Comment entrer? Besoin de l'aide d'un vivant! [TERMINÉ]

Colin arpentait tranquillou le couloir qu'il avait emprunté tant de fois et qui menait à la salle sur demande, qui apparaissait pour lui sous la forme bien particulière d'un musée Potter, où il avait entreposé tout ce qu'il avait pu obtenir de son idole:

- Un unique autographe, obtenu un jour où Harry en avait vraiment marre d'avoir Colin accroché à ses basques et avait accepté par lassitude de signer, contre la promesse de ne pas l'importuner pendant toute une semaine.
- des photos de Harry
- des posters de Harry confectionnés par Colin
- des badges Potter confectionnés par Colin et Dennis
- quelques jolis dessins de Harry, réalisés pas une amie de Colin pour lui faire plaisir
- un trognon de pomme mâchouillé par Harry
Etc.

Mais sa joie à l'idée de se rendre dans cette pièce s'évanouit rapidement. Il s'aperçut qu'elle ne s'ouvrait plus pour lui !!

Mais pourquoi?? Colin n'en avait pas la moindre idée. Il se concentra et réessaya un grand nombre de fois sans succès. C'est alors qu'il entendit des bruits de pas derrière lui. Quelqu'un qui pourrait l'aider?

Sophie se promenait dans l'école Poudlard en pensant à sa famille, si loin d'elle, dans son lointain manoir d'Ecosse. Elle pensa à sa mère, Mary, qui était si tendre et si gentille, qui avait accueilli sa cousine Caitlin Crewe, orpheline depuis la Première Année de Sophie à Poudlard. Mary était quelqu'un de très gentille et très doux et elle avait pris soin de la pauvre orpheline. La fillette, elle, était extrêmement timide et, à Poudlard, elle ne parlait à quasiment personne en dehors de Sophie. Hors Poudlard, elle était davantage liée à Mary, Sophie et Alicia, la petite sœur de Sophie. Sophie se mit à penser à sa petite sœur, son Alicia. C'était une petite fille de six ans qui idolâtrait Sophie. Elle était en admiration devant elle et n'attendait que de venir à Poudlard pour "faire comme Fofie". Sophie sourit en se rappelant sa tendre petite puce qu'elle aimait de tout son cœur. Elle pensait aussi à son père qui l'avait formée à la Défense Contre les Forces du Mal.

Alors qu'elle pensait à toute sa petite famille, Sophie ne s'attendait à voir au détour du couloir un fantôme surgir et elle poussa un cri en le voyant. Bon, il était vrai qu'il n'avait pas vraiment surgi, en fait il attendait patiemment devant un mur vide. Et puis, il n'était pas si terrifiant, il avait l'apparence d'un garçon de son âge. Mais Sophie avait été surprise de voir le fantôme au moment où elle avait tourné dans le couloir. Elle se trouvait au Septième Etage et elle se demanda soudain ce que le fantôme faisait là. A Poudlard, il était parfaitement normal de voir des fantômes et même de leur parler, aussi Sophie n'hésita-t-elle pas. Elle avait envie d'aider ce fantôme qui avait l'air d'avoir du souci.

"Bonjour ! Tu m'as fait peur !"

Cette entrée en matière mit Colin de mauvaise humeur. Comment ça, peur? Et pourquoi, peur? Déjà, il détestait qu'on lui rappelle qu'il était un fantôme, ce que tout le monde ces jours-ci s'obstinait à faire; et d'autre part en quoi le fait qu'il en était un faisait-il de lui quelqu'un d'effrayant, hein?! Il était toujours en dedans ce même Colin que tout le monde connaissait, qu'est-ce que ça pouvait faire s'il était devenu un peu plus... heu, transparant? Les gens chipotent toujours sur des détails.

