Découvrir le monde [PV]

Camille était plutôt du genre à explorer, c’est pourquoi, ayant entendu parler des passages secrets, il essayait de les trouver un par un. Ce n’était pourtant pas le but de son expédition du jour. En réalité, il avait plutôt dans l’idée de s’isoler un peu dans un coin sombre pour faire des croquis. Le petit garçon n’était pas du genre très sociable. Il était intelligent, posé et savait très bien écouté les autres mais il avait du mal à se lier à autrui parce que beaucoup ne dépassait pas la première impression de froideur qu’il renvoyait. En plus de ça, il faisait difficilement confiance et il prenait son temps avant de décider si quelqu’un avait les qualités requises pour être son ami ou pas.

De fait, à Poudlard depuis plus de trois mois, ses fréquentations n’étaient pas nombreuses. Elles étaient cependant suffisante pour tomber dessus par hasard… encore que présentement, ce soit plutôt lui qui lui était presque tombé dessus, il s’en était fallu d’un cheveux.

Observant Lorenzo par terre de son air si neutre qu’on pourrait presque l’en croire moqueur, Camille finit par afficher un petit sourire qui était effectivement amusé. Il n’y avait que le Poufsouffle pour se mettre dans ce genre de situation.

« Attention à ce que tu dis Enzo, les armures sont peut-être susceptibles. » Non, non, il n’avait pas oublié que le vrai prénom de son ami était Lorenzo. Camille faisait exprès de l’appeler Enzo à la fois pour le taquiner et pour marquer une proximité avec lui, c’était sa manière à lui de lui dire c’est bon, maintenant on est ami. Camille ne jouait pas avec les prénoms de ceux qui n’avait pas d’intérêt à ses yeux, tout simplement. En plus, Lorenzo c’était long et Camille n’aimait pas parler. Paresseux ? Même pas. Laconique plutôt. Ce qui ne l’empêchait pas d’assister son camarade dans ses prouesses quand l’occasion se présentait, sauf qu’il était un peu moins maladroit et surtout, il dégageait quelque chose qui faisait que malgré ses onze ans, il faisait peur. Bon, ok, le fait qu’il ait quelques amies filles beaucoup plus âgées que lui aidait aussi, personne n’avait envie que Tyler Miller venge le protégé de sa sœur pas vrai ? Même si en fait Camille ne connaissait Tyler que de vu, mais les gens faisaient parfois des conclusions hâtives. Et le Gryffondor faisait effectivement peur quelque part avec son regard absolument inexpressif et son visage pâle. Beaucoup dans sa maison pensait qu’il serait plus à sa place chez les Serpents ce qu’il trouvait insultant… mais il laissait dire. Mieux valait avoir peu d’amis sur lequels il pouvait compter qu’un entourage nombreux mais peu fiable. Qui le connaissait savait qu’il était bon et généreux sous ses airs de statue de glace.

« Tu es sale. » Poursuivit-il en tendant un mouchoir propre au Poufsouffle pour qu’il s’essuie. « Tu as de la chance, ce n’est que moi. On peut aller faire leur fête aux serpentards si tu veux. » Le tout sans transition, pourquoi ajouter des mots pour passer d’une idée à une autre quand il suffit juste de faire des phrases simples sujet + verbe + complément. C’est vrai quoi, ce serait une perte de temps ! Non ?

Comme s'il avait eu peur d'une vulgaire armure ! Il n'avait qu'à donner un coup de pied dedans pour qu'elle s'effondre ; mauvaise idée d'agir ainsi, Rusard parvenait toujours à retrouver les fautifs. À croire qu'il avait un radar à la place du cerveau ; pas étonnant donc qu'il avait le poste de chien de garde. Pardon, de gardien. Enfin, il était complètement débile. Il attendait dans l'ombre que les élèves fassent des conneries, et il fusillait toujours les innocents du regard : résultat, des innocents comme lui, Lorenzo, finissait par penser qu'il était coupable de quelque chose.

Mais bon, fallait surtout ce dire qu'il avait eu de la chance de ne pas être tomber nez-à-nez avec Rusard. Le bon point de la journée, c'est qu'il avait trouvé un deuxième passage secret, il y en avait encore combien dans cette école ? Vu la taille, peut être des centaines. Dont beaucoup qui resterait inconnu durant des années. Ce serait vraiment dommage, si tous les élèves pouvaient parvenir à quitter la surveillance de Rusard grâce au passage secret qu'il ne connaissait pas, ce serait tellement facile de visiter l'école la nuit. Interdite, mais intéressant. La nuit, certaines choses semblaient se réveiller, tout était silencieux, et n'y avait "presque" personne pour l'empêcher d'enquêter sur ce que cacher Poudlard. Ah ! Mais oui ! Cette école avait des centaines, des décennies, des... Millénaires (t'exagère pas un peu là ?) donc forcément, il y avait plus que ce que l'histoire des bouquins raconter. Lorenzo voulait s'en persuader, mais est-ce que c'était une bonne idée d'embarquer son ami dans l'affaire ?

