ne t’en feras jamais. A mon avis, tu as déjà bien assez de choses à penser pour ne pas te préoccuper de moi, surtout que je suis plus âgée et donc a priori un peu plus sage, même si en ce qui me concerne ce n’est pas prouvé. Mais bon, venons en au fait.

Tu l’auras sans doute remarqué, je n’étais pas à Poudlard pendant le banquet et je ne suis pas apparue depuis dans la tour de Gryffondor. La raison est simple : je ne reviens pas à Poudlard cette année, ni jamais d’ailleurs, a priori. Laisse-moi ne pas raconter les circonstances qui m’empêchent de revenir dans notre chère école, elles sont encore trop douloureuses pour moi et si jamais tu es vraiment trop curieux pour te satisfaire de cette réponse, tu peux demander à Rory Monroe, qui est à Serdaigle en cinquième année. Elle est au courant et t’expliquera volontiers, je pense. Mais ne l’embête pas trop : elle doit passer ses BUSEs cette année, et je ne voudrais pas qu’elle les loupe par ta faute, ce qui accessoirement me reviendrait dessus. Quant à moi, je sens ma main trembler rien qu’à l’évocation de ce dont je ne veux pas parler, je vais donc passer à autre chose.

J’habite désormais à Hambourg, dans le Nord de l’Allemagne. Il ne fait pas très chaud, encore pire qu’à Poudlard, mais c’est une belle ville. Plus grande que la plupart des villes anglaises, si l’on exclut Londres, mais bref, je la connaissais déjà de toute façon, puisque j’y viens chaque été. Désormais, c’est là que je vis, chez mes grands parents pour le moment, peut être autre part si mon père trouve un appartement. Je vais également de nouveau à l’école moldue, et ça fait vraiment bizarre, même si ça ne fait que depuis quatre jours que j’y suis. J’avais perdu l’habitude des cours normaux, même si mes parents se sont toujours débrouillés pour que j’aie un minimum d’éducation moldue. Je dois bien avouer que Poudlard manque quelque chose à ne pas apprendre des choses que je considérais comme normales avant d’apprendre que je suis une sorcière.

Comme je ne suis plus à Poudlard, je ne pourrais plus jouer au Quidditch. Ca me fait de la peine de partir comme ça sans pouvoir prévenir Zack et les autres de vive voix, mais la vie est faîte ainsi, que veux-tu. Pourras-tu le faire pour moi ? J’aurais pu écrire à Zack, mais c’est déjà la troisième lettre que j’écris aujourd’hui et je commence à avoir mal au poignet. Je ne veux en plus pas le déranger pour pas grand-chose, et comme vous vous verrez à l’entraînement…de toute façon il s’apercevra bien tout seul que je ne suis plus là et qu’il lui faudra chercher un nouveau gardien. Mais si je pouvais lui éviter d’avoir à me chercher dans tout le château…

Voilà, assez parlé de moi à présent. J’espère recevoir de tes nouvelles et que tu ne me bouderas pas parce que je ne t’ai pas répondu la dernière fois. Tu n’as quand même pas besoin de te presser : ma chouette attendra dans la volière. Elle y est certainement mieux qu’à Hambourg.

Je te fais de gros bisous.
Laura.

Laura Thinkingen, 13 Pulvertreich, Hambourg
le 13 septembre 1999




Je ne m’attendais pas à une réponse si rapide, persuadée que tu aurais trop de travail pour penser assez longtemps à ton amie pour lui écrire. Je vois que ce n’est pas le cas, et je suis vraiment contente de pouvoir déjà te lire, quoi que je devrais écrire à McGonagall pour lui signaler que vous n’avez pas assez de devoirs. Mais je ne tiens pas à te mettre en colère contre moi si tôt dans l’année, surtout si tu as été aussi désolé que tu le dis de ne pas m’avoir vue. Mais de toute façon, pourquoi mettrai-je ta parole en doute ? Tu ne m’as jamais menti, ou alors je ne l’ai pas su. Prend garde à toi si jamais je devais apprendre que tu m’as raconté des bobards et que tu étais en fait tout occupé d’une autre fille pendant le banquet. Je suis sûre que je trouverais quelqu’un pour me le dire.