Ainsi, Colin connaissait des filles toutes excitées quand elles parlaient d'un vampire célèbre, mais qui protestaient d'un air dégoûté quand il les traversait accidentellement. Et pourtant, qui est dangereux, hein? Le vampire, pas vrai?! Bref, Colin lança un regard peu amène à la nouvelle arrivante dans le couloir. Il ne pensait pas la connaître - une petite.

Mais elle pouvait peut-être l'aider, alors, bien qu'il lui en coûta, il lui demanda: "Ecoute, je te propose un échange de services. Tu me rends un service que seul un vivant pourrait rendre, et moi, je te rends un service que seul, heu... enfin bon, je te rends un service. Tope-là?"

Il avait par habitude des deals d'affaires avec son frangin tendu la main vers la petite pour qu'elle tope si elle était d'accord. Il n'avait pas encore l'habitude. Il allait y en avoir, des réflexes à changer, maintenant que tout était si différent.

Colin retira prestement sa main et rageur, voulut taper du poing sur le mur. Geste qu'il interrompit à mi-chemin parce qu'évidemment, sa main allait traverser. Nom d'une gargouille, que c'était agaçant !

Sophie put voir instantanément le regard énervé du fantôme qu'elle venait de voir arriver, et elle en fut désolée. Elle se dit qu'il n'avait probablement pas voulu lui faire peur et qu'il avait dû se trouver vexé de la peut qu'elle avait eue en le voyant. Mais Sophie n'avait pas eu peur du jeune fantôme parce qu'il était un esprit, mais uniquement parce qu'elle était tombée sur lui alors qu'elle ne s'y attendait pas. Il aurait encore été vivant, ça n'aurait rien changé. Mais Sophie se dit que s'il avait été encore humain, il ne se serait pas trouvé là à ce moment là parce qu'il aurait pu entrer sans elle dans la Salle sur Demande, donc la situation ne se serait pas produite. Par ailleurs, la jeune Poufsouffle avait envie de réconforter le fantôme vexé par sa remarque avant que d'écouter ce pourquoi il avait besoin d'elle. Elle ne voulait surtout pas qu'il y ait des non-dits pour qu'une relation commence bien. L'essentiel était la franchise.

"Ne sois pas vexé, je n'ai pas eu peur parce que tu es un fantôme. J'ai été surprise parce que je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait quelqu'un ici. Je te demande pardon si je t'ai vexé en disant ça. Je trouve que tu as l'air d'un gentil fantôme."

Elle lui accorda le plus joli de ses sourires, persuadée que le fantôme devait avoir besoin d'un peu de réconfort. Sophie savait comment les filles de son âge traitait ce genre de fantôme et ce n'était vraiment pas gentil. Elles étaient désagréables avec les fantômes simplement parce qu'ils étaient différents, qu'ils ne ressemblaient pas à des humains. Ce n'était pas gentil et Sophie n'approuvait pas ce comportement. Elle tenait absolument à traiter cet être comme s'il était normal et comme s'il était qu'un élève comme les autres, avec peut-être une petite particularité. Sophie pensait que tout être qu'il soit ou non incarné, méritait d'avoir des amis et des personnes qui les aident dans la vie. C'était normal et elle était persuadée d'avoir raison de vouloir le traiter ainsi. Et puis, si ça se trouvait, le jeune homme était peut-être mort en héros, il était si jeune. Il était peut-être mort en affrontant le terrible Lord Noir lors de la Grande Bataille de Poudlard.

"Je m'appelle Sophie Kirte. Et toi, quel est ton nom ?"

Le fantôme tenait à lui faire une proposition. Il avait besoin de son aide, comme Sophie le pressentait. Et elle se sentait tout à fait prêt à l'aider. Elle était ravie de savoir qu'elle pouvait quelque chose pour lui parce que Sophie aimait aider les autres. Elle avait envie que le jeune garçon fantôme comprenne qu'il n'avait pas besoin de faire quoi que ce soit pour elle, mais il serait bien temps d'en parler plus tard. Elle pouvait toujours l'aider et ne rien lui demander par la suite. Elle s'apprêtait à taper dans sa main fantomatique quand le jeune fantôme sembla se souvenir qu'il ne pouvait plus toucher un vivant. Il voulut se mettre en colère contre le mur mais il ne pouvait pas plus le toucher. Il fut encore plus en rage. Pour le calmer, Sophie lui tendit sa main.