« Les armures sont vides. Enfin, elles réagissent jamais quand on les pousse alors c'est qu'elles sont vides tu ne crois pas ? Et puis c'est pas si important, si elles veulent m'attaquer pendant mon sommeil je serais près à les accueillir ! »

Ouais, il se prenait pour un super sorcier, ce qu'il n'était pas vraiment. Il n'était qu'en deuxième année, et il avait encore une longue route à faire avant d'être apte à utiliser des sorts beaucoup plus puissant que Wingardium Leviosa. Il était encore loin de savoir le maîtriser d'ailleurs, il arrivait toujours à faire voler autre chose que la pauvre petit plume, sauf que la vitesse à laquelle voler les autres objets pouvaient largement blesser quelqu'un. Trop brusque ? Lorenzo ne savait pas vraiment. Mais il s'en fichait, ce qui le préoccupait le plus, c'était de mieux connaître l'école dans laquelle il vivait. Il adressa un grand sourire à son ami, Camille avait beau être son opposé, rien qu'au niveau des expressions faciales, il savait qu'il pouvait compter sur lui. Et le fait qu'il l'appelait Enzo depuis quelque temps ne le dérangeait pas outre mesure.

Camille finit par lui tendre un mouchoir. Ah bon ? Il était sale ? remarque, on ne savait jamais qui laver ses passages secrets, sûrement personne. Les fantômes auraient pu au moins faire ça quoi ! Ils n'ont jamais rien à faire à part fêter n'importe quoi. Le jour de leur naissance, et le jour de leur mort ! N'importe quoi. Enfin, Lorenzo ne refusa pas ce mouchoir, et remercia son ami d'un hochement de tête. Il s'essuya le visage, espérant qu'il n'avait pas étalé la suit sur tout son visage :

« À cette heure-ci, ils sont sûrement en train de préparer des plans foireux pour faire peur aux Poufsouffles ; alors ça ne peut que m'arranger d'aller leur rendre visite. Mais j'aimerais quand même éviter de ressembler à un clochard... J'en ai encore ? »

Normal ; comment allait-il expliquer à ses serpentards qu'il ne se roulait pas dans la boue sans griller tout seul en disant qu'il avait fait un tour dans les passages secrets (pour une fois qu'il n'avait pas chercher). Camille avait toujours de bonnes idées, s'il était encore pleins de suis, peut être qu'il trouverait une bonne excuse. Lorenzo lui était à court d'idées lumineuses. Mais le jeune sorcier s'était penché vers son ami pour qu'il examine chaque recoins de son visage ; on pouvait prendre Lorenzo pour un gros imbécile dans cette position...

Camille observa les alentours, vérifiant qu’il n’y avait personne. On ne sait jamais. Après, lui, il n’avait rien à se reprocher, ni avec Rusard, ni avec les Serpentards. Du moins, il n’avait rien à se reprocher pour le moment car il se sentait d’humeur à faire quelques farces. Tant mieux, Lorenzo était plutôt dans un état d’esprit belliqueux envers les armures et tout ceux qui pourraient venir l’embêter. Le jeune Gryffondor leva les yeux, amusé mais en même temps agacé. Comme si un deuxième année pouvait faire quoi que ce soit si un imbécile décidait un jour de lancer un gros sortilège pour rendre les armures folles ? Mais bon, lui, il dit ça, il dit rien. D’ailleurs, dans son cas, c’était plutôt rien car Camille était avare de paroles même s’il était prolixe quand il s’agissait d’agir.

« M’est avis que le vide n’est pas une donnée fiable dans une école comme celle-ci. » Après tout, les tableaux vivaient, pourtant ils étaient en 2D. C’était l’un des grands questionnements de Camille. Dans le bureau du directeur (enfin, de la directrice en l’occurrence), il y avait tous les portraits des gens passés avant dans cet endroit. Ces tableaux avaient leur petit caractère, ils parlaient, donnaient leur avis, bougeaient… mais ils n’étaient que des représentations non ? Comme les photos en mouvement ? Dans ce cas, on donnait vie à ce qui n’en a pas… et ça, ça impressionnait vachement Camille qui ne comprenait pas que l’essence d’une personne disparue soit dans un tableau. Là, grande question : y avait-il un tableau de ses parents disparus à qui il pourrait parler ? Non, certainement pas, c’était des gens normaux après tout… Dommage.

Observant son ami qui se débarbouillait, Camille répondit toujours d’un ton neutre à sa question. « Non, c’est bon. » Il fallait vraiment que Lorenzo arrête de se regarder comme ça dans les yeux du jeune lion, le regard de Camille ne renvoyait jamais rien. Il faudrait qu’il le croie sur parole.

Puis, il se mit à réfléchir à ce qu’ils pourraient monter comme plan pour se venger un peu de ces Serpentards qui menaient la vie dure aux autres maisons. Soudain, il eut une idée ! Cherchant la manière de l’exprimer de la façon la plus claire et la plus concise possible, il sortit de son sac son livre de sortilège.