Je rigole, bien entendu. J’espère au contraire que tu t’es bien amusé et que tu n’as pas passé tout ton banquet à te demander où est-ce que j’avais bien pu penser. Le jour de la rentrée est peut-être l’un des meilleurs avec celui de la fin des cours, alors autant en profiter au maximum, surtout si c’est pour faire un peu peur aux premières années. Il ne faudrait pas que cette tradition se perde, et Billie me parait trop gentille, pour le peu de fois que j’ai pu la rencontrer. C’est dommage d’ailleurs, elle n’a qu’un an de plus, après tout. Mais je me demande pourquoi je t’embête avec ça alors que j’ai bien plus intéressant à te raconter, surtout après ce que j’ai pu lire dans ta lettre, bien longue elle aussi.

Félicitations pour ta nomination en tant que capitaine de l’équipe, j’espère que tu sauras la conduire jusqu’au bout, mais je ne doute pas que tu seras aussi doué à ce poste que tu l’es en tant que poursuiveur. Par contre, il faudra sans doute être un peu plus raisonnable que ce que tu as montré le soir de notre victoire contre Serpentard, il y a deux ans, alors que les Carrow étaient encore à Poudlard. L’autre idiot de Theophile et toi avez mis toute la maison en danger, et ça aurait pu très mal finir. Heureusement que tout le monde est sourd, au château. Je n’aurais pas aimé les voir débouler dans la salle commune. Enfin, ne parlons pas du passé. Tout ça pour dire qu’il faut que tu montres l’exemple à toute l’équipe, maintenant.

Bon courage pour ta recherche de joueurs, mais je suis sûr que ça va marcher. Il y a toujours plein de premières années qui veulent jouer. D’ailleurs, c’est aussi comme ça que nous avons commencé, en remplaçant d’autres joueurs plus anciens qui étaient indisponibles. Je suis par contre désolée pour Zack. J’espère pour lui que sa blessure n’est pas trop grave et qu’il s’en remettra : même en dehors du Quidditch c’est toujours chiant d’être handicapé, même temporairement. Se balader en béquille à Poudlard n’est à mon avis pas facile : avancer à deux à l’heure et monter des escaliers qui bougent tout seul quand il faut pas, non merci. On a tôt fait de passer l’année dans le bureau de Rusard.

Il ne fait pas aussi froid que ça, à Hambourg, pas encore du moins, même si on n’est pas très loin du Danemark. La ville est au bord d’un bras de la mer du Nord. Non, ce qui change vraiment par rapport à avant, c’est que la ville est bien plus grande que le village où je vivais avant. Je ne sais pas combien il y a d’habitants, mais tu ne peux pas faire deux pas dans la rue sans voir quelqu’un. Les magasins sont toujours bondés et les classes, je ne t’en parle pas. Bah, au moins je suis sûre de ne pas trop m’ennuyer. C’est sûr qu’il y a plein de choses à faire tous mes après-midi. Je vais peut être reprendre le base-ball, si je trouve un club. Faut que je pense à demander à mes grands-parents, ils en savent peut être quelque chose.

Je n’ai pas encore dit tout ce que je voulais, mais il est l’heure d’aller dîner, et je veux vraiment qu’elle parte maintenant. Je t’en dirais plus la prochaine fois.

Je t’embrasse bien fort, et ne fait pas de bêtises.
Laura.