"Allez ! Ca marche ! Tape dans ma main, jeune fantôme… ou fais comme si, au moins !"

A nouveau, elle lui sourit.

[557]

Tant de bonne volonté fit fondre la mauvaise humeur de Colin. Elle était gentille, cette fille. Il "topa" comme il put, et malgré la sensation d'avoir les mains dans l'eau glacée, elle ne montra pas de répulsion, ce dont il lui fut reconnaissant.

Allons; elle n'y était pour rien s'il était mort; la plupart des gens même n'y étaient pour rien; quand à Voldemort et ses Mangemorts, ils étaient tous soit morts soit à Azkaban. Colin espérait que son assassin en bavait, à l'heure qu'il était; entouré de vomi de crapaud et de crottes de rats.

Il sourit enfin. Hésita, mais il avait l'impression qu'on pouvait faire confiance à cette fille-là. Il lui expliqua alors en quoi la salle sur demande se transformait pour lui : en une salle Harry Potter. Il lui demandait instamment de ne le répéter à personne. Il n'avait pas envie qu'on lui pique ses collections patiemment accumulées. D'autant plus qu'il ne voyait pas comment il pourrait faire pour se procurer de nouveau des objets, lui qui ne pouvait s'en saisir.

En tous cas, il avait très envie de contempler tout ça, ça lui remonterait un peu le moral, et puis Sophie accepterait peut-être de venir lui ouvrir la salle de temps en temps -elle avait l'air serviable - et alors il pourrait passer des heures dedans, presque heureux.

"Au fait, je m'appelle Colin Crivey".

Il s'était peut-être fait une nouvelle amie, après tout. Ça lui remonterait aussi le moral, d'avoir plus d'amis. Alors qu'elle ouvrait la porte en pensant très fort à ce en quoi elle voulait que ça se transforme (*ce n'est pas juste. Puisque c'est par la pensée, ça devrait marcher aussi avec moi. C'est peut-être à cause du fait qu'on doit passer trois fois devant. Pfff.*).

Chaque fois que Colin découvrait une autre chose qu'il ne pouvait plus faire, ça l'exaspérait. Mais il fit un effort pour ne pas rester bougon. Sentant d'ailleurs un frémissement de joie qui l'étonna lui-même alors qu'il entrait, il s'apprêtait à se régaler de la vision de ses collections quand. Par Merlin.

Les présentoirs étaient vides. Les murs étaient nus. Toutes ses collections avaient disparu. Livide, enfin encore plus que d'ordinaire, Colin s'approcha du seul présentoir qui présentait encore quelque chose. Un morceau de papier. Il lu à haute voix:

"Cher Colin,

Je suis sûr et certain que tu ne reviendras pas comme fantôme car Sir Nick' m'a dit que c'est par peur qu'il était revenu et je sais comme tu es courageux; tu auras donc "continué" comme il dit, même si je ne sais pas ce qu'il entend par là et où tu es.

Quelque part au ciel, me dit Maman. De toutes façons, tu as toujours été un aventurier, tu vis cette aventure au ciel ou ailleurs avant moi; mais je te retrouverai quand je serai vieux; on continuera l'aventure ensemble car moi aussi, j'ai bien l'intention de "continuer" quand le choix me sera donné. Tu sais que je n'ai jamais peur de rien.

A plus tard, donc. Je te pose cette lettre ici car je ne sais pas où la mettre d'autre sans que personne ne la trouve, et je me dis que du ciel on voit peut-être la terre. Si tu te demandes où sont tes collections, et bien je les ai offertes au Muséum Harry Potter de Londres qui vient d'ouvrir (c'est dinnnngue, qu'il ait un Musée de son vivant, tu ne trouves pas?).