« Les Serpentards sont des froussards, si on trouve un sort pour manipuler une armure, on peut te venger sans prendre le risque d’un retour de bâton. » C’était l’histoire que lui avait dit Lorenzo à propos des armures qui avait, bien entendu, fait germer cette idée. Tout reposait sur le caractère lâche de la maison des vipères, mais une armure pesait lourd. Même si un simple wingardium leviosa pouvait suffire à leur plan, il faudrait qu’ils soient deux. A moins qu’ils n’engagent un troisième larron ? Hugh peut-être ? Hum… Bah, Enzo aurait peut-être son grain de sel à ajouter à la machine que Camille commençait déjà à échafauder.

Si Enzo prétendait ne pas avoir peur de Peeves, en revanche Camille lui évitait l’esprit frappeur autant que possible. Le fou court après le danger, le sage le fuit, hors Camille considérait qu’il était un sage. Ce n’était pas qu’il manquait de courage (eh, Gryffondor quand même !), mais il ne voyait aucun bénéfice à se frotter à l’esprit frappeur du collège. De fait, il passait son chemin sciemment dès qu’il entendait parler que le fantôme était dans le coin. Camille ignorait ce qu’était Peeves à l’origine car il était largement plus puissant qu’un fantôme normal, néanmoins il n’irait pas lui poser la question, ce n’était pas du tout son genre, se retrouver avec du chewing gum dans les cheveux ? Non merci !

Après, un Serpentard c’est différent, Camille voyait très bien l’intérêt de s’en occuper. Il fallait leur montrer qui commandait dans cette école et ce ne pouvait pas être eux avec leurs idées arriérés venus d’un autre siècle. Le jeune garçon comprenait très bien qu’à une époque moins éclairée que la leur, les sorciers se soient dit qu’il valait mieux resté dans leur communauté. De là était sans doute venu l’idée du sang pur, après tout, les moldus refusaient la magie à cause de leur stupide religion. Ils pourchassaient les sorciers comme supot de satan, ça ne donnait pas très envie de s’allier à eux ! Ce qui n’excusait pas pour autant le comportement des sorciers envers les nés moldus ou les sangs mêlés par ailleurs, mais disons que ça se tenait. Maintenant, c’était très différent, les moldus n’acceptaient pas la magie, mais ils n’étaient plus fanatiques non plus (du moins pas en Angleterre), ça ne donnerait rien de bon que de continuer à se battre les uns avec les autres… sauf si c’étaient eux qui cherchaient la bagarre ! Comme là, avec Enzo, que les Serpentards ne laissaient pas vraiment tranquilles. Camille non plus en un sens, mais il était moins maladroit donc plus discret (puis il ne causait pas, donc on ne pouvait pas dire qu’il faisait beaucoup de bruits). Bref, on ne pouvait pas laisser passer ça.

« Peeves ? » Dit Camille d’un air perplexe, en haussant un sourcil interrogateur Camille a le corps très expressif que voulez-vous destiné à savoir si son ami était toujours sain d’esprit. Même si Peeves ne reculait jamais devant une bonne farce, ça finirait forcément par se retourner contre eux, donc c’était un mauvais plan. Un jour il faudrait qu’il fasse lire à Enzo L’art de la guerre car son meilleur ami manquait de stratégie. Cependant, il revint aussi bien vite de son idée, au plus grand soulagement du jeune Gryffondor qui se voyait déjà pourchassé pour l’esprit frappeur.

« Il risquerait surtout de se retourner contre nous après. » Fit remarquer Camille d’un ton plus froid que ce qu’il ressentait réellement. Mais Lorenzo avait l’habitude des réactions du première année maintenant. C’était sa manière d’être, pas de l’agressivité.

Sortant un livre de son sac pour répondre à l’interrogation du Poufsouffle, il le tendit à Lorenzo, le livre s’intitulait Sortilèges et Farces, comment faire peur à vos amis, c’était un gros pavé volumineux avec une couverture en cuir rouge pétant. Camille l’avait emprunté en début de semaine dans le but de s’améliorer en magie tout en s’amusant. Le fait est que Camille était un peu un rat de bibliothèque à ses heures perdus (surtout quand les oiseaux se faisaient rares dehors) et qu’il avait déjà assimilé tout le livre de sortilège de première année. Non qu’il maîtrisât les sorts (n’est pas Hermione Granger qui veut), mais il connaissait ceux qui l’intéressaient en tout cas, et le livre en lui-même. Alors il avait changé de bouquin, mais comme il n’avait fait que commencer sa lecture, il ne savait pas encore s’il y aurait le sort qu’il voulait dedans.

« On peut commencer par regarder là-dedans. Si on ne trouve rien sur la manipulation d’objets lourds, il y aura peut-être une autre farce plus à notre portée mais tout aussi efficace. » Le truc, c’est qu’il fallait feuilleter le livre et Camille se demandait si ça tenterait Enzo, si différent de lui…