Laura Thinkingen, 13 Pulvertreich, Hambourg
le 30 septembre 1999





Ouh là, mais quelle avalanche de compliment ! Serais-tu malade, mon cher Mike ? D’autant que la plupart sont infondés. Arrête tout de suite, sinon je ne vais plus sentir mes chevilles. Et puis j’imagine déjà tout ce que me demanderont mon père et mes grands-parents si jamais l’une de tes lettres devait tomber entre les mains de mon frère. Je préfère ne pas imaginer le temps que j’y passerais, et ce serait vraiment très, très gênant. Alors si tu veux m’éviter une telle souffrance, s’il te plait évite de raconter des bêtises dans tes lettres, même si, je l’avoue, la dernière m’a faîte bien rire. En effet, concernant ma supposée générosité, sache, cher ami, que ce serait justement très généreux de ma part de dire à McGonagall que tu ne travailles pas assez et que tu risques de mettre en péril ta réussite scolaire, et donc le prestige de Gryffondor. Mais tu dois bien te douter que venant de moi, ce courrier ne serait pas pris au sérieux par la directrice de Poudlard. On ne peut pas vraiment dire que j’aie été une élève modèle, surtout en métamorphose.

D’ailleurs, à ce propos, j’ai oublié de t’en parler dans ma dernière lettre, mais Rory m’a dit qu’elle avait entendu parler d’une nouvelle directrice pour Gryffondor, une prénommée Mme Broome. Comme elle est à Serdaigle, elle ne sait pas vraiment ce qu’il se passe chez vous, mais toi, as-tu eu plus de nouvelles ? Parce qu’il est vrai que McGonagall a bien d’autres choses à penser : elle doit s’occuper de toutes les maisons, et du château, à présent. On l’a bien vu l’année dernière : elle ne venait plus faire des descentes dans la salle commune après chaque matche de Quidditch pour nous empêcher de faire la fête, mais passons. Je suppose que tu m’aurais déjà avertie si tu en savais quelque chose.

Enfin, pourquoi donc veux-tu que je demande aux autres élèves ce que tu faisais. D’une, je n’ai pas à le savoir, c’est ta vie après tout, et de deux, euh…je sais plus ce que je voulais dire en deuxièmement, donc oublie. Bref, tu as compris ce que je voulais te dire, et si tu n’as pas compris…et bien je te ferais bien un dessin, mais j’ai jamais été particulièrement douée pour ça. En fait, il n’y a vraiment pas grand-chose où je suis forte. Le sport, et tout ce qui touche à la nature, si. Pour le reste….mais je raconte encore des bêtises et je vais de nouveau ne pas pouvoir finir ma lettre, si je continue comme ça.

Tu me dis de ne pas faire attention à la rature, mais on ne voit que ça dans la lettre. Elle m’a sauté aux yeux quand je l’ai ouverte. Mais j’oublie qu’à Poudlard vous n’avez pas l’effaceur. Trois semaines de cours, et voilà que je reprends les vieilles habitudes de l’école primaire. Il faut que je fasse attention, sinon je ne serais même plus capable de lancer un simple « lumos » quand je pourrais de nouveau faire de la magie, c'est-à-dire dans un peu moins de quatre ans. C’est bien loin, donc je compte sur toi, entre autres, pour m’aider à me souvenir que je suis une sorcière, même si je vie avec des moldus, que je vais à l’école moldue et que j’aurais sans doute dans pas si longtemps un métier moldu. Ca n’est pas plus mal d’ailleurs, je vois pas trop ce que j’aurais pu faire chez les sorciers avec mon niveau. Personne n’’aurait voulu de moi.

Quant au Quidditch, je ne peux pas te répondre, puisque je n’en sais rien, mais finalement, on s’en fout : ce qui est fait est fait, c’est toi le capitaine alors tu dois diriger l’équipe et imposer tes choix plutôt que de perdre du temps à te demander ce qui se serait passé si x ou y aurait fait ça ou ça. Lance-toi et oublie le reste. Comme tu l’as dit, tu es plus mature depuis ta première année, et heureusement, je m’inquièterais sinon. Met donc cette maturité en œuvre pour jouer ton rôle, sans négliger les conseils des autres, et particulièrement des plus anciens. Les lions ne se mangent pas entre eux, tu le sais aussi bien que moi.