Ton frère, Dennis.
PS: Nous déménageons demain pour le Canada, Papa dit qu'il ne veut plus habiter le pays qui lui rappelle son fils aîné. Moi, ça me peine de quitter Poudlard, mais bon. Au revoir.

Accablé, Colin s'assit et mit sa tête dans ses mains.

Après qu'elle se soit montré gentille avec lui, le fantôme sembla de moins mauvaise humeur, ce qui fit plaisir à Sophie. Il consentit même à se présenter. Il s'appelait Colin Crivey. Il semblait à Sophie qu'elle avait entendu ce nom lorsque le professeur McGonagall avait listé toutes les personnes mortes en héros durant la guerre contre Voldemort. Il avait donc bien dû être tué pendant la bataille finale, le pauvre fantôme. Sophie avait vraiment envie de lui apporter toute son aide et toute son amitié du mieux qu'elle le pouvait. Ce ne serait pas facile, bien-sûr, ça ne l'était jamais, mais il fallait le faire. Elle fit donc ce dont le fantôme avait besoin et ouvrit la porte pour entrevoir une pièce vide avec juste un papier que Colin lut à haute voix

En entendant cela, Sophie se sentit fortement peinée pour le petit fantôme. C'était vraiment triste d'entendre qu'il avait perdu quelque chose auquel il tenait plus que tout. Sophie était tout-de-même surprise que le petit fantôme ait autant de choses concernant Harry Potter, le célèbre Survivant. En tout cas, il ne les avait plus parce que son frère Dennis avait tout donné au musée Harry Potter. Bien-sûr, c'était tout à fait honorable de la part du petit Dennis d'avoir voulu préserver les trésors de son frère mort, mais celui-ci ne pouvait maintenant plus consulter ces trésors parce qu'il ne pouvait pas quitter Poudlard, du moins Sophie le supposait-elle.

"Je suis vraiment désolée pour toi, Colin. Je peux faire quelque chose ?"

La mine sombre, Colin décida que jamais, jamais, il ne décevrait son frère en lui faisant savoir qu'il était revenu. Ils ne se reverraient donc jamais, puisqu'à sa mort, Dennis, lui, continuerait...

Colin demanda à Sophie de déchirer en menus morceaux la lettre de Dennis. Il insista pour qu'elle continue jusqu'à ce que les morceaux fussent si minuscules qu'on aurait plutôt dit de la bouillie de papier. Ça le calmait un peu, de détruire ce truc, de s'acharner dessus, au moins par procuration.

Colin demanda ensuite à Sophie de prendre sa plume et un parchemin pour écrire un courrier à un juriste du Ministère de la Magie. Il la regarda écrire, sur le petit bureau qui avait servi autrefois à fabriquer des posters de Harry, pendant qu'il lui dictait.

Quand elle eut finit, il regarda par dessus l'épaule de Sophie et relut à haute voix:

"Monsieur,

Je souhaiterais vous demander un renseignement juridique, et j'espère que vous pourrez m'aider. Voilà, pour des raisons personnelles, je voudrais connaître l'ensemble des droits juridiques d'un fantôme, et savoir en particulier quels sont ses droits en ce qui concerne les objets qui lui appartenaient de son vivant. S'ils ont été donnés sans son accord, comment peut-ils les récupérer?

Je vous prie d'agréer, Monsieur, etc.

Sophie Kirte."

Il remercia bien Sophie pendant qu'ils sortaient tous deux de la salle sur demande, et lui fit promettre de vite envoyer le courrier, et de vite lui apporter la réponse dès qu'elle la recevrait. Il lui dit aussi de ne pas hésiter à lui demander si elle avait un jour à son tour besoin d'un service.

Puis il s'en fut tristement dans le couloir en émettant une plainte lugubre...

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