Oui, je me plais à Hambourg, apparemment les gens aiment bien y faire la fête, même si pas autant que dans le Sud, mais ils sont moins portés sur l’alcool. Heureusement, sinon mon père aurait peur de me laisser sortir. Pour ce qui est de ton côté séducteur…je crois que tu as besoin d’encore un peu d’entraînement.

Bisous et bon courage à toi.
Laura.

Laura Thinkingen, 13 Pulvertreich, Hambourg
Le 11 octobre 1999







Tu sais quoi ? Des fois j’ai l’impression que tu ne réfléchis pas quand tu m’écris. Puis après je me dis qu’en fait tu pèses bien chaque mot, ou du moins j’espère. Sinon pense bien à te relire avant de m’envoyer tes courriers. Comment pourrais-tu, à ton avis, savoir si je rougis ou pas quand je lis tes lettres ? Peut être que je tremble à chaque fois que j’en reçois une de savoir ce que tu peux bien m’y dire, peut être que toute la journée en cours je ne pense qu’à la prochaine ou à ce que je dois te répondre au lieu d’écouter comme l’élève modèle que je devrais être si je veux réussir ma vie et ne pas finir comme une loque mi sorcière ni moldue, pas assez douée pour être l’un ou l’autre, ou même les deux à la fois. Et puis d’ailleurs, sans vouloir te décevoir, ça me ferait louper de très bonnes choses parce que mine de rien, on y apprend quand même des choses intéressantes de temps en temps, selon les profs. Un peu comme à Poudlard d’ailleurs. Mais bon, je passe déjà assez de temps à l’école pour pas avoir envie de t’en parler encore. Si tu veux savoir à quoi ça ressemble, je te suggère de venir visiter.

Comme apparemment il faut tout t’expliquer, concernant mes grands-parents, je n’ai pas peur qu’ils voient tes lettres. Ce dont j’ai peur, c’est des bêtises que pourrait raconter mon petit frère s’il venait à les lire. Tu sais comment sont les enfants, pas forcément plus méchants que les adultes, mais plus francs, ils disent tout ce qu’ils pensent – ce n’est pas une mauvaise chose cela dit, je trouve bête que ça change avec l’âge – et bon, il pourrait faire traîner des rumeurs pas des plus agréables, voire les montrer à tous ces petits copains, et là ce sera vraiment l’horreur à chaque fois qu’ils viendront à la maison. Il va falloir que je fasse plus attention à la clef de mon bureau. Vraiment dommage que je ne puisse pas utiliser la magie, je l’aurais bien verrouillé à l’aide d’un sort. Je pense qu’en me concentrant vraiment, pour une fois, j’aurais pu ne pas faire exploser la maison.

Pour McGonagall…admettons que je n’aie pas été l’une de ses meilleures élèves, et c’est peu dire, est-ce que cela veut dire que je raconte des bêtises ? Je ne pense pas. Je te l’accorde, je suis bien mal placée pour te donner des leçons d’assiduité et d’attention étant données toutes les bêtises que j’ai pu faire en trois ans à Poudlard, mais ce n’est pas une raison pour suivre mon chemin : t’as du talent, alors sers t’en. Tu sais que les mauvais élèves ne restent généralement pas longtemps capitaines des équipes de Quidditch, ou même joueurs. Bon, d’accord, comment j’ai pu jouer pendant plus de deux ans, moi ? Je suis pas aussi nulle que tu le crois, tu sais, j’étais même assez forte en potions, en botanique et en soins aux créatures magiques. Enfin, j’imagine, puisque j’ai toujours réussi mes examens jusqu’ici.

Je n’ai pas encore envie de t’écorcher, parce que tes compliments sont encore un peu plus nombreux que tes moqueries, mais fait bien gaffe la prochaine fois qu’on se verra. Ah et tant que j’y suis, oublie pas que j’ai pas choisi de quitter Poudlard, hein. Bon appétit ! Pour la semaine dernière et toutes celles qui viendront, et puis pour le petit déjeuner que tu manges en lisant ma lettre, puisque j’imagine que c’est toujours le matin que les hiboux passent.

Deine Freundin Laura.